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a souffert pour nous. Et saint Augustin explique ainsi les paroles précitées : « Benedictam (bénie), par laquelle nous sommes bénis; adscriptam (inscrite), par laquelle nous sommes tous inscrits dans le ciel; ratam (ratifiée), par laquelle nous sommes censés dans les entrailles du Christ, c'est-à-dire faisant partie du corps du Christ, qui est l'Eglise; rationabilem (raisonnable), par laquelle nous sommes dépouillés du sens bestial; acceptabilem (acceptable), afin que nous, qui nous sommes à charge à nous-mêmes, nous soyons, par cette hostie, agréables au Fils unique de Dieu; » et il ajoute que le prêtre emprunte le récit des évangélistes, en disant : « qui pridie quam pateretur; qui, la veille de sa passion, etc. » Saint Ambroise dit que ces paroles : quam oblationem adscriptam, rationabilem, etc., sont les paroles de l'évangéliste, jusqu'à ces mots : « Accipite et manducate, et bibite ex eo omnes; Prenez et mangez, et buvez-en tous; >> et d'autres prétendent que le pape Alexandre Ier ajouta au canon ces paroles : « qui pridie, » jusqu'à ces mots : « Hoc est corpus meum, Ceci est mon corps. >>

CHAPITRE XLI.

DE LA SIXIÈME PARTIE DU CANON.

I. Ces mots : qui pridie quám pateretur, sont la sixième partie du canon, et le pape Alexandre Ir, dit-on, les y ajouta, comme on l'a vu plus haut. Ce qui se passe en cet endroit représente ce que fit le Christ dans la cène, et voici le sens de ces paroles qui pridie quam pateretur, c'est-à-dire : Le jour avant celui où notre Seigneur souffrit pour nous, il voulut livrer le mystère de son corps et de son sang à ses disciples, afin qu'eux-mêmes

nous le transmissent.

II. Car ce fut le quinzième jour du premier mois, qui alors

était la sixième férie, que le Christ souffrit; et la nuit précédente, c'est-à-dire à la quatorzième lune du premier mois, vers le soir, afin de remplir les Ecritures, après la pâque typique il institua le sacrement de son corps et de son sang, et l'Eglise nous en a laissé la tradition et nous en a recommandé le fréquent usage; car c'est ainsi que ce sacrement avait été figuré par avance dans l'Exode : « Au dixième jour du premier mois, que chacun prenne, dans sa maison, un agneau par famille, et il le conservera jusqu'au quatorzième jour de ce mois, et tout Israël l'immolera sur le soir; et ils prendront le sang de l'agneau, et ils en teindront leurs portes et le seuil de leurs maisons dans lesquelles ils le mangeront. » Et plus loin on lit : « Car c'est le passage (en hébreu phase, en grec пɑoxa, en latin transitus) du Seigneur. >>

III. Or, il faut noter ceci, que, comme la manne fut donnée aux Hébreux après le passage de la mer Rouge, où les Egyptiens étaient déjà engloutis, ainsi l'eucharistie est donnée aux chrétiens après l'absolution du baptême, lorsque déjà les péchés sont effacés, pour que, par le baptême, nous soyons purgés du péché, et que, par l'eucharistie, nous soyons confirmés dans le bien. Car, de même que la manne conduisit ce peuplelà dans la terre promise, à travers de vastes solitudes, sans chemin frayé, ainsi l'eucharistie conduit ce peuple-ci vers la patrie du paradis, à travers l'exil de la vie présente. L'eucharistie est ainsi nommée, parce qu'on ne trouve pas, pour exprimer dignement un}si grand sacrement, de terme plus convenable que le mot grec Euxapiatia, qui, selon saint Isidore, signifie en latin bona gratia (bonne grâce); ou, selon d'autres, dator gratiæ (donneur de grâces). On l'appelle encore, et avec raison, viaticum (viatique), parce qu'elle conduit vers la patrie ceux qui tombent en faiblesse (in via) dans le chemin. Car, de même que la manne ne manqua point aux enfants d'Israël depuis le passage de la mer Rouge jusqu'à leur arrivée à la terre de promission; de même, pour

TOME II.

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les fidèles régénérés par le baptême, rougis et sanctifiés par le sang du Christ, l'eucharistie ne manquera pas jusqu'à la fin des siècles. Bien plus, elle ne manquera pas même alors, si ce n'est qu'elle ne sera plus prise d'une manière sensible, mais nous verrons Dieu face à face.

