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J'appris de mes aïeux que je fais imiter,

A voir la mort fans crainte et fans la mériter.

Je t'offre tout mon fang, défends au moins ma gloire;
Commande à mes tyrans d'épargner ma mémoire ;

Que le menfonge impur n'ofe plus m'outrager.
Honorer la vertu c'est assez la venger.

Mais quel tumulte affreux! quels cris! quelles alarmes !
Ce palais retentit du bruit confus des armes.
Hélas! j'en fuis la caufe, et l'on périt pour moi.
On enfonce la porte. Ah! qu'eft-ce que je voi?

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MARIAMNE, SOHEME, ELISE, AMMON, Soldats d'Hérode, Soldats de Sohême.

SOHEM E.

FUVEZ, vils ennemis qui gardez votre réine,
Lâches, difparaiffez. Soldats qu'on les enchaîne.

(Les gardes et les foldats d'Hérode s'en vont.)

Venez, Reine, venez, fecondez nos efforts :
Suivez mes pas, marchons dans la foule des morts.
A vos perfécuteurs vous n'êtes plus livrée :
Ils n'ont pu de ces lieux me défendre l'entrée.
Dans fon perfide fang Mazaël eft plongé,
Et du moins à demi mon bras vous a vengé.
D'un inftant précieux faififfez l'avantage;
Mettez ce front auguste à l'abri de l'orage:
Avançons.

MARIAM NE.

Non, Sohême, il ne m'eft plus permis D'accepter vos bontés contre mes ennemis;

Après l'affront cruel, et la tache trop noire
Dont les foupçons d'Hérode ont offenfé ma gloire ;
Je les mériterais fi je pouvais fouffrir

Cet appui dangereux que vous venez m'offrir.
Je crains votre fecours et non fa barbarie.
Il eft honteux pour moi de vous devoir la vie ;
L'honneur m'en fait un crime; il le faut expier;
Et j'attends le trépas pour me justifier.

SOHEM E.

Que faites-vous, hélas! malheureuse Princesse ?
Un moment peut vous perdre. On combat. Le temps preffe.
Craignez encor Hérode armé du désespoir.

MARIA M N E.

Je ne crains que la honte et je fais mon devoir.

SOHEM E.

Faut-il qu'en vous fervant, toujours je vous offense?
Je vais donc, malgré vous, fervir votre vengeance.
Je cours à ce tyran qu'en vain vous refpectez.
Je revole au combat, et mon bras....

MARIAM NE.

Arrêtez :

Je détefte un triomphe à mes yeux fi coupable;
Seigneur, le fang d'Hérode eft pour moi refpectable.
C'eft lui de qui les droits...

SOHEM E.

L'ingrat les a perdus.

MARIA M N E.

Par les nœuds les plus faints. . .

SOHEM E.

Tous vos nœuds font rompus.

MARIAMNE.

MARIAM NE.

Le devoir nous unit.

SO HE M E.

Le crime vous fépare."

N'arrêtez plus mes pas; vengez-vous d'un barbare: Sauvez tant de vertus...

MARIA M N E.

Vous les déshonorez.

SOHEM E.

Il va trancher vos jours.

MARIA MN E.

Les fiens me font facrés.

SOHEM E.

Il a fouillé fa main du fang de votre père.

MARIA M NE.

Je fais ce qu'il a fait, et ce que je dois faire
De fa fureur ici j'attends les derniers traits,
Et ne prends point de lui l'exemple des forfaits.

SOHEM E.

O courage! conftance! ô cœur inébranlable!
Dieux que tant de vertu rend Hérode coupable!
Plus vous me commandez de ne point vous fervir,
Et plus je vous promets de vous défobéir.

Votre honneur s'en offense, et le mien me l'ordonne;
Il n'eft rien qui m'arrête, il n'est rien qui m'étonne;
Et je cours réparer, en cherchant votre époux,
Ce temps que j'ai perdu fans combattre pour vous.

Seigneur...

'MARIA M N E.

Théâtre. Tom. I.

R

SCENE III.

MARIA MNE, ELISE, Gardes.

MARIA M N E.

MAIS il m'échappe, il ne veut point m'entendre. Ciel! ô Ciel! épargnez le fang qu'on va répandre ! Epargnez mes fujets, épuifez tout fur moi! Sauvez le roi lui-même !

SCENE IV.

MARIAMNE, ELISE, NARBAS, Gardes.

MARIA M N E.

AH! Narbas, eft-ce toi?

Qu'as-tu fait de mes fils, et que devient ma mère?

NARBA S.

Le roi n'a point fur eux étendu fa colère.
Unique et trifte objet de fes transports jaloux,
Dans ces extrémités ne craignez que pour vous.
Le feul nom de Sohême augmente fa furie;
Si Sohême eft vaincu, c'eft fait de votre vie:
Déjà même, déjà, le barbare Zarès

A marché vers ces lieux, chargé d'ordres fecrets.

Ofez paraître, ofez vous fecourir vous-même;
Jetez-vous dans les bras d'un peuple qui vous aime;
Faites voir Mariamne à ce peuple abattu;

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Vos regards lui rendront fon antique vertu. Appelons à grands cris nos hébreux et nos prêtres; Tout Juda défendra le pur fang de fes maîtres; Madame, avec courage il faut vaincre ou périr: Daignez...

MARIA M N E.

Le vrai courage eft de favoir fouffrir:

Non d'aller exciter une foule rebelle

A lever fur fon prince une main criminelle.

Je rougirais de moi, fi, craignant mon malheur,
Quelques vœux pour fa mort avaient furpris mon cœur ;
Si j'avais un moment fouhaité ma vengeance,
Et fondé fur fa perte un refte d'efpérance.

Narbas, en ce moment le ciel met dans mon fein
Un défespoir plus noble, un plus digne deffein.
Le roi, qui me foupçonne, enfin va me connaître.
Au milieu du combat on me verra paraître.
De Sohême et du roi j'arrêterai les coups;
Je remettrai ma tête aux mains de mon époux.
Je fuyais ce matin fa vengeance cruelle,
Ses crimes m'exilaient, fon danger me rappelle.
Ma gloire me l'ordonne, et prompte à l'écouter
Je vais fauver au roi le jour qu'il veut m'ôter.

NARBA S.

Hélas! où courez-vous? dans quel défordre extrême ?

MARIAM NE.

Je fuis perdue, hélas! c'eft Hérode lui-même.

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