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Euryale, Tydée, et ces rois repouffés,
Vaincus par Alcméon ne font point terraffés.
Dans Argos incertain leur parti peut renaître ;
Hermogide eft puiffant, le peuple veut un maître :
Il se plaint, il murmure, et prompt à s'alarmer,
Bientôt malgré vous-même il pourroit le nommer.
Veuve d'Amphiaraüs, et digne de ce titre,
De ces grands différends et la caufe et l'arbitre,
Reine, daignez d'Argos accomplir les fouhaits.
Que le droit de régner foit un de vos bienfaits!
Que votre voix décide, et que cet hyménée
De la Grèce et de vous règle la destinée!

ERY PHIL E.

Pour qui penche ce peuple?

POLE MON.

Il attend votre choix:

Mais on fait qu'Hermogide eft du fang de nos rois. Du fouverain pouvoir il eft dépofitaire;.

Cet hymen à l'Etat femble être néceffaire.

ERY PHILE.

On veut que je l'époufe, et qu'il foit votre roi.

POLE MON.

Madame, avec refpect on fuivra votre loi.
Prononcez: un feul mot réglera nos hommages.

ERY PHIL E.

Mais du peuple Hermogide a-t-il tous les fuffrages?

POLEM O N.

S'il faut parler, Madame, avec fincérité,

Ce prince eft dans ces lieux moins cher que redouté. On croit qu'à fon hymen il vous faudra foufcrire, Mais, Madame, on le croit plus qu'on ne le defire.

ERY PHILE.

Alcméon ne vient point! l'a-t-on fait avertir?

POLE MON.

Déjà du camp, Madame, il aura dû partir.

ERY PHILE.

Ce n'eft qu'en fa vertu que j'ai quelqu'efpérance.
Puiffe-t-il de fa reine embraffer la défenfe!

Puiffe-t-il me fauver de tous mes ennemis !

O Dieux de mon époux! et vous, Dieux de mon fils! Prenez de cet Etat les rènes languiffantes;

Remettez-les vous-même en des mains innocentes: Ou fi dans ce grand jour il me faut déclarer, Conduifez donc mon cœur, et daignez l'inspirer.

Fin du premier acte.

АСТЕ I I.

SCENE

PREMIERE.

ALCME ON, THE ANDRE.

THE ANDRE.

ALCMEON, j'ai pitié de voir tant de faiblesse.

L'erreur qui vous féduit, la douleur qui vous presse,
De vos defirs fecrets l'orgueil préfomptueux
Eclatent malgré vous et parlent dans vos yeux;
Et j'ai tremblé cent fois que la reine offensée
Ne punit de vos voeux la fureur infenfée.
Qui? vous! jeter fur elle un œil audacieux ?
Vous cherchez à vous perdre. Ah! jeune ambitieux,
Faut-il vous voir ôter par vos fougueux caprices
L'honneur de vos exploits, le fruit de vos fervices,
Le prix de tant de fang verfé dans les combats!

AL CME ON.

Cher ami, pardonnez: je ne me connais pas.
La reine, oui, je l'avoue, oui, fa fatale vue
Porte au fond de mon ame une atteinte inconnue.
Je ne veux point voiler à vos regards difcrets
L'erreur de mon jeune âge, et mes troubles fecrets.
Je vous dirai bien plus: l'afpect du diadême
Semble emporter mon ame au delà de moi-même.
J'ignore pour quel roi ce bras a triomphé:
Mais preffé d'un dépit avec peine étouffé,

A mon cœur étonné c'est un fecret outrage,
Qu'un autre emporte ici le prix de mon courage;
Que ce trône ébranlé, dont je fus le rempart,
Dépende d'un coup d'œil, ou fe donne au hafard.
Que dis-je? Hélas! peut-être il eft le prix du crime!
Mais non, n'écoutons point le transport qui m'anime;
Banniffons loin de moi le funefte foupçon

Qui règne en mon efprit et trouble ma raifon.
Ah! fi la vertu feule, et non pas la naiffànce....

THE ANDRE.

Ecoutez j'ai moi-même élevé votre enfance;
Souffrez-moi quelquefois, généreux Alcméon,
L'autorité d'un père auffi - bien que le nom.
Vous paffez pour mon fils, la fortune févère,
Inégale en fes dons, pour vous marâtre et mère,
De vos jours confervés voulut mêler le fil
De l'éclat le plus grand, et du fort le plus vil.
J'ai d'un profond fecret couvert votre origine;
Mais vous la connaiffez; et cette ame divine,
Du haut de fa fortune et parmi tant d'éclat,
Devrait baiffer les yeux fur fon premier état.
Gardez que quelque jour, cet orgueil téméraire
N'attire fur vous-même une triste lumière ;
N'éclaire enfin l'envie, et montre à l'univers
Sous vos lauriers pompeux la honte de vos fers.

AL CME ON.

Ah! c'eft ce qui m'accable et qui me défefpère.
Il faut rougir de moi, trembler au nom d'un père:
Me cacher par faibleffe aux moindres citoyens;
Et reprocher ma vie à ceux dont je la tiens.

Préjugé malheureux! éclatante chimère

Que l'orgueil inventa, que le faible révère,

Par qui je vois languir le mérite abattu

Aux pieds d'un prince indigne, ou d'un grand fans vertu. * Les mortels font égaux: ce n'est point la naissance,

* C'est la feule vertu qui fait leur différence.

C'est elle qui met l'homme au rang des demi - dieux; * Et qui fert fon pays n'a pas besoin d'aïeux.

Princes, Rois, la fortune a fait votre partage,
Mes grandeurs font à moi; mon fort est mon ouvrage:
Et ces fers fi honteux, ces fers où je naquis,

Je les ai fait porter aux mains des ennemis.
* Je n'ai plus rien du fang qui m'a donné la vie;
* Il a dans les combats coulé pour la patrie;

* Je vois ce que je fuis et non ce que je fus,
* Et crois valoir au moins des rois que j'ai vaincus.

THE ANDRE.

Alcméon, croyez-moi, l'orgueil qui vous infpire,
Que je dois condamner, et que pourtant j'admire,
Ce principe éclatant de tant d'exploits fameux,.
En vous rendant fi grand, vous fait trop malheureux.
Pliez à votre état ce fougueux caractère
Qui d'un brave guerrier ferait un téméraire :
C'est un des ennemis qu'il vous faut fubjuguer.
Né pour fervir le trône et non pour le briguer;
Sachez vous contenter de votre destinée;
D'une gloire affez haute elle est environnée :

N'en recherchez point d'autre. Eh! qui fait fi les dieux
Qui toujours fur vos pas ont attaché les yeux,
Qui pour venger Argos, et pour calmer la Grèce,
Ont voulu vous tirer du fein de la baffeffe,

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