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c'est-à-dire sans levain, de la plus pure farine, fort propre, et qu'il eût des marques qui le distinguassent du pain commun et ordinaire.

A l'égard du pain sans levain, il n'y a pas de décret formel qui l'ait ordonné avant le XIe siècle; jusqu'alors on ne se fondait que sur l'usage d'un temps immémorial, et il n'y avait point eu de dispute là-dessus avec les Grecs, qui consacrent avec du pain levé. Mais depuis le milieu du XIe siècle, on a toujours disputé. Les plus sages ont dit que c'était là un point de pure discipline assez indifférent, et qu'il fallait que chaque église suivît sa pratique, sans se blâmer les uns les autres. Les Grecs croient qu'on s'est toujours servi de pain levé parmi eux. Les Latins peuvent clairement montrer que les azymes sont en usage dans nos églises depuis le VIII° siècle, sans qu'on en puisse trouver le commencement. Alcuin, vers l'an 790, écrit que le pain doit être fait simplement d'eau et de farine sans levain (1). Raban Maur, dans son Traité de l'Institution des Clercs, qu'il composa en 819, prouve, par l'AncienTestament et par l'exemple de Jésus-Christ, que le pain du sacrifice doit être sans levain (2). Il dit même, dans un ouvrage resté manuscrit, que les prêtres doivent faire tous les dimanches des eulogies avec du pain azyme et les distribuer après la messe (3). Ce qui fait assez voir qu'on ne se servait alors que du pain azyme pour l'eucharistie, puisque le pain, qui n'en était qu'une représentation, devait l'être

aussi.

En second lieu, outre ces preuves incontestables de l'usage des azymes depuis le VIIIe siècle, nous voyons qu'avant ce temps-là l'Eglise faisait faire des pains exprès, qui peut-être étaient aussi sans levain. Ces pains étaient ronds. La pape Zéphyrin, au commencement du IIIe siècle, leur donne pour ce sujet le nom de couronne (4); saint Grégoire-le-Grand se sert aussi du même terme (5). Ils avaient une marque qui les distinguait du pain commun. On voit, par un grand

(1) Panis qui in corpus Christi consecratur, absque fermento ullius alterius infectionis debet esse mundissimus (epist. 69 ad Lugdunenses).

(2) Quod autem panem sacrificii sine fermento esse oporteat, testatur liber Leviticus, etc. (lib. 1, De Institutione clericorum, cap. 31).

(3) De Eulogia, manuscrit cité par Ciampini, qui en a tiré ces mots : Faciat azymos panes per singulos dominicos, et det populo eulogiam in dominico die post missam his qui non sumant sacrificium Domini (De Azymo et Ferm. Romæ, 1688, p. 158).

(4) Voyez l'ancien Catalogue des papes, donné par le P. Henschenius (Propyl. Maii), où on lit cet ordre du pape Zéphyrin : Ut... ex ea consecratione de manu episcopi, jam coronam consecratam acciperet presbyter, tradendam populo. (5) Dialog., lib. 4, cap. 55.

nombre d'anciennes figures, qu'on y imprimait le signe de la croix. Le Concile d'Arles, en 554, ordonne « que les oblations que tous les évêques de la province feraient offrir à l'autel auraient la même forme que celles de l'église d'Arles » (1). La reine sainte Radegonde, qui établit son monastère à Poitiers, sous la règle de saint Césaire d'Arles, vers le temps de ce concile, s'appliquait avec beaucoup de dévotion à faire de sa propre main les pains du sacrifice, pour les distribuer à beaucoup d'églises; et Fortunat dit qu'elle y employa tout un carême, suivant le conseil de saint Germain, évêque de Paris, qui était son directeur. Le Concile de Tolède, de l'an 693, blâme fort des prêtres qui avaient souffert qu'on eût coupé en rond un morceau d'un pain commun, pour l'offrir à l'autel (2). Il ordonne que le pain qu'on présentera sera entier, propre, préparé avec soin, et qu'il ne sera pas trop grand, mais une petite oblation, suivant la coutume ecclésiastique (3).

L'Eglise latine prescrit de ne se servir que de pain azyme, en quoi elle est autorisée par l'exemple de Jésus-Christ, qui institua l'eucharistie après avoir mangé l'agneau pascal, et qui, par conséquent, consacra du pain azyme; car, dès que l'agneau pascal était immolé, il n'était plus permis de manger ni de conserver du pain levé.

NOTE 12.

DE LA CONFECTION DES HOSTIES DITES PAINS D'AUTEL

OU PAINS A CHANTER.

