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mortelle, ainsi le corporal est fait de lin blanc et non teint, d'après la règle établie par le pape Sixte-Eusèbe. >>

III. Le corporal symbolise le but de la passion ou le corps du Christ, parce que, de même que le lin n'acquiert sa blancheur qu'après beaucoup de travail et un grand nombre d'opérations diverses (tunsionibus), ainsi la chair du Christ n'est arrivée à la gloire de la résurrection qu'après un grand combat. Le corporal symbolise aussi l'Eglise, qui figure elle-même le corps du Christ, et elle n'arrive à l'éclat de la vie éternelle qu'après beaucoup de souffrances et d'afflictions. Troisièmement, le corporal signifie le Christ. Or, de même que le corporal est plié de telle façon qu'on n'en voit ni le commencement ni la fin (a), ainsi la divinité du Christ n'a pas eu de commencement et n'aura jamais de fin. Et, de même que l'hostie est déposée sur le corporal et ensuite mise sur l'autel, ainsi la chair du Christ, unie à sa divinité, a été attachée à la croix.

IV. Et remarque que dans certaines églises la palle dite corporal, que l'on met sous le calice, s'étend le long de l'autel; elle a quatre plis en longueur et trois en largeur. On l'étend le long de l'autel, parce que, au dire de quelques-uns, le linceul dans lequel le corps du Fils de Dieu avait été enveloppé fut trouvé ainsi étendu dans la longueur du sépulcre. Ses quatre plis en long désignent les quatre vertus cardinales, savoir la justice, la prudence, la tempérance et la force, par lesquelles sont réprimées les passions qui nous sont naturelles.

(a) Ut nec initium, nec finis ejus appareat. Le corporal, appelé aussi linceul, comme le dit Durand, ne se distinguait pas autrefois de la palle. Palle vient de pallium, manteau ou couverture : les nappes et les corporaux qui couvraient l'autel étaient appelés pallæ, palla corporalis. Le corporaljétait autrefois aussi long et aussi large que le dessus de l'autel, et il était si ample, qu'on le repliait sur le calice pour le couvrir (Greg. Turon., lib. 7, cap. 12). Mais, comme cela était embarrassant, surtout depuis qu'on a fait l'élévation du calice, que quelques-uns voulaient tenir couvert même en l'élevant, on a fait deux corporaux plus petits, l'un qu'on étend sur l'autel, et l'autre plié d'une manière propre à couvrir le calice. L'on a mis ensuite un carton entre deux toiles, afin qu'il fût ferme et qu'on le prît plus commodément, et on lui a toujours laissé le nom de palle.

Les trois plis du corporal dans sa largeur désignent les trois vertus théologiques, savoir : la foi, l'espérance et la charité, par lesquelles nous sommes unis à Dieu. Ces plis peuvent encore avoir d'autres significations. Or, la palle dite corporal se compose de deux pièces, une que le diacre étend sur l'autel, l'autre qu'il met sur le calice après l'avoir pliée, ce qui figure les deux linceuls dans lesquels Joseph enveloppa le corps du Christ. La pièce étendue sur l'autel représente le suaire dans lequel le corps du Christ fut enseveli dans le tombeau, et voilà pourquoi on l'appelle corporal; la pièce pliée et mise sur le calice figure le suaire dans lequel la tête du Christ fut séparément enveloppée. La pièce étendue que l'on appelle corporal signifie la foi; celle qui est pliée, et que l'on appelle suaire, représente l'intelligence: car ce mystère doit être cru, mais il ne peut être compris, afin que la foi ait un mérite indépendant des preuves que donne la raison humaine (De pœn., d. IV, in Domo). Deuxièmement, le corporal, qui fait l'office de linceul, signifie aussi l'humilité du Christ dans sa passion, et le suaire figure ses souffrances. Troisièmement, le corporal représente le linge dont le Christ se ceignit les reins le soir de la Cène, et le suaire représente ses fatigues au milieu des persécutions. La palle que l'on met sur le calice ne couvre pas toute la partie supérieure de ce vase, pour donner à entendre que le suaire couvrait une partie de la tête du Christ et en laissait une autre à découvert, comme c'est la coutume chez les Juifs. Cependant quelques églises n'ont qu'un corporal, parce qu'on lit dans l'Evangile que Joseph enveloppa le corps de Jésus dans un drap blanc, et non dans plusieurs; et c'est pour marquer l'unité du sacrement et représenter le linceul dans lequel le corps du Christ fut enseveli.

V. Le corporal reste sur l'autel jusqu'après la consommation du corps et du sang du Christ, et jusqu'à ce qu'on enlève le calice de dessus l'autel, parce que le linceul et le suaire restèrent dans le tombeau jusqu'au moment de la résurrection.

TOME II.

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En outre, le corporal étendu sur l'autel montre, par sa blancheur, la pureté d'esprit que doit toujours avoir celui qui reçoit le corps du Seigneur.

VI. Le pape Soter (xx1 d., Sacratas) établit qu'aucune sainte femme ou religieuse ne toucherait au calice, à la patène, aux saintes palles et au corporal. Cependant elles peuvent confectionner les ornements de l'autel et des prêtres, à l'exemple de Marie, qui fit divers tissus pour servir au mystère du tabernacle d'Alliance.

VII. Communément on donne le nom de palle à la nappe blanche sur laquelle on développe et l'on étend le corporal. Son nom palle vient de ce qu'elle couvre (palliat) ou cache en elle-même le mystère dont nous venons de parler. L'autel doit être couvert de deux nappes, pour figurer la robe de l'ame et celle du corps.

