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le feu, le vent et la foudre, tous les éléments leur obéiront. Ils marcheront, sans crainte et d'un pas assuré, vers le terme de leur destinée, c'est-à-dire vers le bonheur; parce que Dieu sera avec eux et que ses anges ne les abandonneront point dans le chemin.

Peuples opprimés et souffrants! relevez donc vers les cieux votre noble front, maintenant courbé dans la poussière, et marchez, marchez encore et toujours. Votre esprit n'a perçu que l'ombre de la liberté. Avant que sa plénitude vous soit acquise, bien des branches mortes seront tombées dans la forêt, et bien des feuilles sèches, dispersées dans la plaine. Mais le printems des jours nouveaux viendra rajeunir la nature, et l'Esprit d'en haut soufflera, dans vos âmes rassérénées, les dons de son intelligence, de sa sagesse et de son amour; et il fécondera les germes de la semence nouvelle; et tous les fruits de la terre vous appartiendront.

Vos enfants, sortis d'un sang pur, ne mourront plus avant de grandir, et vos vieillards, pleins de vigueur, atteindront le terme de la carrière.

Vous bâtirez des palais, et ils seront votre demeure. Vous planterez des vignes, et vous en recueillerez les fruits. Et il ne vous arrivera plus de bâtir des palais et d'habiter dans des masures, ni de planter des vignes, pour q'un autre en récolte les fruits.

Et la vie du peuple égalera celle des grands arbres; et les ouvrages de ses mains seront de longue durée.

Et, en ce tems-là, le loup et l'agneau iront paître ensemble; le bœuf et le lion mangeront à la même crêche, et la poussière sera la nourriture du serpent.

Je vous le dis en vérité, vous verrez ces prodiges, et votre cœur sera dans la joie, et vos os rajeuniront, comme reverdit l'herbe des champs, sous la fraîcheur d'une rosée fécondante.

Car, alors, on ne verra plus le faible écrasé par le fort ni le riche dévorer toute la substance des pauvres; les grands ne se nourriront plus de la chair des enfants du peuple, et ceux qui, dans l'ombre, vivaient du vice et de l'hypocrisie, ne trouveront plus d'aliment pour soutenir leur vile et rampante existence.

XVII.

Les échos des révolutions humaines.

Quand l'éclair perce la nue et que le feu du ciel frappe les montagnes, le grondement du tonnerre, répété d'écho en écho, resonne long-tems encore, après que la foudre a éclaté.

J'ai écouté le bruit des révolutions humaines, et j'ai vu qu'il en était ainsi des grandes secousses qui ébranlent les états, quand les peuples se lèvent pour faire un pas en avant. Et, comme l'écho du tonnerre s'affaiblit à chaque répercussion, et finit par s'éteindre dans le murmure du vent, de même l'écho des révolutions décroît graduellement et diminue de durée et d'intensité, à mesure qu'il s'éloigne de son point de départ.

Et j'ai considéré la plus grande et la plus terrible des secousses que, depuis qu'elle marche sous le soleil, l'Humanité ait jamais ressentie dans la douleur de ses enfantements; et je me suis dit: Le peuple qui a su la délivrer, doit être un grand peuple.

Et, d'échos en échos, ses cris de douleur ont retenti dans toutes les contrées du globe, et la terre a fêté sa délivrance, et son nouveau-né a reçu le baptême de la foi nouvelle, aux acclamations des peuples, ressussités à l'espérance.

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L'enfant grandit, et la mère est en défaillance. Elle éprouve encore, à certaines périodes, des tiraillements qui la déchirent, des émotions qui la réveillent comme en sursaut; mais la dernière crise approche, et ses douleurs sont près de finir.

Le monde arrive au bonheur par la souffrance, il marche à la liberté par l'esclavage, comme l'enfant marche à la force par la faiblesse ; et chaque progrès nouveau est enfanté dans la douleur. Et cela est ainsi, parce que le monde est encore enveloppé de ténèbres, mais lorsqu'il verra la lumière, il s'élèvera dans les régions supérieures de son existence, sans être accablé des maux qui l'affligent maintenant.

Dans les tems présents, la croissance est pénible et laborieuse; mais l'Humanité grandit sans cesse. Les jantes de la roue sont tantôt en haut, tantôt en bas, mais le char qui l'entraîne dans la voie de ses destinées, marche toujours.

XVIII.

Le chêne Séculaire.

