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XXXIII.

ETIENNE Ier PILERAND.

ETIENNE PILERAND, religieux franciscain, maître en théologie, fut, à la mort d'Arnaud-Guillaume de Limone, promu à l'évêché de Bethleem par Calixte III. Wadding, dans ses Annales de l'ordre des Frères-Mineurs, nous apprend que les bulles accordées à ce prélat portent la date du 7 octobre de l'année 1457 (1).

Tandis que le siége de notre église était occupé par Etienne, le pape Pie II institua l'ordre militaire de Notre-Dame-de-Bethléem. Bien que, si cet ordre eût subsisté, nos évêques n'eussent dû avoir jamais aucun pouvoir sur ses membres (qui n'avaient, du reste, nul rapport avec les religieux bethléémites ou de l'Etoile), nous croyons cependant, à cause de la similitude des noms, qu'il est utile d'en dire quelques mots.

Après la prise de Constantinople, en 1453, Mahomet II s'étant emparé de l'ile de Lemno, Calixte III envoya contre lui le cardinal d'Aquilée, qui reprit cette ile sur les Turcs. Pie II, successeur de Calixte, créa, le 18 janvier 1459 (2), l'ordre militaire de Notre-Dame-de-Bethleem, qui devait avoir un grand-maître électif, des frères chevaliers et des prêtres, et s'établir en Lemno, avec mission de s'opposer aux courses continuelles des Turcs dans l'Archipel. Cet ordre. qui devait être fort riche, car le Pape lui avait donné les biens de plusieurs ordres militaires et hospitaliers supprimés à cet effet, fut aboli peu de temps après; et ce grand dessein n'eut pas de suite, car les chrétiens perdirent bientôt l'île de Lemno (3).

(1) WADDING, Ann. ord. Min., t. VI, p. 399.

(2) G.-G. de Leibnitz a reproduit la bulle d'institution de cet ordre, dans son Codex juris gentium diplomaticus. (Hanovre, 1693,cLxxv.) (3) Le P. HÉLYOT. Hist. des ord. monastiques, t. VIII, ch. LVIII.

Un acte de l'évêché d'Auxerre (1), en date des 30 juin et 2 juillet 1464, nous apprend que Étienne « PILLEREAN » fut le prédécesseur immédiat d'Antoine Buisson au siége épiscopal de Bethleem-lez-Clamecy.

XXXIV.

ANTOINE Ier BUISSON

La contestation qui s'était élevée autrefois entre Auxerre et Autun, sur la question de savoir si l'hôpital et la chapelle de Pantenor étaient du diocèse d'Autun ou de celui d'Auxerre, surgit de nouveau vers 1464. Le siège de notre église étant devenu vacant, plusieurs religieux de Bethléem exposèrent au cardinal Rolin, évêque d'Autun, que la maison-Dieu du faubourg de Clamecy était un bénéfice à sa collation, et lui présentèrent à l'appui de leur assertion d'anciens titres qui établissaient que la maîtrise en avait été précédemment donnée par l'évêché d'Autun. A la demande du cardinal Rolin, le vicaire général de ce prélat fut promu au siége de Bethleem, par bulles du pape Pie II, en date du 1er juin 1464; et en même temps l'évêque d'Autun conféra comme bénéfice au nouvel évêque la chapelle et l'hôpital de Pantenor.

Ce vicaire général de l'église d'Autun se nommait ANTOINE BUISSON (2); il était religieux de l'ordre du Mont-Carmel, et docteur en théologie (3). C'est à tort que plusieurs auteurs, notamment Lachesnaye-Desbois (4) et Thaumas de La Thau

(1) Arch. de l'Yonne.

(2) J.-Fr. Née de La Rochelle (Mémoires, t. II., p. 22) l'appelle à tort

Antoine Boisson.

(3) Un acte du 23 décembre 1469, passé devant Pierre Guedin le jeune, notaire à Clamecy, et contenant bail de certains biens qui dépendaient de l'évêché de Bethléem, donne ce titre à Antoine Buisson.

(4) LACHESNAYE-DESBOIS, Dict. de la noblesse, Aubusson.

massière (1), l'appelant Antoine d'Aubusson, le rattachent à l'illustre famille de ce nom en le disant le huitième des treize enfants que Jean d'Aubusson, seigneur de La Borne (mort en 1420), eut de Guyonne de Montéruc, sa femme, nièce du pape Innocent VI.

Pierre de Longueil, évêque d'Auxerre, opposa aussitôt au cardinal Rolin la décision rendue le 29 octobre 1211; et, par acte des 30 juin et 2 juillet 1464, l'évêque d'Auxerre, se portant demandeur en complainte contre « messire Antoine Buisson, » de l'ordre des Carmes, évêque de Bethleem, soi-disant gou» verneur et administrateur de l'hôpital ou maison-Dieu [du» dit Bethleem, et contre messire le cardinal-évêque d'Autun, » touchant le droit de collation ou institution de la maîtrise » et du gouvernement dudit hôpital, prétendu par ledit sei» gneur évêque d'Autun », les assigna à comparaître devant le Parlement le 2 septembre suivant. Puis, soutenant de son côté que l'hôpital de Pantenor n'était qu'un simple bénéfice à sa propre collation, Pierre de Longueil en pourvut un de ses chanoines, JEAN OSDRY, official d'Auxerre et licencié en droit. Mais Antoine Buisson ne voulut tenir aucun compte de l'action que Pierre de Longueil venait d'intenter contre lui; aussi, quelques jours après, conféra-t-il les ordres dans sa petite cathédrale. De là, nouvelle plainte de l'évêque d'Auxerre qui, à la date du 14 juillet 1464, obtint du Parlement commission pour faire assigner Antoine Buisson qui avait entrepris« de faire les ordres dans l'église de Bethleem, sans sa permission, et pour reprendre l'instance qui, pour semblable motif, avait été commencée quelques années auparavant contre Arnaud de Limone.

