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NARBA S.

De fes fens il a perdu l'usage;

Il fuccombe à fes maux.

HERO D'E.

Quel funefte nuage

S'eft répandu foudain fur mes efprits troublés?
D'un fombre et noir chagrin mes fens font accablés:
D'où vient qu'on m'abandonne au trouble qui me gêne?
Je ne vois point ma fœur, je ne vois point la reine.
Vous pleurez! vous n'ofez vous approcher de moi!
Trifte Jérufalem, tu fuis devant ton roi!

Qu'ai-je donc fait ? Pourquoi fuis-je en horreur au monde ?
Qui me délivrera de ma douleur profonde ?
Par qui ce long tourment fera-t-il adouci?
Qu'on cherche Mariamne et qu'on l'amène ici.

Mariamne, Seigneur?

NARBA S.

HEROD E.

Oui je fens que fa vue

Va rendre un calme heureux à mon ame éperdue.
Toujours devant fes yeux que j'aime et que je crains,
Mon cœur eft moins troublé, mes jours font plus fereins.
Déjà même à fon nom mes douleurs s'affaibliffent;

Déjà de mon chagrin les ombres s'éclairciffent.
Qu'elle vienne.

NAR BA S.

Seigneur...

HERODE.

Je veux la voir.

NARBA S.

Hélas!

Avez-vous pu, Seigneur, oublier fon trépas?

2

HERO D E.

Cruel! que dites-vous ?

NARBA S.

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Il ne fe connaît plus.

La douleur le transporte;

HERO D E.

Quoi Mariamne est morte? (b)

Ah! funefte raison, pourquoi m'éclaires-tu?

Jour trifte, jour affreux, pourquoi m'es-tu rendu ? Lieux teints de ce beau fang que l'on vient de répandre,

Murs que j'ai relevés, Palais, tombez en cendre:

Cachez fous les débris de vos fuperbes tours

La place où Mariamne a vu trancher fes jours.

Quoi! Mariamne eft morte, et j'en fuis l'homicide!
Puniffez, déchirez un monftre parricide,

Armez-vous contre moi, Sujets qui la perdez,
Tonnez, écrafez-moi, Cieux qui la poffédez.

1

Fin du cinquième et dernier acte.

(a)

Des premières éditions de Mariamne.

MES yeux n'ont jamais vu le jour qu'avec douleur:

L'inftant où je naquis commença mon malheur;

Mon berceau fut couvert du fang de ma patrie:

J'ai vu du peuple faint la gloire anéantie :

Sur ce trône coupable.

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(b) HERO D E.

Quoi! Mariamne eft morte?

Infidelles Hébreux, vous ne la vengez pas!

Cieux qui la poffédez, tonnez fur ces ingrats!
Lieux teints de ce beau fang que l'on vient de répandre,
Murs que j'ai relevés, Palais, tombez en cendre!

Cachez fous les débris de vos fuperbes tours

La place où Mariamne a vu trancher fes jours!
Temple, que pour jamais tes voûtes se renversent;
Que d'Ifraël détruit les enfans fe dispersent:
Que fans temples, fans rois, errans, perfécutés,
Fugitifs en tous lieux, et par-tout détestés,
Sur leurs fronts égarés, portant, dans leur misère,
Des vengeances de Dieu l'effrayant caractère,
Ce peuple aux nations tranfmette avec terreur,
Et l'horreur de mon nom, et la honte du leur.

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SCENES

I I I et

I V

DU TROISIEME ACTE,

telles qu'elles ont été jouées à la première repréfentation.

VARUS, HERODE, MAZAEL, Suite.

HERO D E.

AVANT que fur mon front je mette la couronne
Que m'ôta la fortune, et que Céfar me donne,
Je viens en rendre hommage au héros dont la voix,
De Rome en ma faveur a fait pencher le choix.

