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J'attefte mes aïeux et ce jour qui m'éclaire,
Que j'immolai le fils, que j'ai fauvé la mère;
Que fi ce fang coupable a coulé fous nos coups,
J'ai prodigué le mien pour la Grèce et pour vous.
Vous m'en devez le prix; vous voulez tous un maître;
L'oracle en promet un, je vais périr, ou l'être;
Je vais venger mes droits contre un roi fuppofé,
Je vais rompre un vain charme à moi feul oppofé.
Soldat par mes travaux, et roi par ma naiffance,
De vingt ans de combats j'attends la récompense.
Je vous ai tous fervis. Ce rang des demi- dieux
Défendu par mon bras, fondé par mes aïeux,
Cimenté de mon fang, doit être mon partage.
Je le tiendrai de vous, de moi, de mon courage,
De ces dieux dont je fors, et qui feront pour moi.
Amis, fuivez mes pas, et fervez votre roi.

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ERY PHILE, ALCMEON, POLEMON, Choeur d'Argiens.

ERY PHILE.

Ou fuis-je ? De quels traits le cruel m'a frappée ?

Mon fils ne ferait plus! Dieux, m'auriez-vous trompée!

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Et vous que j'ai chargé de rechercher fon fort....

POLE MON.

On l'ignore en ce temple, et fans doute il eft mort.

AL CME ON.

Reine, c'est trop fouffrir qu'un monftre vous outrage: Confondez fon orgueil et punissez fa rage.

Tous vos guerriers font prêts; permettez que mon bras....

ERY PHILE.

Es-tu laffe, Fortune? Eft-ce affez d'attentats ?
Ah! trop malheureux fils, et toi, cendre facrée,
Cendre de mon époux de vengeance altérée,
Mânes fanglans, faut-il que votre meurtrier
Règne fur votre tombe et foit votre héritier!
Le temps, le péril preffe, il faut donner l'Empire.
Un dieu dans ce moment, un dieu parle et m'inspire;
Je cède, je ne puis, dans ce jour de terreur,
Réfifter à la voix qui s'explique à mon cœur.
C'eft vous, maître des rois et de la destinée;
C'eft, vous qui me forcez à ce grand hymenée.
Alcméon, fi mon fils eft tombé fous fes coups....
Seigneur.... vengez mon fils, et le trône eft à vous.

AL CME ON.

Grande Reine, eft-ce à moi que ces honneurs infignes....

ERY PHIL E.

Ah! quels rois dans la Grèce en feraient auffi dignes? (ö)
Ils n'ont que des aïeux, vous avez des vertus.

Ils font rois, mais c'est vous qui les avez vaincus.
C'est vous que le ciel nomme et qui m'allez défendre:
C'est vous qui de mon fils allez venger la cendre.
Peuples, voilà ce roi fi long-temps attendu,
Qui feul vous a fait vaincre, et feul vous était dû,
Le vainqueur de deux rois, prédit par les dieux même.
Qu'il foit digne à jamais de ce faint diadême!

Que je retrouve en lui les biens qu'on m'a ravis,

Votre appui, votre roi, mon époux et mon fils!

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ERY PHILE, ALCMEON, POLEMON, THE ANDRE, Choeur d'Argiens.

Q

THE ANDRE.

UE faites-vous, Madame? Et qu'allez-vous réfoudre? Le jour fuit, le ciel gronde: entendez-vous la foudre ? De la tombe du roi le pontife a tiré

Un fer que fur l'autel fes mains ont confacré.
Sur l'autel à l'instant ont paru les furies:

Les flambeaux de l'hymen font dans leurs mains impies.
Tout le peuple tremblant, d'un faint refpect touché,
Baiffe un front immobile, à la terre attaché.

ERY PHIL E.

Jufqu'où veux-tu pouffer ta fureur vengereffe,

O Ciel! Peuples rentrez: Théandre, qu'on me re.
Quel jufte effroi faifit mes efprits égarés!
Quel jour pour un hymen!

SCENE

V.

ERY PHILE, AL CMEON.

ERY PHIL E.

Ai, Seigneur, demeurez.
Aí,

Eh, quoi! je vois les dieux, les enfers et la terre,

S'élever tous enfemble, et m'apporter la guerre :

Mes ennemis, les morts contre moi déchaînés; Tout l'univers m'outrage, et vous m'abandonnez !

AL CME ON.

Je vais périr pour vous, ou punir Hermogide :
Vous fervir, vous venger, vous fauver d'un perfide.

ERY PH I L E.

Je vous fefais fon roi: mais, hélas! mais, Seigneur, Arrêtez; connaiffez mon trouble et ma douleur. Le défespoir, la mort, le crime m'environne; J'ai cru les écarter en vous plaçant au trône. J'ai cru même appaiser ces mânes en courroux, Ces mânes foulevés de mon premier époux. Hélas! combien de fois de mes douleurs preffée, Quand le fort de mon fils accablait ma pensée, Et qu'un léger fommeil venait enfin couvrir *Mes yeux trempés de pleurs et laffés de s'ouvrir: Combien de fois ces dieux ont femblé me prefcrire De vous donner ma main, mon cœur et mon Empire. Cependant, quand je touche au moment fortuné Où vous montez au trône à mon fils destiné,

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Le ciel et les enfers alarment mon courage; Je vois les dieux armés, condamner leur ouvrage : *Et vous feul m'infpirez plus de trouble et d'effroi, * Que le ciel et ces morts irrités contre moi.

* Je tremble en vous donnant ce facré diadême; * Ma bouche en frémiffant prononce, je vous aime, * D'un pouvoir inconnu l'invincible afcendant *M'entraîne ici vers vous, m'en repouffe à l'instant; * Et par un fentiment que je ne puis comprendre, * Mêle une horreur affreuse à l'amour le plus tendre,

ALC ME ON. 1

Quels momens! quel mélange, ô Dieux qui m'écoutez,
D'étonnement, d'horreurs, et de félicités!

L'orgueil de vous aimer, le bonheur de vous plaire,
Vos terreurs, vos bontés, la célefte colère,
Tant de biens, tant de maux me preffent à la fois,
Que mes fens accablés fuccombent fous leur poids.
Encor loin de ce rang que vos bontés m'apprêtent,
C'eft fur vos feuls dangers que mes regards s'arrêtent.
C'est pour vous délivrer de ce péril nouveau,
Que votre époux lui-même a quitté le tombeau.
Vous avez d'un barbare entendu la menace;
Où ne peut point aller fa criminelle audace?
Souffrez qu'au palais même affemblant vos foldats,
J'affure au moins vos jours contre fes attentats;
Que du peuple étonné j'appaise les alarmes;

Que prêts au moindre bruit, mes amis foient en armes.
C'eft en vous défendant que je dois mériter-

Le trône où votre choix m'ordonne de monter:

ERY PHIL E.

Allez je vais au temple, où d'autres facrifices Pourront rendre les dieux à mes vœux plus propices. Ils ne recevront pas d'un regard de courroux

Un encens, que mes mains n'offriront que pour vous.

Fin du troisième acte.

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