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Journal des Demoiselles.

Paris, Boulevari des aliens, 1.

année.

les deux bouts sur ce trou, c'est ce qui te servira pour passer la main, en brossant ainsi tu auras plus de force; demande ensuite à ta mère tous les vieux morceaux de tricot de laine ou de flanelle qu'elle peut avoir, taille deux ronds de 38 centimètres de diamètre, ourle-les, passe des cordons dans ces ourlets, ce qui te fera un petit sac; lorsque tu auras une robe de soie ou un mantelet à brosser, tu enfermes ta balle dans un de ces ronds de flanelle ou de tricot de laine, laissant l'ouverture du côté où tu as déjà cousu ton cordon de toile; si tu voulais frotter une robe de couleur claire, tu aurais soin de changer l'enveloppe. Cette balle-brosse a le grand avantage de ne point érailler ni la soie, ni les garnitures, de ne point faire de faux plis, et laisse à l'étoffe tout son brillant.

43, Petite bavette.

J'allais te dire adieu, oubliant de te donner la description de notre gravure.

La jeune fille porte une robe de popeline unie, le devant de la jupe et le corsage sont décorés par des rubans de taffetas no 5, posés à plat et retenant des pattelettes faites avec ce même ruban; l'ouverture des manches qui laisse apercevoir la sous-manche de mousseline unie, est également garnie; le tour des basques, le tour du cou, et le dessus des manches ont de plus une petite frange de 3 centimètres. Le corsage est assez ouvert pour laisser voir une chemisette montante et à jabot, il est seulement retenu par deux nœuds sans bouts. Les cheveux à racines droites, sont ornés de velours pareils à ceux des poignets. La garniture de la robe peut se faire de différentes manières; ainsi, je l'ai vue d'abord telle que je viens de te la décrire, seulement les rubans étaient d'une couleur tranchante sur celle de la robe. Cette robe était en taffetas d'Italie gris-cendre de rose; sur la jupe il y avait trois volants, au bord desquels se trouvait le même ruban écossais, mais beaucoup plus large que celui des garnitures du corsage et posé à plat avec franges; quant

au corsage, il n'avait aucune différence avec celui-ci.

La petite fille a une robe de mousseline brodée; au-dessus des volants est un bouillonné dans lequel on a passé un ruban; le corsage à revers avec une petite garniture, est surmonté du même bouillon, la pièce du milieu est composée de bouillon et d'entre-deux, le dernier entre-deux est bordé d'une toute petite garniture; les manches sont faites dans le même genre que la pièce de devant, seulement la garniture qui tombe sur le bras est un peu plus haute; celle des pantalons est assortie à la robe.

Le petit chapeau batelière en paille d'Italie est entouré de fleurs des champs. Enfin, cette toilette est complétée par un velours noir retenant une croix en turquoises, et des mitaines en filet.

Le petit garçon a une veste, ou blouse en coteline, garnie de deux velours dont un très-large, sa chemisette très-ample retombe sur un nœud de ruban qui lui-même retient la petite jupe pareille à la veste; le pantalon et le col sont en broderie anglaise, les petites manches bouillons ont un poignet également brodé. Son chapeau en feutre ou en paille de fantaisie, a une plume d'autruche retenue par un noeud de velours.

Explication du rébus de juin. Tu as lu aussi facilement que de l'écriture ces trois notes de musique, Mi, La, Mi, tu n'as pas eu plus de peine à reconnaître un cep de vigne, des œufs, moins encore pour la valeur du chiffre un qui les suit; la lettre N ainsi placée fait un n mi. Tu voudras bien prendre le C devant une haie pour c'est, et remarquer que ce cheval est au trot, et tu diras: Mille amis c'est peu, un ennemi c'est trop; je t'abandonne cette pensée pour ce qu'elle vaut ; j'en accepte bien volontiers la seconde partie; mais je dirais tout aussi volontiers, mille amis c'est beaucoup, si tant est que ce ne soit pas trop.

Adieu, à bientôt, à toujours plutôt, car lorsque je ne l'écris pas, je songe à toi.

ÉPHÉMÉRIDES.

25 JUILLET 1794 (7 thermidor).- MORT D'ANDRÉ CHÉNIER.

E. E.

André Chénier était né à Constantinople |çaise vint ajouter à la lyre de Chénier une

le 29 octobre 1762, il fut élevé en France. Il se livra aux lettres dès sa jeunesse; formé à l'école des Grecs, il donna à la poésie française une fraîcheur, une sève que depuis longtemps elle ne connaissait plus; malheureusement, on déplore qu'un si bel instrument poétique soit consacré à chanter des idées licencieuses. La révolution fran

corde plus sévère et plus mâle. Il accueillit les idées généreuses de la révolution avec enthousiasme, mais il se révolta contre ses excès. Il s'offrit à défendre Louis XVI; flétrit dans ses vers énergiques les tyrans qui se cachaient derrière le fantôme de la liberté, et il eut enfin l'honneur de devenir victime à son tour. Il fut arrêté à Passy et

conduit à la Conciergerie. Déclaré ennemi
du peuple, convaincu d'avoir écrit contre
la liberté et défendu la tyrannie, il fut con-
damné à mort. La sentence fut exécutée le
sept thermidor. Chénier se trouva dans la
charrette illustrée par tant de nobles victi-
mes, à côté du poëte Roucher. Ils parlèrent
de poésie à leurs derniers moments, et ré-
citèrent de mémoire la première scène
d'Andromaque:

Oui, puisque je retrouve un ami si fidèle,
Ma fortune va prendre une face nouvelle, etc.

niers vers de Chénier, écrits dans sa prison
et restés inachevés :

Comme un dernier rayon, comme un dernier zéphire
Anime la fin d'un beau jour,

Au pied de l'échafaud, j'essaie encor ma lyre;

Peut-être est-ce bientôt mon tour.

