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La dégradation du mouvement social dans les périodes nos 4 à 4, forme l'élan descendant ou rétrograde (ainsi la 4 doit être la moins heureuse); le passage de l'une à l'autre s'effectue par les passions hai

neuses.

La gradation du mouvement social dans les périodes nos 4 à 7, forme l'élan ascendant ou l'élancement; le passage de l'une à l'autre s'effectue par les passions aimantes.

Les globes planétaires d'un tourbillon en subversion ne font qu'effleurer chaque période essentielle; ils tombent très-promptement dans la période accidentelle qui lui correspond. Souvent même ils manquent dans le cours de leur carrière sociale quelques-unes des périodes essentielles, et ils passent d'une contingente à une autre contingente. Je suis persuadé que parmi les essentielles, le majorat et la féodalité collective, que je définirai, n'ont point existé sur notre globe trop pauvre, trop dépourvu de productions brillantes, trop rebelle aux efforts de l'industrie pour avoir pu éviter aucun des malheurs et des abîmes dans lesquels peuvent tomber les globes peu favorisés de la nature.

Le bonheur présumable d'une planète doit se calculer en raison composée de la proximité du Soleil, du nombre de satellites et du degré de chaleur interne. A ne calculer que sur les deux premières bases qui nous sont connues, on doit penser que les habitants de Mars sont encore plus malheureux que nous, comme plus éloignés du Soleil et dépourvus de satellites; mais que ceux de Jupiter sont beaucoup plus heureux; que ceux de Saturne sont les plus favorisés ; que ceux de Vénus nous sont inférieurs, parce que leur faible rapprochement du Soleil ne peut compenser l'avantage d'un satellite que nous avons sur eux; que ceux de Mercure sont bien moins infortunés que nous, à cause de leur grande proximité du Soleil; enfin il est probable que Mars n'a pas la propriété d'engendrer des hommes, ou mécaniques à 42 passions, qui peuvent être conformés différemment de nous, comme je le prouverai, et que s'il en contient, ce globe est à coup sûr trop pauvre pour que jamais les hommes puissent sortir de la subversion et s'élever à l'Harmonie.

Nous allons donner quelques notions sur chacune des 14 périodes, essentielles ou accidentelles. Nous traiterons toujours dans le même article les deux qui correspondent à la même passion radicale, car l'accidentelle n'est qu'une dégradation de l'essentielle dont elle conserve le caractère principal.

VI. Première période de subversion ascendante.

Essentielle Séries planteuses;

Accidentelle Phanérogamie collectrice;

Action radicale: L'inversion, ou amour bissexuel.

L'Humanité sortant des mains de Dieu devait avoir dans son état social le libre jeu des 4 groupes. Il fallait pour le jeu complet, l'unisson, que rien ne causât de la méfiance, et qu'on pût regarder tout individu, tout inconnu, comme ami, sauf les rixes particulières. Pour le jeu complet d'inversion, il fallait que l'amour fût entièrement libre, qu'il ne fût entravé ni par les préjugés, ni par les institutions. Pour le jeu complet de descendance, il fallait que les enfants fussent reconnus des pères, quoique provenus de diverses femmes, reconnus de la mère, quoique engendrés de différents pères, et reconnus de tout l'état social comme ils l'étaient des parents et portant seulement le nom de la mère quand leur père était incertain. Pour le jeu complet d'ascendance, il fallait que la masse ne fût point dominée par l'individu, qu'il n'existât aucune autorité fixe, pas même celle des pères, et que l'influence de ceux qui dominaient dans les démêlés quelconques fût pour eux le fruit de la considération et de la déférence qu'ils avaient su mériter. Un tel ordre ne peut être fondé que sur 2 bases: les Séries et l'opulence. Celle-ci consistait alors dans la superfluité des produits naturels qui amena nécessairement la formation des séries. [Voir plus loin le § VII sur les séries.]

Les séries ne purent commencer qu'au bout d'un demi-siècle, lorsque les premiers groupes furent parvenus au nombre d'environ 250.

Les fruits, les racines, les végétaux nourriciers, les animaux domestiques étaient encore surabondants longtemps après l'époque de la création; les animaux féroces ayant été placés la plupart aux environs de l'équateur, il leur fallait au moins deux siècles pour s'étendre vers les 30 degrés.

