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ÉVANGELIQUES, ETC.

LA FAMILLE CHRÉTIENNE.

Pour moi et ma maison nous servirons l'Eternel.
Josué, XXIV, 15.

La vie de famille, qui était celle des patriarches, a reçu une sanction nouvelle par l'Evangile, qui non seulement la recommande en s'attachant avec un soin tout particulier à tracer les devoirs de ceux qui en font partie, mais encore, mais surtout la rend possible, la crée et la développe, par la vie religieuse qu'il fait naître dans les âmes. Avant Jésus-Christ et hors du peuple de Dieu, nous trouvons dans l'histoire du monde une tendance marquée à sacrifier la vie de famille à la vie sociale. Le citoyen de Rome et d'Athènes passait sa vie dans les camps ou sur la place publique; il était peu de chose, il n'était presque rien pour sa femme et ses enfans; sa maison l'occupait moins que les affaires de l'Etat; il semble qu'il eût adopté pour devise être citoyen avant que d'être homme. De nos jours, pour avoir abandonné le christianisme

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vivant et pratique, qui n'est connu que d'un petit nombre d'âmes fidèles, on a rebroussé chemin en arrière; on est arrivé à des résultats tout pareils à ceux que produisait le paganisme ancien, et la société française en particulier, offre dans sa généralité un spectacle qui n'est guère plus édifiant que celui dont nous parlions tout à l'heure. Qu'est-ce qui occupe en effet la plupart des esprits? Qu'est-ce qui est devenu le principal sujet des conversations, l'objet presque exclusif de toutes les poursuites? Qu'est-ce qui électrise, remue, agite les cœurs? Le monde envisagé sous le point de vue social, la politique des gouvernemens, la marche des affaires, les révolutions des états, le mouvement des choses extérieures et visibles. Il ne suffit à personne de s'être voué, pendant tout le cours d'une journée, aux études, aux travaux de sa vocation. Le soir, retiré au sein de sa famille, comme dans un asile de paix, on pourrait y vivre d'une vie moins extérieure, s'y occuper des intérêts des siens, de l'éducation de ses enfans, et tout en remplissant d'importans, de sacrés devoirs, trouver des plaisirs purs, goûter des joies innocentes et nobles; mais cette sphère est trop étroite pour des cœurs agités ; il leur faut fréquenter des cercles nombreux, prendre part à des conversations animées, assister à des spectacles étourdissans, recevoir ou faire des visites, et dans cette perpétuelle activité d'une âme toujours répandue hors d'elle-même, les années s'écoulent et la mort approche,

sans qu'on ait trouvé le temps de vivre avec les siens et avec soi-même.

Ce n'est point ici le lieu de nous appesantir sur les funestes conséquences qui résultent de la négligence des devoirs domestiques, et de montrer que la famille, qui est l'Etat en petit, étant la meilleure école où le citoyen puisse se former à l'amour de l'ordre, au respect pour les lois, et à l'obéissance, il est impossible que le bonheur de la patrie se consolide, il faut même que ses fondemens s'ébranlent et finissent par crouler, tant qu'on n'attachera que peu ou point d'importance aux vertus privées, à la vie domestique. Je voudrais seulement retracer l'influence que le christianisme est destiné à exercer et qu'il a exercée dans tous les temps sur la vie de famille. En vous faisant ce tableau, j'ai deux choses en vue d'abord de rappeler aux hommes pieux le but auquel ils doivent tendre, de leur offrir l'idéal chrétien qu'il est de leur devoir de chercher a réaliser de plus en plus dans l'intérieur de leurs maisons; ensuite de réveiller, s'il est possible, dans l'âme de l'homme du siècle, le désir, le goût d'une vie si douce, si paisible, si féconde en toute sorte de bons fruits.

Le conducteur d'Israël, le pieux et vaillant Josué nous donne, sur ce point, le précepte et l'exemple tout à la fois. Moi et ma maison, s'écria-t-il un jour dans une occasion solennelle, et à la vue de tout un peuple témoin des engagemens qu'il prenait, moi et ma maison nous servirons l'Eternel. Demandez au Sei

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