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celles que les premiers fidèles chantaient en l'honneur de Dieu et de Jésus-Christ vrai Dieu. Il est fait mention de ces hymnes dans la lettre de Pline à Trajan (1), dans Lucien (2) et dans Eusèbe (3); et l'on s'en servit, vers la fin du second siècle, pour réfuter l'hérésie d'Artemon, qui attaquait la divinité de Jésus-Christ. On ne doit pas espérer de connaître plus distinctement l'auteur du Gloria in excelsis. Les Pères du quatrième Concile de Tolède ont dit sagement que les premières paroles avaient été prononcées par les anges, ce qui l'a fait appeler l'hymne des anges, et que la suite avait été composée par les docteurs de l'Eglise (4).

3. Le Pontifical attribué au pape Damase, ou plutôt le Recueil des Vies des Papes, dont on trouve d'anciens manuscrits qui finissent au temps de Justinien, sont les premiers monuments où l'on voit que le Gloria in excelsis ait été dit à la messe. On y lit (5) que le saint pape Télesphore, qui tenait le siége de Rome vers le milieu du Ile siècle, ordonna qu'au commencement de la messe de la nuit de Noël on chanterait l'hymne des anges Gloria, etc. Dans un autre catalogue des papes (6), aussi bien que dans la Collection d'Anastase (7), il est dit que le pape Symmaque, vers l'an 500, ordonna qu'on dirait le Gloria in excelsis les dimanches et les fêtes des saints. Depuis ce temps, c'està-dire depuis saint Grégoire-le-Grand, le Gloria in excelsis devait être dit les dimanches et les fêtes par les évêques et non par les prêtres. Suivant ce qui est marqué dans les Sacramentaires (8) écrits jusqu'au commencement du XIe siècle, « on dit le Gloria in excelsis les dimanches et les fêtes, quand l'évêque officie, et les prêtres ne le disent que le le jour de Pâques » (9).

(1) Carmenque Christo quasi Deo dicere, secum invicem.

(2) Philop.

(3) Hist. eccles., lib. 7, cap. 27: Sed et psalmi vel cantica ab initio scripta sunt quæ a fratribus fidelibus verbum Dei esse Christum et Deum, tota hymnorum suorum laude concelebrant.

(4) Reliqua quæ ibi sequuntur ecclesiastici doctores composuerunt (cap. 12) (5) Hic fecit ut... in ingressu sacrificii hymnus diceretur angelicus Gloria in. cxcelsis Deo, etc., tantum noctu Natalis Domini (Bolland., Catalog. pontif., in Propyl. ad acta SS. Maii).

(6) Ibid., p. 74.

(7) De Vitis Pontificum, p. 33.

(8) Dicitur Gloria in excelsis Deo, si episcopus fuerit tantummodo die dominico, sive diebus festis. A presbyteris autem minime dicetur, nisi solo in Pascha. (9) Cette règle n'était peut-être pas exactement observée; car Remy d'Auxerre, vers la fin du IXe siècle, ne met aucune différence entre l'évêque et le prêtre que sur le Pax vobis, et nullement sur le Gloria in excelsis (Expositio missæ).

Mais quelques années après l'an 1000, Bernon, abbé de Richenous, s'appliqua à montrer, dans un chapitre exprès (1), que, puisqu'il était permis aux prêtres de dire le Gloria in excelsis le jour de Pâques, il devait à plus forte raison leur être permis de le dire le jour de Noël ; que ce qu'on lisait à la tête des Missels n'était pas une preuve que saint Grégoire eût fait cette défense aux prêtres, puisqu'on ne pouvait la trouver dans aucun de ses ouvrages; et que, pour augmenter les louanges de Dieu, on devait leur permettre de le dire tous les dimanches et toutes les fêtes des saints, parce qu'il ne paraît nulle part que cela ait été défendu par les saints Pères.

Le souhait de Bernon avait déjà été prévenu, et il fut généralement accompli bientôt après. Le Gloria in excelsis fut dit par les prêtres. Cela est évident par les Coutumes de Cluny (2), écrites par saint Ulric; par celles des Chartreux, institués en 1084; et par l'Ordinaire de MontCassin, écrit vers le même temps.

