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<< avec les hommes. Nous sommes présentement dans « le second Avénement: pourvu toutefois que nous « soyons tels qu'il puisse ainsi venir à nous; car il a « dit que si nous l'aimons, il viendra à nous et fera sa « demeure en nous. Ce second Avénement est donc « pour nous une chose mêlée d'incertitude; car quel « autre que l'Esprit de Dieu connaît ceux qui sont à • Dieu? Ceux que le désir des choses célestes ravit « hors d'eux-mêmes, savent bien quand il vient; ce« pendant, ils ne savent pas d'où il vient, ni où il va. « Quant au troisième Avénement, il est très-certain << qu'il aura lieu; très- incertain quand il aura lieu : << puisqu'il n'est rien de plus certain que la mort, et << rien de plus incertain que le jour de la mort. Au mo«ment où l'on parlera de paix et de sécurité, dit le Sage, « c'est alors que la mort apparaîtra soudain, comme les a douleurs de l'enfantement au sein de la femme, et nul « ne pourra fuir. Le premier Avénement fut donc « humble et caché, le second est mystérieux et plein « d'amour, le troisième sera éclatant et terrible. Dans « son premier Avénement, le Christ a été jugé par les << hommes avec injustice; dans le second, il nous rend «justes par sa grâce; dans le dernier, il jugera toutes «< choses avec équité: Agneau dans le premier Avéne<<ment, Lion dans le dernier, Ami plein de tendresse ❝ dans le second (1). »

Les choses étant telles, la sainte Église, pendant l'Avent, attend avec larmes et impatience la venue du Christ Rédempteur en son premier Avénement. Elle

(1) De Adventu, Sermo III.

emprunte pour cela les expressions enflammées des Prophètes, auxquelles elle ajoute ses propres supplications. Dans la bouche de l'Église, les soupirs vers le Messie ne sont point une pure commémoration des désirs de l'ancien peuple: ils ont une valeur réelle, une influence efficace sur le grand acte de la munificence du Père céleste qui nous a donné son Fils. De toute éternité, les prières de l'ancien peuple et celles de l'Église ont été présentes à l'oreille de Dieu; et c'est après les avoir toutes entendues et exaucées, qu'il a fait descendre en son temps sur la terre cette rosée bénie qui a fait germer le Sauveur.

L'Église aspire aussi vers le second Avénement, suite du premier, et qui consiste, comme nous venons de le voir, en la visite que l'Époux fait à l'Épouse. Chaque année cet Avénement a lieu dans la fête de Noël ; et une nouvelle naissance du Fils de Dieu délivre la société des Fidèles de ce joug de servitude que l'ennemi voudrait faire peser sur elle (1). L'Église, durant l'Avent, demande donc d'être visitée par celui qui est son Chef et son Époux, visitée dans sa hiérarchie, dans ses membres, dont les uns sont vivants et les autres sont morts, mais peuvent revivre; enfin dans ceux qui ne sont point de sa communion, et dans les infidèles. eux-mêmes, afin qu'ils se convertissent à la vraie lumière qui luit aussi pour eux. Les expressions de la Liturgie que l'Église emploie pour solliciter cet amoureux et invisible Avénement, sont les mêmes que celles par lesquelles elle sollicite la venue du Rédemp

(1) Collecte du jour de Noël.

teur dans la chair; car, sauf la proportion, la situation est la même. En vain le Fils de Dieu serait-il venu, il y a dix-huit siècles, visiter et sauver le genre humain, s'il ne revenait pour chacun de nous, et à chaque moment de notre existence, apporter et fomenter cette vie de la grâce dont le principe n'est que de lui seul et de son divin Esprit.

Mais cette visite annuelle de l'Époux ne satisfait pas l'Église; elle aspire après le troisième Avénement qui consommera toutes choses, en ouvrant les portes de l'éternité. Elle a recueilli cette dernière parole de l'Époux: Voilà que je viens tout à l'heure (1); et elle dit avec ardeur: Venez, Seigneur Jésus (2) ! Elle a hâte d'être délivrée des conditions du temps; elle soupire après le complément du nombre des élus, pour voir paraître sur les nuées du ciel le signe de son libérateur et de son Époux. C'est donc jusque-là que s'étend la signification des vœux qu'elle a déposés dans la Liturgie de l'Avent; telle est l'explication de la parole du disciple bien-aimé dans sa prophétie : Voici les noces de l'Agneau, et l'Épouse s'est préparée (3).

