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DEUXIÈME PARTIE.

LES ÉVÊQUES DE BETHLEEM,

DEPUIS LA PRISE DE POSSESSION

DE L'HÔPITAL ET DE L'ÉGLISE DE PANTENOR,
DANS LE COMTÉ DE NEVERS.

En l'année 1147, avant de quitter le monde pour se retirer à la Grande-Chartreuse, Guillaume II, comte de Nevers, établit un hôpital sur les bords de l'Yonne, à Clamecy, dans le faubourg de Pantenor.

L'acte de fondation de cette maison-Dieu nous a été conservé par deux copies vidimées portant, l'une, la date de 1292, et l'autre, celle de 1301. Nous reproduisons ici le texte de 1292, qui paraît être le plus correct; mais l'écriture en ayant été altérée en divers endroits, la copie de 1301 nous a servi à combler les lacunes.

<< (In nomine Sancte et indi) vidue Trinitatis. Ego Willer» mus Nivernensis comes, et milites et burgenses Clamiciaci, >> decrevimus atque constituimus apud Clamaciacum edificare » domum Dei, vidilicet granchiam meam, que est (ultrà Ica>> onam in usus pauper) um, et terram que est ultrà Icaonam, » de qua tertias habebam, et de alia si inveniri poterit, aut » plana aut nemorosa quantum labori unius carruce sufficiat. » Concedo etiam predicte domui Brunonem et uxorem ejus » (cum tota possessione sua. Si) vero censum vel costuman

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» michi debet, clamo quietum; et si de terra mea unde cen>> sum vel costumam habeam emetur in domo vel dabitur, >> similiter clamo quietum. Vicecomes arpentum prati et juge» rum (terre que est juxta Batonem; et) si aliquid emetur in » terra sua vel dabitur unde costumam habeat clamat quie» tum. Stephanus Albus dedit de feodo forestarii ad necessa>> ria domus; Guido Rufus, duodecim censuales quos Odo » Asce(lini reddit; Lambertus de Sanc)to Germano et Symon » de Amasiaco, quicquid habent in pratis Cunciaci et Cave Ruppis; Ugo Rustelli, arpentum prati in Praelis; Reinaudus » de Aula, duodecim et usus in nemore Pulsoli; Guido (Voaigine, duodecim denarios qui sunt in domo et in olcha Radul» phi Figuli de Armis; Isembardus Bardet, sex denarios; Ugo » Fradelli, sex denarios; Guido Gaudrici, sex denarios; Aceli» nus, sex denarios; Willermus Chacebox, minam annone » censualem, et (jugerum terre et usus in) nemoribus suis; » Ballavena, quator denarios; Capellanus, duos; Odo Cam» berlanus, arpentum prati; Gauterus prepositus, arpentum prati; Nocherus, quator denarios, et in nemore de Armis. » usus in parte (sua; et Guido Gavonis similiter); Symo de » Romana, usus in nemoribus Luciaci in parte sua; Gauterus >> Ascelini, sex denarios qui sunt in prato quod est Croie » Barons; Pincerna, quatuor; Vilanus, quatuor denarios; >> Obertus Doltrione, jugerum terre et (obolum census; præ» terea Arduinus molendinarius et Willermus qui est) gener ejus, duo jugera terre que in prato sunt redacta; Benedictus » Carnifex, vineam que est in Costa Baudini; Raymundus, » vineam; Gofridus de Foiso, quinque denarios; Tebertus, » duos denarios; (Herbertus Rufus et fratres ejus, pratum » Cave Ruppis; M)archedus, jugerum terre ad quercum, et >> obolum census; Gauterus Bochard, sex denarios; Stepha» nus Pincerna, tres denarios; Guido de Viridario, vineam; » Ugo Vetule Rome, sex denarios; Gauterus nepos, sex (dena>> rios; uxor Raimundi, duos denarios); Ocenda secunda uxor Doriducii), unum denarium; uxor Christiani clamat » quietos decem denarios census; Britius Balavena, tres de» narios. Actum est hoc apud Clamiciacum et confirmatum

