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QUATRIÈME PARTIE.

L'EVÊCHÉ DE BETHLEEM,

AU DIX-NEUVIÈME SIÈCLE.

D'après l'article 2 du concordat du 15 juillet 1801 (que le Souverain-Pontife ratifia le 15 août suivant), une nouvelle circonscription des diocèses devait être faite par le Saint-Siége, de concert avec le gouvernement français. Aux termes des lettres apostoliques que Pie VII donna en exécution de cet article, le 29 novembre de la même année, l'évêché de Bethléem, suffragant de l'archevêché de Sens (1), se trouva canoniquement annulé, supprimé et éteint à perpétuité ». La même bulle réduisait à dix métropoles et cinquante évêchés, le nombre des siéges du territoire de la République. Puis, le 9 avril 1802, le cardinal Caprara, légat du Pape, se basant, pour établir la circonscription des nouveaux archevêchés et évêchés de France, sur le tableau joint aux articles.

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(1) C'est par erreur que la bulle du 29 novembre 1801 compte Bethléem au nombre des suffragants de Sens; en effet, bien que l'évêché de Bethleem-lez-Clamecy se trouvât enclavé dans le territoire soumis à la juridiction métropolitaine de Sens, nous avons vu que le siége de notre église dépendait directement du Souverain-Pontife.

organiques (loi du 8 avril 1802), incorpora le département de la Nièvre tout entier à l'évêché d'Autun, qui avait pour métropole l'église archiepiscopale de Besançon.

A la suite du nouveau concordat qui fut signé le 11 juin 1817, et suivant lequel « les sièges qui avaient été supprimés » dans le Royaume par la bulle du 29 novembre 1801 devaient » être rétablis en tel nombre qu'il serait convenu, comme étant » le plus avantageux pour le bien de la religion, » Sa Sainteté avait, le 27 juillet 1817, rétabli l'évêché de Nevers; mais en réalité ce siége ne fut pas occupé avant qu'on eût voté la loi du 4 juillet 1821 et qu'on eût publié la bulle du 6 octobre 1822 (1). Tout le département de la Nièvre (Clamecy, ses faubourgs et le territoire de l'ancien évêché de Bethleem y compris) fit dès lors partie du nouveau diocèse de Nevers, qui devenait suffragant de Sens.

Mgr Millaux, préconisé le 17 mai 1823, sacré le 6 juillet suivant, fit son entrée solennelle à Nevers le 31 du même mois. Plusieurs fois ce prélat sollicita de la cour de Rome, pour lui et ses successeurs, le droit d'ajouter à son titre épiscopal celui de Bethleem: ce fut sans succès. Quelques années après, à la demande du roi de Sardaigne, le Saint-Siége conférait à l'abbé de Saint-Maurice-d'Agaune la dignité d'évêque in partibus de Bethleem.

La royale abbaye de Saint-Maurice-d'Agaune, fondée en 350 dans le Valais, est un des monastères les plus anciens de l'Occident. Les Papes lui ont accordé des priviléges nombreux; Sigismond, Charlemagne et saint Louis l'ont enrichie de possessions considérables; et les ducs de Savoie, ses protecteurs, l'ont comblée de leurs dons et de leurs faveurs.

Charles-Albert, duc de Savoie et roi de Sardaigne, voulant témoigner son attachement à cette maison dont ses ancêtres avaient été les bienfaiteurs, et étant heureux de prouver à plusieurs de ses membres qu'il connaissait particulièrement combien il leur était dévoué, pria Grégoire XVI de vouloir

(1) Voir l'ordonnance royale des 31 octobre-11 décembre 1822.

bien donner à perpétuité aux abbés de Saint-Maurice l'évêché de Bethleem in partibus infidelium. Charles-Albert, qui portait, comme les princes de sa famille, le titre de roi de Jérusalem, voulait, en demandant le rétablissement de ce siége, honorer le nom de Bethleem, si étroitement uni au souvenir du royaume de Palestine. Sa Sainteté accéda au désir du roi, et, par lettres apostoliques du 3 juillet 1810, déclara que le prélat gouvernant alors le monastère d'Agaune serait évêque in partibus de Bethleem, et que désormais tous les abbés canoniquement élus, par le fait même de leur élection, seraient in perpetuum évêques in partibus de Bethleem. De nouvelles lettres apostoliques, accordées par Grégoire XVI le 4 août suivant, conféraient aux abbés de Saint-Maurice la dignité de prélats domestiques du Souverain-Pontife, et accordaient aux chanoines de l'abbaye les mêmes priviléges qu'aux chanoines de cathédrale.

