J'attefte mes aïeux et ce jour qui m'éclaire, ERY PHILE, ALCMEON, POLEMON, Choeur d'Argiens. ERY PHILE. Ou fuis-je ? De quels traits le cruel m'a frappée ? Mon fils ne ferait plus! Dieux, m'auriez-vous trompée! Et vous que j'ai chargé de rechercher fon fort.... POLE MON. On l'ignore en ce temple, et fans doute il eft mort. AL CME ON. Reine, c'est trop fouffrir qu'un monftre vous outrage: Confondez fon orgueil et punissez fa rage. Tous vos guerriers font prêts; permettez que mon bras.... ERY PHILE. Es-tu laffe, Fortune? Eft-ce affez d'attentats ? AL CME ON. Grande Reine, eft-ce à moi que ces honneurs infignes.... ERY PHIL E. Ah! quels rois dans la Grèce en feraient auffi dignes? (ö) Ils font rois, mais c'est vous qui les avez vaincus. Que je retrouve en lui les biens qu'on m'a ravis, Votre appui, votre roi, mon époux et mon fils! ERY PHILE, ALCMEON, POLEMON, THE ANDRE, Choeur d'Argiens. Q THE ANDRE. UE faites-vous, Madame? Et qu'allez-vous réfoudre? Le jour fuit, le ciel gronde: entendez-vous la foudre ? De la tombe du roi le pontife a tiré Un fer que fur l'autel fes mains ont confacré. Les flambeaux de l'hymen font dans leurs mains impies. ERY PHIL E. Jufqu'où veux-tu pouffer ta fureur vengereffe, O Ciel! Peuples rentrez: Théandre, qu'on me re. SCENE V. ERY PHILE, AL CMEON. ERY PHIL E. Ai, Seigneur, demeurez. Eh, quoi! je vois les dieux, les enfers et la terre, S'élever tous enfemble, et m'apporter la guerre : Mes ennemis, les morts contre moi déchaînés; Tout l'univers m'outrage, et vous m'abandonnez ! AL CME ON. Je vais périr pour vous, ou punir Hermogide : ERY PH I L E. Je vous fefais fon roi: mais, hélas! mais, Seigneur, Arrêtez; connaiffez mon trouble et ma douleur. Le défespoir, la mort, le crime m'environne; J'ai cru les écarter en vous plaçant au trône. J'ai cru même appaiser ces mânes en courroux, Ces mânes foulevés de mon premier époux. Hélas! combien de fois de mes douleurs preffée, Quand le fort de mon fils accablait ma pensée, Et qu'un léger fommeil venait enfin couvrir *Mes yeux trempés de pleurs et laffés de s'ouvrir: Combien de fois ces dieux ont femblé me prefcrire De vous donner ma main, mon cœur et mon Empire. Cependant, quand je touche au moment fortuné Où vous montez au trône à mon fils destiné, Le ciel et les enfers alarment mon courage; Je vois les dieux armés, condamner leur ouvrage : *Et vous feul m'infpirez plus de trouble et d'effroi, * Que le ciel et ces morts irrités contre moi. * Je tremble en vous donnant ce facré diadême; * Ma bouche en frémiffant prononce, je vous aime, * D'un pouvoir inconnu l'invincible afcendant *M'entraîne ici vers vous, m'en repouffe à l'instant; * Et par un fentiment que je ne puis comprendre, * Mêle une horreur affreuse à l'amour le plus tendre, ALC ME ON. 1 Quels momens! quel mélange, ô Dieux qui m'écoutez, L'orgueil de vous aimer, le bonheur de vous plaire, Que prêts au moindre bruit, mes amis foient en armes. Le trône où votre choix m'ordonne de monter: ERY PHIL E. Allez je vais au temple, où d'autres facrifices Pourront rendre les dieux à mes vœux plus propices. Ils ne recevront pas d'un regard de courroux Un encens, que mes mains n'offriront que pour vous. Fin du troisième acte. |