Obrazy na stronie
PDF
ePub

PHILOTAS.

Si jamais votre cœur partagea mes ennuis. . . .

ARTEMIRE.

Je vous aime, et je meurs : c'eft tout ce que je puis.

PHILOTA S.

Au nom de cette amour que les dieux ont trahie !

ARTE MIRE.

Mon amour est un crime; il faut que je l'expie.

Philotas preffe Artémire de fuir Caffandre. Artémire lui cède à condition qu'il vivra loin d'elle. On annonce l'arrivée du roi. Philotas difparaît pour chercher les moyens de fauver la reine des fureurs de Caffandre. Pallante vient pour consommer le crime: il propose à Artémire le choix du fer ou du poison. Elle faifit une épée, et au moment qu'elle va se percer, Hipparque, miniftre de Caffandre, la lui arrache des mains. Le roi a révoqué fes ordres fanguinaires. Hipparque s'applaudit d'avoir prévenu lę crime.

A CTE IV.

MENAS, envoyé par le traître Pallante vers la reine,

pour lui communiquer d'importans fecrets, fe rend dans l'appartement d'Artémire: Pallante l'y furprend, le poignarde et perfuade à Caffandre que fa femme avait lié avec Ménas une intrigue criminelle. Caffandre a la faibleffe de le croire encore: il ordonne de Théâtre. Tom. I. M

nouveau la mort d'Artémire. Le quatrième acte commence par l'expofition de ces événemens.

On amène Artémire devant le roi.

ARTE MIRE.

Où fuis-je? où vais-je? ô Dieux, je me meurs! je le voi.

Avançons......

CEPH IS E.

ARTE MIRE.

Ciel !

CASSANDRE.

Eh bien! que voulez-vous de moi?

CEPH IS E.

Dieux juftes! protégez une reine innocente.

ARTEMIR E.

Vous me voyez, Seigneur, interdite et mourante;
Je n'ofe, jufqu'à vous, lever un œil tremblant,
Et ma timide voix expire en vous parlant.

CASSANDRE.

Levez-vous, et quittez ces indignes alarmes.

ARTE MIRE.

Hélas! je ne viens point par d'impuiffantes larmes,
Craignant votre juftice et fuyant le-trépas,
Mendier un pardon que je n'obtiendrai pas.
La mort à mes regards s'eft déjà présentée;
Tranquille et fans regret je l'aurais acceptée.
Faut-il que votre haine, ardente à me fauver,
Pour un fort plus affreux m'ait voulu réferver?
N'était-ce pas affez de me joindre à mon père ?
Au-delà de la mort étend-on fa colère?

Ecoutez-moi du moins, et fouffrez à vos pieds
Ce malheureux objet de tant d'inimitiés.

Seigneur, au nom des dieux que le parjure offense,
Par le ciel qui m'entend, qui fait mon innocence,
Par votre gloire enfin que j'ofe conjurer,
Donnez-moi le trépas fans me déshonorer.

CASSANDRE.

N'en accufez que vous, quand je vous rends juftice;
La honte eft dans le crime et non dans le fupplice.
Levez-vous, et quittez un entretien fâcheux,
Qui redouble ma honte, et nous pèfe à tous deux.
Voilà donc le fecret dont vous vouliez m'inftruire?

ARTEM IR E.

Eh! Que me fervira, Seigneur, de vous le dire?
J'ignore, en vous parlant, fi la main qui me perd
Dans ce projet affreux vous trahit ou vous fert:
J'ignore fi vous-même, en pourfuivant ma vie,
N'avez point de Pallante armé la calomnie;
Hélas! après deux ans de haine et de malheurs,
Souffrez quelques foupçons qu'excufent vos rigueurs.
Mon cœur même en fecret refufe de les croire;
Vous me déshonorez, et j'aime votre gloire;
Je ne confondrai point Pallante et mon époux;
Je vous refpecte encore en mourant par vos coups.
Je vous plains d'écouter le monftre qui m'accufe,
Et quand vous m'opprimez, c'eft moi qui vous excufe.
Mais fi vous appreniez que Pallante aujourd'hui
M'offrait contre vous-même un criminel appui,
Que Ménas à mes pieds, craignant votre justice,
D'un heureux fcélérat infortuné complice,
Au nom de ce perfide implorait. . . . mais, hélas !
Vous détournez les yeux, et ne m'écoutez pas.