LIV.

ÉTIENNE II BAGNOUD.

Mgr ÉTIENNE BAGNOUD, né à Lens, district de Sierre, canton du Valais, le 2 janvier 1803, fit ses études avec succès au collége de la royale abbaye d'Agaune; et en 1823, le 1er janvier, il était, par sa profession solennelle, reçu au nombre des chanoines (1). Ordonné prêtre le 23 décembre 1826, il fut nommé professeur de principes et rudiments, puis professeur de syntaxe et de grammaire. Nommé vicaire capitulaire, à la mort de l'abbé François de Rivaz, il assembla dès le lendemain le chapitre général, qui le proclama abbé le 3 septembre 1834.

(1) Ce sont des Augustins

L'étendue de ses connaissances intellectuelles, les qualités de son cœur et ses manières affables lui avaient gagné tous les cœurs de ses confrères, l'estime profonde des magistrats du canton, et le respect de tous les habitants de la ville de SaintMaurice.

M. Bagnoud gouvernait le monastère avec sagesse et prudence, et mettait tous ses soins à faire prospérer le collége, lorsque la bulle du 3 juillet 1840 le nomma évêque de Bethleem. Le prélat fut consacré à Sion, le 26 juillet de la même année, par Mgr Roten. - Rentré dans la maison qu'il édifiait de son zèle et de ses vertus, l'abbé-évêque eut des moments bien pénibles à supporter. Les années 1813 et 1844 furent pour le Valais des temps d'orages politiques, pendant lesquels le couvent eut à souffrir. Vint ensuite la guerre du Sonderbund, en 1847. Placée à l'entrée du Valais, l'abbaye d'Agaune avait tout à craindre: Monseigneur, ayant donné à tous ses chanoines l'ordre de fuir, resta seul pour garder la maison qui lui avait été confiée; et, par sa fermeté, il la sauva de la ruine où la révolution avait voulu la jeter.

En 1856, à la prière de Mgr Pavy, évêque d'Alger, Mgr Bagnoud voulut fonder un monastère à Medjez-Amar, province de Constantine, non loin de l'ancienne Hippone que saint Augustin a illustrée; mais l'insalubrité du climat et les maladies le forcèrent d'abandonner un établissement pour lequel il avait conçu de si belles espérances. Désormais toute son activité se porta sur le collége de l'abbaye, auquel il voua tous ses soins.

Ce fut Mgr Bagnoud qui inaugura à Aigle, canton de Vaud, la religion catholique que la révolution religieuse avait, au seizième siècle, bannie de ce pays. L'abbé-évêque se rendit en 1865 et 1867 à Paris, et en 1868 à Bordeaux, pour quêter en faveur de l'église qu'il avait fait élever à Aigle. Grâce à son dévouement apostolique, de nombreuses aumônes ont été recueillies et ont puissamment aidé aux frais considérables nécessités par l'édification du monument

A la voix de S. S. Pie IX, Monseigneur de Bethleem partit

pour Rome le 25 novembre 1869. Après avoir assisté au concile du Vatican, le vénérable prélat est allé reprendre le gouvernement de l'abbaye de Saint-Maurice, vers laquelle le rappelait sa sollicitude pastorale.

En qualité d'abbé de Saint-Maurice, Mgr Étienne Bagnoud porte le titre de comte; et avant même d'avoir été promu à l'épiscopat, il avait la crosse et la mitre (1). Il est grandcroix des SS.-Maurice-et-Lazare. Ses armoiries sont : d'azur, au chevron d'argent accompagné de trois étoiles de même; au chef des abbés de Saint-Maurice, évêques de Bethleem, qui est cousu de gueules, chargé d'une croix tréflée d'argent (c'est la croix de Saint-Maurice) adextrée d'une mitre surmontant un A (Abbaye) et senestrée d'une seconde mitre surmontant un B (Bethleem) de même.

Lettres apostoliques, en date du 3 juillet 1840, par lesquelles le pape Grégoire XVI confère la dignité d'évêque de Bethleem in partibus infidelium à l'abbé de Saint-Maurice-d'Agaune et à ses successeurs in perpetuum.

« GREGORIUS PP. XVI.

> AD PERPETUAM REI MEMORIAM.

» In amplissimo Apostolicæ dignitatis atque auctoritatis » gradu, nullis certe nostris promeritis, sed ineffabili Divinæ » Providentiæ consilio collocati, ac propterea de universo Domi»nico grege, quem Pastor Eternus Nobis pascendum com

(1) L'abbé de Saint-Maurice est aussi sujet sans milieu du SaintSiége.

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