Peut-être avant que l'heure, en cercle promenée,
Ait posé, sur l'émail brillant,
Dans les soixante pas où sa route est bornée,
Son pied sonore et vigilant,
Le sommeil du tombeau pressera mes paupières.
Avant que de ses deux moitiés

Ce vers que je commence ait atteint la dernière,
Peut-être en ces murs effrayés,

Le messager de mort, noir recruteur des ombres,
Escorté d'infâmes soldats,
Remplira de mon nom ces longs corridors sombres.

Ils montèrent ensemble à l'échafaud.
Pourtant, j'avais quelque chose là! dit
Chénier en touchant son front, qui allait
s'incliner sous le couteau.
On ne lit jamais sans émotion les der-après, la France était délivrée.

Les vers ne sont pas finis, et deux jours

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CLUNY.

A quatre lieues de Mâcon, et presque sur les confins de la Bourgogne méridionale, la jolie petite ville de Cluny se cache entre de grandes montagnes, couvertes encore de belles forêts. Bâtie sur le penchant d'une haute colline, elle s'abaisse doucement dans une riante vallée embellie et fécondée par les sinuosités de la Grosne. Cette rivière court des monts du Beaujolais à la Saône, arrose en passant les prairies clunysoises, embrasse la ville dans ses replis, et vient former, comme à ses pieds, une large et fraîche cascade. A voir les murs presque intacts, entourant une enceinte aussi vaste que celle de Mâcon, et remplie de jardins et de champs labourés; à voir les bastions, les tours rondes et carrées qui flanquent les murs; à regarder ces portes antiques, armées encore de leurs mâchicoulis; à suivre de l'œil enfin des rues étroites, sombres, sinueuses, escarpées, et les débris des cloîtres qui survivent à tant d'autres ruines, la pensée remonte involontairement au temps du moyen âge, et l'on reconnaît que Cluny dut être quelque chose de grand à cette époque dont le génie de quelques écrivains modernes a réveillé le souvenir.

monumental du moyen âge. En 1811, bien que la main des spéculateurs eût déjà dispersé et vendu les pierres du temple saint, bien qu'un grand chemin coupât déjà la moitié de l'auguste basilique, cependant trois énormes clochers, le grand portail, surmonté de sa rose, et encadré de deux grosses tours carrées, quelques arceaux interrompant le bleu du ciel, les vieilles colonnes du chœur encore debout, l'abside presque intacte avec ses vieilles peintures et quelques chapelles des bas-côtés, témoignaient encore de la grandeur du colossal édifice.

Aujourd'hui, hors un clocher et une chapelle, tout a disparu.

Ce chef-d'œuvre, dont la destruction entière est à jamais regrettable pour les arts, a été l'immense foyer d'une vie morale, d'un mouvement social que notre siècle comprend à peine. Qu'il nous soit permis de nous rattacher à quelques débris, qui vont bientôt disparaître, et d'évoquer de la tombe le souvenir de ces moines qui dorment d'un sommeil si irrévocable. La vie monastique n'excite guère de nos jours la curiosité mondaine, et cependant c'est aux établissements religieux du moyen âge, aux longs et infatigables travaux des cloîtres, que nous devons la civilisation moderne.

Aujourd'hui les actes de l'état civil, les fêtes et les bals, l'école des enfants, la prison, l'audience des plaideurs, les guinguettes Les monastères ont duré près de quaet les jeux de quilles des artisans, les salles torze cents ans dans notre pays; ce seul de spectacle, tout est confondu dans les dé- fait suffit pour qu'un esprit sérieux apporte bris de l'ancienne abbaye : ce qui n'est pas une grave attention aux institutions modestiné aux usages publics, est loué aux par- nastiques. Il faut de profondes racines dans ticuliers qui ont établi leurs boutiques dans les lieux et dans les temps pour qu'un étales cloîtres, entourant une vaste et magni-blissement compte autant de siècles. On ne fique cour, conservée intacte encore, ainsi qu'une partie des immenses jardins, décorés de longues avenues de grands arbres, de plates-bandes toutes fleuries et de belles pièces d'eau.

Mais ce n'est pas autour de ces constructions assez modernes, de ces jardins, de ces longs espaliers plantés par les moines que l'on doit rechercher la mémoire du passé : là aussi se voyait une belle et noble église, tout à la fois centre de civilisation et luxe

saurait citer dans le passé beaucoup d'institutions humaines auxquelles ait été réservée une pareille destinée.

Les moines ont une origine orientale. Les habitudes contemplatives de l'Orient, l'exaltation du sentiment religieux, jointes aux inclinations rêveuses de la nature humaine, devaient jeter là plus qu'ailleurs, dans les pratiques de l'austérité, et disposer les imaginations à fuir le bruit du monde. Les traditions judaïques, la secte des Esséniens

VINGT-ET-UNIÈME ANNÉE. 8e SÉRIE. No VIII.

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