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De vos lettres, Seigneur, les heureux témoignages,
D'Augufte et du Sénat m'ont gagné les fuffrages;
Et pour premier tribut, j'apporte à vos genoux
Un fceptre, que ma main n'eût point porté fans vous.
Je vous dois encor plus: vos foins, votre préfence,
De mon peuple indocile ont dompté l'infolence;
Vos fuccès m'ont appris l'art de le gouverner;
Et m'inftruire était plus que de me couronner.
Sur vos derniers bienfaits excufez mon filence;
Je fais ce qu'en ces lieux a fait votre prudence;
Et trop plein de mon trouble et de mon repentir,
Je ne puis à vos yeux que me taire et fouffrir.

VARUS.

Puifqu'aux yeux du Sénat vous avez trouvé grâce
Sur le trône aujourd'hui reprenez votre place.
Règnez Céfar le veut. Je remets en vos mains
L'autorité qu'aux rois permettent les Romains.
J'ofe efpérer de vous qu'un règne heureux et jufte
Juftifîra mes foins et les bontés d'Augufte;
Je ne me flatte pas de favoir enfeigner

A des rois tels que vous, le grand art de régner.
On vous a vu long-temps dans la paix, dans la guerre,
En donner des leçons au refte de la terre:

Votre gloire en un mot ne peut aller plus loin,

Mais il eft des vertus dont vous avez befoin.

Voici le temps furtout, que fur ce qui vous touche
L'auftère vérité doit paffer par ma bouche;
D'autant plus, qu'entouré de flatteurs affidus,
Puifque vous êtes roi, vous ne l'entendrez plus.

On vous a vu long-temps, respecté dans l'Afie,
Régner avec éclat, mais avec barbarie:
Craint de tous vos fujets; admiré, mais haï;
Et par vos flatteurs même à regret obéi.
Jaloux d'une grandeur avec peine achetée,
Du fang de vos parens vous l'avez cimentée.

Je ne dis rien de plus mais vous devez fonger
Qu'il eft des attentats que Céfar peut venger :

Qu'il n'a point en vos mains mis fon pouvoir fuprême,
Pour régner en tyran fur un peuple qu'il aime :

Et que, du haut du trône, un prince en fes Etats
Eft comptable aux Romains du moindre de fes pas.
Croyez-moi: la Judée eft laffe de fupplices;
Vous en fûtes l'effroi; foyez-en les délices.
Vous connaiffez le peuple: on le change en un jour;
Il prodigue aifément fa haine et fon amour:
Si la rigueur l'aigrit, la clémence l'attire.
Enfin fouvenez-vous, en reprenant l'empire,
Que Rome à l'efclavage a pu vous deftiner,
Et du moins apprenez de Rome à pardonner.

HEROD E.

Oui', Seigneur, il eft vrai que les deftins févères
M'ont fouvent agraché des rigueurs néceffaires.
Souvent, vous le favez, l'intérêt des Etats
Dédaigne la juftice et veut des attentats.
Rome, que l'univers avec frayeur contemple,
Rome, dont vous voulez que je fuive l'exemple,
Aux rois qu'elle gouverne a pris soin d'enseigner
Comme il faut qu'on la craigne, et comme il faut régner.
De fes profcriptions nous gardons la mémoire:

Céfar même, Céfar au comble de la gloire,
N'eut point vu l'univers à fes pieds profterné,
Si fa bonté facile eût toujours pardonné.
Ce peuple de rivaux, d'ennemis et de traîtres,
Ne pouvoit.....

VARU S.

Arrêtez, et refpectez vos maltres:

Ne leur reprochez point ce qu'ils ont réparé:
Et, du fceptre aujourd'hui par leurs mains honoré,
Sans rechercher en eux cet exemple funefte,
Imitez leurs vertus, oubliez tout le refte.
Sur votre trône affis, ne vous fouvenez plus

Que des biens que fur vous leurs mains ont répandus.
Gouvernez en bon roi, fi vous voulez leur plaire.
Commencez par chaffer ce flatteur mercénaire
Qui, du mafque impofant d'une feinte bonté,
Cache un cœur ténébreux par le crime infecté.
C'est lui qui le premier écarta de fon maître
Des cœurs infortunés, qui vous cherchaient peut-être :

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