Mais ce jour de l'arrivée de l'Époux sera en même temps un jour terrible. La sainte Église souvent frémit à la seule pensée des formidables assises devant lesquelles comparaîtront tous les hommes. Elle appelle ce jour un jour de colère, duquel David et la Sibylle ont dit qu'il doit réduire le monde en cendres; un jour de larmes et d'épouvante. Ce n'est pas cependant qu'elle

(1) Apoc. xx11. 20.

(2) Ibid.

(3) Ibid. XIX. 7.

oraigne pour elle-même, puisque ce jour fixera à jamais sur son front la couronne d'Épouse; mais son cœur de Mère s'inquiète en songeant qu'alors plusieurs de ses enfants seront à la gauche du Juge, et que, privés de toute part avec les élus, ils seront jetés pieds et mains liés dans ces ténèbres où il n'y aura que des pleurs et des grincements de dents. Voilà pourquoi, dans la Liturgie de l'Avent, l'Église s'arrête à montrer souvent l'Avénement du Christ comme un Avénement terrible, et choisit dans les Écritures les passages les plus propres à réveiller une terreur salutaire dans l'âme de ceux de ses enfants qui dormiraient d'un sommeil de péché.

Tel est donc le triple Mystère de l'Avent. Or, les formes liturgiques dont il est revêtu, sont de deux sortes les unes consistent dans les prières, lectures et autres formules où la parole elle-même est employée à rendre les sentiments que nous venons d'exposer; les autres sont des rites extérieurs propres à ce saint temps, et destinés à compléter ce qu'expriment les chants et les paroles.

Remarquons d'abord le nombre des jours de l'Avent. La quarantaine est la première forme qu'ait adoptée l'Église pour cette période; et cette forme est restée dans le rite Ambrosien et chez les Orientaux. Si, plus tard, l'Église romaine et celles qui la suivent l'ont abandonnée, le quaternaire n'en est pas moins exprimé dans les quatre semaines qui ont été substituées aux quarante jours. La nouvelle Naissance du Rédempteur a lieu après quatre semaines, comme la première Naissance eut lieu après quatre mille

années, selon la supputation de l'Hébreu et de la Vulgate.

Au temps de l'Avent comme en celui du Carême, les Noces sont suspendues, afin que les joies humaines ne viennent pas distraire les chrétiens des pensées graves que doit leur inspirer l'attente du souverain Juge, ni les amis de l'Époux (1), de l'espérance qu'ils nourrissent chèrement d'être bientôt conviés aux Noces de l'éternité.

Les yeux du peuple sont avertis de la tristesse qui préoccupe le cœur de la sainte Église par la couleur de deuil dont elle se couvre. Hors les fêtes des Saints, elle ne revêt plus que le violet; le Diacre dépose la Dalmatique, et le Sous- Diacre la Tunique. Autrefois même, on usait de la couleur noire en plusieurs lieux, comme à Tours, au Mans, etc. Ce deuil de l'Églisemarque avec quelle vérité elle s'unit aux vrais Israé-lites qui attendaient le Messie sous la cendre et le cilice, et pleuraient la gloire de Sion éclipsée, et le sceptre ôté de Juda, jusqu'à ce que vienne celui qui doit être envoyé, et qui est l'attente des nations (2). Il signifie encore les œuvres de la pénitence, par lesquelles ellese prépare au second Avénement plein de douceur et de mystère, qui a lieu dans les cœurs, en proportion de ce qu'ils se montrent touchés de la tendresse queleur témoigne cet Hôte divin qui a dit: Mes délices sont d'être avec les enfants des hommes (3). Il exprime enfin la désolation de cette veuve attendant l'Époux

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