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Non c'eft trop de tourmens, de trouble et de remords; Emportons, s'il se peut, ma vertu chez les morts, Tandis que fur mon cœur, qu'un tendre amour déchire, Ma timide raison garde encor quelqu'empire.

CEP HIS E.

Vous vous perdez vous feule, et tout veut vous fervir.

ARTE MIRE.

Je connais ma faibleffe, et je dois m'en punir.

CEP HIS E.

Madame, penfez-vous qu'il vous chériffe encore?

ARTE MIRE.

Il doit me détefter, Céphife, et je l'adore.

Son retour, fon nom feul, ce nom cher à mon cœur,
D'un feu trop mal éteint a ranimé l'ardeur.

Ma mort qu'en même temps Pallante a prononcée,
N'a pas du moindre trouble occupé ma pensée;

Je n'y fongeais pas même : et mon ame en ce jour
N'a de tous fes malheurs fenti que fon amour.

A quelle honte, à Dieux! m'avez-vous fait defcendre!
Ingrate à Philotas, infidelle à Caffandre,

Mon cœur empoifonné d'un amour dangereux
Fut toujours criminel, et toujours malheureux.
Que leurs reffentimens, que leurs haines s'uniffent;
Tous deux font offenfés, que tous deux me puniffent;
Qu'ils viennent fe baigner dans mon fang odieux.

CEP HIS E.

Madame, un étranger s'avance dans ces lieux.

ARTE MIRE.

Si c'eft un affaffin que Pallante m'envoie,
Céphife, il peut entrer; je l'attends avec joie.

O mort! avec plaifir je paffe dans tes bras.... Céphife, foutiens - moi: grands Dieux, c'est Philotas!

Philotas adreffe des reproches à Artémire fur ce qu'elle lui a manqué de foi en paffant dans les bras de Caffandre, et lui rappelle l'amour dont ils ont brûlé l'un pour l'autre. Artémire lui répond:

Vous pouvez étaler aux yeux d'une infidelle
La haine et le mépris que vous avez pour elle.
Accablez-moi des noms réfervés aux ingrats,
Je les ai mérités, je ne m'en plaindrai pas.
Si pourtant Philotas à travers fa colère,
Daignait fe fouvenir combien je lui fus chère,
Quoiqu'indigne du jour et de tant d'amitié,
J'ofe efpérer encore un refte de pitié.
N'outragez point une ame affez infortunée :
Le fort qui vous pourfuit ne m'a point épargnée;
Il me haïffait trop pour me donner à vous,

Je ne m'excufe point: je fais mon injuftice.
Dans mon crime, Seigneur, j'ai trouvé mon fupplice.
Ne me reprochez plus votre amour outragé;
Plaignez-moi bien plutôt, vous êtes trop vengé.
Je ne vous dirai point que mon devoir auftère
Attachait mes deftins 'aux ordres de mon père;
A cet ordre inhumain j'ai dû défobéir:
Seigneur, le ciel eft jufte; il a fu m'en punir.
Quittez ces lieux, fuyez loin d'une criminelle.

Philotas lui répète combien Caffandre, un lâche affaffin, était indigne d'elle.

ARTEM IR E.

Ceffez de me parler de ce trifte hyménée;
Le flambeau s'en éteint; ma course eft terminée.
Caffandre me punit de ce malheureux choix,
Et je vous parle ici pour la dernière fois.

Ciel! qui lis dans mon cœur et qui vois mes alarmes,
Protège Philotas, et pardonne à mes larmes.
Du trépas que j'attends les preffantes horreurs
A mes yeux attendris n'arrachent point ces pleurs;
Seigneur, ils n'ont coulé qu'en vous voyant paraître:
J'en attefte les dieux qu'ils offensent peut-être.
Mon cœur depuis long-temps ouvert aux déplaisirs,
N'a connu que pour vous l'ufage des foupirs.
Je vous aimai toujours... Cette fatale flamme
Dans les bras de Caffandre a dévoré mon ame:
Aux portes du tombeau je puis vous l'avouer.
C'est un crime, peut-être, et je vais l'expier.
Hélas! en vous voyant, vers vous feul entraînée,
Je mérite la mort où je fuis condamnée.

Pallante revient et furprend Philotas avec Artémire. Philotas fort en bravant ce favori qui preffe Artémire d'accepter fa main pour fauver fa vie: elle le refufe. Pallante irrité lui fait entendre qu'il la foupçonne d'avoir appelé Philotas à fon fecours; qu'il connaît fes fentimens :

Et je vois malgré vous d'où partent vos refus.

ARTE MIRE.

Que peux-tu foupçonner, lâche? Que peux-tu croire? Tranche mes triftes jours, mais refpecte ma gloire.

Auffi bien n'attends pas que je puiffe jamais
Racheter cette vie au prix de tes forfaits.

Mes yeux, que fur ta rage un faible jour éclaire,
Commencent à percer cet horrible mystère.
Tu n'as pu d'aujourd'hui tramer tes attentats;
Pour tant de politique un jour ne fuffit pas.
Tu t'attendais fans doute à l'ordre de ton maître;
Je te dirai bien plus: tu l'as dicté peut-être.
Si tu peux t'étonner de mes juftes foupçons,
Tes crimes font connus, ce font - là mes raifons.
C'est toi dont les confeils et dont la calomnie,
De mon malheureux père ont fait trancher la vie :
C'est toi qui, de ton prince infame corrupteur,
Au crime dès l'enfance as préparé fon cœur:
C'eft toi qui, fur fón trône appellant l'injuftice,
L'as conduit par degrés au bord du précipice.
Il était né, peut-être, et jufte, et généreux :
Peut-être fans Pallante il ferait vertueux !
Puiffe le ciel enfin, trop lent dans fa justice,
A la Grèce opprimée accorder ton fupplice!
Puiffe, dans l'avenir, ta mort épouvanter
Les miniftres des rois qui pourraient t'imiter!
Dans cet efpoir heureux, traître, je vais attendre
Et l'effet de ta rage, et l'arrêt de Caffandre;
Et la voix de mon fang, s'élevant vers les cieux,
Ira pour ton fupplice importuner les dieux.

(elle fort.)

АСТЕ

ARTEMIRE

III.

PHILOTAS.

ARTE MIRE.

Je vous l'ai dit, il m'aime, et maître de mon fort,

Il ne donne à mon choix que le crime ou la mort.
Dans ces extrémités où le deftin me livre,

Vous me connaissez trop pour m'ordonner de vivre.

Philotas lui fait efpérer qu'aidé de fon courage et de fes amis, il pourra la délivrer.

ARTE MIRE.

Non, Prince fans retour les dieux m'ont condamnée.
Puifqu'à d'autres qu'à vous les cruels m'ont donnée,
Cet amour, autrefois fi tranquille et fi doux,
Déformais dans Lariffe eft un crime pour nous.

Je ne puis fans remords vous voir ni vous entendre;
D'un charme trop fatal j'ai peine à me défendre.
Vous aigriffez mes maux au lieu de les guérir:
Ah! fuyez Artémire, et laiffez-la mourir.

PHILOTAS.

O vertu trop cruelle !

ARTE MIRE.

O loi trop rigoureuse!

PHILOTA S.

Artémire, vivez!

ARTE MIRE.

Et pour qui?.... malheureuse!

PHILOTAS.

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