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» in presentia Domini Episcopi Autissiodorensis, (et in pre» sentia Willermi comitis Nivernensis, qui apud chartosam) » obiit (1), et Willermi filii ejus; Eugenio papa, Ugone epis» copo Autissiodorensi, Ludovico rege, Willermo comite, » anno ab incarnatione Domini millesimo centesimo » XLVII. >

Nous lisons dans ce document, que Guillaume II ayant voulu, de concert avec les nobles et les bourgeois du pays, édifier à Clamecy, au-delà du pont de l'Yonne, une maisonDieu pour l'usage des pauvres, dota ce nouvel hôpital. Il lui donna une grange avec le terrain qui l'entourait; une pièce de terre, soit en plaine, soit en bois, d'étendue suffisante pour occuper une charrue; il ajoutait un homme nommé Bruno, avec sa femme et tout leur héritage. Il fit également remise de son droit de coutume et de censive sur ce qui serait donné à cette maison-Dieu ou acheté par elle. La charte fait mention des diverses personnes qui contribuèrent à la dotation de l'hôpital on y voit figurer d'abord le vicomte de Clamecy, puis Étienne Leblanc, Gui Leroux, Lambert de Saint-Germain, Simon d'Amazy, Hugues Rusteau, Regnault de La Cour, Gui d'Ouagne, Isambert Bardet, etc., etc. Il est dit enfin que cet acte fut fait et approuvé à Clamecy, en présence de l'évêque d'Auxerre, de Guillaume, comte de Nevers (qui mourut à la Grande-Chartreuse), et de Guillaume, son fils, sous le pontificat d'Eugène (III), l'épiscopat de Hugues (de Mâcon), évêque d'Auxerre, et le règne de Louis (VII), Guillaume (II) étant comte de Nevers, l'an de l'incarnation 1147.

Guillaume II s'étant retiré à la Grande-Chartreuse, son fils Guillaume III lui succéda. A la mort de ce dernier, survenue en 1161, Guillaume IV devint à son tour comte de Nevers. Ce prince avait fait vœu d'aller en Terre-Sainte pour secourir

(1) Nous rappelons que cette charte ne nous a été conservée que par des vidimus; il n'est donc pas étonnant que les copistes de 1292 et 1301 aient ajouté ces mots : qui apud charlosam obiit, pour distinguer le fondateur de l'hôpital, Guillaume II, de son fils Guillaume III qui assistait également à la rédaction de cet acte de fondation.

les chrétiens, et partit en 1167; mais à peine arrivé en Palestine il tomba malade, et mourut l'année suivante. (1)

Voici en quels termes Guillaume de Tyr parle de la mort de ce personnage: « Le seigneur Guillaume, comte de Nevers, » qui estoit un grand prince, noble et puissant du royaume » de France vint en Jérusalem, suyvi d'une honneste compa» gnie de gens de guerre, ayant proposé de militer au service » de la chrestienté contre les ennemys de la foy à ses propres >>cousts et despens. Mais la mort enuyeuse sur ses heureux » actes, prevint miserablement devant le temps et en sa fleur » d'aage ses pieuses et honnestes entreprinses. Car estant subi»tement surpris d'une langueur de longue durée, après » grandes afflictions souffertes en son corps, fina là sa vie en » la première fleur de sa plaisante jeunesse, non sans grands » pleurs et gemissemens d'un chascun (2). »

Ce prince, sentant sa fin prochaine, avait fait son testament. Il demanda que son corps fût inhumédans la ville qui avait vu naître Jésus-Christ. Et, voulant donner aux évêques de Bethléem un lieu de refuge au cas qu'ils fussent un jour chassés de Terre-Sainte par les infidèles, il légua à notre prélat Raoul l'hôpital que Guillaume II avait fait élever à Clamecy, au faubourg de Pantenor. Il lui donna en même temps (3) « le >> bourg même de Pantenor, le territoire de Centbouf ou Cem» bof (aujourd'hui Sembert) (4); le village de La Maison

(1) Chronicon Vizeliacense, ab anno 660, ad annum 1316. Nova Bibliotheca manuscript., LABBÉ; Paris, 1657, t. Io, p. 397.

