XCVI. rités s'éteigne dans le corps de l'Eglise univer selle. Ainsi, quelle que soit la doctrine que je monQue ce qui trerai une fois universellement reçue, il faut que est cru une fois dans tou- le ministre la reçoive selon ses principes; et te l'Eglise, y s'il croit se sauver en répondant que cette doc a toujours été cru. XCVII. trine, par exemple, la transsubstantiation, le Ce qui fait ici hésiter les adversaires, c'est qu'ils Le Catho- n'ont qu'une foi humaine et chancelante. Mais le lique est le seul qui croit Catholique, dont la foi est divine et ferme, dira aux promes- sans hésiter: Si le Saint-Esprit a promis à l'Eglise universelle de l'assister indéfiniment contre ses. les ni qu'il les erreurs, donc contre toutes; et si contre toutes, donc toujours: et toutes les fois qu'on trouvera en un certain temps une doctrine établie dans toute l'Eglise catholique, ce ne sera jamais que par erreur qu'on croira qu'elle est nouvelle. Nous le pressons trop, dira-t-il, et enfin nous le forcerons à abandonner son principe de l'infaillibilité de l'Eglise universelle. A Dieu ne plaise qu'il abandonne un principe si véritable, ni qu'il se plonge dans tous les inconvéniens qu'il a voulu éviter en l'établissant ; car il lui arriveroit ce que dit saint Paul: Si je rebdtis ce que j'ai abattu, je me rends moi-même prévaricateur (1). Mais puisqu'il a commencé à prendre une médecine si salutaire, il faut la lui faire avaler jusqu'à la dernière goutte, quelque amère qu'elle lui paroisse maintenant, c'est-à-dire qu'il faut du moins lui marquer toutes les conséquences nécessaires de la vérité qu'il a une fois reconnue. Il s'embarrasse sur l'infaillibilité des conciles XCVIII. Que le miplus nier l'infaillibilité nistre nepeut qu'il a recon nue. XCIX. L'infaillibi suite de l'in universels: mais premièrement quand il n'y au- lité des conroit point de conciles, le ministre demeure d'ac- ciles univercord que le consentement de l'Eglise, même sans sels est une être assemblée, serviroit de règle certaine. Son faillibilité de consentement pourroit être connu, puisqu'on l'Eglise. suppose qu'à présent il l'est assez pour condamner les Sociniens, et pour servir de règle immuable dans les questions les plus épineuses. Or par le même moyen qu'on condamne les Sociniens, on pourra aussi condamner les autres (1) Gal. 11. 18. BOSSUET. XX. 35 C. Chicanes sectes. Et en effet, on ne peut nier que sans que toute l'Eglise fût assemblée, elle n'ait suffisamment condamné Novatien, Paul de Samosate, les Manichéens, les Pélagiens, et une infinité d'autres sectes. Ainsi quelque secte qui s'élève, on la pourra toujours condamner comme on a fait celles-là, et l'Eglise sera infaillible dans cette condamnation; puisque son consentement servira de règle. Secondement, en avouant que l'Eglise universelle est infaillible, comment ne le seront point les conciles qui la représentent, qu'elle reçoit, qu'elle approuve, et où on n'a fait autre chose que porter ses sentimens dans une assemblée légitime? Mais cette assemblée est impossible; parce contre les qu'on ne peut assembler tous les pasteurs de l'uconciles. nivers, et qu'on peut encore moins assembler tant de communions opposées. Quelle chicane! S'est-on jamais avisé de demander pour un concile œcuménique que tous les pasteurs s'y trouvassent? N'est-ce pas assez qu'il en vienne tant, et de tant d'endroits, et que les autres consentent si évidemment à leur assemblée, qu'il sera clair qu'on y a porté le sentiment de toute la terre? Qui pourra donc refuser son consentement à un tel concile, sinon celui qui dira que