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d'Abel. » Or, cet adverbe sicuti marque la similitude et n'exprime pas la quantité; car ce sacrifice est beaucoup plus agréable à Dieu que ne le furent ceux d'Abel, d'Abraham, de Melchisédech. La réalité vaut mieux que l'ombre, et la vérité que la figure. Nous devons donc faire plus attention à la similitude qu'à la quantité.

XI. Donc, en offrant nous ressemblons à Abel, mais en offrant bien. Faisons donc un juste partage, ce que ne fit pas Caïn, qui pécha sous ce rapport, car il offrit bien à Dieu ce qu'il devait, mais il ne s'offrit pas lui-même, et en enlevant son cœur à Dieu il ne partagea pas bien. Abel, au contraire, offrit intérieurement dans son cœur un sacrifice agréable à Dieu, en se donnant lui-même sans réserve, et en se partageant et se donnant tout entier à Dieu; et c'est pour cela qu'on lit dans la Genèse : « Dieu jeta un regard favorable sur Abel et sur ses présents, mais il ne fit attention ni à Caïn ni à ses présents » (XIV, q. vi, Et scriptum). D'abord, il tourna ses regards sur Abel et ensuite sur ses offrandes, parce que ceux qui offrent ne plaisent pas à Dieu à cause de leurs présents, mais parce que les présents plaisent à cause de ceux qui les offrent.

XII. Abraham, pareillement illustre par sa foi, s'offrait d'abord tout entier au Dieu très-haut, et c'est pour cela que, lorsqu'il portait ses offrandes au Seigneur, il lui offrait des hosties pacifiques. Dieu exigea de lui qu'il lui sacrifiât ses affections paternelles, afin que, sachant comment il a obéi, nous imi tions son exemple. « Prends, lui dit-il, prends ton fils unique que tu aimes, Isaac, et offre-le-moi en holocauste sur une des montagnes que je te désignerai. » Et, aussitôt, il trouva Abraham prompt et obéissant; bien plus, il se plaît à nous le montrer tel.

XIII. Melchisédech, de son côté, s'il ne se fût d'abord luimême offert comme un sacrifice agréable à Dieu, n'eût pas vu par avance les causes des choses futures, lui qui, plongeant dans l'avenir par un regard mystique, offrit le premier le sa

crifice du pain et du vin, car il était prêtre du Dieu très-haut. Ces trois personnages sont appelés les pères de l'Ancien-Testament, parce que leurs sacrifices, d'une manière plus spéciale, figurèrent le sacrement de l'Eucharistie. En effet, que signifie Abel offrant les premiers-nés de son troupeau, sinon le Christ, premier-né pris au milieu de ses frères nombreux? Le Christ n'a-t-il pas été tué méchamment par le peuple juif, comme Abel le fut lui-même par la jalousie de son frère? Car, selon l'Apôtre, il est l'Agneau qui a été mis à mort dès l'origine du monde. Que désigne le sacrifice d'Abraham offrant son fils unique et bien-aimé, si ce n'est la passion du Christ, dont l'Apôtre dit : «< Dieu n'a pas épargné son propre fils, mais il l'a livré pour nous tous? » — « Celui-ci est, dit-il, mon fils bienaimé, dans lequel j'ai mis mes complaisances. » Le sacrifice de Melchisédech a aussi préfiguré d'une manière si précise le sacrifice nouveau, que l'on a dit d'avance : « Tu es prêtre pour l'éternité, selon l'ordre de Melchisédech, » qui, d'après l'Apôtre, assimilé en tout au Fils de Dieu, demeure prêtre pour l'éternité. Abel est appelé puer (enfant), non tant à cause de son enfance qu'à cause de sa pureté, d'après ces paroles : << Voici mon enfant chéri que j'ai choisi : j'ai placé sur lui mon esprit. » Abraham est appelé patriarche, non tant du peuple israélite que du peuple chrétien. Il est le père du premier par la chair, celui du second par la foi, d'après ces paroles : « Ton nom ne sera plus désormais Abram (a), mais tu seras appelé Abraham (b), parce que je t'ai établi le père de beaucoup de nations. >> Melchisédech est appelé roi de justice, ensuite roi de Salem, c'est-à-dire de la paix, à cause de ce que qu'on lit : <«< Dans ses jours naîtront la justice et l'abondance de la paix, jusqu'à ce que la lune disparaisse. » Le pape Léon 1er a ajouté au canon: sanctum sacrificium, immaculatam hostiam.

(a) Père élevé.

(b) Père d'une grande multitude.

CHAPITRE XLIV.

DE LA NEUVIÈME PARTIE DU CANON.

