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XI. Certes! on trouve que l'office de la messe a été établi d'une manière si providentielle, qu'il contient en grande partie ce qui a été fait par le Christ et dans le Christ depuis le moment où il descendit du ciel jusqu'à celui où il y monta, et qu'il les représente d'une admirable manière, tant dans les paroles que dans les signes.

XII. Et cet office même se renferme en quatre parties, à savoir les personnes, les œuvres, les paroles et les choses. Il y a trois ordres de personnes, à savoir : les célébrants, les ministres ou aides, et les assistants. Il y a trois espèces d'œuvres, à savoir les gestes, les actes et les mouvements. Il y a aussi trois variétés de paroles : les oraisons, les modulations et les leçons ou lectures. Semblablement, il y a trois manières de choses, à savoir : les ornements, les instruments et les éléments; car toutes ces choses sont pleines de divins mystères, comme on l'a dit dans la préface de cet ouvrage.

XIII. En effet, autrefois le temple était divisé en deux parties et partagé par un voile. La première partie était appelée la sainte ou le saint, et la seconde (ou intérieure) la sainte des saints ou le saint des saints. Or, tout ce qui a lieu pendant l'office de la messe avant la secrète est en quelque sorte dans la première partie de l'édifice sacré; mais ce qui a lieu pendant la secrète est au dedans du saint des saints. Or, il y avait au dedans du saint des saints des autels d'encens, l'arche du Testament et la table sur l'arche, comme on l'a dit dans la première partie, aux chapitres de l'Eglise et de l'Autel, et comme on le trouve dans l'Exode; et, sur la table, les deux chérubins de gloire en regard l'un de l'autre. Là entrait seul le pontife, une seule fois dans l'année. Il avait, en cette occasion, les noms des pères ou patriarches écrits sur le rational et sur le surhuméral, et portait le sang et les charbons, qu'il mettait tous, en priant, avec le parfum, dans l'encensoir, jusqu'à ce que la fumée l'environnât comme d'une ombre. Ensuite, il aspergeait de sang la table et l'autel; puis il sortait devant le peuple

et lavait ses vêtements: car il n'était pas réputé pur avant le soir, après l'immolation du veau roux.

XIV. Jadis, ces choses furent des signes; mais elles s'évanouirent après que leurs significations furent arrivées. Car la première partie de l'édifice sacré signifie la présente Eglise, le saint des saints le ciel, le pontife le Christ, le sang sa passion, les charbons la charité du Christ, l'encensoir sa chair même, l'encens brûlé la bonne odeur des prières, l'autel les cohortes du ciel, l'arche le Christ selon l'humanité, la table Dieu le Père, les deux chérubins les deux Testaments qui se regardent à l'envi mutuellement parce qu'ils s'accordent ensemble, le vêtement qu'on lave signifie l'homme, le soir de l'homme symbolise ce vêtement. Compare donc ce qui avait lieu jadis et ce que le Christ a fait, et considère avec attention comment le ministre de l'Eglise représente et reproduit ces choses pendant l'office de la messe. Il sera encore touché un mot de la signification de ces choses au Canon de la messe, au commencement d'une de ses parties. Par l'arche, on entend aussi l'humilité du Christ, de laquelle tout bien nous est advenu par sa miséricorde.

XV. Et remarque que, de même qu'on lit dans l'Exode (cap. xxv et XXXVII) qu'on fit au-dessus de l'arche un propitiatoire d'or, c'est-à-dire une table d'or, de la même longueur et de la même largeur que celles de l'arche, afin qu'elle fût suffisante pour la couvrir. Et on appelait cela l'oracle (oraculum), parce que le Seigneur donnait de ce lieu des réponses à ceux qui le priaient (orantibus). On l'appelait aussi propitiatoire, parce que lorsque le Seigneur parlait de cet endroit il était rendu propice au peuple, ou parce qu'au jour de propitiation on voyait toujours la gloire du Seigneur descendre en ce lieu. Et de là vient que le tabernacle ou lieu placé sur la partie postérieure de l'autel, dans lequel le Christ, notre propitiation, c'est-à-dire l'hostie consacrée, est gardée aujourd'hui, s'appelle propitiatoire, etc. Or, de l'une et de l'autre

parties de l'oracle, savoir, dans les deux angles antérieurs, on plaça deux chérubins d'or, qui sont, selon Josèphe, deux animaux volatiles, ayant une figure comme jamais aucun homme n'en a vu. Moïse dit qu'il les aperçut figurés sur le trône de Dieu. Un chérubin regardait l'autre ; ils avaient cependant le visage tourné vers le propitiatoire, et, les deux ailes étendues par derrière et se touchant mutuellement, ils voilaient l'oracle et couvraient le propitiatoire. Or, le propitiatoire figure le Seigneur incarné, dont [saint] Jean dit : « Il est propitiateur << pour nos péchés. » Les deux chérubins sont les deux Testaments, à savoir, le Nouveau et l'Ancien. Or, comme ils ne sont pas en désaccord, mais qu'ils racontent d'accord ensemble le mystère de l'incarnation du Christ, l'un en prophète, l'autre en témoin qui assure, ils dirigent sur le propitiatoire le visage de leur intention, et se regardent mutuellement.

