NARBAS, ancien officier des rois Asmonéens. AMMON, confident de Sohême.
ELISE, confidente de Mariamne,
Un garde d'Hérode , parlant.
Une suivante de Mariamne, personnage muet.
La scène est à Jérusalem dans le palais d'Hérode.
Oui, cette autorité qu'Hérode vous confie, Jusques à son retour est du moins affermie. J'ai volé vers Azor, et repaffé soudain, Des champs de Samarie aux sources du Jourdain. Madame, il était temps que du moins ma présence Des Hébreux inquiets confondit l'espérance. Hérode votre frère à Rome retenu, Déjà dans ses états n'était plus reconnu. Le peuple pour ses rois, toujours plein d'injustices, Hardi dans ses discours, aveugle en fes caprices, Publiait hautement qu'à Rome condamné, Hérode à l'esclavage était abandonné; ». Et que la reine, assise au rang de ses ancêtres, Ferait régner sur nous le sang de nos grands-prêtres. Je l'avoue à regret; j'ai vu dans tous les lieux Mariamne adorée, et fon nom précieux.
La Judée aime encore avec idolâtrie Le fang de ces héros dont elle tient la vie ; Sa beauté, sa naissance, et surtout les malheurs, D'un peuple qui nous hait ont séduit tous les cours : Et leurs vœux indiscrets la nommant souveraine, Semblaient vous annoncer une chûte certaine, J'ai vu par ces faux bruits tout un peuple ébranlé: Mais j'ai parlé, Madame, et ce peuple a tremblé. Je leur ai peint Hérode avec plus de puissance, Rentrant dans ses états suivi de la vengeance; Son nom seul a par-tout répandu la terreur; Et les Juifs en silence ont pleuré lour erreur.
Mazaël, il est vrai qu'Hérode va paraître; Et ces peuples et moi, nous aurons tous un maitre. Ce pouvoir, dont à peine on me voyait jouir, N'est qu'une ombre qui passe et va s'évanouir. Mon frère m'était cher, et fon bonheur m'opprime; Mariamne triomphe et je suis fa victime.
Ne craignez point un frère.
Eh! que deviendrons - nous, Quand la reine à ses pieds reverra son époux ? De mon autorité cette fière rivale, Auprès d'un roi féduit nous fut toujours fatale ; Son esprit orgueilleux, qui n'a jamais plié, Conserve encor pour nous la même inimitié. Elle nous outragea, je l'ai trop offensée; A notre abaissement elle est intéressée.
Eh! ne craignez-vous plus ces charmes tout-puissans, Du malheureux Hérode impérieux tyrans ? Depuis près de cinq ans qu’un fatal hyménée D'Hérode et de la reine unit la destinée, L’amour prodigieux dont ce prince est épris Se nourrit par la haine et croît par le mépris. Vous avez vu cent fois ce monarque inflexible Déposer à ses pieds sa majesté terrible, Et chercher dans ses yeux irrités ou distraits Quelques regards plus doux qu'il ne trouvait jamais. Vous l'avez vu frémir, foupirer et fe plaindre; La flatter, l'irriter, la menacer, la craindre; Cruel dans son amour, soumis dans ses fureurs; Esclave en son palais, héros par-tout ailleurs. Que dis - je ! en punissant une ingrate famille, Fumant du sang du père, il adorait la fille: Le fer encor sanglant, et que vous excitiez, Etait levé sur elle et tombait à ses pieds.
Μ Α Ζ Α Ε L. Mais fongez que dans Rome, éloigné de fa vue, Sa chaîne de si loin semble s'être rompue.
8 Α Ι Ο Μ Ε. Croyez-moi, fon retour en resserre les neuds, Et ses trompeurs appas sont toujours dangereux.
Oui, mais cette ame altière à soi-même inhumaine, Toujours de son époux a recherché la haine: Elle l'irritera par de nouveaux dédains, Et vous rendra les traits qui tombent de vos mains, La paix n'habite point entre deux caractères Que le ciel a formés l'un à l'autre contraires.
Hérode en tous les temps sombre, chagrin, jaloux, Contre son amour même aura besoin de vous.
SA L O M E. Mariamne l'emporte, et je suis confondue.
Au trône d'Ascalon vous êtes attendue; Une retraite illustre, une nouvelle cour, Un hymen préparé par les mains de l'amour, Vous mettront aisément à l'abri des tempêtes Qui pourraient dans Solime éclater sur nos têtes. Sohême est d'Ascalon paisible fouverain, Reconnu, protégé par le peuple romain; Indépendant d'Hérode , et cher à sa province; Il fait penser en fage et gouverner en prince: Je n'apperçois pour vous que des destins meilleurs; Vous gouvernez Hérode, ou vous régnez ailleurs.
Ah! connais mon malheur et mon ignominie: Mariamne en tout temps empoisonne ma vie; Elle m'enlève tout, rang, dignités, crédit, Et pour elle, en un mot, Sohême me trahit.
Lui! qui pour cet hymen attendait votre frère ! Lui, dont l'esprit rigide et la fageffe austère Parut tant mépriser ces folles passions De nos vains courtisans vaines illusions! Au roi fon allié ferait-il cette offense ?
Croyez qu'avec la reine il est d'intelligence.
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