Jésus-Christ, contre sa promesse, a abandonné toute l'Eglise? Et si le sentiment de l'Eglise avoit tant de force pendant qu'elle étoit répandue, combien plus en aura-t-elle étant réunie? CI. Pouvoir ex Pour ce que dit le ministre sur les communions cessifetmon- opposées, je n'ai qu'un mot à lui dire. Si l'Eglise universelle est infaillible dans des communions strueux donné par le mi opposées, elle le seroit beaucoup davantage en nistre aux redemeurant dans son unité primitive. Prenons-la belles de l'Edonc en cet état; assemblons- en les pasteurs au glise. troisième siècle, avant que l'Eglise se fût gâtée, avant, si l'on veut, que Novatien se fût séparé : il faudra reconnoître alors que pour empêcher le progrès d'une erreur, l'assemblée d'un tel concile sera un secours divin. Supposons maintenant ce qui est arrivé: un superbe Novatien se fait évêque dans un siége déjà rempli, et fait une secte qui veut réformer l'Eglise : on le chasse, on l'excommunie. Quoi! parce qu'il continue à se dire chrétien, il sera de l'Eglise malgré qu'on en ait? Parce qu'il poussera son audace jusqu'aux derniers excès, et qu'il ne voudra écouter aucune raison, l'Eglise aura perdu sa première unité, et ne pourra plus s'assembler ni former un concile universel, que cet orgueilleux ne le veuille? La témérité aura-t-elle tant de pouvoir? et ne tiendra-t-il qu'à couper une branche, et encore une branche pourrie, pour dire que l'arbre a perdu son unité et sa racine, CII. ministre. Il est donc incontestable que malgré un Novatien, malgré un Donat, malgré les autres esprits de Nicée forégalement contentieux et déraisonnables, l'Eglise mé contre les pourra s'assembler en concile œcuménique. Que principes du dis-je, elle le pourra? eile l'a fait, puisque malgré Novatien, malgré Donat, on a tenu le concile de Nicée. Qu'il y fallût appeler, et qui pis est, faire venir actuellement les sectateurs de ces hérésiarques pour tenir légitimement cette as y semblée, c'est à quoi on ne songea seulement pas. S'aviser maintenant de cette chicane, et treize cents ans après que tout le monde, à la réserve des impies, a tenu ce saint concile pour universel, soutenir qu'il ne l'étoit pas, et qu'il n'étoit pas possible à l'Eglise catholique de tenir un tel concile, à cause qu'on ne pouvoit pas y assembler les rebelles qui avoient injustement rompu l'unité, c'est vouloir la faire dépendre de ses ennemis, et punir leur rebellion sur elle-même. Voilà donc enfin un concile bien universel, par conséquent infaillible, si ce n'est qu'on ait d'un savant oublié tout ce qu'on vient d'accorder; et je suis anglais sur bien aise ici de faire entendre à M. Jurieu ce l'infaillibili CIJI. Paroles remarquables té du concile qu'en dit un savant Anglais bon Protestant (1). « Il s'agissoit dans ce concile d'un article prin de Nicée. >> cipal de la religion chrétienne. Si dans une question de cette importance on s'imagine que » tous les pasteurs de l'Eglise aient pu tomber » dans l'erreur et tromper tous les fidèles, com>>ment pourra-t-on défendre la parole de Jésus» Christ, qui a promis à ses apôtres et en leurs » personnes à leurs successeurs, d'être toujours >> avec eux? promesse qui ne seroit pas véritable, » puisque les apôtres ne devoient pas vivre si » long-temps; n'étoit que leurs successeurs sont » ici compris en la personne des apôtres mêmes » : ce qu'il confirme par un passage de Socrate (2), qui dit « que les Pères de ce concile, quoique simples et peu savans, ne pouvoient tomber (1) Bullus, Defens. fid. Nicæn. proæm. n. 2, p. 3. — (3) Ibid. n. 3. Socr. lib. 1, c. 9. |