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mine, nisi custodieris animam meam, frustrà vigilat qui custodit eam : Seigneur, si vous n'avez soing de mon ame, c'est en vain qu'un autre en aura du soing.

De plus, recognoissant que la conversation m'a autrefois fait tomber en beaucoup d'imperfections et de manquemens, je m'escrieray1: Sæpè expugnaverunt me à juventute međ, dicat nunc anima mea : 0 mon ame, dites hardiment: Des mon bas aage on m'a grandement et fort persecutée ; et de plus: Domine, esto mihi in Deum protectorem, et in domum refugii, ut salvum me facias: 0 mon Dieu, soyez mon protecteur, soyez-moi lieu de refuge, sauvez-moy des embusches de mes ennemis. Domine, si vis, potes me mundare: Seigneur pourveu que vous le vouliez, vous me pouvez rendre net.

En somme, je le prieray de me faire digne de passer la journée sans l'offenser; à quoy servira ce qui est escrit au Psalme CXLIII: Notam fac mihi viam in quâ ambulem, quia ad te levavi animam meam. Eripe me de inimicis meis, Domine, ad te confugi: doce me facere voluntatem tuam, quia Deus meus es tu. Spiritus tuus bonus deducet me in terram rectam : propter nomen tuum, Domine, vivificabis me in æquitate tud: J'ay eslevé mon cœur à vous 1 Ps. CXXVIII, 1. - 2 Ps. XXX, 3. 3 - Matth., VIII, 2.

verba: Domine, nisi custodieris animam meam, frustrà vigilat qui custodit eam. Iterùmque advertens consuetudinem in multiplices olim errores me impulisse, exclamabo: Sæpe expugnaverunt me à juventute med, dicat nunc anima mea. Et amplius: Domine, esto mihi in Deum protectorem et in domum refugii, ut salvum me fucias. Si vis, potes me mundare. Orabo denique ut in hâc die ad nullum declinem peccatum. Cui rei inserviet quod in psalmo centesimo quadragesimo secundo scriptum est: Notam fac mihi viam in quá ambulem, quia ad te levavi animam meam. Eripe me de inimicis, Domine, ad te confugi; doce me facere voluntatem tuam, quia Deus meus es tu. Spiritus tuus bonus deducet me in viam rectam : propter nomen tuum, Domine, vivificabis me in æquitate tuá.

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pour cet effet: Delivrez-moy, ô mon Dieu, de mes adversaires; apprenez-moy à faire vostre volonté, puis que vous estes mon Dieu! vostre bon esprit me conduira par la main au bon chemin, et vostre divine Majesté me donnera la vraye vie par son indicible amour et par son immense charité.

La seconde partie est l'imagination, qui n'est autre chose qu'une prevoyance ou conjecture de tout ce qui peut arriver le long de la journée. Donc je penseray serieusement aux accidens qui me pourront survenir, aux compagnies où possible je seray contraint de me trouver, aux affaires qui peut estre se presenteront, aux lieux où je seray sollicité de me transporter; et ainsi, avec la grace de nostre Seigneur, j'iray sagement et prudemment au devant des difficultés et des occasions dangereuses qui me pourroient surprendre et prendre.

La troisieme partie est la disposition. C'est pourquoy, apres avoir discretement conjecturé les divers labyrinthes où aysement je m'esgarerois et courrois risque de me perdre, je considereray diligemment et rechercheray les meilleurs moyens pour eviter les mauvais pas; je disposeray aussi, et

PARS 11.

Imaginatio.

Secunda pars, imaginatio, quæ nihil aliud est quàm præcognitio, et earum rerum quæ in die evenire possunt conjectura. Seriò igitur cogitabo de iis omnibus quæ mihi accidere poterunt, de societatibus in quibus manere cogar, de negotiis quæ fortè occurrent, de locis in quibus me esse oportebit, de occasionibus quæ me incautum possent deprehendere; atque ita, auxiliante Domino, sapienter et prudenter difficultatibus occurram.

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Tertia pars, dispositio. Variis idcircò discretè per conjecturam cognitis labyrinthis in quibus errarem facilè perditus, considerabo, et de mediis ad evitandos lapsus melioribus diligenter inquiram; videbo

ordonneray à part-moy de ce qu'il me conviendra faire, de l'ordre et de la façon qu'il faudra observer en telz et telz negoces, de ce que je diray en compagnie, de la contenance que je tiendray, de ce que je fuiray ou rechercheray.

La quatrieme partie est la resolution. En suitte de quoy je feray un ferme propos de ne jamais plus offenser Dieu, et specialement en ceste presente journée. Pour ceste fin je me serviray des paroles du prophete royal David1: Nonne Deo subjecta eris, anima mea? ab ipso enim salutare tuum : Eh bien, mon ame, n'obeïrez-vous pas de bon cœur aux saintes volontés de Dieu, veu que de lui despend vostre salut? Ah! que c'est une grande lascheté de se laisser persuader et conduire à mal faire, contre l'amour et desir du Createur, par crainte, amour, desir et haine des creatures, quelles qu'elles soient! Certainement ce Dieu d'infinie majesté estant recognu de nous digne de tout honneur et service, ne peut estre mesprisé qu'à faute de courage. A quel propos contrevenir à ses equitables loix pour eviter les dommages du corps, des biens et de l'honneur, que nous peuvent faire les creatures? Or sus, 1 Ps. XCVIII, 1.

quid expediat agere, quo sit ordine in his et illis negotiis procedendum, quid in consuetudine dicere debeam; disponam mecum ipse de habitu, de specie, quid requirendum habuero, et quid evitandum.