[ocr errors]

1

CASSANDRE.

Non, je n'écoute point vos lâches impoftures;
Ceffez n'empruntez point le fecours des parjures.
C'est bien affez pour moi de tous vos attentats;
Par de nouveaux forfaits ne les défendez pas.
Auffi bien c'en eft fait, votre perte eft certaine ;
Toute plainte eft frivole, et toute excufe eft vaine.

ARTEMIRE.

Hélas! voilà mon cœur,
il ne craint point vos coups;
Faites couler mon fang, barbare, il eft à vous.
Mais l'hymen dont le nœud nous unit l'un à l'autre,
Tout malheureux qu'il eft, joint mon honneur au vôtre;
Pourquoi d'un tel affront voulez-vous vous couvrir?
Laiffez moi chez les morts defcendre fans rougir.
Croyez que pour Ménas une flamme adultère. . .

CASSANDRE.

Si Ménas m'a trahi, Ménas a dû vous plaire.
Votre cœur m'eft connu mieux que vous ne pensez :
Ce n'eft pas d'aujourd'hui que vous me haïffez.

ARTE MIRE.

Eh bien connaissez donc mon ame toute entière;
Ne cherchez point ailleurs une trifte lumière;
De tous mes attentats je vais vous informer.
Oui, Caffandre, il eft vrai, je n'ai pu vous aimer;
Je vous le dis fans feinte, et cet aveu fincère
Doit peu vous étonner, et doit peu vous déplaire.
Et quel droit en effet aviez-vous fur un cœur
Qui ne voyait en vous que fon perfécuteur?
Vous qui de tous les miens ennemi fanguinaire,
Avez jufqu'en mes bras affaffiné mon père;

Vous que je n'ai jamais abordé fans effroi;
Vous dont j'ai vu le bras toujours levé fur moi;
Vous, tyran soupçonneux, dont l'affreuse injustice
M'a conduite au trépas de fupplice en fupplice.
Je n'ai jamais de vous reçu d'autres bienfaits;
Vous le favez, Caffandre; apprenez mes forfaits.
Avant qu'un noeud fatal à vos lois m'eût foumife,
Pour un autre que vous mon ame étoit éprife.
J'étouffai dans vos bras un amour trop puiffant;
Je le combats encore, et même en ce moment:
Ne vous en flattez point, ce n'eft pas pour vous plaire.
Vous êtes mon époux, votre gloire m'est chère,
Mon devoir me fuffit, et ce cœur innocent
Vous a gardé fa foi, même en vous haïfsant.
J'ai fait plus: ce matin, à la mort condamnée,
J'ai pu brifer les noeuds d'un funefte hyménée;
Je tenais dans mes mains l'Empire et votre fort:
Si j'avais dit un mot, on vous donnait la mort.
Vos peuples indignés allaient me reconnaître ;
Tout m'en follicitait; je l'aurais dû peut-être ;
Du moins, par votre exemple inftruite aux attentats,
J'ai pu rompre des lois que vous ne gardez pas:
J'ai voulu cependant respecter votre vie,
Je n'ai confidéré ni votre barbarie

Ni mes périls préfens ni mes périls paffés;
J'ai fauvé mon époux; vous vivez, c'eft affez.
Le temps qui perce enfin la nuit la plus obfcure,
Peut-être éclaircira cette horrible aventure;

Et vos yeux recevant une trifte clarté

Verront trop tard un jour luire la vérité,

Vous connaîtrez alors tous les maux que vous faites, Et vous en frémirez, tout tyran que vous êtes.

« PoprzedniaDalej »