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Elle invoquait les dieux; et tremblante, éperdue,
De fon premier époux embraffait la statue.

(c) Vous êtes libre enfin.

ERY PHILE.

La liberté, la paix,

Dans mon cœur déchiré ne rentreront jamais.

ZELON IDE.

Aujourd'hui cependant, maîtreffe de vous-même,
Vous pouvez difpofer de vous, du diadême.
Songez....

(d) D'un autre hymen alors on m'impofa la loi;
On demanda mon cœur: il n'était plus à moi.
Il fallut étouffer une paffion naiffante ;
D'autant plus forte en moi qu'elle était innocente,
Que la main de mon père avait formé nos nœuds,
Que mon fort en changeant ne changea point mes feux;
Et qu'enfin le devoir, armé pour me contraindre,
Les ayant allumés, eut peine à les éteindre.
Cependant, tu le fais, Athènes, Sparte, Argos,
Envoyèrent à Thèbes un peuple de héros.
Mon époux y courut; le jaloux Hermogide
S'éloigna fur fes pas des champs de l'Argolide;
Je reçus fes adieux: ô funeftes momens,
Caufe de mes malheurs, fource de mes tourmens!
Je crus pouvoir lui dire, en mon défordre extrême,
Que je ferais à lui fi j'étais à moi - même.
J'en dis trop, Zélonide: et faible que je fuis,
Mes yeux mouillés de pleurs expliquaient mes ennuis.
De mes foupirs honteux je ne fus pas maîtreffe;
Même en le condamnant je flattais fa tendreffe.
J'avouais ma défaite....

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(e) Plus terrible qu'eux tous, plus grand, plus dangereux,

Sûr de fes droits au trône, et fier de fes aïeux,

Mélant à fes forfaits la force et le courage,

Et briguant à l'envi ce fanglant héritage,
Le barbare Hermogide. . . .

(f) Je chériffais mon fils: la crainte et la tendreffe

De mes fens défolés partagaient la faibleffe.
Mon fils me confolait de la mort d'un époux:
Mais il fallait le perdre ou mourir par fes
Trop. de crainte peut-être. . . .

...

coups.

(g) On ne s'étonne point que l'heureux Hermogide
L'emporte fur les rois de Pylos et d'Elide;

Il eft du fang des dieux et de nos premiers rois.
Puiffe-t-il mériter l'honneur de votre choix !
Ce choix fans doute. . . .

(b) Préférer à des rois un fimple citoyen! Déshonorer le trône!

ERY PHILE.

Il en eft le foutien ;

Et le fang dont il eft, fût- il plus vil encore,
Je ne vois point de rang qu'Alcméon déshonore.
En de fi pures mains.

...

Devons-nous redouter un fantôme odieux?
Vivant, je l'ai vaincu: mort, eft-il dangereux? (*)'
D'un œil indifférent, voyons ces vains prodiges.
Que peuvent contre nous les morts et leurs preftiges?

(k) Tel eft l'efprit du peuple endormi dans l'erreur;
Un prodige apparent, un pontife en fureur,
Un oracle, une tombe, une voix fanatique,
Sont plus fort que mon bras et que ma politique.
Il fallut obéir aux fuperftitions,

Qui font, bien plus que nous, les rois des nations;
Et loin de les braver, moi-même avec adresse,
De ce peuple aveuglé careffer la faibleffe.

(*) Dans Alzire, Gufman en parlant de Zamore:

Vivant, je l'ai vaincu: mort, doit-il être à craindre?

(1) Crois-tu que d'Alcméon l'orgueil présomptueux Jufqu'à ce rang augufte ofât porter ses vœux? Penfes - tu qu'il aspire à l'hymen de la reine?

EUPHORBE.

Il n'aura point fans doute une audace fi vaine.
Mais, Seigneur, cependant, favez-vous qu'aujourd'hai
Eryphile en fecret a vu Théandre ici?

Qu'elle les a quittés les yeux baignés de larmes ?

HERMO GIDE.

Tout m'eft fufpect de lui: tout me remplit d'alarmes ;
Ce feul moment encore il faut la ménager;

Dans un moment je règne, et je vais me venger.