On convint cependant de mettre l'affaire en compromis. Au mois de février suivant, l'évêque d'Auxerre se fit représenter par Guillaume Chevalier, chanoine de sa cathédrale, et par Philibert Chevalier, Jean Moreau et Pierre Guedin l'aîné, chanoines de Clamecy; de son côté, le cardinal Rolin choisit Gui de Montagu; et il fut convenu que l'abbé de Vézelay déci

(4) THAUMAS DE LA THAUMASSIÈRE, Histoire du Berry, M.DC.IXC, p. 818.

derait comme arbitre « sur les contestations mues entre les » parties, au sujet du droit de collation de l'hôpital dudit » Bethleem, et des ordinations que messire l'évêque de » Bethleem se prétendait en droit de célébrer dans l'église » dudit hôpital, tant pour ses sujets et familiers, que pour > ceux qui étaient adressés par dimissoires à tout évêque » catholique ». Mais sur ces entrefaites, Pierre Guedin le jeune, chanoine de Clamecy, et Jean Vaillot, curé d'Oisy, ayant certifié qu'un des évêques de Bethleem, Arnaud de Limone, avait, comme en faisait foi une quittance de 1456, payé au receveur de la dîme papale pour le diocèse d'Auxerre, la somme de 18 livres tournois, à cause de l'hôpital de Pantenor, l'évêque d'Auxerre fit, le 11 mars 1465, dresser acte de cette déclaration par-devant Jean Moreaul, notaire à Clamecy. Le projet de compromis fut dès-lors adandonné, et Jean Osdry, qui avait été par l'évêque d'Auxerre pourvu de la maison-Dieu Notre-Dame, voulant se maintenir dans sa possession, donna, à la date du 7 avril 1465, procuration à Jean Vaillot, curé d'Oisy, pour que celui-ci fit tous les actes nécessaires à cet effet devant le juge de Mâcon, en l'enquête que l'évêque d'Autun entendait faire pour montrer que l'hôpital de Bethleem n'était pas dans l'étendue de l'évêché d'Auxerre.

L'affaire n'en resta pas là: l'évêque d'Autun qui, pas plus que l'évêque d'Auxerre, n'avait de droits sur l'église de Bethléem, ne voulut rien céder de ses prétentions à Pierre de Longueil. Le 19 mai 1466, l'official d'Autun lança un monitoire qu'il adressa à tout le clergé séculier et régulier et à tous les notaires des diocèses d'Autun, d'Auxerre, de Lyon, de Châlon-sur-Saône, de Besançon, de Langres, etc., contre les injustes détenteurs des biens qui dépendaient de la mense épiscopale de Bethleem. De son côté, l'évêque d'Auxerre accusa un des religieux de la maison-Dieu de Pantenor, Gui de Chassy, de l'ordre de Saint-Augustin et familier d'Antoine Buisson, d'avoir, pour établir que les évêques d'Autun avaient autrefois conféré la maîtrise de l'hôpital, présenté de faux titres au cardinal Rolin. Le même religieux ayant, en même

temps, été accusé de s'être battu avec un clerc du diocèse d'Auxerre, nommé Jean Gouste, et d'avoir proféré des blasphèmes, Pierre de Longueil appela Gui de Chassy à comparaître devant lui; ce religieux n'ayant point obtempéré aux ordres du prélat, l'évêque d'Auxerre l'excommunia, et la sentence fut prononcée en l'église collégiale de Clamecy. Le religieux appela de la sentence, mais l'évêque d'Auxerre obtint, à la date du 17 mars 1467, des lettres royaux portant défense à Antoine Buisson et à Gui de Chassy de porter l'affaire hors de France. Ces lettres furent signifiées à Antoine Buisson par exploit en date du 28 mai suivant. En vain Gui de Chassy demanda-t-il à l'évêque d'Auxerre des lettres apostolos elles lui furent refusées par un acte portant la date. du 22 mars 1467.

Vers le même temps, frère Étienne Belli, de l'ordre des Carmes, qui demeurait avec Antoine Buisson, ayant administré les sacrements de Pénitence et de l'Eucharistie, le jour de Pâques (1468), à un nommé Jean Gauthier et à sa femme, de la paroisse Saint-Martin, le chantre de Clamecy le fit citer à Varzy, devant l'official. Fr. Belli, allégua qu'en sa qualité de Carme, et à cause des priviléges de la chapelle NotreDame-de-Bethleem, il avait le droit d'administrer les sacrements aux habitants de Clamecy, renduz et donnez pauvres malades, et aux pélerins allans et venans en lostel-Dieu de Bethlean, selon une bulle d'Eugène IV, du 1er février 1444. L'official accorda un délai à Etienne Belli, qui ne comparut point et fut à son tour excommunié. On basa cette excommunication sur ce que les religieux mendiants ne pouvaient administrer les sacrements sans permission de l'ordinaire. Par acte passé devant Joly, notaire à Varzy, en date du 21 juin 1468, Étienne Belli, de l'ordre de Notre-Dame-du-Mont-Carmel, fondé de pouvoirs de l'évêque Antoine Buisson, fit déclarer à Pierre de Longueil qu'il appelait au Pape de la sentence contre lui prononcée au mépris des droits de l'évêque de Bethleem, administrateur de l'hôpital du faubourg de Clamecy et proclamé par indult apostolique exempt de la juridiction d'Auxerre. Pour répondre à cet acte, Pierre de Longueil

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