IV. Selon les Hébreux, hostie vient du mot ostium (porte), parce qu'elle était offerte à l'entrée du tabernacle. Selon les Gentils, hostie vient de hostis (ennemi), parce que c'était après la défaite des ennemis que l'on offrait une hostie, c'està-dire un sacrifice; et la victime s'offrait pour obtenir la victoire, comme on l'a vu au chapitre de l'Oblation. L'hostie est encore appelée immolation, parce que le Christ y est immolé sacramentellement, lui qui, une fois, a été immolé en vérité, pour nos péchés, sur la croix. Immolatus vient de mola, gâteau qu'on avait coutume de faire avec une espèce de froment appelé far ou ador. Or, ce qui est arrivé auparavant pour la manne s'achève dans l'eucharistie; car, quelque partie que chacun reçoive, il reçoit toute l'eucharistie, comme il arriva de la manne, puisque celui qui en avait le plus amassé n'en avait pas davantage, et celui qui en avait ramassé le moins n'en avait pas une moindre quantité. La manne figurait donc l'eucharistie, ce pain céleste dont le Sage dit : « Il a donné du ciel un pain qui, sans aucun travail, renferme en lui tout agrément, et dont le goût a une suavité suprême; » parole que le Christ s'applique en ces termes : « Ego sum panis vivus qui de cœlo, etc.; Je suis le pain vivant, descendu du ciel ; celui qui mangera de ce pain vivra éternellement, et le pain que je donnerai est ma chair, qui a été livrée et qui donne la vie au monde. » Et il faut remarquer que dans l'Eglise on reçoit le corps du Christ lorsqu'on prend le pain, quand on offre le pain béni et quand on reçoit la bénédiction, comme il sera dit au chapitre du Baiser de paix. Or, celui qui veut communier doit être rempli de crainte, de foi et de joie (De consec., dist. II, Timorem).

V. Suivent ces mots : accepit panem, etc.; «< il prit du pain. » On lit que Melchisédech, le premier, célébra ce rit dans le sacrifice, en offrant le pain et le vin, car il était prêtre du Dieu très-haut. D'où vient que David, s'adressant au Christ, dit: << Tu es prêtre pour l'éternité, selon l'ordre de Melchisedech, etc. » Le sacrifice de l'ancienne loi a donc précédé le sacrifice évangélique, non-seulement par la dignité, mais encore par rapport au temps, comme l'Apôtre le montre plus pleinement dans l'épître aux Hébreux. C'est pour cela que le Christ choisit le pain et le vin pour le sacrifice de son corps et de son sang, afin que, dans la réception du corps et du sang du Christ, on sache qu'il y a un aliment parfait ; car, de même que le pain soutient le corps de l'homme d'une manière plus excellente que toutes les autres nourritures corporelles, que le vin réjouit le cœur de l'homme d'une manière plus parfaite que tous les autres breuvages corporels, ainsi le corps et le sang du Christ refont et rassasient l'homme intérieur d'une manière supérieure à toutes les autres nourritures et à tous les autres breuvages spirituels. C'est ce qui a fait dire au Psalmiste: << Que ta coupe enivrante est excellente! » C'est en ces deux choses que consistent la plénitude et la perfection de la réfection, comme le Christ l'atteste lui-même : Caro mea vere est cibus et sanguis, etc.; « Ma chair est vraiment une nourriture, et mon sang est vraiment un breuvage. » Nous reviendrons encore sur ce sujet à la particule septième du canon, sur cette parole: Hic est calix.

VI. Au reste, le pain doit être de froment, et le vin doit être dụ vin de la vigne, parce que le Christ lui-même s'est comparé au froment, lorsqu'il dit : « à moins que le grain de froment, tombant dans la terre, ne vienne à périr, il reste seul et improductif. » Il se compare aussi à une vigne, lorsqu'il dit : « Je suis la vigne véritable. » Il fut encore luimême la grappe pressée sous le pressoir de la croix; d'où vient qu'Isaïe dit : « Tes vêtements sont comme ceux du

vigneron qui foule aux pieds le raisin. » Or, ni la grappe de raisin, ni le grain de froment ne doivent être offerts, à moins que l'une ne soit pressée et réduite en la liqueur du vin, et l'autre en pain (De consecrat., d. xv, Cum omne), parce que le Christ dit qu'il est pain, et se compare au froment. Cependant, dans le canon des apôtres (Bucard, lib. v, cap. Si quis), il est dit : « Si quelqu'un, évêque ou prêtre, contre la règle établie par le Seigneur, offre sur l'autel, en sacrifice, certaines matières, comme par exemple, du miel, du lait ou de la bière au lieu de vin, ou certaines autres choses fabriquées, ou des oiseaux, ou des animaux quelconques, n'observant point ce qui a été réglé par la loi, qu'il soit déposé. » On a parlé de cela au chapitre de l'Oblation du prêtre.

VII. On ne doit point mettre de sel dans le pain, quoique certains hérétiques fassent le contraire et cela parce qu'il a été écrit : « Tout ce que tu offriras en sacrifice, tu l'assaisonneras de sel; » et ceci : « Tu n'enlèveras pas du sacrifice le sel de l'alliance du Seigneur ton Dieu; » et encore : « Dans toutes tes oblations, tu offriras le sel; » et dans l'Evangile : «< Toute victime sera salée; » ce qui s'entend du sel de discrétion, et non du sel matériel.

VIII. Or, le pain eucharistique a la forme d'un denier, tant parce que le pain de vie a été livré pour des deniers, que parce que le même denier doit être donné en récompense à ceux qui travaillent à la vigne, et il est de forme ronde, comme il a été dit au chapitre de l'Oblation. Car sur ce pain est souvent gravé le nom et l'effigie de notre Empereur (q. 1, Quod quidam, in fine), parce que c'est par lui que nous sommes reformés à l'image de Dieu et que nos noms sont écrits sur le livre de vie. Quelques-uns même y figurent un agneau, tant parce que Celui qui est immolé est un véritable agneau, que parce qu'on lit dans l'Exode: «Or, voici ce que vous ferez sur l'autel : vous offrirez des agneaux, et immédiatement après du vin pour faire des libations sur l'agneau. »

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