1. Supplices te rogamus, « Nous te prions avec supplications. > Ces paroles sont la neuvième partie du canon. Le pontife, comme l'ordonnait la loi, et comme nous l'avons dit dans la préface de cette partie, faisait des aspersions sur la table et l'autel, et sur le sacrifice extérieur, avec le sang pacifique. Le Christ aussi arrose son Père de son sang autant de fois qu'il l'apaise par la chair dont il s'est revêtu. Il arrose l'autel aussi longtemps qu'il restaure la troupe des anges; il arrose le sacrifice extérieur en sanctifiant les hommes et en réconciliant avec son Père ceux qui sont sur la terre. Le prêtre fait une aspersion sur ces mêmes hommes, parce que ce sacrifice apaise Dieu et obtient leur pardon; il fait encore des aspersions sur eux, parce que celui qui nous purifie augmente le nombre des citoyens du ciel; il en fait aussi dans l'intérieur du tabernacle, comme nous l'avons dit dans la particule précédente. En disant ces mots : sublime altare, il rappelle le saint des saints. Or, après la cène, l'hymne ayant été récité, Jésus sortit et se dirigea vers le mont des Oliviers, au-delà du torrent de Cédron, et, s'étant avancé un peu, il tomba sur sa face, et pria en disant : << Mon Père, si c'est possible, éloigne ce calice de moi ; » ́puis il s'isola une deuxième et une troisième fois, et pria en répétant les mêmes paroles; et, étant tombé en agonie, il priait plus longtemps encore, et une sueur semblable à des gouttes de sang coula de son corps sur la terre ; puis, retournant vers ses disciples, il dit : « Levez-vous, allons, voilà que celui qui va me trahir approche. » Or, le traître donna un signal à ceux qui l'accompagnaient, en disant : « Celui que j'embrasserai

est Jésus, emparez-vous de lui. » Et aussitôt, s'approchant, il lui donna un baiser.

II. Or, parce que Jésus, tombant la face contre terre, pria en disant : « Mon Père, si c'est possible, etc., » c'est pour cela que le prêtre, s'inclinant, prie et dit: Supplices te rogamus, << Nous te supplions; » ou bien encore, l'inclinaison du prêtre signifie que le Christ rendit l'esprit, comme nous l'avons dit dans la préface du canon. Nous avons parlé des inclinaisons au chapitre de la Confession. De même, en disant: ut quotquot ex hac altaris, etc., il baise une fois l'autel, pour représenter le baiser du traître après que le Seigneur eut fini sa prière et se fut levé. Quelques-uns baisent trois fois l'autel, pour rendre grâces à la Trinité, qui, par la passion du Seigneur, a réconcilié le genre humain. D'autres le baisent deux fois, pour marquer qu'il y a dans le Christ une double nature, ou qu'il a souffert en ame et en corps.

III. Or, comme le Seigneur, dans son agonie, prolongea sa prière en répétant trois fois la même chose, le prêtre, pour signifier cette particularité, fait trois croix; il fait la première sur l'hostie, en disant : Sacrosanctum Filii tui corpus; la seconde sur le calice, en disant et sanguinem; et la troisième en se signant lui-même sur le front, en disant : omni benedictione cœlesti. Peut-être est-ce à cause de la sueur du corps qu'il fait une croix sur le corps, et à cause des gouttes de sang qu'il en fait une sur le sang. Peut-être en fait-il une troisième sur lui-même au front, pour marquer que Jésus tomba la face contre terre en priant. Ou, plutôt, la croix qu'il fait sur le corps désigne les liens qui attachèrent le corps du Christ; celle sur le sang désigne les verges dont il fut battu et le sang qui sortit de ses plaies. Touchant les liens. dont il fut attaché, on lit : « Les serviteurs des Juifs s'emparèrent de sa personne et le lièrent, et, après l'avoir attaché, ils le conduisirent et le livrèrent à Ponce-Pilate. » Touchant les verges, on lit : « Pilate prit Jésus, et flagella Jésus, » par

les meurtrissures duquel nous avons été guéris. Or, par la troisième croix que le prêtre imprime sur sa face, il rappelle que les Juifs crachaient au visage de Jésus, lui donnaient des soufflets sur la figure, et lui couvraient la face d'un voile, en disant : « Devine, ô Christ! qui est celui qui t'a frappé. » Troisièmement, la croix qui se fait sur le corps désigne le martyre du Christ; celle qui se fait sur le sang désigne le martyre des saints. Quatrièmement, les deux premières croix signifient que le Christ a souffert pour deux peuples; la troisième, qui se fait sur la face, indique que le Christ a souffert dans son corps; mais d'autres ne font pas les deux croix susdites.

IV. Il faut encore considérer que le prêtre, en disant Supplices, etc., se tient incliné, les deux mains jointes devant la poitrine, pour désigner que l'humilité de la prière, figurée par l'inclinaison, mérite enfin d'être exaucée en cet endroit, et non ailleurs, si elle procède de la foi du cœur, c'est-à-dire de l'esprit. Je veux parler de la foi agissant par l'amour; et c'est cette opération de la foi que l'on entend par le croisement des mains, parce qu'il y a certaines œuvres de la vie active et certaines autres de la vie contemplative. Les œuvres de la vie active sont comparées, en quelque sorte, conjointement aux œuvres de la vie contemplative, comme la main gauche s'appuie sur la main droite, par la raison que les œuvres de la vie active, comme placées au-dessous ou inférieures, disposent aux œuvres de la vie contemplative, et que les œuvres de la vie contemplative, comme placées au-dessus ou supérieures, confirment et perfectionnent les premières. C'est pour cela que, dans la jonction des mains, la droite est placée au-dessus de la gauche. Le prêtre prie de nouveau les mains jointes sur la poitrine, comme si, par ce fait même, il disait : « Je te supplie par ta croix et par ta passion, d'ordonner que ces offrandes soient portées, etc. » Car la jonction des mains figure la passion du Christ, et la droite, qui signifie la résurrection, est

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