PARS IV.

Decretum.

Quarta pars decretum est. Ideò firmiter statuam Deum in posterum, sed in hâc præcipuè die nunquam offendere; quare verbis utar regii prophetæ Davidis: Nonne Deo subjecta erit anima mea? Ab ipso enim salutare meum? O magnam abjectionem animi, sinere se creaturarum timore, vel amore, vel odio, vel desiderio, ad malè agendum contra Creatoris amorem et desiderium impelli? non potest reverà infinitæ majestatis ille Dominus, nobis semel cognitus, omni honore et servitute dignus, nisi animi defectu sperni et offendi. Cur ad evitanda corporis, bonorum aut honorum damna, justas ejus leges transgrediemur?

consolons-nous et fortifions-nous tous ensemble sur ce beau verset du Psalmiste': Dominus regnavit, irascantur populi: qui sedet super Cherubim, moveatur terra: Que les meschans fassent du pis qu'ilz pourront contre moy; le Seigneur est puissant pour les tous royalement subjuguer. Que le monde gronde tant qu'il voudra contre moy seulement, il ne m'importe, puis que celuy qui domine sur tous les esprits angeliques est mon protecteur.

La cinquieme partie est la recommandation. Voilà pourquoy je me remettray, et tout ce qui despend de moy, entre les mains de l'eternelle bonté, et la supplieray m'avoir tousjours pour recommandé. Je luy laisseray absolument le soing de ce que je suis et de ce qu'il veut que je sois; je diray de tout mon cœur2: Unam petii à te, Domine Jesu, hanc requiram, ut faciam voluntatem tuam omnibus diebus vitæ meæ: Je vous ay demandé une chose, ô Jesus mon Seigneur, et de rechef je vous la demanderay : à sçavoir que j'accomplisse fidellement vostre amoureuse volonté tous les jours de ma pauvre et chetive vie. In manus tuas, Domine, commendo spiritum meum: Je vous recommande, ô benin Seigneur, mon ame, mon esprit, mon cœur, ma memoire, mon enten1 Ps. XXVI, 4. - 2 Ps. XXX, 6.

Quid nobis tandem creaturæ nocere possunt? Agesis nunc virili simus animo, et in hoc psalmistæ versu confortetur cor nostrum: Dominus regnavit, irascantur populi : qui sedet super Cherubim, moveatur terra.

PARS V.

Commendatio.

Quinta pars est commendatio. Proptereà me totum, et quidquid ex me perdet, æternæ bonitati committam, ac ut commissum habere dignetur exorabo. Omnem ei concedam mei curam, et dicam ex toto corde: Unam petii à te, Domine Jesu, hanc requiram, ut faciam voluntatem tuam omnibus diebus vitæ meæ. In manus tuas, Domine, commendo spiritum meum, cor, memoriam, intellectum, voluntatem,

dement et ma volonté : hé! faites qu'avec et en tout cela je vous serve, je vous ayme, je vous plaise et honore à jamais.

TRAITÉ V

Adresse pour l'orayson sous le nom de repos ou sommeil spirituel, pour retirer l'ame en soy-mesme, et la recueillir en Dieu.

Premierement, ayant pris le tems commode pour ce sacré repos, avant toute autre chose, je tascheray à rafraischir ma memoire de tous les bons mouvemens, desirs, affections, resolutions, projetz, sentimens et douceurs qu'autresfois la divine Majesté m'a inspirés, et fait experimenter en la consideration de ses saints mysteres, de la beauté de la vertu, de la noblesse de son service, et d'une infinité de benefices qu'elle m'a tres-liberalement despartys je mettray ordre aussi à me ramentevoir de l'obligation que je luy ay, de ce que, par sa sainte grace, elle a quelquefois debilité mes sens en m'envoyant certaines maladies et infirmités, lesquelles m'ont grandement profité. Apres cela je conforteray et confirmeray le plus qu'il me sera possible ma volonté au bien, et au propos de jamais n'offenser mon Createur.

Secondement, cela fait, je me reposeray tout bellement

Fac, quæso, ut cum his et in his omnibus tibi serviam, te diligam, tibi placeam, te adorem in æternum.

1. Electo huic sacræ quieti opportuno tempore, in memoriam revocare contendam pios motus, desideria, affectus, statuta, cœpta, sensus, dulcedines omnes, et quæcumque divina mihi majestas olim inspiravit, ac in sanctorum mysteriorum, virtutis pulchritudinis, ejus nobilitatis, et infinitorum in me beneficiorum consideratione dedit experiri. Illius prætereà obligationis quam magnam erga ipsam habeo recordabor, eò quòd suâ gratiâ sensus aliquando meos debilitavit nonnullis morbis et infirmitatibus quæ mihi non parùm profuerunt. Post hæc voluntatem meam in bono, et in statuto Creatorem meum nunquam offendendi, confirmabo.

2. Quiescam paulatim in consideratione vanitatis honorum, divi

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