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V. Mensa Christi †.

A 400 pas au N.-O. de la Synagogue, une petite chapelle couronnée par une coupole, abrite un énorme bloc de calcaire tendre qui mesure en moyenne 3 m. 50 de long, 3 m. de large et 1 m. de haut. En 1861, les Pères Franciscains ache tèrent les ruines de l'ancien oratoire, propriété d'un musulman, et bâtirent la chapelle actuelle.

D'après une tradition qui se manifeste dans les relations des pèlerins du XVIe s., ce beau bloc aurait servi de table à NotreSeigneur, y mangeant un jour avec ses disciples. De là son nom de Mensa Christi, Table du Christ. La source voisine, qui depuis le tremblement de terre de 1837 ne produit plus qu'un mince filet d'eau, est appelée Fontaine des Apôtres par Doubdan et d'autres pèlerins.

Un repas pris sur cette pierre selon l'antique usage des Juifs se conçoit aisément, si elle a été taillée en forme de table après l'évènement. Mais telle qu'on la présente, la tradition ne cadre guère avec l'histoire évangélique, d'autant plus qu'au-delà de l'époque de Boniface de Raguse on n'en a trouvé aucune trace. Le souvenir que ce bloc devait perpétuer a été, peut-être, mis en relation avec la colline el Oreimeh située à 3 km au S. de Capharnaum et qui au temps de Saewulf (1103) portait le nom de Mensa Christi, parce que Notre-Seigneur y nourrit 5.000 hommes. D'autres pèlerins trouvèrent ce même nom attaché au Hadjâret en Nasara, les Pierres des chrétiens, au N.-O. de Tibériade, en souvenir de la deuxième multiplication des pains. La tradition relative à la Mensa Christi de Nazareth demande encore à être éclaircie.

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Saint Luc raconte que les Juifs de Nazareth jetèrent NotreSeigneur hors de la ville « et le menèrent au sommet de la montagne sur laquelle leur ville était bâtie, pour le précipiter. >>

Nazareth est assise au pied du Djebel es Sîkh, dominé par le tombeau de Nébi Sain (488 m.), et s'élève sur un massif montagneux à une altitude de 350 m. La montagne sur laquelle la ville est bâtie, est constituée par un ensemble de hautes collines qui dominent la bourgade. Au midi, à 2 km. de distance, cette chaîne de collines se termine brusquement par deux cimes d'un aspect grandiose et terrible, qui sont séparées l'une de l'autre par une gorge profonde, étroite et sauvage, formant un remarquable précipice. Elles dominent de 300 m. la plaine d'Esdrelon, au bord de laquelle elles s'élancent d'un jet vers le ciel. L'un de ces pics, le plus occidental (392 m.), porte le nom de Djebel el Qafsah, le mont du Saut ou du Précipice.

Sur son sommet, deux énormes blocs de rocher servent comme de garde-fous à l'extrémité d'une petite plate-forme, et séparent le spectateur de l'abîme presque vertical qui s'entr'ouvre devant

lui. Sur le flanc, on remarque deux anciennes citernes et une grande niche pratiquée dans le roc en forme d'abside, avec une table d'autel taillée dans la masse, où l'on célébrait la messe. Au-devant de cette abside, s'étend une terrasse artificielle soutenue par un mur solidement bâti, et recouverte d'un pavement en mosaique, comme le démontrent les cubes de gros calibre qu'on trouve en quantité dans la terre. Plus bas, on voit les vestiges d'un monastère.

Dès les premiers siècles de l'Eglise, les chrétiens du pays ont vénéré cette montagne comme celle où, d'après l'Evangile, les Juifs menèrent le divin Sauveur pour le mettre à mort, en le précipitant dans l'abime. C'est là le lieu où Jésus manifesta sa puissance divine à ses concitoyens, en disparaissant du milieu d'eux. Telle était la vénération des chrétiens pour ce sanctuaire qu'au commencement du 1x S., Nazareth ne possédant plus qu'une église et 12 moines, le mont du Précipice restait desservi par 8 Religieux. «En Galilée, dans la sainte cité de Nazareth, écrit l'auteur du Commemoratorium vers l'an 808, se trouvent 12 moines. A un mille de Nazareth, là où les Juifs voulurent précipiter le Christ Notre-Seigneur, on a bâti un monastère et une église en l'honneur de Sainte-Marie; il est occupé par 8 moines. >>

A l'époque des Croisades, Fretellus (1145) écrit : « A un mille de Nazareth, vers le midi, est l'endroit appelé le Précipice. Jésus étant jeune, ses parents, jaloux de sa sagesse, voulurent le précipiter de là; mais lui disparut subitement du milieu d'eux. » Phocas nous a laissé cette description graphique : « Suit une chaine formée de plusieurs collines dont la culminante est le lieu d'où les Juifs voulaient précipiter le Seigneur qui passa au milieu d'eux et s'en alla à Capharnaum. » Burchard de Mont Sion (1285), Odoric (1320) et une multitude d'autres pèlerins indiquent le Précipice à la même montagne avec une distance plus ou moins grande, selon qu'ils ont suivi la voie directe à travers la gorge, ou le chemin plus long, mais plus commode, par la crête de la montagne.

