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peuvent assister à un office de l'Église, si cet office est accompli comme il doit l'être, sans éprouver une émotion profonde et sans être portés à s'agenouiller et à prier avec les fidèles. Cet effet a été mille fois constaté et peut se constater encore chaque jour autour de nous.

Newman, encore protestant, écrivait : « Il y a tant d'excellence et de beauté dans les offices du bréviaire que si des controversistes romains le présentaient à un protestant comme le livre des dévotions romaines, ce serait créer indubitablement un préjugé en faveur de Rome, à supposer que le protestant fût d'une candeur moyenne et sans parti pris (1). »

Il hérita de Froude un bréviaire dont ce dernier s'était servi: « Je le pris, a raconté Newman devenu catholique, je l'étudiai, et depuis ce jour je l'ai sur ma table, et je m'en sers constamment. » Plus tard, il racontait encore que cet événement fit époque dans sa vie ; l'étude du bréviaire et l'habitude de le réciter chaque jour ouvrirent devant lui une route nouvelle.

Les plus célèbres romanciers de nos jours ont

1) Il ajoutait « et qu'il ignorât les circonstances du cas,» ce qui dans la pensée assez obscure des anglicans signifie qu'ils peuvent prendre à l'Église catholique ses pratiques, sa liturgie, ses croyances même, tout en restant anglicans. Tracts for the time, no 75, The roman breviary, p. 1; cf. Thureau Dangin, La renaissance catholique en Angleterre

souvent aussi cherché leurs plus beaux effets dans la description des rites de la liturgie. Nous ne citerons pour la France que I. K. Huysmans, et pour l'Angleterre Hall Cain, dans Christian, et Mm Humphrey Ward dans Helbeck of Bannisdale (1).

Or, malgré les louables efforts tentés pour faire connaître cette prière de l'Église, il nous semble que trop de fidèles ignorent encore les trésors de doctrine et de piété, nous dirons même de poésie, qu'ils trouveraient dans la liturgie; ils s'en détournent pour aller étancher leur soif à des citernes à moitié vides ou remplies d'une eau fade et trouble.

Tout le monde a souri à cette anecdocte du bon La Fontaine qui, pour avoir assisté à ́un office et lu quelques pages d'un prophète, en sortit émerveillé, demandant à tous ceux qu'il rencontrait : « Avez-vous lu Baruch ? »

Hélas! combien de chrétiens auraient répondu aujourd'hui au bonhomme : « Qu'est-ce que

(1) On connaît aussi l'apostrophe de Renan à Minerve sur l'Acropole « on y chantait (dans les églises) des cantiques dont je me souviens encore : « Salut, étoile de la mer..., reine de ceux qui gémissent en cette vallée de larmes, »ou bien : « Rose mystique. Tour d'ivoire, Maison d'or, Etoile du matin... » Tiens, déesse, quand je me rappelle ces chants, mon cœur se fond, je deviens presque apostat... tu ne peux te figurer le charme que les barbares (les chrétiens) ont mis dans ces vers, et combien il m'en coûte de suivre la raison toute nue. » (Souvenirs d'enfance et de jeunesse.)

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Baruch? » Avec le fabuliste nous dirions volontiers aux fidèles : « Avez-vous lu Baruch ? Avezvous lu votre paroissien? avez-vous de votre vie ouvert un bréviaire? ou un missel ? » Nous irons plus loin: combien parmi les prêtres et les religieux, qui ont la charge de lire et d'étudier ces livres, les connaissent et les estiment à leur juste valeur?

Nous avouons avoir éprouvé une douloureuse surprise en lisant dans les Notes sur l'Angleterre de ce grand et libéral esprit que fut Taine, un éloge du Prayer book qui prouve jusqu'à l'évidence d'abord que cet écrivain, d'ordinaire si bien informé, ignorait que la source du Prayer book est dans les livres de la liturgie catholique, secondement, que ce livre dont il admirait les beautés, n'a guère fait qu'appauvrir ou même tronquer cette liturgie, au témoignage d'un bon nombre de ministres anglicans eux-mêmes, qui laissent de côté leur livre officiel pour revenir à la liturgie catholique.

et,

Cette ignorance presque générale provient de bien des causes qu'il serait trop long d'analyser ici. L'une des principales est que la liturgie, sous sa forme actuelle et dans ces livres, n'est pas accessible à tous.

Nous pensons donc faire ceuvre utile en apprenant aux fidèles, et même peut-être à des hommes religieux et de bonne foi qui sont hors de l'Église,

à connaître cette prière, en leur donnant les moyens de s'initier par eux-mêmes à tous les secrets de la liturgie.

Nous avons en effet dans cet ouvrage étudié les différents aspects de la prière catholique et donné des notions que nous croyons suffisantes pour permettre à tous de comprendre les livres dans lesquels cette liturgie est renfermée, et de s'intéresser aux cérémonies de l'Église.

Si nous avons choisi le titre de la Prière antique, c'est d'abord parce que la liturgie chrétienne s'est constituée dans la période antique de l'histoire de l'Église, duier au ve, et, au plus tard, du er au IXe siècle; à ce moment elle est organisée à peu près de toutes pièces; les transformations survenues dans la suite ne modifieront que les détails; les grandes lignes restent les mêmes.

De plus, il faut bien faire un aveu. Bien que l'Église se soit révélée, à toutes les époques de son histoire, comme la grande maîtresse de la prière et de la liturgie, jamais ce don n'a brillé d'un plus vif éclat que dans cette période antique. Et la meilleure preuve qu'on en puisse administrer, c'est que, comme nous venons de le dire, l'Église possède au IXe siècle tous ses rites, toutes ses formules de prière, le service divin est organisé, les formes de la psalmodie sont arrêtées; elle n'a plus qu'à conserver cet héritage que lui

ont transmis les âges précédents. Les additions qui viendront dans la suite sont de peu d'importance, comparées à la fécondité et à l'esprit d'initiative de l'époque antérieure.

La prière antique, c'est donc, au fond, la prière chrétienne, la liturgie de tous les temps.

Loin de nous la pensée de blâmer ou seulement de dédaigner ce qui s'est fait dans le courant du moyen âge ou des temps modernes. Il y a eu là aussi d'admirables inspirations, et peut-être pourrons-nous plus tard étudier la liturgie de cette époque. Si nous nous sommes attachés dans cette étude surtout aux premiers siècles, c'est que, encore une fois, là est la clef de la liturgie.

Pour atteindre plus sûrement notre but et faire goûter la liturgie catholique, nous avons donné de nombreux extraits, si bien que notre livre prend par ce côté le caractère d'une sorte d'antho- . logie liturgique ou d'eucologe. Nous voudrions que les personnes pieuses eussent l'idée de s'en inspirer parfois dans leurs prières ou leurs méditations, et même de l'emporter avec elles à l'église. Nous osons croire qu'à ces leçons elles puiseraient le sens liturgique et qu'ensuite elles. prieraient avec plus de facilité et de profit.

Parmi les conclusions qui se dégagent de ce travail, il en est une sur laquelle nous voulons insister c'est une loi de progrès continu et de

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