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ques de la foi (cum signo fidei, dit le canon) ont été portés à l'église avec un grand nombre de cierges allumés. L'empereur Constantin (1), sainte Paule, saint Siméon Stylite et tant d'autres ont été ainsi portés, comme on le fait encore; et l'on a voulu marquer par ce luminaire solennel que c'étaient de vrais enfants de lumières (vos filii lucis estis).

Enfin, ce grand nombre de cierges qu'on allumait au IVe siècle sur les tombeaux des martyrs, le jour et la nuit, suivant le témoignage de saint Paulin et de Prudence, ne brûlaient qu'en l'honneur de la lumière céleste dont les saints jouissent, et qui font toute la joie des chrétiens (2). Les cierges allumés dans l'église en plein jour ont donc toujours été regardés comme des symboles de la divine lumière. Saint Jérôme (3) et saint Isidore (4) nous l'ont appris. L'Ordre romain, Amalaire et Alcuin ont parlé de même; et c'est conformément à leur autorité que le Micrologue, vers l'an 1086, s'énonce ainsi (5) : « Nous ne célébrons jamais la messe sans lumière, non pour chasser les ténèbres, puisqu'il est grand jour, mais pour avoir un symbole de la divine lumière que nous rendons présente à l'autel par le sacrement que nous y opérons, sans laquelle nous verrions aussi peu en plein midi qu'en la plus sombre nuit. » Les cierges allumés nous avertissent encore qu'étant autrefois dans les ténèbres, nous avons été éclairés en Jésus-Christ, et que nous devons nous comporter comme des enfants de lumière, par des actions de charité, de justice et de vérité (6).

NOTE 5.

TRAITÉ DES PROCESSIONS, ET DE LEURS CÉRÉMONIES, par Gilbert Grimaud, prétre, docteur en théologie. (Extrait de sa Liturgie sacrée.)

Comme on fait l'eau-bénite le dimanche, de même on en porte à la procession pour en asperser le peuple et autour de l'église.

(1) Eusèbe, in Vita Constantini, lib. 4, cap. 66.

(2) Lux orta est justo, et rectis corde lætitia (ps. 96).

(3) Lettre contre Vigilance, 1. c.

(4) Etym., 1. 7, cap. 12.

(5) Juxta Ordinem romanum, nunquam missam absque lumine celebramus, non utique ad depellendas tenebras, cum sit clara dies; sed potius in typum illius luminis, cujus sacramentum ibi conficimus, sine quo et in meridic palpabimus ut in nocte (Microlog. de Eccles. observat., p. 11).

(6) Eratis enim aliquando tenebræ, nunc autem lux in Domino, ut filii lucis ambulate. Fructus enim lucis est in omni bonitate, et justitia, et veritate (S. Paul ad Ephes., cap. 5, vers. 8 et 9).

L'usage ordinaire de cette cérémonie nous oblige de parler en général des processions, touchant leur pratique et ancienneté. En premier lieu, ce nom de procession est considérable; car, quoiqu'il descende du mot latin procedo, qui de soi est indifférent pour marquer une action profane ou sacrée, néanmoins il marque toujours une démarche grave et qui n'est pas ordinaire. Si les historiens, parlant d'un prince, se servent de ce mot, c'est lorsqu'il marche avec appareil et majesté. L'Eglise s'en sert en même sens, et l'a rendu si vulgaire, que la plupart des peuples, quoique d'ailleurs très-différents en leurs langues, s'en servent pour signifier la même chose, changeant seulement l'accent, comme les Italiens, les Espagnols, les Polonais, les Allemands. Ce n'est pas aussi qu'ils n'aient quelques autres noms pour déclarer la même chose, par emprunt des Grecs ou encore des Latins, prenant, par exemple, des Grecs celui de litanie, comme très-ancien, et des Latins celui des rogations et de supplication, usité souvent par Sidonius.

