J'appris de mes aïeux que je fais imiter, A voir la mort fans crainte et fans la mériter. Je t'offre tout mon fang, défends au moins ma gloire; Que le menfonge impur n'ofe plus m'outrager. Mais quel tumulte affreux! quels cris! quelles alarmes ! MARIAMNE, SOHEME, ELISE, AMMON, Soldats d'Hérode, Soldats de Sohême. SOHEM E. FUVEZ, vils ennemis qui gardez votre réine, (Les gardes et les foldats d'Hérode s'en vont.) Venez, Reine, venez, fecondez nos efforts : MARIAM NE. Non, Sohême, il ne m'eft plus permis D'accepter vos bontés contre mes ennemis; Après l'affront cruel, et la tache trop noire Cet appui dangereux que vous venez m'offrir. SOHEM E. Que faites-vous, hélas! malheureuse Princesse ? MARIA M N E. Je ne crains que la honte et je fais mon devoir. SOHEM E. Faut-il qu'en vous fervant, toujours je vous offense? MARIAM NE. Arrêtez : Je détefte un triomphe à mes yeux fi coupable; SOHEM E. L'ingrat les a perdus. MARIA M N E. Par les nœuds les plus faints. . . SOHEM E. Tous vos nœuds font rompus. MARIAMNE. MARIAM NE. Le devoir nous unit. SO HE M E. Le crime vous fépare." N'arrêtez plus mes pas; vengez-vous d'un barbare: Sauvez tant de vertus... MARIA M N E. Vous les déshonorez. SOHEM E. Il va trancher vos jours. MARIA MN E. Les fiens me font facrés. SOHEM E. Il a fouillé fa main du fang de votre père. MARIA M NE. Je fais ce qu'il a fait, et ce que je dois faire SOHEM E. O courage! conftance! ô cœur inébranlable! Votre honneur s'en offense, et le mien me l'ordonne; Seigneur... 'MARIA M N E. Théâtre. Tom. I. R SCENE III. MARIA MNE, ELISE, Gardes. MARIA M N E. MAIS il m'échappe, il ne veut point m'entendre. Ciel! ô Ciel! épargnez le fang qu'on va répandre ! Epargnez mes fujets, épuifez tout fur moi! Sauvez le roi lui-même ! SCENE IV. MARIAMNE, ELISE, NARBAS, Gardes. MARIA M N E. AH! Narbas, eft-ce toi? Qu'as-tu fait de mes fils, et que devient ma mère? NARBA S. Le roi n'a point fur eux étendu fa colère. A marché vers ces lieux, chargé d'ordres fecrets. Ofez paraître, ofez vous fecourir vous-même; Vos regards lui rendront fon antique vertu. Appelons à grands cris nos hébreux et nos prêtres; Tout Juda défendra le pur fang de fes maîtres; Madame, avec courage il faut vaincre ou périr: Daignez... MARIA M N E. Le vrai courage eft de favoir fouffrir: Non d'aller exciter une foule rebelle A lever fur fon prince une main criminelle. Je rougirais de moi, fi, craignant mon malheur, Narbas, en ce moment le ciel met dans mon fein NARBA S. Hélas! où courez-vous? dans quel défordre extrême ? MARIAM NE. Je fuis perdue, hélas! c'eft Hérode lui-même. |