Du sommet du Djêbel el Qafsah on domine la plaine d'Esdrelon et l'on jouit d'une vue splendide.

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En venant de Caiffa à Nazareth, avant d'entrer en ville, on laisse à dr. une belle colline couverte d'arbres et de vignes, et couronnée par une gracieuse chapelle. La colline s'appelle Deir el Bénât, Monastère de Filles. Cette chapelle est placée sous le vocable de N.-D. de l'Effroi. Elle se trouve sur la voie qui mène au mont du Précipice en suivant la crête.

La sainte Vierge, raconte une antique tradition locale, ayant appris que les Juifs avaient emmené Jésus pour le précipiter dans l'abîme, ne consulta que son amour maternel et, le cœur plein d'anxiété et d'effroi, elle s'élança sur les pas de son divin Fils. A peine arrivée au haut de la colline, elle fut frappée de terreur; car elle vit les Juifs revenir du Précipice; mais bientôt elle s'aperçut qu'ils étaient exaspérés de ce que l'innocente victime leur avait échappé. Cette démarche est bien digne de la tendre et affectionnée mère, qu'on rencontrera plus tard sur la voie douloureuse et au Golgotha au pied de la croix.

Depuis au moins onze siècles, les chrétiens du pays ont marqué par une église et un monastère l'endroit traditionnel où un nouveau glaive perça si cruellement le cœur de l'humble Vierge de Nazareth. La chapelle et le couvent qui jusqu'au xive s.. étaient occupés par des chrétiens, tombèrent peu à peu complètement en ruines et au siècle dernier, on n'y voyait plus que quelques pans de murailles, des galeries souterraines et les fondations de l'abside de l'église taillée dans le roc. En 1882, les Franciscains, propriétaires du terrain depuis des siècles, ont enfin obtenu l'autorisation de construire une nouvelle chapelle à la place de l'ancienne. Comme le rocher est tendre et le soussol percé de grottes naturelles et artificielles, le terrain s'est affaissé et le petit monument a dù subir récemment une restauration complète.

Vers l'an 808, l'auteur du Commemoratorium raconte, comme nous l'avons vu, qu'au mont du Précipice il y avait 8 moines, avec un monastère et « une église de Sainte-Marie. » On est surpris de trouver le lieu du Précipice consacré à la sainte Vierge plutôt qu'à son divin Fils. Au Précipice, les ruines attestent l'existence d'un antique sanctuaire. Sur le chemin du Précipice, au Deir el Bénât, la tradition a consacré la mémoire des terreurs de la Vierge par un couvent et une église sous le vocable de Marie. L'anonyme n'aurait-il pas uni ensemble les deux souvenirs qui se rapportent au même événement et à la même montagne. L'église qu'il nomme ne serait-elle pas celle qui au XIe siècle était en possession des Religieuses Bénédictines et que Nicolas de Poggibonsi trouva encore debout en 1345 ? Cela paraît bien probable.

Voici ce que le P. Nicolas apprit à ce sujet des chrétiens du pays, dont la piété se plaît à amplifier le merveilleux des évènements. Après avoir parlé du mont du Précipice, il ajoute : «Lorsque le peuple descendit de la montagne, la Vierge Marie était consternée et anxieuse sur le sort de son très cher fils Jésus-Christ, à tel point que, remplie d'effroi, elle s'appuya contre une grotte de la montagne, et la montagne lui offrit une place pour se cacher. Le peuple passa outre sans l'apercevoir.

On y voit encore la place, c'est-à-dire, la forme du corps que prit le rocher. Là se trouve un beau monastère avec une belle église au centre, qui est appelée Sainte-Marie de la Frayeur, Santa Maria della Paura. Des chrétiens nègres de Nubie y habitent. On y gagne une indulgence plénière 1. »

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Parmi les témoignages devenus nombreux à partir du xv© s citons encore celui du chanoine Doubdan (1652) : « Pour aller à ce précipice, dit-il, il y a deux chemins, l'un par le dessus de la montagne, que l'on monte insensiblement, où l'on void à la moitié du chemin quelques ruines restantes d'une église et d'un monastère de Religieuses, qu'on avait basti à la place, où on tient par tradition que la sainte Vierge allant à la hâte, et courant après Notre-Seigneur que les Juifs emmenaient à ce précipice, tomba toute outrée de douleur et de crainte qu'ils ne l'eussent désia fait mourir. Et pour ce sujet l'église fut appelée Nostre Dame de la Crainte. Cette place se voit facilement de la maison (du couvent) de Nazareth, et quelques mille pas plus avant est le précipice 2. »

Les Religieuses Clarisses de France ont établi leur monastère au pied de la colline.