Pour l'ancienneté des processions, je ne veux pas recourir à la pratique du peuple de Dieu dans l'ancienne loi, quoiqu'il s'y en trouve des exemples très-mémorables, comme celle qui se fit autour de Jéricho, par la vertu de laquelle ses murs furent renversés; celle de David, conduisant l'Arche d'Alliance avec tant de magnificence; et plusieurs autres. Il semble que les raisons prises de ce côté-là ne sont pas assez solides sans la lumière de l'Evangile. Il est mal aisé d'en tirer aussi de l'Eglise primitive, parce que la violence des persécutions, l'espace des trois cents premières années, empêchait que les chrétiens ne pussent faire en public les actes de religion si solennels que sont les processions. Mais Dieu ayant donné le calme à son Eglise, par la domination de Constantin et de ses successeurs, empereurs chrétiens, l'usage des processions fut rétabli et remis en vogue. Eusèbe, dans la Vie de ce grand monarque (1), et Nicéphore, en son Histoire de l'Eglise (2), en rapportent un exemple qui arriva dans la ville de Constantinople. Ce prince, ayant prié les Pères qui avaient tenu le Concile de Nicée de se transporter en cette nouvelle cité qu'il venait de bâtir, pour en faire la dédicace, l'histoire dit qu'étant arrivés ils célébrèrent la messe et firent une procession solennelle autour des murs, par les rues et les places principales, chantant des hymnes et cantiques à la gloire de Dieu, lui recommandant le soin de cette ville par les suffrages et entremises de sa sainte mère et sous sa protection.

Mais quel exemple plus authentique et plus agréable au sujet des

(1) Lib. 3, cap. 47. (2) Lib. 8, cap. 26.

processions que celle qui se fit autrefois à Antioche pour la translation des reliques de saint Babylas? Elle est rapportée par Théodoret (1), par Sozomène (2) et plusieurs autres, et même par saint Chrysostôme, qui, au Traité qu'il a fait contre les Gentils, assure qu'il y assista étant encore petit garçon.

L'histoire raconte que Gallus, prince très-pieux, et autant zélé pour les choses de la foi que Julien, son frère, était adonné à l'idolâtrie, cherchant les moyens pour arrêter les fourbes du démon, qui, sous la figure d'Apollon, rendait ses oracles dans un des faubourgs d'Antioche, s'avisa de celui-ci, également religieux et ingénieux, qui fut de faire transporter en ce même faubourg de Dapnne ie corps de saint Babylas, qui de son vivant avait été évêque de la ville, et pour preuve de sa sainteté avait souffert un très-glorieux martyre. Le dessein de ce dévot prince réussit si heureusement, que depuis l'heure de cette translation l'oracle se trouva la bouche muette, sans qu'on le pût obliger à rendre aucune réponse. Mais le prince étant décédé, et l'impie Julien ayant pris le gouvernement de l'empire, comme il eut choisi Antioche pour son séjour, où il voyait que cet oracle, autrefois si fameux, était devenu muet par la seule présence des ossements sacrés de ce glorieux saint, il ordonna aux chrétiens de retirer ces reliques de ce faubourg, permettant néanmoins qu'il fût rapporté dans la ville, où il était auparavant. Les chrétiens obéirent; mais en cette translation ils firent, entre autres solennités, une très-célèbre procession du clergé et du peuple, avec une affluence presque incroyable, depuis le faubourg jusque dans la ville, à la vue de l'empereur et malgré lui: l'air retentissait d'hymnes et de cantiques; on chantait particulièrement à deux choeurs et par reprises, dit Sozomène, ce verset du psaume xcvi: Que les adorateurs des idoles soient confondus et ceux qui se glorifient dans leurs simulacres (3). Ces chants si publics et si glorieux à Dieu ne furent pas sans effet, à la confusion du malheureux apostat, parce que, peu de temps après, ce même temple du faubourg de Daphné, où le diable avait recommencé à rendre ses oracles, fut désolé par un coup de foudre, et le toit et l'idole d'Apollon, avec tous les ornements et agencements, réduits en cendre; en sorte qu'il n'en resta que les murailles et les colonnes, encore toutes noircies, pour servir à la postérité de témoignage du pouvoir absolu de ce grand Dieu, et de l'estime qu'il fait de ses serviteurs en ce monde et

(1) Lib. 3, cap. 10.

(2) Cap. 19.

(3) Confundantur omnes qui adorant sculptilia, et qui gloriantur in simulacris.

en l'autre. Voilà sans doute un effet admirable des processions, lorsque, comme celle-là, elles sont également pieuses et solennelles.

Je continue et dis qu'à mesure que l'Eglise a été en liberté elle a pratiqué ces saints exercices des processions, et les empereurs et les autres monarques plus chrétiens ont en cela montré leur zèle aux occasions. Ruffin (1) récite du grand Théodose, qu'ayant à combattre contre le tyran Eugène, il mit premièrement sa confiance en Dieu, et, pour obtenir son assistance, il allait à l'église, dit l'historien, revêtu d'un cilice, avec les prêtres et le peuple, invoquant les saints et se prosternant par terre devant leurs reliques.

