Mon ceur encor surpris de son égarement B R U T U S. Quoi! tant de perfidie avec tant de courage ? T I T U S. Toutes les passions, la soif de la vengeance, B R U T U S, Achève, malheureux. T Í T U S. Une plus grande erreur , Un feu qui de mes sens est même encor le maître , Qui fit tout mon forfait, qui l'augmente peut-être. C'est trop vous offenser par cet aveu honteux, (il se sjette à genoux.) BRUTU S. T I TU S. (On l'emmène.) SCENE VIII. Seigneu EIGNEUR, tout le Sénat dans la douleur sincère, En frémisfant du coup qui doit vous accabler. , i. BRUT s. Vous connaissez Brutus, et l'osez consoler ? Songez qu'on nous prépare une attaque nouvelle. Rome seule a mes soins, mon cæur ne connaît qu'elle. Allons : que les Romains, dans ces momens affreux, Me tiennent lieu du fils que j'ai perdu pour eux ; Que je finisfe au moins ma déplorable vie Comme il eût dû mourir, en vengeant la patrie. BRU T U S. C'en est fait... et mes yeux... BRU TU S. Fin du cinquième et dernier acte. Bb de la Tragédie de Brutus. (a) Nous joindrons ici le morceau suivant que M. de Voltaire a retranché dans les éditions postérieures à 1738. ,, Au reste , Mylord, s'il y a quclques endroits passables dans cet ouvrage, il faut que j'avoue que j'en ai l'obligation à des amis qui pensent comme vous. Ils m'encourageaient à tempérer l'austérité de Brutus par l'amour paternel, afin qu’on admirât et qu'on plaignît l'effort qu'il se fait en condamnant son fils. Ils m'exhortaient à donner à la jeune Tullie un caractère de tendresse et d'innocence, parce que si j'en avais fait une héroïne altière qui n'eût parlé à Titus, que comme à un sujet qui devait fervir fon prince ; alors Titus aurait été avili , et l'ambassadeur eût été inutile. Ils voulaient que Titus fût un jeune homme furieux dans ses passions, aimant Rome et son père, adorant Tullie , fe fesant un devoir d'être fidèle au Sénat même dont il se plaignait , et emporté loin de son devoir par une passion dont il avait cru être le maître. En effet, fi Titus avait été de l'avis de fa maîtresse , et s'était dit à lui - même de bonnes raisons en faveur des rois; Brutus alors n'eût été regardé que comme un chef de rébelles ; Titus n'aurait plus eu de remords; son père n'eût plus excité la pitié. “Gardez, me disaient-ils, que les deux enfans de Brutus paraissent sur la scène; vous favez que l'intérêt eft perdu quand il se partage. Mais surtout, que votre pièce soit simple ; imitez cette beauté des Grecs, croyez que la multiplicité des événemens et des intérêts compliqués, n'est que la ressource des génies stériles qui ne favent pas tirer d'une seule passion de quoi faire cinq actes. Tâchez de travailler chaque scène, comme si c'était la seule que vous eussiez à écrire. Ce sont les beautés de détail, etc. etc. (6) Edition de 1738. * Je devenais Romain, je sortais d'esclavage. (c) Ibidem. Quoi ! le fils de Brutus, un soldat, un Romain (d) Ibid. * Hélas ! ne vois - tu pas les fatales barrières , (e) Ibid. * J'attendais un destin plus digne et plus heureux. |