Dans ces cas, l'homme ne connaissait ni lois, ni préjugés, ni devoirs. L'abandon aux impulsions de la nature n'était pas un crime comme parmi nous. Les femmes étaient indépendantes. Nos pères étaient bien plus robustes et plus joyeux; l'amour, et ses fêtes et ses variétés, qui se développent dans les séries, devaient occuper une partie de leur temps. Les repas nombreux et fréquents chez ces hommes pleins de vigueur, les chasses abondantes, la collecte des fruits, le soin de quelques animaux, la plantation de quelques arbres et racines, etc., suffisaient amplement à remplir leur journée. L'humanité put passer environ 200 ans dans cet état d'insouciance et de délices qui ne devait durer

que peu de temps, car l'accroissement rapide de la population, diminuant l'abondance relative, préparait la médiocrité et la désunion des séries qui ne peuvent exister sans le superflu.

La première atteinte portée au mécanisme des séries vient de l'éducation, dont l'ordre naturel est interverti dès que la médiocrité commence à se faire sentir. Tant que tout est superflu, tant que les produits sont assez surabondants pour qu'on se prête des secours mutuels, personne n'est dans le besoin, et les enfants, non plus que les pères, ne sont pas sujets aux privations. Dans l'ordre primitif, comme dans tout ordre où les séries sont formées, chacun n'était pas également industrieux (puisque toute égalité, en quelque sens qu'on l'entende, est contraire à la nature de l'homme). Tel n'avait peut-être d'autre talent que d'enfler le pipeau, à qui on prodiguait les fruits et les cadeaux en reconnaissance du charme que son art introduisait dans les travaux. Ses enfants étaient élevés, confondus avec la masse. Mais lorsque la médiocrité se fit sentir, les fonctions plus agréables qu'utiles durent perdre de leur prix, et ceux qui avaient peu d'habileté dans les occupations productives, commencèrent à être dédaigués. La médiocrité abrutit et dégrade les mœurs. Elle concourut de diverses manières à désorganiser les séries. Les chasses, les collectes devenant plus difficiles, la médiocrité des subsistances se faisant sentir de plus en plus, deux classes d'hommes tombèrent dans la pauvreté, ceux qui s'occupaient de choses improductives et purement agréables, et leurs enfants, que l'insouciance, l'imprévoyance du lendemain exposaient à des besoins auxquels leurs parents n'avaient souvent pas songé pour eux. Cette médiocrité, en dégradation progressive, avait pour principe l'accroissement illimité de population, fléau principal du genre humain dans l'ordre subversif.

Les séries qu'on forme dans la 7e période subversive ou dans l'Harmonie ne peuvent se maintenir que par la distinction, l'inégalité et la garantie des propriétés individuelles; mais les séries de l'ordre primitif n'avaient pas les moyens d'établir cette diversité, cette inégalité. Elles devaient, au contraire, se désorganiser par les distinctions des propriétés, suite naturelle de l'excès de population et de l'insuffisance croissante des subsistances. Lorsque les humains curent passé environ deux siècles dans les beaux climats où ils avaient été créés, les forêts empiétaient journellement sur leurs domaines ; les insectes nuisibles se propageaient sans obstacle par l'effet des marécages; les animaux féroces, s'étant beaucoup multipliés sous la ligne, avaient eu le temps de s'avancer vers les 30 et 40 degrés. Leurs ravages avaient tourné les esprits aux inventions meurtrières et aux mœurs féroces. En même temps la médiocrité excitait à l'avarice et à la spoliation. Chacun se disputa les arbres et les fruits, et le droit de propriété naquit.

L'enfant était sujet à manquer de subsistances lorsque son père était dépourvu d'arbres ou manquait d'habileté à la chasse; la jalousie allait croissant entre les pères et les enfants. La pauvreté engendra des rixes entre les enfants d'un même père avec plusieurs femmes, et d'une même femme avec plusieurs hommes. Pour remédier à ces désordres, les vieillards les plus sages et les moins voluptueux durent concevoir l'idée de limiter les unions libres et confuses des sexes et durent penser que si chaque homme n'avait qu'une seule femme, les sujets de discordes seraient moins fréquents. Ils durent employer leur influence à faire adopter ce dogme, à l'appui duquel venaient plusieurs circonstances: 1o Le penchant des riches à distinguer de plus en plus les familles et à éviter les liens de parenté avec les pauvres;