Mon esprit s'est transporté dans la région des tems qui ne sont plus, et j'ai vu comme un grand chêne, dont la cime se cachait dans les nuages. Il avait vécu pendant des siècles, et le roi Pharamond vit son premier printems.

Or ses racines devenues puissantes dévoraient les sucs de tous les autres arbres qui avaient crû sous son ombre; et ces arbres, dont il absorbait la substance, se mirent un jour en révolte et appelèrent sur sa tête la foudre et les orages.

L'ouragan pouvait les emporter avec lui; mais ils se dirent mieux vaut périr d'un seul coup que d'être ainsi

consumés à petit feu. Et leur imprécation fut entendue, et la montagne des révolutions ouvrit son outre, et tous les vents en sortirent et se précipitèrent, comme des furies, à travers la plaine.

Or les petits arbres, un instant ployés par la violence de l'aquilon, relevèrent la tête après l'orage; mais le grand chêne avait été déraciné.

Cependant quelques-unes de ses racines, séparées du tronc, étaient restées en terre; et quand la tempête eut passé et qu'un nouveau printems eut ramené un peu de vie dans leurs sucs, elles repoussèrent peu-à-peu à l'ombre de ses débris. Pendant quelque tems, elles demeurèrent inaperçues; mais leurs nouvelles tiges crûrent dans le calme de la paix; et, aussitôt qu'elles furent réchauffées par les premiers rayons d'un soleil bienfaisant, elles reparurent tout-à-coup au dessus des branches mortes et étalèrent le reste de leur orgueil aux yeux des nations ébahies.

Elles ne purent rien produire d'elles-mêmes; et, pour attirer l'attention, elles se parèrent des fleurs et des fruits des humbles plantes, leurs voisines, qui avaient cru trouver un abri sous leur ombre hypocrite; mais bientôt leur insolence, éclatant au grand jour, ne connut plus de bornes, et un nouvel ouragan devint nécessaire.

Alors l'ange qui veille sur la destinée des peuples, fit souffler un grand vent, et, en un instant, toutes ces tiges parasites et abâtardies furent emportées par le tourbillon.

Mais une branche, dernier reste du chêne séculaire, avait été soustraite aux fureurs de l'ouragan et transplantée en terre étrangère, où elle croissait à l'abri des vents. Et ses rameaux ayant grandi, elle fut tout-à-coup rapportée sur les ailes de la tempête et furtivement replantée dans le lieu même d'où elle avait été arrachée.

Mais, malgré les soins qui lui furent prodigués, et l'abondance et la bonne qualité des eaux dont on l'arrosa, ses racines ne prirent point en terre, parce qu'elle était trop vieille. Et, quand la sève qu'elle avait sucé dans la terre étrangère fut épuisée, que ses feuilles furent flétries et ses racines desséchées, elle tomba sans résistance au premier souffle du vent, et personne ne se présenta pour la soutenir, parce qu'elle avait dévoré elle-même sa propre substance et qu'elle était pourrie jusqu'à la racine.

Alors, tronc, branches et racines, tout avait péri, et le grand chêne n'était plus.

Vainement on a remué les décombres de l'ouragan, pour y chercher une branche qui ne fût pas encore morte, une feuille qui ne fût pas encore desséchée, une racine qui ne fût pas encore pourrie. Tous ces efforts ont échoué, et aucune semence de vie n'a pu germer dans ce sépulcre.

Alors, dans la rage de leur désespoir, ceux qui voulaient ressussiter le grand chêne, ont soufflé en tous lieux le vent de la discorde et distillé sur les nations le fiel de leur colère. Eux-mêmes ne s'entendaient plus au sein de leurs assemblées tumultueuses, ils embrouillaient le lendemain ce qu'ils avaient tramé la veille, et le vertige frappa leurs esprits, et la confusion s'éleva dans leurs conseils, et le venin était sur leurs lèvres et l'hypocrisie dans leurs discours.

Dans leur délire, ils ont rempli de leurs victimes les geôles des malfaiteurs, ils ont fait couler le sang du peuple dans les rues et sur les places publiques, et leur colère ne s'appaisait point. Mais l'heure de leur défaite sonna, et le Génie des vengeances qui planait sur leurs têtes coupables, les a tous foudroyés en un jour de tempête.

Ceci est la dernière phase et comme le dernier écho des grands orages qui ont éclaté sur les contrées

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