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SCENE IV.

HERODE, MAZAEL, IDAMAS, Suite d'Hérode.

HERO D E.

moi?

Ен
H quoi, Sohême auffi femble éviter ma vue!
Quelle horreur devant moi s'est par-tout répandue!
Ciel! ne puis-je infpirer que la haine ou l'effroi ?
Tous les cœurs des humains font-ils fermés pour
En horreur à la reine, à mon peuple, à moi-même,
A regret fur mon front je vois le diadême.
Hérode en arrivant recueille avec terreur
Les chagrins dévorans qu'a femés fa fureur.
Ah Dieu !

MAZA E L.

Daignez calmer ces injuftes alarmes.

HERO D E.

Malheureux, qu'ai-je fait ?

MAZA E L.

Quoi! vous verfez des larmes!

Vous, ce roi fortuné, fi fage en fes deffeins!

Vous, la terreur du Parthe, et l'ami des Romains!
Songez, Seigneur, fongez à ces noms plein de gloire,
Que vous donnaient jadis Antoine et la victoire.
Songez que près d'Augufte, appelé par fon choix,
Vous marchiez diftingué de la foule des rois.
Revoyez à vos lois Jérufalem rendue,

Jadis par vous conquife et par vous défendue,

Reprenant aujourd'hui fa première fplendeur

En contemplant fon prince au faîte du bonheur.

Jamais roi plus heureux dans la paix, dans la guerre...

HERODE.

Non, il n'eft plus pour moi de bonheur fur la terre.
Le deftin m'a frappé de fes plus rudes coups,
Et pour comble d'horreur je les mérite tous.

I DAMA S.

Seigneur, m'est-il permis de parler fans contrainte?
Ce trône augufte et faint, qu'environne la crainte,
Serait mieux affermi s'il l'était par l'amour.
En faifant des heureux, un roi l'eft à fon tour.
A d'éternels chagrins votre ame abandonnée,
Pourrait tarir d'un mot leur fource empoifonnée.
Seigneur, ne fouffrez plus que d'indignes difcours
Ofent troubler la paix et l'honneur de vos jours;
Ni que de vils flatteurs écartent de leur maître
Des cœurs infortunés, qui vous cherchaient peut-être.
Bientôt de vos vertus tout Ifraël charmé.....

HERO D E.

Eh! croyez-vous encor que je puiffe être aimé ?
Qu'Hérode eft aujourd'hui différent de lui-même !

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Un feul cœur vous réfifte, et l'on peut le gagner.

HERO D E.

Non: je fuis un barbare, indigne de régner.

IDA MA S.

Votre douleur eft jufte, et fi pour Mariamne....

HERO DE.

Et c'est ce nom fatal, hélas! qui me condamne;

C'est ce nom qui reproche à mon cœur agité
L'excès de ma faibleffe et de ma cruauté.

MAZA E L.

Elle fera toujours inflexible en fa haine,

Elle fuit votre vue.

HERO D E.

Ah! j'ai cherché la fienne.

MAZA E L.

Qui? vous, Seigneur ?

HERO D E.

Eh quoi! mes tranfports furieux,
Ces pleurs que mes remords arrachent de mes yeux,
Ce changement foudain, cette douleur mortelle,
Tout ne te dit-il pas que je viens d'auprès d'elle?
Toujours troublé, toujours plein de haine et d'amour,
J'ai trompé, pour la voir, une importune cour,
Quelle entrevue, ô Cieux! quels combats! quel fupplice!
Dans fes yeux indignés j'ai lu mon injustice,

Ses regards inquiets n'ofaient tomber fur moi,
Et tout, jufqu'à mes pleurs, augmentait fon effroi.

MAZA E L,

Seigneur, vous le voyez ; fa haine envenimée
Jamais par vos bontés ne fera défarmée:
Vos refpects dangereux nourriffent fa fierté.

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Elle me hait! ah Dieu! je l'ai trop mérité.

Je lui pardonne, hélas! dans le fort qui l'accable,
De haïr à ce point un époux fi coupable.

MAZA E L.

Vous coupable? Eh, Seigneur, pouvez-vous oublier
Ce que la reine a fait pour vous justifier?

Ses mépris outrageans, fa fuperbe colère,

Ses deffeins contre vous, les complots de fon père ? Le fang qui la forma fut un fang ennemi:

1

Le dangereux Hircan vous eût toujours trahi:
Et des Afmonéens la brigue était fi forte,
Que fans un coup d'état vous n'auriez pu...

HERO D E.

N'importe.

Hircan était fon père, il fallait l'épargner;
Mais je n'écoutai rien que la foif de régner.
Ma politique affreuse a perdu sa famille;
J'ai fait périr le père, et j'ai profcrit la fille;
J'ai voulu la haïr, j'ai trop fu l'opprimer;
Le ciel pour m'en punir me condamne à l'aimer.

IDAMA S.

Seigneur, daignez m'en croire, une jufte tendreffe
Devient une vertu, loin d'être une faibleffe:

Digne de tant de biens que le ciel vous a faits,
Mettez votre amour même au rang de fes bienfaits.

HERO D E.

Hircan, mânes facrés, fureurs que je détefte!

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O père infortuné! plus malheureux époux!

Tant d'horreurs, tant de fang, le meurtre de fon père, Les maux que je lui fais me la rendent plus chère.

Si fon cœur,.

... mais c'est trop différer.

fi fa foi,...

Idamas, en un mot, je veux tout réparer.

Va la trouver; dis-lui, que mon ame affervie

Met à fes pieds mon trône, et ma gloire, et ma vie;

Je veux dans fes enfans, choifir un fucceffeur.
Des maux qu'elle a foufferts elle actufe ma fœur;
C'en eft affez; ma fœur aujourd'hui renvoyée,
A ce cher intérêt fera facrifiée.

Je laiffe à Mariamne un pouvoir abfolu.

MAZA E L.,

Quoi! Seigneur, vous voulez .....

HERO D E.

Oui, je l'ai réfolu.

Oui, mon cœur déformais la voit, la confidère

Comme un préfent des cieux qu'il faut que je révère.
Que ne peut point fur moi l'amour qui m'a vaincu !
A Mariamne enfin je devrai ma vertu.

Il le faut avouer, on m'a vu dans l'Afie
Régner avec éclat, mais avec barbarie.

Craint, refpecté du peuple, admiré, mais haï;
J'ai des adorateurs, et n'ai pas un ami.

Ma fœur, que trop long-temps mon cœur a daigné croire,
Ma fœur n'aima jamais ma véritable gloire.
Plus cruelle que moi dans fes fanglans projets,
Sa main faifait couler le fang de mes fujets,
Les accablait du poids de mon fceptre terrible;
Tandis qu'à leurs douleurs Mariamne fenfible,
S'occupant de leur peine, et s'oubliant pour eux,
Portait à fon époux les pleurs des malheureux.
C'en eft fait je prétends, plus jufte et moins févère,
Par le bonheur public effayer de lui plaire;
L'état va refpirer fous un règne plus doux;
Mariamne a changé le cœur de fon époux.

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