CHAPITRE XXX.

DE L'OBLATION DU PRÊTRE,

DE L'OFFICE DE SES MINISTRES PENDANT CE TEMPS-LA, DE LA PATÈNE, ET DES OFFRANDES DU PEUPLE ET DES CLERCS.

I. Le célébrant s'étant lavé les mains, le diacre ou le prêtre qui l'assiste, étendant ses mains munies d'une blanche serviette (tobalia) (a), prend les mains de l'évêque comme pour l'aider à se lever de son fauteuil; cependant, ce n'est pas tant pour l'aider que pour l'inviter, lui qui est la figure du Christ, à se lever et à prier pour le peuple, selon cette parole : « Lève-toi, « Seigneur, secoure-nous. » Et ailleurs : « Lève-toi, toi qui << dors. » Cette blanche serviette que l'assistant tient entre ses mains est pour figurer qu'il n'y a que la vue de la pureté de

(a) C'est notre vieux mot toaille, touaille, aujourd'hui toile.

nos mains, c'est-à-dire de nos œuvres, qui engage le Seigneur à nous aider tous auprès de son Père. Or, si l'on rapporte cette cérémonie au pontife, vicaire du Christ, on peut dire alors qu'il est invité à venir en aide à ceux pour lesquels il prie, en voyant la blancheur de leurs mains, et à donner à sa prière toute l'efficacité possible. C'est le Christ qui est le principal auteur de toutes les bonnes œuvres qui se font dans l'Eglise, comme on le lit dans Isaïe : « Seigneur, c'est toi qui as fait << en nous toutes nos bonnes œuvres. » Or, l'évêque tient la place de Dieu. Quant au ministre, qui est comme son serviteur, comme son coadjuteur, il représente l'Eglise coopérant avec le Christ, et qui, dans tout ce qu'elle fait, est la servante et l'aide du Christ, qui est le principe de toutes ses actions, comme dit l'Apôtre : « Nous sommes les coadjuteurs de Dieu, › qui donne la serviette, c'est-à-dire le respect dévoué; car, selon l'Apôtre, «< nous ne sommes pas capables de former de nous« mêmes aucune bonne pensée comme venant de nous-mê« mes; mais c'est Dieu qui nous en rend capables. »

II. Ensuite, l'évêque ou le prêtre célébrant entre dans le sanctuaire et monte à l'autel consacré ; il représente alors le Christ, qui entra dans une grande chambre haute toute meublée, pour y faire la cène avec ses disciples et leur donner son corps. Quand le célébrant reçoit l'offrande de la main de ses assistants, il représente ce que raconte Jean l'évangéliste en ces termes : « Jésus, dit-il, six jours avant la Pâque, vint « à Béthanie, où il avait ressuscité Lazare d'entre les morts. « On lui apprêta là à souper, et Marthe servait. »

III. L'évêque s'avance à l'autel sans mitre et sans crosse, revêtu des ornements sacrés, comme on l'a dit en son lieu. Considère l'ordre du sacrifice : l'évangile se dit d'abord, la foi suit dans le symbole, ensuite sont offerts les présents. Il faut, en effet, d'abord entendre la parole de Dieu : « Comment, dit l'Apôtre, croiront-ils dans le Seigneur, si personne ne leur << prêche? >> Ensuite, nul ne peut offrir à Dieu un présent qui

lui soit agréable, s'il n'a une foi droite, parce que sans la foi il est impossible de plaire à Dieu. Nous devons donc parler ici des trois espèces d'offrandes, savoir : de l'offrande du prêtre, des assistants et du peuple. Le prêtre s'offre lui-même le premier à Dieu.

IV. On doit offrir à Dieu ce qui vient de Dieu, c'est-à-dire les ames, qui ont en elles la ressemblance de Dieu imprimée ; puis on offre les choses nécessaires au sacrifice, savoir : le pain, le vin et l'eau, et autres choses convenables.

V. Et remarque que dans l'Ancien-Testament on mettait sur la table du tabernacle douze pains azymes très-blancs (11), six à chaque bout de la table, et chaque pain était sur un plat d'or garni d'une poignée d'encens.

VI. Ces pains furent appelés sacerdotaux, parce que les seuls prêtres pouvaient les prendre, les ôter de l'autel pour les manger, ou, selon Josèphe, parce que le Seigneur avait commandé que les seuls prêtres les pétriraient, les feraient cuire, les placeraient sur la table et les y prendraient, toutes choses que cependant ils n'observèrent pas. Et cela prouve que les prêtres doivent faire les hosties eux-mêmes (12).

VII. On appelait ces pains pains de proposition, parce qu'ils étaient placés sur la table de proposition, devant le Seigneur, comme un souvenir éternel des douze tribus des enfants d'Israël, ou parce qu'ils étaient porro positi, c'est-à-dire placés pour un long temps, savoir, pour toute une semaine. Car dès le point du jour du sabbat on en mettait de nouveaux et de tout chauds sur cette table, et ils y restaient, sans qu'on y touchât, jusqu'au sabbat suivant, et alors on les enlevait, ou ils y restaient toujours dans le même ordre qu'on les y avait mis.

VIII. L'hostie est ronde, parce que la terre appartient au Seigneur avec tous les pays qu'elle renferme dans son cercle et avec tous ceux qui l'habitent (vi dist., Quo jure); et la forme même de l'hostie représente Celui qui n'a ni commencement

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