Ses enfants, Arcadius et Honorius, ayant succédé à son empire, mon- ' trèrent qu'ils étaient successeurs de sa piété, par la loi qu'ils firent dans le Code, défendant à tous, sous peine de la vie, de troubler les litanies, c'est-à-dire les processions, et au peuple d'en faire aucune sans le clergé ou sans oraisons et sans la croix (2). Voilà une marque bien ancienne de la forme de nos processions, contre les hérétiques de ce temps, qui ne veulent point voir de croix.

Revenons encore à la pratique. C'est une chose assez vulgaire que, dans toute la chrétienté, dans les plus grandes nécessités on a eu recours aux processions, même du temps du jeune Théodose, lorsque les pluies étaient continuelles et que la terre ne pouvait rien produire; l'empereur commanda qu'on fît une procession, à laquelle il assista luiméme, revêtu comme un particulier, et chantant comme les autres. Voici comment Nicéphore le raconte (3): L'on fit une procession dans laquelle l'empereur lui-même, mêlé parmi les autres, et vêtu comme eux, commençait les hymnes. Incontinent après, voilà l'air qui redevint serein, et, la pluie ayant cessé tout-à-coup, la terre reprit la fécondité qu'elle avait perdue.

Il raconte encore, durant le règne du même empereur, et lorsque le patriarche Proclus gouvernait l'église de Constantinople, une autre procession qui fut ordonnée pour apaiser l'effroyable tremblement de terre qui dura l'espace de six mois, surtout dans cette grande ville, d'où la plupart des habitants furent contraints de se retirer et loger à la campagne, à cause du bouleversement des édifices; il se fit des prières générales avec pleurs et gémissements, chacun criant miséricorde. Dans le même historien, on voit que ceux d'Antioche ayant irrité ce

(1) Lib. 2, Hist., cap. 33.

(2) Laicis facere litanias interdicimus sine clericis, quæ sine oratione et cruce fieri non debent (lib. 14, De episc. et clericis).

(3) Lib. 14, cap. 3.

TOME II.

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même empereur, pour avoir abattu la statue de Placidia, sa femme, s'avisèrent de recourir à Dieu et d'implorer sa grâce par le moyen des processions; voici comment il en parle : Faisant des processions publiques, ils chantaient avec harmonie certains cantiques lugubres et propres pour donner de la pitié (1). Aussi Dieu, qui tient en ses mains les cœurs des rois, adoucit aussitôt le cœur de ce prince.

Saint Jean Chrysostôme (2), au récit de Socrate en son Histoire, voyant l'insolence des ariens dans Constantinople, et ne pouvant la réprimer par une autre voie, ordonna des processions le jour et la nuit, qui se faisaient par les rues et carrefours de la ville, auxquelles on remarqua des ferveurs extrêmes d'une dévotion extraordinaire.

Les ariens, depuis, ayant voulu imiter les processions de l'Eglise sous l'empire d'Arcadius, il leur fut défendu par l'édit du même empereur, qui jugea messéant que ceux qui refusaient d'obéir à l'Eglise pussent pratiquer ses solennités.

Saint Porphyre, évêque de Gaze, au rapport de Marc, le diacre, qui a écrit sa Vie, voyant la Palestine affligée d'une extrême sécheresse qui perdait tous les fruits, ordonna une procession solennelle; voici comment il en parle : Le matin étant venu, nous prímes la sainte croix qui marchait devant nous, et, chantant des hymnes, nous allâmes vers une ancienne église qui est située à l'occident de la ville (3).

Les processions qui se firent à Constantinople, lorsqu'elle était réduite presque à l'extrémité par les Barbares, qui l'assiégèrent sous l'empire d'Héraclius, témoignent ouvertement ce que nous disons. Le Triodion des Grecs dit que le patriarche, accompagné du clergé et du peuple, fit tout le tour des murs de la ville en priant Dieu. Et il ajoute qu'ils portaient l'image divine de la mère de Dicu (4). Le succès si favorable et miraculeux qui survint après fit assez connaître combien Dieu avait agréé cette dévotion.

Du temps de Léon-l'Isaurique, dans une semblable rencontre, on fit la même chose avec le même succès. Ils portaient, dit le même Triodion, le bois de la précieuse croix et la sainte image de la mère de Dieu, et en cet ordre, ajoute-t-il, ils faisaient le tour des murs de la

(1) Publicas peragentes supplicationes, carmina quædam luctuosa et ad commiserationem commovendam composita, numeroso concentu cantabant (l. 12, cap. 43).

(2) Lib. 6, cap. 8.

(3) Facto mane, accepto signo venerandæ crucis quod nos præcedebat, egressi sumus cum hymnis ad antiquam ecclesiam, quæ est a parte occidentali civitatis. (4) Τάς Θείας εικόνας τῆς Θεομητέρος.

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