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ACTE I V.

SCENE

PREMIERE.

ALCMEON, THEANDRE.

AL CME ON.

TOUT eft en fureté: ce palais eft tranquille,

ου

Et je réponds du peuple, et furtout d'Eryphile.

THE ANDRE.

Penfez plus au péril dont vous êtes preffé;
Il eft rival et prince, et de plus offenfé.
Il fonge à la vengeance: il la jure: il l'apprête:
J'entends gronder l'orage autour de votre tête:
Son rang lui donne ici des foutiens trop puiffans,
Et fes heureux forfaits lui font des partifans.
Cette foule d'amis qu'à force d'injustices....

ALC ME ON.

Lui, des amis! Théandre, il n'a que des complices,
Plus prêts à le trahir que prompts à le venger;
Des cœurs nés pour le crime, et non pour le danger.
Je compte fur les miens: la guerre et la victoire
Nous ont long-temps unis par les nœuds de la gloire,
Avant que tant d'honneurs fur ma tête amaffés,
Trainaffent après moi des cœurs intéreffés.

Ils font tous éprouvés, vaillans, incorruptibles;
La vertu qui nous joint nous rend tous invincibles;
Leurs bras victorieux m'aideront à monter

A ce rang qu'avec eux j'appris à mériter.

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Mon courage a franchi cet intervalle immenfe
Que mit du trône à moi mon indigne naissance;
L'hymen va me payer le prix de ma valeur;

Je ne vois qu'Eryphile, un fceptre et mon bonheur.

THE ANDRE.

Mais ne craignez-vous point ces prodiges funeftes,
Qu'étalent à vos yeux les vengeances célestes?
Ces tremblemens foudains, ces fpectres menaçans,
Ces morts dont le retour est l'effroi des vivans? (p)
Du ciel qui nous pourfuit la vengeance obstinée,
Semble fe déclarer contre votre hyménée.

AL CME ON.

Mon cœur fut toujours pur; il honora les dieux:
J'espère en leur juftice, et je ne crains rien d'eux.
De quel indigne effroi ton ame eft-elle atteinte?
Ah! les cœurs vertueux font-ils nés pour la crainte?
Mon orgueilleux rival ne faurait me troubler;
Tout chargé de forfaits, c'est à lui de trembler.
C'eft fur fes attentats que mon espoir fe fonde;
C'eft lui qu'un dieu menace; et fi la foudre gronde,
La foudre me raffure; et le ciel que tu crains,
Pour l'en mieux écrafer, la mettra dans mes mains.

THE ANDRE.

Le ciel n'a pas toujours puni les plus grands crimes;
Il frappe quelquefois d'innocentes victimes.
Amphiaraüs fut jufte, et vous ne favez pas
Par quelles mains ce ciel a permis fon trépas.

Hermogide !

AL CME ON.

THEANDRE.

THE ANDRE.

Souffrez que, laiffant la contrainte,

Seigneur, un vieux foldat vous parle ici fans feinte.

AL CME ON.

Tu fais combien mon cœur chérit la vérité.

THE ANDRE.

Je connais de ce cœur toute la pureté.
Des héros de la Grèce imitateur fidelle,

Vous jurez aux forfaits une guerre immortelle ;
Vous vous croyez, Seigneur, armé pour les venger,
Gardez de les défendre et de les partager.

AL CME ON.

Comment! que dites-vous?

THE ANDRE.

Vous êtes jeune encore:

A peine aviez-vous vu votre première aurore,
Quand ce roi malheureux defcendit chez les morts.
Peut-être ignorez-vous ce qu'on difait alors,
Et de la cour du roi quel fut l'affreux langage.

Hé bien!

AL CME ON.

THE ANDRE.

Je vais vous faire un trop fenfible outrage;

Mais je vous trahirais à le diffimuler:

Je vous tiens lieu de père, et je dois vous parler.

AL CM E O N.

Hé bien que difait-on? achève.

THE ANDRE.

Que la reine

Avait lié fon cœur d'une coupable chaîne ;

Théâtre. Tom. I.

E e

Qu'au barbare Hermogide elle promit sa main,
Et jufqu'à fon époux conduifit l'affaffin.

ALCME O N.

Rends grâce à l'amitié qui pour toi m'intéresse;
Si tout autre que toi foupçonnait la princesse,
Si quelqu'audacieux avait pu l'offenfer... ́
Mais que dis-je? toi-même, as - tu pu le penfer?
Peux-tu me préfenter ce poifon que l'envie
Répand aveuglément fur la plus belle vie?
J'ai peu connu la cour, mais la crédulité
Aiguife ici les traits de la malignité.
Vos oififs courtifans que les chagrins dévorent,
S'efforcent d'obfcurcir les aftres qu'ils adorent.
Là, fi vous en croyez leur coup d'œil pénétrant,
Tout miniftre eft un traître, et tout prince un tyran :
L'hymen n'eft entouré que de feux adultères;
Le frère à ses rivaux eft vendu par fes frères;
Et fitôt qu'un grand roi penche vers fon déclin,
Ou fon fils, ou fa femme ont hâté fon deftin.
Je hais de ces foupçons la barbare imprudence;
Je crois que fur la terre il eft quelqu'innocence:
Et mon cœur, repouffant ces fentimens cruels,
Aime à juger par lui du refte des mortels.
Qui croit toujours le crime, en paraît trop capable.
A mes yeux comme aux tiens Hermogide eft coupable;
Lui feul eft parricide.

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Vous écoutez fur lui vos foupçons légitimes;

Vous trouvez du plaisir à détester ses crimes.

Mais un objet trop cher...

ALC ME ON.

Ah! ne l'outragez plus;

Et gardez le filence, ou vantez fes vertus.

SCENE I I.

ERYPHILE, ALCMEON, THEANDRE, ZELONIDE', Suite de la Reine.

ERY PH I L E.

Roi d'Argos, paraissez et portez la couronne;

ΟΙ

Vos mains l'ont défendue, et mon cœur vous la donne.
Je ne balance plus: je mets fous votre loi
L'Empire d'Inachus, et vos rivaux, et moi.
J'ai fléchi de nos dieux les redoutables haines;

Leurs vertus font en vous, leur fang coule en mes veines;
Et jamais fur la terre on n'a formé de noeuds

Plus chers aux immortels, et plus dignes des cieux.

ALC ME ON:

Ils lifent dans mon cœur: ils favent que l'Empire
Eft le moindre des biens où mon courage afpire.
Puiffent tomber fur moi leurs plus funeftes traits,
Si ce cœur infidelle oubliait vos bienfaits.

Ce peuple qui m'entend, et qui m'appelle au temple,
Me verra commander, pour lui donner l'exemple;
Et, déjà par mes mains inftruit à vous fervir,
N'apprendra de fon roi qu'à vous mieux obéir.

ERY PHILE.

Enfin la douce paix vient raffurer mon ame:
Dieux! vous favorifez une fi pure flamme!

E e z

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