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BRUXELLES

WOUTERS, RASPOET ET C°, IMPRIMEURS-LIBRAIRES

8, rue d'Assaut

1842.

car il était d'une constitution extrêmement faible, et il y succomba, à l'âge de 28 ans, emporté par une maladie d'estomac, la huitième année du règne de Néron

Il institua en mourant sa sœur héritière de ses biens, et légua en même temps, à Cornutus son maître, une somme de cent mille sesterces, avec sa bibliothèque composée de sept cents volumes. Cornutus accepta seulement la bibliothèque.

Les satires de Perse ne furent publiées qu'après sa mort. Elles enlevèrent tous les suffrages, et se répandirent avec rapidité. Ce fut Cæsius Bassus qui se chargea de les mettre au jour ; il y avait du courage à le faire; car Néron y était assez clairement désigné dans quelques endroits, et ce n'était pas un petit danger que d'encourir la disgrace de Néron.

Nous ne dirons qu'un mot du talent et du style de notre poëte. Ce n'est ni la verve éloquente de Juvénal, ni le ton enjoué et spirituel d'Horace ; c'est un genre à part, un genre purement philosophique. Vous n'y trouverez que peu de chose de personnel; peu de chose qui se rapporte aux mœurs, aux usages de l'époque où il écrit ; ce n'est pas là qu'il faut aller puiser pour l'étude des antiquités romaines. Perse, quoique lié avec les représentants les plus illustres des idées de l'ancienne république, n'est guère plus de son siècle que d'un autre; il n'a en vue que la censure du vice en général, et, en particulier, l'exposition des doctrines du portique. On dirait qu'il n'a fait que mettre en vers les leçons de Cornutus.

Quant au fond, à l'enchainement, au fil de ses idées, il n'est point aisé de les saisir d'abord. Ceux qui savent le latin en conviennent. Ses ellipses fréquentes, ses transitions

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brusques, ses alliances de mots, ses métaphores extraordinaires étonnent, arrêtent, rebutent, et l'on est tenté mille fois, en le lisant, de le jeter au feu, comme le fit, dit-on, S'-Jérome, qui pourtant le comprenait fort bien. Qu'il se soit, dans quelques passages, enveloppé à dessein d'un voile épais, que plusieurs de ses vers, dont les allusions nous échappent, aient eu à Rome, un sens clair pour tout le monde, excepté pour Néron, c'est une opinion assez vaisemblable; mais ce n'est point ce que nous examinons. Le fait est que, dans ce qui regarde Néron, comme dans le reste, il est d'une extrême obscurité, quelquefois même inintelligible à la première lecture; mais si on se donne la peine de le méditer, si on consulte ses commentateurs, Casaubon surtout, on ne tarde pas à se reconcilier avec lui; on voit les difficultés s'aplanir peu à peu ; l'intervalle des transitions se remplir; son style, pour nous servir de l'une de ses métaphores, devenir si uni que le doigt le plus fin ne trouve plus rien qui l'arrête, et l'on éprouve, après cette étude, une satisfaction d'autant plus vive que l'on jouit tout ensemble et des beautés réelles de l'auteur et du plaisir de l'avoir deviné. Boileau a-t-il prétendu lui faire un reproche en disant :

Perse en ses vers obscurs, mais serrés et pressants,
Affecta d'enfermer moins de mots que de sens?

nous l'ignorons; mais, si c'est un reproche, il n'est pas de ceux qu'on peut faire à beaucoup d'écrivains; et, en tout état de cause, il faut que l'ami de Cornutus n'ait pas été un poëte sans mérite, pour être parvenu jusqu'à nous avec 700 vers. Un homme, qui néanmoins n'était pas dans le même cas, a eu bien raison de dire que ce n'est pas avec le plus gros bagage qu'on arrive plus sûrement à la postérité.

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PROLOGUS.

Nec fonte labra prolui caballino ;

Nec in bicipiti somniasse Parnasso1

Memini, ut repente sic poeta prodirem ;
Heliconidasque, pallidamque Pirenen 2
Illis relinquo quorum imagines lambunt
Hederæ sequaces; ipse semi paganus

Ad sacra vatum carmen affero nostrum 5.

Quis expedivit Psittaco suum χαῖρε ?
Corvos quis olim concavum salutare,
Picasque docuit verba nostra conari?
Magister Artis, ingeni que largitor
Venter, negatas artifex sequi voces.

Quod si dolosi spes refulserit nummi,

Corvos poetas, et poetrias picas
Cantare credas Pegaseium melos.

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PROLOGUE.

A la source de l'Hippocrène

Mes lèvres n'ont jamais puisé. Jamais, au double mont, si ma mémoire est saine, De rêves assez purs je ne me suis bercé, Pour oser tout à coup, poëte improvisé, Me produire ainsi sur la scène. Je laisse les Neuf Sœurs et la pâle Pirêne A ceux au front de qui, du lierre d'Hélicon Serpente le docte feuillage;

Toutefois de mes vers, au temple d'Apollon, Demi-profane encor j'apporte aussi l'hommage. Le xaîpe du perroquet,

Du corbeau le rauque caquet,

Le langage de l'homme imité par-la pie,
Qui leur en donna le secret?

La faim, mère des arts et source du génie,
L'a faim qui peut, d'un organe muet,
Tirer les sons que le ciel lui dénie.

Mobile des plus grands efforts,

Que l'espoir de l'or brille, il créera des merveilles,
Et, poëtes corbeaux, poëtesses corneilles,
De sons mélodieux remplissant nos oreilles,
Vous croirez de Pégase entendre les accords,

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