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XV.

EXERCICE

DE LA

PREPARATION A LA SAINTE COMMUNION,

PAR LE BON ESTAT DES TROIS PUISSANCES DE L'AME,

Qui consiste en la purgation de certaines choses, et en l'ornement
de quelques autres 1.

§ I. Preparation de l'entendement.

1. Purger l'entendement de toute curiosité, comment le vray corps de nostre Sauveur avec son sang, son ame et sa divinité sont tout entiers en la sainte hostie, et tout en ses parties; qu'il soit un vray corps, et en mesme temps au ciel et en la terre, en tant de lieux et d'hosties, sur tant d'autels, et en tant de bouches.

Qui sçait comment Dieu crea le monde, nostre ame, et la mit dans nostre corps? De mesme de ce mystere adorable; il suffit qu'il l'a pu, et qu'il l'a fait, c'est à nous de le croire.

La manne tomboit de nuit, non de jour; personne ne savoit comme elle se faysoit, le matin on la voyoit toute faite et descendue. Voyons aussi la manne eucharistique sur nos autels et dans nos poictrines.

S'il nous vient quelque doute ou tentation là-dessus, n'y respondons que par le mespris et l'abomination, sans aucune

1 Cet Exercice paraît n'être composé que de fragments de divers écrits de Saint François de Sales. Nous le conservons néanmoins à cause de ce qu'il pourrait contenir qui ne se trouverait point ailleurs.

subtilité, ni raisonnement, mais en nous humiliant sous la puissance de Dieu, disant de cœur et de bouche.

(Eslevation.)

O sainte et immense toute-puissance de mon Dieu, mon entendement vous adore, trop honnoré de vous reconnoistre et de vous faire l'hommage de son obeyssance et sousmission! 0 que vous estes incomprehensible, et que je suis joyeuse de ce que vous l'estes! Non, je ne voudrois pas vous pouvoir comprendre; car vous seriez petit, si une chetive capacité vous comprenoit. Hé quoy, petit moucheron, nourri parmi la pourriture de ma chair, voulez-vous brusler vos aisles à cet immense feu de la puissance divine, laquelle consumeroit et devoreroit les seraphins, s'ils se fourroient à telle curiosité? Non, petit papillon, il vous appartient d'adorer et abysmer, et non pas de sonder la profondeur de ce mystere. Arriere, Satan! souviens-toy, malheureux, que ton outrecuidance de vouloir voler trop haut t'a precipité en enfer. Je m'empescheray bien de faire un tel saut, moyennant la grace de mon Dieu. Tu trompas ainsi la pauvre Eve, luy voulant apprendre à sçavoir autant que Dieu; mais tu ne m'attraperas pas, car je veux croire et ne rien savoir.

Parer l'entendement de considerations saintes : non de la maniere que nostre Seigneur y est; les Israëlites ne demanderent pas comme la manne se faysoit, mais ce que c'estoit : Man-hu, qu'est-ce cy? Considerés donc que c'est le vray corps de nostre Seigneur, son sang, son ame, sa divinité; qu'il s'unit à nous par la communion la plus intime qui se puisse concevoir merveilleuse et pleine d'amour.

Eslevation.

Peu m'importe, ô mon Dieu, que je sçache comment vous venez à moy en ce divin sacrement: il suffit que je croye tres-certainement que c'est vous-mesme, vostre vray corps,

vostre vray sang, vostre ame, et vostre divinité; que c'est le mystere de la plus intime union et communication que vostre amour a pu inventer pour vous unir à nous, et nous communiquer les plus precieux dons de vostre divin amour. Je le croy ainsi, ô mon tres-cher Sauveur. En cette disposition, venez, unissés-vous à moy, et prenes possession de

mon cœur.

§ II. Preparation de la memoire.

La purger de la souvenance des choses perissables de la terre et des affections mondaines. Figure de cecy dans la manne qui ne tomboit que dans le desert, loin des villes et des bourgades. On retroussoit les habits, mangeant l'Agneau paschal, afin que rien ne flottast sur la terre. Abraham laissa l'asne et les serviteurs au bas de la montagne; c'est à dire qu'il faut mettre bas toutes les pensées des choses temporelles jusques apres la sainte communion, pour ne penser qu'aux bienfaits de Dieu, comme la creation, la conservation, et la Passion, selon l'institution de ce divin sacrement.