Un fort beau Sacramentaire de l'église d'Albi, écrit vers l'an 1110, ne met plus de distinction entre les évêques et les prêtres; il marque simplement (3) qu'après le Kyrie eleison on dit le Gloria in excelsis aux jours de fêtes. Le Micrologue dit positivement, vers l'an 1090 (4), qu'« aux fêtes qui ont un office plein, les prêtres aussi bien que les évêques disent le Gloria in excelsis. » — « De sorte, remarque le P. Lebrun (5), qu'on peut dire que l'origine des Chartreux, en 1084, concourt presque avec le temps de la liberté qu'ont eue les prêtres de dire le Gloria in excelsis comme les évêques. »

(1) Super hæc omnia cum in capite libri Missalis, quando presbyteri romani Gloria in excelsis Deo canere et non canere soleant, legimus, solummodo prætitulatum; nusquam autem vel a beato papa Gregorio, vel aliquo sanctorum Patrum nobis iuterdictum puto, quin omni die dominica vel in sanctorum Natalitii liceat nobis sæpe dictum hymnum canere ad augmentum laudis divinæ (Bernon, De Quibusdam rebus ad Missam spectantibus, cap. 2). (2) Gloria in excelsis Deo nunquam omittitur, nisi in Adventu Domini, et a Septuagesima usque ad Pascha (Spicileg., t. 4, p. 45).

(3) Ordo qualiter in catholica Ecclesia missa celebretur, in primis Antiphona ad Introitum, deinde Kyrie eleison tertio, Christe eleison tertio, Kyrie eleison tertio; postea, Gloria in excelsis Deo diebus festis tantummodo.

(4) Cap. 2.

(5) L. c. sup., t. 1, p. 171.

NOTE 9.

DES JUBÉS OU AMBONS.

Jean-Baptiste Thiers et les Ambonoclastes du XVIIe siècle.

Au XVIIe siècle, il arriva un jour que non-seulement quelques prêtres, mais des chapitres entiers, se prirent à trouver fort incommodes et déparant leurs églises, les ambons ou jubés qui avaient si longtemps survécu à l'injure du temps et aux fureurs des hérétiques. Oubliant alors les raisons mystiques de l'établissement de ces voiles de sculpture jetés devant l'entrée du sanctuaire, et n'écoutant que la voix de la lettre et de la raison, qui tuent, ces ecclésiastiques entreprirent de renverser les jubés et de dégager ainsi, contre toutes les règles de l'Eglise, la vue de ce sanctuaire impénétrable où s'accomplit le mystère le plus consolant et le plus terrible à la fois.

Un homme que ses vertus et ses talents ont rendu vénérable, s'éleva avec une sainte colère contre ce vandalisme sans nom, et, dans un travail très-remarquable (1), stigmatisa à tout jamais les Ambonoclastes, mot qu'il créa dans son indignation, à l'image du terme d'Iconoclastes; l'un signifie briseurs d'ambons ou de jubés, l'autre briseurs des [saintes] images.

C'est ce traité que nous avons analysé et qui nous a fourni la matière d'une note non moins intéressante que celles sur les porches et les autels des églises, en grande partie empruntées aux savantes recherches du docte Thiers.

« On confond souvent, en France, les jubés avec les tribunes. Et, dans le vrai, je ne trouve guère d'autre différence entre les uns et les autres, sinon que les jubés sont de grandes tribunes, et que les tribunes sont de petits jubés (2). »

Les anciens auteurs donnent aux jubés le nom de pupitres, à cause des pupitres ou lutrins qui sont dans les jubés, et qui servent à soutenir les livres dans lequels on lit ou on chante. Le P. Meurisse les appelle « des lectriers, parce que, dit-il (3), ils servaient aux lecteurs. » En Flandre, ils ont reçu le nom de doxales, pour trois raisons: 1° parce que les

(1) Dissertation sur les jubés des églises.

(2) Thiers, 1. c., p. 1.

(3) L. 2, Hist. des évêques de Metz, tit. De l'êvêque Godegrand, p. 163.

ecclésiastiques qui sont dans le chœur les ont à dos en regardant l'autel; 2o parce qu'ils servent comme de tapisseries au bas du chœur, et qu'une tapisserie, dans les auteurs de la basse latinité, s'appelle dorsale, dossale et doxale; 3o enfin, du mot grec Aóka, gloire, soit parce que les jubés sont des lieux de gloire, par rapport aux cérémonies pompeuses et magnifiques qui s'y font, soit parce que l'on y annonce et y prêche l'Evangile, que saint Paul (1) appelle « l'Evangile de la gloire de Dieu souverainement heureux. »

Quoi qu'il en soit, le mot de jubé, celui de tribune et celui de pupitre tirent leur origine du latin. Pupitre vient de pulpitum; tribune, de tribunal; jubé est l'impératif du verbe jubeo, et le commencement de la soumission que les diacres et les lecteurs rendent aux évêques ou aux prêtres, en leur demandant leur bénédiction avant que de chanter l'évangile et les autres leçons de l'office divin au pupitre : Jube domne benedicere.