Chapelle de l'Effroi des Grecs non-unis. « En face même de ce sanctuaire (N.-D. de l'Effroi', près du chemin direct qui conduit au précipice, les Grecs ont construit une petite chapelle précédée d'un vestibule ouvert. C'est là qu'ils montrent à leurs pèlerins le lieu de l'Effroi de Marie. C'est évidemment une contre-tradition, et qui n'a même pas pour elle l'apparence d'une raison, ni l'excuse de la bonne foi 3. »

De la chapelle de N.-D. de l'Effroi on redescend sur la route pour rentrer à la Casa Nova (8 min.).

La mosquée de la ville construite en 1814 n'offre aucun intérêt.

VOYAGE XV

De Nazareth au mont Thabor.

De Nazareth au mont Thabor, 2 h. 45 à cheval. L'ascension de la montagne dure 50 min. et ne présente aucune difficulté ; les chevaux portant les bagages peuvent même atteindre le sommet, si l'on veut y camper. Les Pères Franciscains reçoivent les voyageurs dans leur

1. Libro d'Oltramare, ed. Bacchi della Lega, 269.2. Le Voyage en T. S., 492. 3. Les Professeurs de N. D. de Fr., La Palestine, 439.

hôtellerie. Les moines Grecs en tiennent une aussi, principalement pour

les Russes.

Du mont Thabor, un chemin va directement à Tiberiade par Kefr Sabt, 4 h. 30. On peut aussi se rendre à cheval à Loubièh (2 h. 15), et continuer la route en voiture jusqu'à Tibériade (2 h. 45). Dans ce cas, il faut avoir soin de donner des ordres précis au voiturier, avant de quitter Nazareth.

Au sortir de Nazareth près de la fontaine de la Vierge, on suit la route de Tibériade jusqu'à ce qu'on arrive en face de l'hôpital des Frères de Saint-Jean de Dieu. Laissant cet établissement à g., on gravit les collines qui dominent la ville (10 m.). Après avoir chevauché pendant 7 min. sur un haut plateau, on aperçoit le Thabor; 12 min. plus loin, on laisse à dr. Khirbet et Tiréh, ancienne localité en ruines au sommet d'une colline. Après un quart d'heure de marche, apparaît à g. le village d'Ain Mahel étendu sur le flanc d'une montagne ; puis, 18 min. plus loin, on traverse une vallée dont les versants sont couverts de broussailles de chêne. Arrivé sur la crête d'une colline (10 min.), on jouit d'une belle vue sur le petit Hermon, Endor et Naïm. Avant de franchir un second ravin (10 min.), on découvre au pied du mont Thabor, au N.-O., le petit village de Dabouriyeh assis en amphithéatre sur plusieurs monticules.

Dabéreth.

Dabouriyeh est la ville de Dabéreth de la tribu d'Issachar 1, confinant avec celle de Zabulon 2. C'était une des villes lévitiques données aux fils de Gersom 3. Josèphe l'appelle Dabaritta et les chroniqueurs des Croisades Buria et Burie.

D'après une tradition ancienne et très accréditée, Jésus laissa 9 de ses apôtres à Dabéreth, pendant qu'avec Pierre, Jacques et Jean il gravit le Thabor et s'y transfigura. En redescendant de la montagne, le divin Maitre rejoignit en ce même bourg ses disciples et guérit devant eux un jeune homme possédé d'un démon qu'ils n'avaient pu chasser eux-mêmes. Lorsqu'ils lui demandèrent en secret, pourquoi ils n'avaient pu expulser cet esprit, il leur répondit : « Ce genre de démon ne peut être chassé que par le jeune et la prière. » (V. Marc, IX, 16-26, n° 25).

Au centre du village, près d'une antique citerne, on a mis à jour les restes d'une église mesurant 22 m. de long sur 10 de large. C'est l'église des Huit-Apôtres, mentionnée fréquemment par les pèlerins du moyen âge. Elle a été construite avant la conquête du pays par les Arabes, en mémoire du miracle opéré par Notre-Seigneur en ce lieu.

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