Nous

(2) Guill. DE TYR, liv. XX, ch. III, trad. par Gab. du Préau. devons dire que tous les contemporains de Guillaume IV ne parlent pas de ce prince d'une manière aussi élogieuse. Jean de Salisbury écrivait à Jean, évêque de Poitiers: « Ce sont les larmes des veuves qu'il a » opprimées, les gémissements des pauvres qu'il a vexés, les plaintes » des églises qu'il a dépouillées, qui sont cause qu'il a échoué dans son expédition et qu'il est mort sans honneur au champ de la gloire. (Inter epist. S. Thomæ Cant. 1. I, epist. 103). Art de vérifiør les dates, Paris, 1784, t. II p. 561.

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(3) Voir plus loin deux chartes de 1224.

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(4) Sembert est aussi appelé sur d'anciens titres: Cembeuf, Sambef et Cunbot.

» Dieu-sous-Cersy, avec ses vignes et appartenances; le bois » appelé Hasta Comitis (1); et, auprès de Montreuillon, le bourg

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qui est au-delà des ponts. » De plus, il fit remise à l'évêque de Bethleem du droit d'indemnité pour tout ce que son église pourrait acquérir dans le comté de Nevers.

Guillaume IV fit approuver son testament par son frère Gui, ses chevaliers et ses barons, et mourut à Acre le 24 octobre 1168.

Par la mort de Guillaume, Gui devenait comte de Nevers. Après avoir fait inhumer son frère dans la cathédrale de Bethleem, il revint en France. La légende (2) veut que le prélat qui occupait à cette époque (1168) le siége de notre église l'ait accompagné à Clamecy: le chancelier Raoul ne serait donc resté que bien peu de temps en Europe, puisqu'il se trouvait à Acre en 1170? Aussi est-ce avec raison que l'abbé Lebeuf, dans ses Mémoires sur Auxerre, observe « qu'il n'y » a point d'apparence qu'un évêque fût venu alors de si loin, simplement pour voir les lieux (3). »

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Des chartes dont nous aurons à faire mention nous apprennent positivement que ce fut Reynier qui, en 1224 seulement, prit possession des biens provenant de la libéralité de Guillaume.

A Clamecy, le faubourg de Pantenor (qui est appelé aussi dans les actes anciens faubourg de Pantanor, Pantaner, Pantener, Pantoner, Pantouer, Pantouaire, Panthoire et Pon

(1) Dans les lettres patentes de Charles VI (1413), ce bois est appelé Silva Montis Lauducii; c'est aujourd'hui le bois du Mont-Leduc. (2) Comp.: Guy COQUILLE, Histoire du pays et duché de Nivernois ; Paris, 1612, p. 91; NÉE DE LA ROCHELLE, Mémoires pour servir à l'histoire du Nivernois et du Donziois; Paris, 1747, p. 135; — J.-Fr. NÉE DE LA ROCHELLE, Mémoires pour servir à l'histoire du département de la Nièvre; Bourges et Paris, 1827, t. II, p. 20; — LA MARTINIÈRE, Dictionnaire géogr., hist., etc. : Bethlehem; PIGANIOL DE LA FORCE, Nou

-

- LONGUERUE, Des

velle description de la France, 1754, t. X, p. 371; cription historique el géographique de la France, 1re partie, p. 121.

(3) L'abbé LEBEUF, Mémoires concernant l'histoire ecclésiastique et civile d'Auxerre; Paris, 1743, t. II, p. 101.

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