Tout va fentir ici mon pouvoir et ma haine :

Je faurai..., mais on entre, et j'apperçois la reine,

(in) Par l'esclave Corèbe en fecret élevé,

Fut porté, fut nourri dans l'enceinte facrée,
Dont le ciel à mon sexe a défendu l'entrée;
Dans ces terribles lieux, qu'ont fouvent habité
Ces dieux vengeurs, ces dieux dont je tiens la clarté.
C'est là qu'avec Corèbe, enfermé dès l'enfance,
Mon fils de fon deftin n'eut jamais connaissance.
Mon amour maternel....

(n) Et le Prince et Corèbe ont ici leur tombeau.

J'étouffai malgré moi ce monftre en fon berceau;
J'enfonçai dans fes flancs cette royale épée,
Par fon père autrefois fur moi-même ufurpée;
Et foit décret des dieux, foit pitié, foit horreur,
Je ne pus de fon fein tirer le fer vengeur.
Sa dépouille fanglante en mes mains demeurée,
De cette mort fi jufte eft la preuve affurée.
La reine qui m'entend, et que je vois frémir,
Me doit au moins le jour qu'un fils dut lui ravir.'
J'attefte mes aïeux. . .

(0) Et près de vous enfin, que font-ils à mes yeux? Vous avez des vertus, ils n'ont que des aïeux,

J'ai besoin d'un vengeur, et non pas d'un vain titre,
Régnez: de mon deftin foyez l'heureux arbitre.
Peuple...

(p) D'une timide main ces victimes frappées,

Au fer qui les pourfuit dans le temple échappées ;
Ce filence des dieux, garant de leur courroux;
Tout me fait craindre ici, tout m'afflige pour vous,
Du ciel, etc.

(4) Je cachais aux humains le malheur de ma race; Mais je ne me repens, au point où je me voi,

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Que de m'être abaiffé jufqu'à rougir de moi;
Voilà ma feule tache et ma feule faibleffe.
J'ai craint tant de rivaux dont la maligne adreffe
A d'un regard jaloux fans ceffe examiné

Non pas ce que je fuis, mais de qui je fuis né;
Et qui de mes exploits rabaiffant tout le luftre,
Penfaient ternir mon nom quand je le rends illustre.
J'ai vu que ce vil fang dans mes veines tranfmis..

(r) Mais du rang que je perds et du cœur que j'adore,
Songez que mon rival eft plus indigne encore;
Plus haï de nos dieux, et qu'avec plus d'horreur
Amphiaraüs en lui verrait fon fucceffeur.

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(s) Un esclave!... fon âge. . . . et fes auguftes traits..
Hélas! appaifez-vous, Dieux vengeurs des forfaits!
O criminelle épouse, et plus coupable mère!
Alcméon, dans quel temps a péri votre père?
Quel fut fon nom? parlez."

Achevez fa défaite; achevez vos projets:

Venez, forcez ce traître. . . .

ALC ME ON.

Epargnons mes fujets.

De ce moment je règne, et de ce moment même,
Comptable aux citoyens de mon pouvoir fuprême,

Au péril de mon fang je veux les épargner:
Je veux, en les fauvant, commencer à régner.
Je leur dois encor plus: je dois le grand exemple
De révérer les dieux et d'honorer leur temple.
Je ne fouffrirai point que le fang innocent
Souille leur fanctuaire et mon règne naiffant.
Va, dis- je, Polémon....

(u) Les Dieux veulent fon fang.

ALCME ON.

Je ne l'ai point promis.

Cruels, tonnez fur moi, fi je vous obéis!

Le malheur m'environne, et le crime m'affiége:
Je deviens parricide, ou me rends facrilége. (*)
Quel choix, et quel deftin!

THE ANDRE.

Dans un tel défespoir . . . ‚

(x) Chère Ombre, appaife - toi, prends pitié de ton fils,
Arme, et foutiens mon bras contre tes ennemis.
Dans le fang d'Hermogide appaife ta colère,
Ne me fais point frémir de t'avouer pour père.
Quoi! de tous les côtés plein d'horreur et d'effroi,
Le nom facré de fils eft horrible pour moi!

(y) Peut-il bien fe réfoudre à me voir en ces lieux,
Aux portes de ce temple, à l'aspect de ces dieux,
Dans ce parvis facré, trop plein de fa furie,
Dans la place où lui-même attenta fur ma vie?
Les dieux le livrent-ils?...

(2) Vois-tu ce fer facré ?

(*) Séïde dans Mahomet.

De fentimens confus une foule m'affiége,
Je crains d'être un barbare, ou d'être facrilege.

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