Eslevation.

Arriere donc toutes les pensées de la terre : ma plus grande application, ô divin Sauveur de mon ame, est de vous recevoir, et de me ressouvenir de vos bienfaits, surtout de celuy de ma redemption, en memoire duquel vous m'avez laissé le mesme corps en ce sacrement, qui souffrit pour nous sur la croix; afin qu'en le recevant je me ressouvinsse de la sanglante journée en laquelle, par son amere passion, il nous delivra de la damnation.

C'est en cette disposition, ô mon tres-cher Sauveur, que je desire vous recevoir maintenant, et vous tesmoigner reconnoissance de cet inestimable bienfait.

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bonnes. Les affections sont les pieds de l'ame, qui la portent partout où elle va : c'est s'en purger que de n'en avoir plus pour les choses de la terre.

En figure de cecy les Israëlites mangeoient l'Agneau paschal avec des souliers aux pieds. Et nostre Seigneur les lave aux apostres avant l'institution de ce divin sacrement, pour marquer que les affections doivent estre tres-pures en s'en approchant.

L'on ne cueilloit la manne qu'à la fraischeur et avant le lever du soleil, pour dire que les ardeurs des affections naturelles empeschent qu'on ne recueille les fruits de cette manne celeste, et qu'on n'y doit venir qu'avec une volonté fraische, et non eschauffée d'autre desir que d'en profiter. J'ay desiré, dit nostre Seigneur, d'un ardent desir de manger cette pasque avec vous. Voilà notre regle, et le modele que nous devons imiter.

Eslevation.

O divine manne qui renfermez les delices du corps et du sang de mon Sauveur Jesus-Christ, c'est vous seule que je desire et que je souhaite ardemment de recevoir aujourd'huy. Rendez-moy ameres toutes les delices des sens et les autres playsirs de la vie. Faites que les desirs de mon cœur et les affections de ma volonté ne soient jamais que pour vous, et que jamais elle ne gouste aussi d'autres delices que celles de vostre divin amour. Montrez-vous à moy, ô le souverain bien-aimé de mon ame, et que tout autre bien me soit à jamais à degoust.

AVIS SUR L'USAGE DE CES PRATIQUES.

1. Si la tentation de la curiosité ne vous inquiete pas, ne lui ouvrez pas la porte; mais jouissez avec humilité et actions

de

graces de la simplicité de la foy.

2. Si elle vous importune, resistez-y courtement par forme

III.

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de simple rejet et detestation, à l'exemple de nostre Seigneur Arriere, Satan, tu ne tenteras pas le Seigneur ton Dieu.

3. Si la tentation continue, ne laissez pas de communier. 4. Fuir la curiosité aux autres moindres choses. Arrestezvous à la seule connoissance de nostre Seigneur Jesus-Christ crucifié.

Quant à la consideration, dés le jour precedent, à l'oraison et à l'examen, dressez vostre pensée vers nostre Seigneur en ce divin sacrement.

2. Usez de quelques eslans et pensées affectives à ce sujet. 3. Appliquez mesme l'oraison mentale au mesme sujet, considerant nostre Seigneur vous y presentant les mesmes bienfaits, ou vous donnant les mesmes enseignements qu'il a donnés aux autres, et ainsi des autres mysteres.

4. Ressouvenez-vous des plus signalés bienfaits reçus de nostre Seigneur au jour de la communion.

5. Employez mesme l'imagination pour vous exciter à la devotion vers le divin Sauveur qui se donne à vous, soit vous representant les caresses de nostre Dame et de S. Joseph, en portant ce divin enfant en son enfance, et les gousts et consolations extraordinaires qu'ils ressentoient en le baisant, le caressant: comme aussi les douceurs que ressentit nostre Dame, lorsqu'elle le conçut à la parole de l'ange par l'operation du saint Esprit.

Voicy l'usage de tous ces avis.

Eslevation.

O sacré pain de vie! comme je viens à vous en la simplicité de ma foy, pour me nourrir et me substanter de vostre precieuse chair, donnez-vous aussi à moy en la douceur et la plenitude de vostre amour. Que toute autre connoissance des choses creées perisse en mon esprit à l'aspect et à la lumiere de vos verités. Que toute ma science et ma connois

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