XVI. Il y a encore trois sacrifices de l'Eglise qui, dans l'Ancien-Testament, sont symbolisés par le propitiatoire, l'encensoir et l'autel; ce sont le sacrifice de la pénitence, de la justice et de l'eucharistie. Touchant le premier, il est dit : « Un « esprit brisé de douleur est un sacrifice digne de Dieu. Tu << ne mépriseras pas, ô Dieu! un cœur contrit et humilié. >> Touchant le second : « Alors tu recevras le sacrifice de la jus<< tice. >> Touchant le troisième : « Je te sacrifierai une hostie << de louange. » Sur l'autel du corps, la chair est immolée par la contrition; dans l'encensoir du cœur (c), la dévotion est le

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« Le cœur doit être semblable à l'encensoir, entièrement fermé du côté de la la terre et ouvert vers le ciel. >>

Le Séraphin, poème Mss. de la Bibl. imp., no 1862. « Ce poème inconnu, dit M. le comte de Montalembert, semble avoir ainsi devancé la magnifique expression de Bossuet, lorsqu'il dit du cœur de Mme de La Vallière qu'il ne respirait plus que du côté du ciel. » (V. Introd. de l'Histoire de S. Elis. de Hongrie, P. XC, note 2.)

feu qui brûle l'encens; dans le propitiatoire de Dieu le Père, le sang est offert par la rédemption. Or, le prêtre offre ces trois sacrifices pendant la messe : le premier au Confiteor, le second à la préface, le troisième à l'action (d) de grâces (ou consécration). Car voici les trois choses que, selon le Prophète, Dieu regarde favorablement dans l'homme, et requiert de lui: chérir la miséricorde, faire justice, et marcher attentivement avec Dieu. Qu'il chérisse donc la miséricorde celui qui veut offrir le sacrifice de la pénitence. Qu'il fasse justice celui qui veut offrir le sacrifice de la justice. Qu'il marche attentivement avec Dieu celui qui veut offrir le sacrifice de l'eucharistie.

XVII. Voilà pourquoi le bienheureux Bernard dit : « Mes « frères, en immolant l'hostie de gloire, joignons la parole << aux paroles, le sens au sens, l'affection à l'affection, l'élé«vation à l'élévation, la perfection à la perfection, l'humilité << à l'humilité, la liberté à la liberté. » Donc, que celui qui doit célébrer la messe offre au Très-Haut ce sacrifice dont le Psalmiste dit : « Un esprit brisé de douleur est un sacrifice « digne de Dieu. » Et ailleurs : « Immole à Dieu un sacrifice << de louange. » Et l'Apôtre : « Offrez vos corps, comme une << hostie vivante, sainte, agréable à Dieu, afin que votre obéis«sance soit raisonnable; mortifiez donc, sur l'autel de votre << cœur, vos membres, qui sont sur la terre l'impureté, la dé« bauche, la mauvaise concupiscence et l'avarice, afin que << vous puissiez vous sacrifier vous-mêmes à Dieu, avec un «< cœur pur et un corps chaste. »>

XVIII. Or, dans le sacrement du corps du Christ, selon [saint]

(d) [Actio, dit Du Cange, Canon missæ, sic dictus, quia in eo sacramenta conficiuntur dominica, inquit Walafrid Strabon (lib. de Reb. eccles., cap. 22)]. Actio, c'est le canon de la messe, Honoré d'Autun (lib. 1, cap. 8). [Missa quoddam judicium imitatur; unde et Canon Actio vocatur. Actio autem est causa, quæ in publico conventu coram judicibus agitatur. ] Intenter une action, comme l'on dit de nos jours. Le même auteur (cap. 103): [Canon dicitur Regula, quia per eum regulariter fit sacramentorum confectio. Hic etiam Actio dicitur, quia causa populi in eo cum Deo agitur]. (V. Hugues de Saint Victor, 1. 2, De Offic. eccles., cap. 29;- Bernon Aug., cap. 1, et le Micrologue, c. 12.)

Augustin, « le prêtre ne parfait rien, plus en bien qu'en mal, << pourvu qu'il demeure avec les autres dans l'arche et observe « la forme révélée par la colombe, parce que ce n'est pas << par le mérite du prêtre, mais par la parole du Créateur, << que se consomme ce sacrement. » Car l'or est également véritable dans le coffre du voleur comme dans le trésor du roi. D'où vient que le pontife Caïphe, persécuteur du seul et très-véritable grand-prêtre (bien qu'il ne fût pas sincère, lui), cependant le conseil qu'il donna fut vrai; [mais] il ne donna pas le sien, mais celui de Dieu, et pareille chose a lieu de la même manière dans l'Eglise. Donc, l'iniquité du prêtre n'empêche pas l'effet du sacrement, pas plus que l'infirmité du médecin n'empêche la vertu de la médecine. Or, quoique l'opus operans (l'œuvre opérante) soit parfois impure, cependant l'opus operatum (l'œuvre opérée) est toujours pure. Et de même que tout est pur pour ceux qui sont purs, ainsi tout est impur pour ceux qui sont impurs. Donc, quand un méchant reçoit la vie, il encourt la mort. De même, au contraire, lorsque le bon souffre la mort, il acquiert la vie. Car celui qui mange indignement le corps du Christ mange son jugement. Mais ce que disent de ces hommes le Prophète : « Je maudirai vos bénédictions, » et Grégoire : « Leur « bénédiction se change en malédiction, et leur prière en « péché,» s'entend des hommes retranchés de l'Eglise et qu'elle ne peut plus souffrir, ou qui sont connus pour tels, dont la bénédiction doit, en tant qu'aux évêques, être réputée à l'égal d'une malédiction, parce que, selon [saint] Augustin (1re question): « Pour le mal qui est en eux en telle ou << telle proportion, on dit qu'ils souillent les sacrements, lors« que, cependant, ils restent immaculés; car ils sont aux <«< bons le chemin de la récompense, aux réprouvés celui du « jugement. » D'où vient que [saint] Augustin dit : « Si la << vertu du sacrement est spirituelle, elle est reçue comme << une pure Inmière par ceux qui doivent en être illuminés

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