En outre, les Latins ont donné une foule de noms aux jubés : pluteus et pluteum, lectricium, lectorium et legitorium, analogius et analogium, exedra, suggestus, suggestum, dicterium et auditorium, ostensorium, absis ou absida, pyrgus, tous mots synonymes de jubé. Mais le nom le plus ordinaire est celui d'ambon, qui vient du grec ǎp6wv, un lieu élevé, un lieu où l'on monte, selon Onufre Panvin (2), Scaliger (3), Casaubon (4), Saumaise (5), Hospinien (6), Vossius (7), etc.

Les anciens jubés n'avaient pas tous la même situation qu'ont aujourd'hui nos chaires à prêcher, comme quelques savants se le sont imaginé. Il y avait sept situations différentes des jubés, sans parler de ceux qu'on appelait gloria, ▲óa, en certains lieux :

1o Entre le clergé et le peuple, c'est-à-dire vers le milieu de l'église, dans un lieu élevé;

2o Hors le chœur des églises;

3o Il y avait quelquefois deux jubés dans le milieu de l'église;

4o Ce tains jubés étaient du côté de l'évangile, d'autres du côté de l'épître, et tous deux dans la nef;

5o On les plaçait d'ordinaire comme ceux que nous voyons encore aujourd'hui;

(1) I ad Timoth., cap. 1, vers. 11.

(2) In interpret. vocum ecclesiast., etc.

(3) Conjectan. in Varr.

(4) Animadv. in Athen.

(5) Exercitat. ad Solin.

(6) L. 2, De Origin. et progress. Templ., cap. 3.

(7) In etymol. ling. latin. (V. Ambo).

6o Les Grecs les placent indifféremment à droite ou à gauche;

7° Enfin, il y en avait qui, au lieu de masquer l'entrée du chœur, la laissaient découverte et s'étendaient des deux côtés du choeur, parallèles à l'autel, dans la nef.

On donnait le nom de gloria à des tribunes établies au-dessus du grand portail de certaines églises, à l'extérieur, parce qu'on y chantait tous les ans Gloria, laus et honor, etc., au retour de la procession du dimanche des Rameaux.

On donnait, chez les Grecs, le nom de solea (1) à l'espace compris sous la voûte du jubé, formant une espèce de porche ou vestibule à l'entrée du chœur.

Il y avait des jubés de différentes matières et de différentes formes, comme de différentes situations.

De différentes matières, comme de bois, de marbre, de pierre, etc. Les formes des jubés varient selon leurs situations. Les uns ont quatre escaliers, les autres deux, d'autres enfin n'en ont qu'un. « Pour être réguliers, dit Thiers, ils doivent en avoir deux, l'un tourné vers l'orient, l'autre vers l'occident. » Les anciens jubés n'étaient pas si petits que quelques auteurs (2) l'ont cru. Celui de Sainte-Sophie, de Constantinople, entre autres, était d'une grandeur considérable (3). Il y avait même des autels dans certains jubés, comme dans celui de Lyon. Il y avait, selon le Père Cabassoüt (4), ordinairement quatre portes dans les jubés: deux du côté de la nef, qu'on appelait les belles portes, et deux du côté du chœur, qu'on nommait les portes saintes. Mais il est plus vraisemblable de dire que les jubés avaient autant de portes que d'escaliers une pour un, deux pour deux. Malgré la multiplicité des lutrins qu'on trouve dans quelques anciens jubés, deux suffisent pour tout ce qu'on doit y chanter. Ainsi, un pupitre pour les leçons de matines, l'épître, le graduel, l'alleluia, le trait, etc.; l'autre, plus grand et plus élevé, pour l'évangile.

On prêchait autrefois dans les jubés des églises, tant en Orient qu'en Occident. On y prêchait encore en certaines églises au XVIIe siècle. Cela n'empêchait pas qu'anciennement on ne prêchât ailleurs. Les chaires uniquement destinées à la prédication ne paraissent pas plus anciennes

(1) Du Cange, in Descript. S. Soph., no 74; Habert, Nota margin. ad part. 9 liturg. ord., p. 179; le P. Goar., Not. in ord. sacri minist., p. 18. (2) Arcudius, lib. 6 De Concord., cap. 2;-le Père Morin, 1. 6 De Pœnit., c. 1, no 9; de Merbes, Sum. Christ., t. 2, dissert. 4 de Pœnit., q. 74. (3) J. Cantacuzène, l. 1 Hist., c. 41; - Codin, De Official., CP., c. 17. (4) Not. Concil. diatri. De vet. eccles. situ, part. et forma.

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