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Va, dis-je, Polémon, va, c'est de ta prudence
Que ton maître et ce peuple attendent leur vengeance.
Agis, parle, promets, que furtout d'Alcméon

Il ne redoute point d'indigne trahison;

Fais qu'il s'éloigne au moins de ce temple funefte. Rends-moi mon ennemi; mon bras fera le reste. (Polémon fort.)

(à Théandre.)

Et vous, de cette enceinte, et de ces vaftes tours
Avez-vous parcouru les plus fecrets détours?
Du palais de la reine a-t-on fermé les portes?

THE ANDRE.

J'ai tout vu; j'ai par-tout difpofé vos cohortes.
Cependant votre mère...

AL CM E O N.

A-t-on foin de fes jours?

THE ANDRE.

Ses femmes en tremblant lui prêtent leur fecours;

Elle a repris fes fens; fon ame défolée,

Sur fes lévres encore à peine est rappelée.
Elle cherche le jour, le revoit et gémit. (5)
Elle vous craint, vous aime; elle pleure et frémit.
Elle va préparer un fecret facrifice

A ces mânes facrés, armés pour fon fupplice.
Son défefpoir l'égare, elle va s'enfermer

Au tombeau de ce roi qu'elle n'ose nommer,
De ce fatal époux, votre malheureux père,
Dont vous favez...

AL CME ON.

Grands Dieux! je fais qu'elle eft ma mère. (u)

THE ANDRE.

Les dieux veulent fon fang. Dans un tel défefpoir
Quels confeils déformais pourriez-vous recevoir ?

AL CME ON.

Aucun. Quand le malheur, quand la honte eft extrême,
Il ne faut prendre, ami, confeil que de foi-même.
Mon Père!.. Que veux-tu ? chère Ombre! appaife-toi! (x)
La nom facré de fils eft- il affreux pour moi?
Je t'entends, et ta voix m'appelle fur ta tombe!
De tous tes ennemis y veux-tu l'hécatombe?
Tu demandes du fang... demeure, attends, choifis,
Ou le fang d'Hermogide, ou le fang de ton fils!

SCENE I I.

ALCMEON, THE ANDRE, POLEMON.

ALC ME ON.

HE bien! l'as-tu revu cet ennemi farouche?
A lui parler d'accord as - tu forcé ta bouche? (y)
Les dieux le livrent-ils à ma jufte fureur?

Sait-il ce qui fe paffe?

POLE MON.

Il l'ignore, Seigneur.

Il ne foupçonne point quel fang vous a fait naître;
Il méprise fon prince, il méconnaît fon maître;
Furieux, implacable, au combat préparé,
Et plus fier que le dieu dans ce temple adoré :
Mais il confent enfin de quitter fon afyle,
De vous entendre ici, de revoir Eryphile.

Il veut qu'un nombre égal de chefs et de foldats
Egalement armés, fuivent de loin vos pas.
Il reçoit votre foi qu'à regret je lui porte;
Je règle votre fuite; il nomme fon escorte.

Il va paraitre.

AL CME ON.

POLEM O N.

Il vient; mais a-t-il mérité

Que vous lui conferviez tant de fidélité?

Doit-on rien aux méchans? et quel refpect frivole
Expofe votre fang...

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Argos à mes vertus reconnaîtra fon maître.

Mais près du temple, ami, ne vois - je pas le traître ?

THE ANDRE.

Un Dieu poursuit fes pas et le conduit ici:

Il entre en frémiffant.

AL CME ON.

Dieux vengeurs! le voici.

SCENE III.

SCENE I I I.

HERMOGIDE, dans le fond du Théâtre, ALCMEON, THEANDRE, POLEMON, fur le devant, Suite d'Hermogide.

HERMO GIDE.

D'ou vient donc qu'en ces lieux je ne vois pas la reine?
Quel filence! eft-ce un piège où mon destin m'entraîne ?
Rien ne paraît: un lâche a-t-il furpris ma foi?
Qui? moi, craindre ! avançons.

AL CME ON.

Demeure, et connais-moi. ()

Connais ce fer facré : l'ofes-tu voir encore ?

HERMO GID E.

Oui, c'eft le fer d'un roi qu'un fujet déshonore.

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Te fouvient-il du fang dont l'a fouillé ta main?

HERMO GIDE.

Peux-tu bien demander. . .

AL CME ON.

Malheureux affaffin,

Quel efclave a percé ces mains de fang fumantes?
Quel enfant innocent... Eh quoi, tu t'épouvantes!
Tu t'en vantais tantôt, tu te tais; tu frémis !
Meurtrier de ton roi, fais-tu quel eft fon fils?

Théâtre. Tom. I.

Ff

HERMO GIDE.

Ciel! tous les morts ici renaiffent pour ma perte.

Son fils!

AL CME ON.

De tes forfaits l'horreur eft découverte; Revois Amphiaraüs, vois fon fang, vois ton roi.

HERM OG I D E.

Je ne vois rien ici que ton manque de foi.
Tremble, qui que tu fois; et devant que je meure,
Puifque tu m'as trahi...

AL CME ON.

Nön, barbare, demeure.

Connais - moi tout entier : fache au moins que mon bras
Ne fait point fe venger par des affaffinats.
Je dois de tes forfaits te punir avec gloire ;
J'attends ton châtiment des mains de la victoire:
Et ce fang de tes rois, qui te parle aujourd'hui,
Ne veut qu'une vengeance auffi noble que lui.
Sans fuite ainfi que moi, viens, fi tu l'ofes, traître,
Chercher encor ma vie, et combattre ton maître.
"Suis mes pas.

HERMO GIDE.

Où vas-tu ?

AL CME ON.

Sur ce tombeau facré,

Sur la cendre d'un roi par tes mains maffacré.
Combattons devant lui, que fon ombre y décide
Du fort de fon vengeur et de fon homicide.
L'ofes-tu ?

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