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Je l'ai vu dans fes yeux enfoncer cette épée,
Qui du fang de fon père avait été trempée;
Ha rempli fon fort, et ce moment fatal
Du falut des Thébains eft le premier fignal.

Tel eft l'ordre du ciel, dont la fureur fe laffe ;
Comme il veut, aux mortels il fait juftice ou grâce;

Ses traits font épuifés fur ce malheureux fils.

Vivez, il vous pardonne.

JO CASTE.

Et moi je me punis.
(elle fe frappe.)

Par un pouvoir affreux réfervée à l'incefte,

La mort eft le feul bien, le feul dieu qui me refte. Laïus, reçois mon fang, je te fuis chez les morts: J'ai vécu vertueufe, et je meurs fans remords.

LE CHOEU R.

O malheureuse Reine! ô deftin que j'abhorre!

JO CASTE.

Ne plaignez que mon fils, puifqu'il refpire encore. Prêtres, et vous Thébains qui fûtes mes fujets, Honorez mon bûcher, et fongez à jamais

Qu'au milieu des horreurs du destin qui m'opprime, J'ai fait rougir les dieux qui m'ont forcée au crime.

Fin du cinquième et dernier acte.

SUR

L'OE DI PE.

(a)

ACTE

E premier, fcène première, dans l'édition de 1719, au lieu

des trois premiers vers, on lit:

Eft-ce vous,

Philoctete? En croirai-je mes yeux?

Quel implacable Dieu vous ramène en ces lieux?

Vous, dans Thèbes, Seigneur! Eh, qu'y venez-vous faire?

Ce dernier hémistiche avertiffait trop clairement de l'inutilité du rôle de Philoctete.

(b) Il y a dans l'Oedipe de Corneille :

Ce monftre à voix humaine, aigle, femme, lion,

Se campait fièrement fur le mont Cithéron.

(c) Dans les dernières éditions on lifait:

Au-deffus de fon âge, au-dessus de la crainte.

Dans la nôtre on lit:

Jeune et dans l'âge heureux qui méconnaît la crainte.

Méconnaître pour dire ne pas connaître, n'eft point en ufage. On reprocha cette expreffion à M. de Voltaire: il céda à fes critiques, et facrifia un très-beau vers que nous avons cru devoir rétablir.

(d) Voici la fin de cette fcène, telle qu'elle était dans l'édition de 1719.

PHIL OC TE TE.

Mon trouble dit affez le fujet qui m'amène ;
Tu vois un malheureux que fa faiblesse entraîne,
De ces lieux autrefois par l'amour exilé,

Et par ce même amour aujourd'hui rappelé.

DIMA S.

Vous, Seigneur! vous pourriez, dans l'ardeur qui vous brûle,
Pour chercher une femme abandonner Hercule?

PHILO CTE TE.

Dimas, Hercule eft mort, et mes fatales mains
Ont mis fur le bûcher le plus grand des humains.

Je rapporte en ces lieux fes flèches invincibles,
Du fils de Jupiter préfens chers et terribles.
Je rapporte fa cendre, et viens à ce héros,
Attendant des autels, élever des tombeaux.、
Sa mort de mon trépas devrait être fuivie!
Mais vous favez, grands Dieux, pourquoi j'aime la vie.
Dimas, à cet amour fi conftant, fi parfait,
Tu vois trop que Jocafie en doit être l'objet.
Jocafte par un père à son hymen forcée,
Au trône de Laius à regret fut placée:

L'amour nous uniffait, et cet amour fi doux
Etait né dans l'enfance et croiffait avec nous.
Tu fais combien alors mes fureurs éclatèrent,
Combien contre Laïus mes plaintes s'emportèrent.
Tout l'Etat ignorant mes fentimens jaloux,
Du nom de politique honorait mon courroux.
Hélas! de cet amour accrû dans le filence
Je t'épargnais alors la trifte confidence:
Mon cœur qui languiffait de mollesse abattu,

