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XLVII.

La premiè

Ce fut dans une assemblée où étoient les princire guerre ré-paux de l'Eglise que la question fut proposée, si solue de l'a- on pouvoit en conscience faire justice du duc de vis de tous les Guise, et cela sans grand échec, car c'est ainsi que

ministres, et

de Béze.

la paix faite le cas fut proposé; et là il fut répondu, « qu'il vamalgré eux. »loit mieux souffrir ce qu'il plairoit à Dieu, se metTémoignage >> tant seulement sur la défensive, si la nécessité >> amenoit les Eglises à ce point. Mais que, quoi qu'il >> fût, il ne falloit les premiers dégaîner l'épée (1) ». Voilà donc un point résolu dans la nouvelle Réforme, que l'on pouvoit sans scrupule faire la guerre à la puissance légitime, du moins en se défendant. Or on prenoit pour attaque la révocation des édits; de sorte que la Réforme établit pour une doctrine constante, qu'elle pouvoit combattre pour la liberté de conscience, au préjudice non-seulement de la foi et de la pratique des apôtres, mais encore de la solennelle protestation que Bèze venoit de faire en demandant justice au roi de Navarre, « que c'étoit à l'Eglise » de Dieu d'endurer les coups, et non pas d'en » donner; mais qu'il falloit se souvenir que cette » enclume avoit usé beaucoup de marteaux (2) ». Cette parole tant louée dans le parti ne fut qu'une illusion; puisqu'enfin contre la nature, l'enclume se mit à frapper, et que lassée de porter les coups elle en donna à son tour. Bèze qui se glorifie de cette sentence (3), fait lui-même, en un autre endroit, cette déclaration importante «< devant » toute la chrétienté, qu'il avoit averti de leur » DEVOIR, tant M. le Prince de Condé

(1) Liv. v1. p. 6. — (3) Ibid. p. 3. — (3) Ibid. p..

298.

que mon

» sieur l'amiral et tous autres seigneurs et gens >> de toute qualité faisant profession de L'EVAN» GILE, pour les induire à maintenir, par tous l'autorité des édits du

» MOYENS A EUX POSSIBLES,

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>> Roi et l'innocence des pauvres oppressés ; et depuis il a toujours continué en cette même volonté, exhortant toutefois un chacun d'user » des armes à la plus grande modestie qu'il est » possible, et de chercher, après l'honneur de » Dieu, la paix en toutes choses, pourvu qu'on » ne se laisse tromper ni décevoir ». Quelle erreur, en autorisant la guerre civile, de croire en être quitte en recommandant la modestie à un peuple armé! Et pour la paix, ne voyoitil pas que la sûreté qu'il y demandoit donneroit toujours des prétextes ou de l'éloigner, ou de la rompre ? Cependant il fut par ses sermons, comme il le confesse, un des principaux instigateurs de la guerre un des fruits de son Evangile fut d'apprendre à des sujets et à des officiers de la couronne ce nouveau DEVOIR. Tous les ministres entrèrent dans ses sentimens : et il raconte lui-même que, lorsqu'on parla de paix, les ministres s'y opposèrent tellement, que le prince résolu de la conclure fut obligé de les exclure tous de la délibération (1): car ils vouloient empêcher qu'on ne souffrît dans le parti la moindre exception à l'édit qui lui étoit le plus favorable: c'étoit celui de Janvier. Mais le prince, qui pour le bien de la paix avoit consenti à quelques modifications assez légères, « les fit lire de(1) Liv. vi. p. 280, et suiv.

XLVIII.

Les autres

guerres sont

te.

>> vant la noblesse, ne voulant qu'autre en dît son
» avis, que les gentilshommes portans armes,
» comme il dit tout haut en l'assemblée : de sorte
» que les ministres ne furent depuis ouïs, ni ad-
>> mis pour en donner leur avis (1) ». Par ce moyen
la paix se fit, et toutes les clauses du nouvel édit
font voir qu'il ne s'agissoit que de la religion dans
cette guerre. On voit même qu'il n'eût pas tenu
aux ministres qu'on ne l'eût continuée, pour ob-
tenir les conditions plus avantageuses qu'ils pro-
posèrent par un long écrit, où ils ajoutoient
beaucoup, même à l'édit de Janvier; et ils en
firent, comme dit Bèze (2), la déclaration, « afin
» que
la postérité fût avertie comme ils se sont
» portés dans cette affaire ». C'est donc un té-
moignage éternel que les ministres approuvoient
la
guerre, et vouloient même, plus que les prin-
ces et les gens armés, qu'on la poursuivit sur le
seul motif de la religion, qu'on en veut mainte-
nant exclure : et voilà, du consentement de tous
les auteurs catholiques et protestans, le fonde-
ment des premières guerres.

