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Ce n'est qu'en me perdant qu'elle pourra régner;
Et fon jufte courroux ne doit point m'épargner.
Cependant, ô contrainte! ô comble d'infamie!
Il faut donc qu'à fes yeux ma fierté s'humilie!
Je viens avec respect effuyer fes hauteurs,
Et la féliciter fur mes propres malheurs.

MAZA E L.

Elle vient en ces lieux.

SALOM E.

Faut-il que je la voie ?

SCENE II.

MARIAMNE, ELISE, SALOME, MAZAEL,

NARBAS.

SALOM E.

Je viens auprès de vous partager votre joie:

Rome me rend un frère et vous rend un époux
Couronné, tout-puiffant, et digne enfin de vous.
Ses triomphes paffés, ceux qu'il prépare encore,
Ce titre heureux de Grand, dont l'univers l'honore,
Les droits du fénat même à fes foins confiés,
Sont autant de préfens qu'il va mettre à vos pieds.
Poffédez déformais fon ame et fon Empire,
C'eft ce qu'à vos vertus mon amitié defire;
Et je vais par mes foins ferrer l'heureux lien
Qui doit joindre à jamais votre cœur et le fien.

MARIA M N E.

Je ne prétends de vous, ni n'attends ce fervice:

Je vous connais, Madame, et je vous rends juftice.

Je fais par quels complots, je fais par quels détours, Votre haine impuiffante a poursuivi mes jours.

Jugeant de moi par vous, vous me craignez peut-être : Mais vous deviez du moins apprendre à me connaître, Ne me redoutez point; je fais également

Dédaigner votre crime et votre châtiment,

J'ai vu tous vos deffeins, et je vous les pardonne,
C'eft à vos feuls remords que je vous abandonne;
Si toutefois, après de fi lâches efforts,

Un cœur comme le vôtre écoute des remords.

SALOM E.

C'eft porter un peu loin votre injufte colère.
Ma conduite, mes foins, et l'aveu de mon frère,
Peut-être fuffiront pour me juftifier.

MARIA M N E,

Je vous l'ai déjà dit, je veux tout oublier;
Dans l'état où je fuis c'eft affez pour ma gloire;
Je puis vous pardonner, mais je ne puis vous croire, '

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Vos excufes pour moi font un nouvel outrage,

Obéiffez au roi, voilà votre partage.

A mes tyrans vendu, servez bien leur courroux;
Je ne m'abaiffe pas à me plaindre de vous.

(à Salome.)

Madame,

Je ne vous retiens point, et vous pouvez,
Aller apprendre au roi les fecrets de mon ame;

Dans fon cœur aifément vous pouvez ranimer
Un courroux que mes yeux dédaignent de calmer.
De tous vos délateurs armez la calomnie:
J'ai laiffé jufqu'ici leur audace impunie,
Et je n'oppofe encore à mes vils ennemis,
Qu'une vertu fans tache et qu'un jufte mépris.

SALOM E.

Ah! c'en eft trop enfin : vous auriez dû peut-être
Ménager un peu plus la fœur de votre Maître.
L'orgueil de vos attraits penfe tout affervir:
Vous me voyez tout perdre et croyez tout ravir.
Votre victoire un jour peut vous être fatale.
Vous triomphez, tremblez, imprudente rivale.

SCENE III.

MARIAM NE, ELISE, NARBA S.

ELISE.

Ан!
AH! Madame, à ce point pouvez-vous irriter
Des ennemis ardens à vous perfécuter?

La vengeance d'Hérode un moment fufpendue,
Sur votre tête encore eft peut-être étendue;
Et loin d'en détourner les redoutables coups,
Vous appelez la mort qui s'éloignait de vous.
Vous n'avez plus ici de bras qui vous appuie.
Ce défenfeur heureux de votre illuftre vie,
Sohême, dont le nom fi craint, fi refpecté,
Long-temps de vos tyrans contint la cruauté

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Sohême va partir, nul efpoir ne vous refte.
Augufte à votre époux laiffe un pouvoir funefte.
Qui fait dans quels deffeins il revient aujourd'hui ?
Tout, jufqu'à fon amour, eft à craindre de lui;
Vous le voyez trop bien; fa fombre jalousie
Au-delà du tombeau portait fa frénéfie;

Cet ordre qu'il donna me fait encor trembler.
Avec vos ennemis daignez diffimuler.

La vertu fans prudence, hélas! eft dangereuse,

MARIAM NE.

Oui, mon ame, il eft vrai, fut trop impérieufe.
Je n'ai point connu l'art, et j'en avois befoin,
De mon fort à Sohême abandonnons le foin;
Qu'il vienne, je l'attends; qu'il règle ma conduite.
Mon projet eft hardi, je frémis de la fuite.
Faites venir Sohême. (Elife fort.)

SCENE

IV.

MARIAM NE, N ARBA S.

MARIA M N E.

Er vous, mon cher Narbas,

De mes vœux incertains appaisez les combats.
Vos vertus, votre zèle et votre expérience,
Ont acquis dès long-temps toute ma confiance.

Mon cœur vous eft connu, vous favez mes deffeins,
Et les maux que j'éprouve, et les maux que je crains.
Vous avez vu ma mère au défespoir réduite,

Me preffer en pleurant d'accompagner fa fuite.

Son efprit accablé d'une jufte terreur,

Croit à tous les momens voir Hérode en fureur,
Encor tout dégouttant du fang de fa famille,

Venir à fes yeux même affaffiner fa fille.

Elle veut à mes fils, menacés du tombeau,
Donner Céfar pour père, et Rome pour berceau.
On dit que l'infortune à Rome est protégée;
Rome eft le tribunal où la terre est jugée.
Je vais me préfenter aux rois des fouverains.
Je fais qu'il eft permis de fuir fes affaffins,
Que c'eft le feul parti que le deftin me laisse.
Toutefois en fecret, foit vertu, foit faibleffe,
Prête à fuir un époux, mon cœur frémit d'effroi,
Et mes pas chancelans s'arrêtent malgré moi.

NARBA S.

Cet effroi généreux n'a rien que je n'admire;
Tout injufte qu'il eft, la vertu vous l'inspire.
Ce cœur indépendant des outrages du fort,
Craint l'ombre d'une faute, et ne craint point la mort.
Banniffez toutefois ces alarmes fecrètes:

Ouvrez les yeux, Madame, et voyez où vous êtes.
C'est là, que répandu par les mains d'un époux,

Le fang de votre père a réjailli fur vous.
Votre frère en ces lieux a vu trancher fa vie;
En vain de fon trépas le roi se justifie;
En vain Céfar trompé l'en abfout aujourd'hui;
L'Orient révolté n'en accufe que lui.

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Regardez, confultez les pleurs de votre mère,
L'affront fait à vos fils, le fang de votre père,
La cruauté du roi, la haine de fa fœur,
Et (ce que je ne puis prononcer fans horreur,

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