Je crus que loin des bords où Jocafte respire,
Ma raifon fur mes fens reprendrait son empire;
Tu le fais, je partis de ce funefte lieu,
Et je dis à Jocafte un éternel adieu.
Cependant l'univers tremblant au nom d'Alcide,
Attendait fon deftin de fa valeur rapide;

A fes divins travaux j'ofai m'affocier,

Je marchai près de lui ceint du même laurier.
Mais parmi les dangers, dans le fein de la guerre,
Je portais ma faiblesse aux deux bouts de la terre.
Le temps qui détruit tout, augmentait mon amour;
Et, des lieux fortunés où commence le jour
Jufqu'aux climats glacés où la nature expire,
Je trainais avec moi le trait qui me déchire.
Enfin je viens dans Thèbe, et je puis de mon feu,
Sans rougir aujourd'hui, te faire un libre aveu.

Par dix ans de travaux utiles à la Grèce,

J'ai bien acquis le droit d'avoir une faiblesse;

Et cent tyrans punis, cent monftres terrassés
Suffifent à ma gloire et m'excusent assez.

DIMA S.

Quel fruit efpérez-vous d'un amour fi funefte?
Venez-vous de l'Etat embrafer ce qui refte?
Ravirez-vous Jocafte à fon nouvel époux?

PHILO CTET E.

Son époux! jufte Ciel! ah, que me dites-vous?
Jocafte!... Il se pourroit qu'un second hyménée...

DIMA S.

Oedipe à cette reine a joint fa destinée.

PHILO CTET E.

Voilà, voilà le coup que j'avais pressenti,
Et dont mon cœur jaloux tremblait d'être averti.

DIMA S.

Seigneur, la porte s'ouvre et le roi va paraître.

Tout ce peuple, à longs flots conduit par le Grand-Prêtre,
Vient conjurer des dieux le courroux obftiné.

Vous n'êtes point ici le feul infortuné.

(e) Aux premières représentations on appliqua ces vers à Louis XIV, dont la mémoire avait été outragée avec fureur par les Parifiens, mais que déjà ils commençaient à regretter.

(f) Dans l'édition de 1719.

Thèbe en ce jour funefte

D'un refpect dangereux a dépouillé le refte.
Ce peuple épouvanté ne connaît plus de frein,
Et quand le ciel lui parle il n'écoute plus rien.
JO CAST E.

Sortez.

(g) Dans la même édition :

Lui! qu'un affaffinat ait pu fouiller fon ame!
Des lâches fcélérats c'est le partage infame.
Il ne manquait, Egine, au comble de mes maux
Que d'entendre d'un crime accufer ce héros.

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(h) Edition de 1719.

Et méritez enfin, par un trait généreux,
L'honneur que je vous fais de vous mettre auprès d'eux.

(i) Dans la même.

Mais un prince, un guerrier, un homme tel que moi.

L'auteur d'Oedipe a cru devoir adoucir ces efpèces de rodomontades fi fréquentes dans Corneille, mais que M. de Voltaire ne s'eft jamais permifes que dans ce rôle de Philoctete.

(k) 1719.

Mon devoir dont la voix m'ordonne de vous fair,

Ne me commande pas de vous laiffer périr.

(Z) Dans la même édition.

PHILO CTETE.

Tout autre aurait, Seigneur, des grâces à vous rendré;
Mais je fuis Philoctete, et veux bien vous apprendre
Que l'exacte équité dont vous fuivez la loi,

Si c'est beaucoup pour vous, n'eft point assez pour moi.

(m) Ibid.

PHILO CTET E.

Et que ce peuple et vous ne m'avez point rendue.
J'abandonne à jamais ces lieux remplis d'effroi ;
Les chemins de la gloire y font fermés pour moi.
Sur les pas du héros dont je garde la cendre,
Cherchons des malheureux que je puiffe défendre,

(il fort.)

OEDIP E.

Non, je ne reviens point de mon faififfement,

Et ma rage eft égale à mon étonnement!

(au Grand-Prêtre.>

Voilà donc des autels quel est le privilége!
Impofteur! ainfi donc ta bouche facrilége

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