« L'hostie, dit D. Martenne (4), doit être unie, ronde et ferme, sans tache, sans fente ou fissure. »

Bocquillot (5) dit à ce sujet, et avec beaucoup de raison : « Pour apprendre aux sacristains de nos églises comment ils doivent faire les pains destinés aux sacrifices, il est bon de rapporter ici comment les anciens moines les faisaient. >>

(1) Ut oblatæ quæ in sacro offeruntur altario a comprovincialibus episcopis, ad formam arelatensis offerantur ecclesiæ, cap. 1).

(2) Temerario ausu provocati... de panibus suis usibus præparatis crustulam in rotunditatem auferant (Concile de Tolède, 16, canon 6).

(3) Ut non aliter panis in altari Domini sacerdotali benedictione sanctificandus proponatur, nisi integer et nitidus, qui ex studio fuerit præparatus, neque grande aliquid, sed modica tantum oblata, etc. (Ibid.).

(4) [Hostia solida sit et recta, rotunda et rigida, sine macula, sine rimæ scissura] (De antiq. monach. rit., 1. 2, c. 8).

(5) Traité hist. de la Liturgie ou de la Messe, 1. 1, c. 12, p. 289 à 291.

L'on faisait des hosties toutes les fois qu'on en avait besoin dans les monastères (1); il y avait néanmoins deux temps principalement destinés à ce travail, savoir, un peu avant Noël et avant Pâques. Cela prouve qu'il fallait que ces pains fussent assez épais et solides pour durer si longtemps. Les novices triaient les grains de froment sur une table, l'un après l'autre; on les lavait ensuite, et on les étendait sur une nappe blanche pour les faire sécher au soleil. Celui qui les portait au moulin lavait les meules, se revêtait d'une aube, et mettait un amict sur sa tête. Le jour de faire les pains étant venu, trois prêtres ou trois diacres avec un frère convers, après l'office de la nuit, mettaient des souliers, se lavaient les mains et le visage, se peignaient et récitaient en particulier dans une chapelle l'office des laudes, les sept psaumes de la pénitence et les litanies. Les prêtres ou les diacres, revêtus d'aubes, venaient dans la chambre où les pains devaient se faire; le convers y avait déjà préparé le bois le plus sec et le plus propre à faire un feu clair. Ils gardaient le silence tous quatre; l'un répandait la fleur sur une table polie, propre et faite exprès, dont les bords étaient relevés pour contenir l'eau qu'il jettait dessus et délayait la pâte. C'était de l'eau froide, afin que les hosties fussent plus blanches. Le convers, avec des gants, tenait le fer et faisait cuire les hosties six à la fois (2). Les deux autres coupaient les hosties en rond avec un couteau fait exprès; et, à mesure qu'on les coupait, elles tombaient dans un plat couvert d'un linge. Ce travail durait longtemps dans les grandes communautés, et se faisait néanmoins à jeun; mais on soulageait aussi leurs peines par une meilleure portion à leur dîner.

D. Martenne (loc. cit.) dit que cet usage dura dans les monastères jusqu'au XVe siècle.

D. Claude de Vert (3) nous apprend encore d'autres particularités des hosties que nous croyons devoir rapporter ici. Il dit, premièrement, que le sacristain de Cluny était encore chargé de son temps (XVIIe siècle), moyennant une redevance, de fournir le pain à chanter à toutes les

(1) De antiq. monach. rit., 1. 1, c. 8.

(2) Honoré d'Autun (Gemma animæ, 1. 1, cap. 66) dit que, de son temps (XIIe siècle), les hosties n'excédaient point la grandeur d'un denier. Les auteurs du Voyage littéraire (t. 2, p. 35) virent encore à Braine, dans le XVIIIe siècle, les anciens fers (XIIe siècle) avec lesquels on les faisait, et que l'on y conservait. On voit, par le dessin que les deux Bénédictins en ont donné, qu'on ne pouvait faire que quatre hosties à la fois; elles avaient la grandeur d'un sou, et étaient marquées des monogrammes suivants : IHC. XPC. A. DÑS. (Jesus, Christus, Alpha Oméga, Dominus). Le tout surmonté d'une croix dont le pied représente un double joug de bœuf.

(3) Explicat. simple, litt. et hist. des Cérémonies de l'Eglise.

paroisses de la ville de ce nom, où l'on n'eût pas souffert que l'on en eût employé d'autre que celui qui se faisait en cérémonie dans l'abbaye. Secondement, que l'un des officiers claustraux d'un prieuré du Puy en Vélay était appelé l'hostier, parce qu'il était autrefois chargé de faire les hosties pour toutes les églises de ce diocèse; que, le revenu de cet hostier ne pouvant plus suffire depuis la multiplication des messes, il avait été contraint d'abandonner sa charge et son titre, qui depuis resta vacant. Troisièmement, que les hosties ne se faisaient encore au XVIIe siècle, dans ce diocèse, qu'avec la permission de l'évêque, et qu'on voyait dans la ville une enseigne avec ces mots au bas : Céans se font de belles hosties avec permission de M. l'évêque du Puy.