Les autres guerres sont destituées même des plus vains prétextes, puisque la Reine concouroit destituées de alors avec toutes les puissances de l'Etat ; et on tout prétex- n'allègue pour toute excuse que des mécontentemens et des contraventions toutes choses qui, après tout, n'ont aucun poids qu'en présupposant cette erreur, que des sujets ont droit de prendre les armes contre leur Roi pour la religion, encore que la religion ne prescrive que d'endurer et d'obéir.

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Je laisse maintenant à examiner aux Calvinistes, s'il y a la moindre apparence dans le discours de M. Jurieu, lorsqu'il dit que c'est ici une querelle où la religion s'est trouvée purement par accident, et pour servir de prétexte (1); puisqu'il paroît au contraire que la religion en étoit le fond, et que la réformation du gouvernement n'étoit que le vain prétexte dont on tâchoit de couvrir la honte d'avoir entrepris une guerre de religion, après avoir tant protesté qu'on n'avoit que de l'horreur pour de tels complots.

Mais voici bien une autre excuse que cet habile ministre prépare à son parti dans la conjuration d'Amboise, lorsqu'il répond qu'en tout cas elle n'est criminelle que selon les règles de l'Evangile (2). Ce n'est donc rien, à des Réformateurs, qui ne nous vantent que l'Evangile, de former un complot que l'Evangile condamne; et ils se consoleront pourvu qu'ils n'en combattent que les règles saintes? Mais la suite des paroles de M. Jurieu fera bien voir qu'il ne se connoît pas mieux en morale qu'en christianisme, puisqu'il a osé écrire ces mots : « La tyrannie des princes » de Guise ne pouvoit être abattue que par une

grande effusion de sang : l'esprit du christia» nisme ne souffre point cela; mais si l'on juge » de cette entreprise par les règles de la morale » du monde, elle n'est point du tout crimi» nelle (3) ». C'étoit pourtant selon les règles de la morale du monde que l'amiral trouvoit la

(1) Apolog. pour la Réform. I. part. sh. x. p. 301.— (2) Ibid. ch. xv. p. 453. (3) Ibid.

XLIX. Réponses de M. Jurieu.

L.

Question

sur l'esprit

me. Si c'étoit

conjuration si honteuse et si détestable; c'étoit comme homme d'honneur, et non pas seulement comme chrétien, qu'il en conçut tant d'horreur; et la corruption du monde n'est pas encore allée assez loin pour trouver de l'innocence dans des attentats où l'on a vu toutes les lois divines et humaines également renversées.

Le ministre ne réussit pas mieux dans son dessein, lorsqu'au lieu de justifier ses Prétendus Réformés de leurs révoltes, il s'attache à faire voir la corruption de la Cour contre laquelle ils se révoltent, comme si des Réformateurs eussent dû ignorer ce précepte apostolique: Obéissez à vos maitres, même fácheux (1).

Ses longues récriminations, dont il remplit un volume, ne valent pas mieux; puisqu'il s'agit toujours de savoir si ceux qu'on nous vante comme réformateurs du genre humain en ont diminué ou augmenté les maux, et s'il les faut regarder ou comme des Réformateurs qui les corrigent, ou plutôt comme des fléaux envoyés de Dieu pour les punir.

On pourroit ici traiter la question, s'il est vrai que la Réforme, comme elle s'en glorifie, de la Réfor- n'a jamais songé à s'établir par la force (2): mais le doute est aisé à résoudre par tous les faits qu'on a vus. Tant que la Réforme fut foible, il de violence. est vrai qu'elle parut toujours soumise, et donna même pour un fondement de sa religion, qu'elle ne se croyoit pas permis non- seulement d'em

un esprit de douceur

ou

(1) II. Pet. 11. 18. (2) Crit. t. 1. Let. vш. n. 1. p. 129 et seq. Let. xvi. n. 9. p. 315, etc.

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