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clergé et tout le peuple de l'univers (1); et après un fait si constant, sur lequel il ne craignoit pas d'être démenti, il concluoit que si la doctrine de Bérenger étoit véritable, l'héritage promis à Jésus-Christ étoit péri, et ses promesses anéanties; enfin que l'Eglise catholique n'étoit plus; et que si elle n'étoit plus, elle n'avoit jamais été (2).

Tous les Novateurs trou

constante

On voit encore ici un fait remarquable; c'est CXXXIV. que, comme tous les autres hérétiques, Bérenger trouva l'Eglise ferme et universellement unie vent toujours contre le dogme qu'il attaquoit : c'est ce qu'on a l'Eglise dans une pleine et toujours vu. Parmi tous les dogmes que nous croyons, on n'en sauroit marquer un seul qu'on profession n'ait trouvé invinciblement et universellement de la doctrine qu'ils atétabli lorsque le dogme contraire a commencé à taquent. faire secte; et où l'Eglise ne soit demeurée, s'il se peut, encore plus ferme depuis ce temps-là : ce qui seul suffiroit pour faire sentir la suite perpétuelle et l'immutabilité de sa croyance.

On n'eut pas besoin d'assembler de concile CXXXV. universel contre Bérenger, non plus que contre Pélage : les décisions du saint Siége et des conciles

qu'on tint alors furent reçues unanimement par toute l'Eglise; et l'hérésie de Bérenger bientôt anéantie ne trouva plus de retraite que chez les Manichéens.

On n'eut pas besoin de concile uni

versel contre Bérenger.

CXXXVI.

Décision du

Nous avons vu comme ils commençoient à se répandre par tout l'Occident, qu'ils remplissoient grand concide blasphêmes contre la présence réelle, et en le de Latran.

(1) Lanfranc. de corp. et sang. Dom. ibid. cap. 4, p. 765. — (2) Ibid. cap. 22, p. 776.

transsub

stantiation

choisi, et

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Le mot de même temps d'équivoques pour se cacher à l'Eglise dont ils vouloient fréquenter les assemblées (1). Ce fut donc pour s'opposer à ces équivoques que pourquoi l'Eglise se crut obligée de se servir de quelques termes précis, comme elle avoit fait autrefois si utilement contre les Ariens et les Nestoriens; ce qu'elle fit en cette manière sous Innocent III, dans le grand concile de Latran l'an 1215 de notre Seigneur. « Il y a une seule Eglise univer» selle des fidèles, hors de laquelle il n'y a point » de salut, où Jésus-Christ est lui-même le sacri>>ficateur et la victime, dont le corps et le sang » sont véritablement contenus sous les espèces du pain et du vin dans le sacrement de l'autel; le » pain et le vin étant transsubstantiés, l'un au » corps, et l'autre au sang de notre Seigneur » par la puissance divine; afin que pour accomplir le mystère de l'unité nous prissions du sien » ce qu'il a lui-même pris du nôtre (2) ». Il n'y a personne qui ne voie que le nouveau mot de transsubstantier, qu'on emploie ici, sans rien ajouter à l'idée de changement de substance qu'on vient de voir reconnue contre Bérenger, ne faisoit que l'énoncer par une expression qui par sa signification précise servoit de marque aux fidèles contre les subtilités et les équivoques des hérétiques, comme avoit fait autrefois l'Homoousion de Nicée et le Théotocos d'Ephèse. Telle fut la décision du concile de Latran, le plus grand et le plus

>>

(1) Ci-dessus, liv. x1, n. 31, 32, etc. —(3) Conc. Later. W. T. x1 Conc. Lab. col. 143.

nombreux qui ait jamais été tenu, dont l'autorité est si grande, que la postérité l'a appelé par excellence, le concile général.

Simplicité des décisions

de l'Eglise.