NOTE 13.

HISTOIRE DE L'orgue.

L'orgue est le chantre sublime du catholicisme, le seul qui, produit par lui, n'ait pas profané ses accents parmi les hommes et soit resté fidèle à sa mission. Nous aimons donc à croire que quelques recherches sur cette grande voix de notre culte ne seront pas sans intérêt pour nos lecteurs.

Orgue, dans sa signification primitive, a un sens très-large et trèsétendu; il désigne toutes sortes d'outils ou d'instruments dont on se servait pour quelque ouvrage que ce fût. Dans la suite, ce nom fut plus particulièrement affecté aux instruments de musique en général.

Sans nous arrêter, comme D. Bédos de Celles (1), à énumérer ici toutes les idées qu'éveillait le mot organum chez les Hébreux et chez les autres peuples (2), nous arrivons brusquement à parler de l'orgue dans le sens que nous donnons à ce mot; tel doit être notre but principal (3).

(1) Histoire abrégée de l'Orgue, dans son ouvrage intitulé: L'Art du Facteur d'Orgues, un vol. in-fol.

(2) Synops. Crit. in Genes., cap. 4, vers. 21; - Dom Calmet, Dissert. sur les instruments de musique, dans le 2e vol. du Com. litt. des Ps., p. 87.;— Pietro della Valle, epist. 61.

(3) Ce fut la flûte à plusieurs trous, et surtout l'assemblage des tuyaux de roseau ou de métal plus ou moins nombreux, auquel on donne le nom de flûte de Pan, qui donna l'idée de l'orgue et présida à la naissance de ce grand instrument qui reproduit la flûte sur une immense échelle, puisqu'il parcourt une suite de gammes impossible aux flûtes précitées, et possède un son plein de

« On appelle l'orgue le roi des instruments, dit l'italien Jérôme Diruta, parce qu'il les réunit et les imite tous, même ceux à corde; aussi a-t-il été choisi et préféré à cause de sa noblesse et de sa supériorité, comme plus conforme à la majesté du culte divin. »

Les anciens divisaient les orgues en deux classes principales, en hydrauliques et en pneumatiques. Les unes et les autres n'ont jamais pu jouer que par le vent, excité, dans les hydrauliques, ou par une chute d'eau, comme aux grandes forges à fer; ou par un courant d'eau qui, faisant tourner une roue à aubes, comme dans plusieurs usines de France, donnait le mouvement à des manivelles, à des pompes semblables à celles de nos machines pneumatiques; ou par la vapeur de l'eau bouillante, comme aux pompes à feu; ou, enfin, , par des soufflets que l'eau faisait mouvoir par le moyen de manivelles adhérentes à leurs axes, comme aux moulins à scier le bois; ou par quantité d'autres machines que chacun imaginait, et où l'eau était la cause du mouvement qui procurait le vent. Les orgues pneumatiques sont celles d'aujourd'hui, où l'eau n'est point nécessaire.

L'orgue hydraulique est le plus ancien. Il fut inventé par Ctésibius, mathématicien célèbre d'Alexandrie, sous Ptolémée Physcon (120 ans avant Jésus-Christ). C'est lui qui avait imaginé un arbre sur lequel on faisait chanter un grand nombre d'oiseaux. Tertullien (1) attribue l'invention d'un orgue à Archimède, et l'abbé de Sainte-Blaise (2) remarque que cet instrument était différent de celui de Ctésibius.

Vitruve (3) a fait la description de l'orgue hydraulique le plus célèbre, mais en des termes si obscurs, que, malgré leur science et leur habileté, le Père Kircher (4) et Perraut, l'un par la description et le dessin, l'autre par des essais mécaniques, n'ont pu en donner que des idées très-imparfaites.

L'auteur d'une lettre faussement attribuée à saint Jérôme parle d'un orgue en usage chez les Hébreux, qui s'entendait de mille pas, comme de la ville de Jérusalem au mont des Oliviers. Cette machine consistait en deux peaux d'éléphant, qui formaient la laye, contenant peut-être

force et de rondeur; son qui met entre lui et les autres instruments à vent toute la distance et toute la différence du souffle de l'homme, au vent de plusieurs soufflets immenses venant tous aboutir à un réservoir qui le distribue à d'innombrables tuyaux.

(1) Dans le Traité de l'Ame, ch. 14.

(2) De Cantu et Musica sacra, t. 2, p. 138.

(3) De Architect., lib. 10, cap. 13.

(4) Magia phonocamptica.

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