2o La désorganisation des séries, hors desquelles la femme est privée d'influence, l'homme tend à la rudesse et à l'oppression du sexe faible;

3o La faculté qu'assurait le mariage aux hommes de pouvoir trahir leurs engagements sans être puni par les femmes, et de les punir sans éprouver de résistance losqu'elles seraient infidèles ;

4o Les restrictions de divorce et de concubinage qu'on dut établir en faveur des hommes;

5° L'avantage inestimable pour un homme d'acquérir une autorité fixe sur une femme, de la charger des travaux pénibles, tels que l'éducation et les soins du ménage; soins qui pendant l'existence des séries étaient exercés spontanément par les enfants et qui, après la chute des séries, retombaient à la charge des femmes ;

6o Enfin la duperie de quelques jeunes innocentes qui purent croire que le dévouement de leurs amants serait invariable. Leur assentiment au lien conjugal fut une arme pour les vieillards. Ils opposèrent cette résignation à des femmes galantes qui répugnaient à des propositions d'esclavage perpétuel ou temporaire; car il ne put s'établir dans l'origine qu'avec bien des restrictions.

Ainsi naquit le mariage, enfant de la pauvreté. Dès qu'elle commença à régner sur la terre, conjointement avec les mœurs féroces, le mariage devenait favorable à la paresse et au despotisme du sexe masculin, à l'ambition des riches qui espéraient éterniser dans leurs familles la transmission de propriété, à l'opinion des sages qui croyaient terminer les sujets de discorde relatifs au soin des enfants. Il dut s'établir, car il n'avait pour contradicteurs que les femmes, qui ne sont pas les plus fortes, et dès lors les fédérations et groupes amoureux ne pouvant se former librement, l'influence qu'ils avaient exercée dans les relations sociales fut anéanti.

L'asservissement du sexe le plus faible, en causant la cessation du

mécanisme naturel de l'amour, constitue la fin de la période primitive ((et le passage à la 2o période où domine l'action du groupe d'unisson. Dans la 4re, l'action radicale et dominante étant celle du groupe d'inversion, la période cesse partout où ne domine pas cette action.))

VII. Notions préliminaires sur les Séries et l'éducation naturelle.

Une série passionnée est une affiliation ou société corporative de plusieurs groupes qui sont à une passion quelconque ce que les espèces sont au genre, c'est-à-dire que chaque groupe de la série s'est adonné à une des variétés ou nuances d'une passion générique, sans aimer la passion dans toutes ses espèces. Ainsi un groupe de femmes constantes et un autre d'inconstantes ressentent deux ((variétés)) espèces de l'amour très-opposées, mais qui tiennent à une même branche de passion, à l'Amour.

Chaque groupe doit être composé d'individus enthousiasmés pour l'une des branches de la passion générique, et portés en même temps à déprécier, dédaigner les autres branches. Supposons une série amoureuse formée de cinq groupes : les pudiques, les galantes, les messalines, les coquettes et les prudes: (sous ce nom de prudes, je n'entends pas ici la bigotterie accidentelle de quelques jeunes femmes, mais la décence forcée de celles qui sont sur le retour, qui font de nécessité vertu et qui deviennent constantes lorsqu'elles craignent de perdre un amant sans en retrouver un autre.) - Ces diverses passions sont rameaux d'une même souche, et tout incompatibles qu'elles paraissent, elles concourent toutes également à l'harmonie générale, lorsque les individus qui les éprouvent sont distingués, groupés selon les nuances de leur affection, et que la série leur donne un jeu régulier dont nous parlerons. Les groupes d'une série ont la faculté de se distinguer ostensiblement par des parures différenciées sur un fonds identique, comme les compagnies d'un régiment.

La propriété principale des séries dans les relations d'intérêt est la même qu'en géométrie: le produit des extrêmes égal au carré du terme moyen. Les 2 groupes extrêmes accordent entre eux et forment ligue contre le groupe moyen. Celui-ci par antipathie s'efforce de les surpasser en générosité. Dans la série amourense dont je viens de parler, il est évident que les pudiques et les prudes qui forment les 2 àges extrêmes, qui sont l'initiative et le déclin de l'amour, ont des sentiments rapprochés et compatibles, quoique différents; et que les messalines ou dévergondées sont les plus opposées à ces 2 groupes; mais si quelque affaire d'intérêt met en jeu l'honneur de chaque groupe de la série, les messalines auront l'amour-propre de ne pas céder en

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