On peut voir, par ces décisions, avec quelle CXXXVII. brièveté, avec quelle précision, avec quelle uniformité l'Eglise s'explique. Les hérétiques, qui cherchent leur foi, vont à tâtons et varient. L'Eglise qui porte toujours sa foi toute formée dans son cœur, ne cherche qu'à l'expliquer sans embarras et sans équivoques : c'est pourquoi ses décisions ne sont jamais chargées de beaucoup de paroles. Au reste, comme elle envisage sans s'étonner les difficultés les plus hautes, elle les propose sans ménagement, assurée de trouver dans ses enfans un esprit toujours prêt à se captiver, et une docilité capable de tout le poids du secret divin. Les hérétiques, qui cherchent à soulager le sens humain, et la partie animale où le secret de Dieu ne peut entrer, se tourmentent à tourner l'Ecriture sainte à leur mode. L'Eglise ne songe au contraire qu'à la prendre simplement. Elle entend dire au Sauveur, Ceci est mon corps, et ne comprend pas que ce qu'il appelle corps si absolument soit autre chose que le corps même : c'est pourquoi elle croit sans peine que c'est le corps en substance, parce que le corps en substance n'est autre chose que le vrai et propre corps: ainsi le mot de substance entre naturellement dans ses expressions. Aussi Bérenger ne songea jamais à se servir de ce mot; et Calvin, qui s'en est servi, en convenant dans le fond avec Bérenger, nous a fait voir seulement par-là que la

CXXXVIII.

concile de

figure que Bérenger admettoit ne remplissoit pas toute l'attente et toute l'idée du chrétien.

La même simplicité qui a fait croire à l'Eglise le corps présent dans le sacrement, lui a fait croire qu'il en étoit toute la substance; JésusChrist n'ayant pas dit', Mon corps est ici, mais Ceci l'est: et comme il ne l'est point par sa nature, il le devient, il l'est fait par la puissance divine. Voilà ce qui fait entendre une conversion, une transformation, un changement : parole si naturelle à ce mystère qu'elle ne pouvoit manquer de venir contre Bérenger; puisque même on la trouvoit déjà partout dans les liturgies et dans les Pères.

On opposoit ces raisons si simples et si natuDécision du relles à Bérenger. Nous n'en avons point d'autres Trente. encore à présent à opposer à Calvin et à Zuingle: nous les avons reçues des Catholiques qui ont écrit contre Bérenger (1), comme ceux-là les avoient reçues de ceux qui les avoient précédés; et le concile de Trente n'a rien ajouté aux décisions de nos Pères, que ce qui étoit nécessaire pour éclaircir davantage ce que les Protestans tâchoient d'obscurcir; comme le verront aisément ceux qui savent tant soit peu l'histoire de

nos controverses.

Car il fallut, par exemple, expliquer plus distinctement que Jésus-Christ se rendoit présent, non pas seulement dans l'usage, comme le pensent les Luthériens, mais incontinent après la

(1) Dur. Troarn. T. xvă, Bib. PP. p. 422, Guitm. ibid. 462, etc..

par

consécration, à cause qu'on y disoit, non point Ceci sera, mais Ceci est; ce qui néanmoins dans le fond avoit déjà été dit contre Bérenger, lorsqu'on attacha la présence, non à la manducation, ou à la foi de celui qui recevoit le sacrement, mais à la prière sacrée et à la parole du Sauveur (1); où aussi paroissoit non-seulement l'adoration, mais encore la vérité de l'oblation et du sacrifice, ainsi que nous l'avons vu avoué par les Protestans (2) de sorte que dans le fond il n'y a de difficulté que dans la présence réelle, où nous avons l'avantage de reconnoître que ceux même qui s'éloignent en effet de notre doctrine tâchent toujours, tant elle est sainte, d'en approcher le plus qu'ils peuvent (3).

Raisons de la décision

du concile de Constanla commu

ce, touchant

nion sous une espèce.

La décision de Constance, pour approuver et CXXXIX. pour retenir la communion sous une espèce (4), est une de celles où nos adversaires s'imaginent avoir le plus d'avantage. Mais pour connoître la gravité et la constance de l'Eglise dans ce décret, il ne faut que se souvenir que le concile de Constance, lorsqu'il le fit, avoit trouvé la coutume de communier sous une espèce établie sans contradiction depuis plusieurs siècles. Il en étoit à peu près de même que du Baptême par immersion, aussi clairement établi dans l'Ecriture, que la communion sous les deux espèces le pouvoit être, et qui néanmoins avoit été changé en infusion, avec autant de facilité et aussi peu de con

(1) Ci-dessus, n. 131. (2) Ci-dessus, liv. 11, n. 151 et suiv. jusqu'à 56: liv. vi, n. 26, 31 et suiv. (3) Ci-dessus, liv. 1x, n. 26 et suiv. jusqu'au n. 75. —(4) Conc. Const. Sess. 8.

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