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UN CARACTÈRE DU RÈGNE

DE JÉSUS-CHRIST (1).

Mon regne n'est pas de ce monde. Jean XVIII, 36.

LE christianisme, qui vient de Dieu et qui a pour fin dernière de ramener l'homme à Dieu, est par son origine, sa nature, son but et ses résultats infiniment élevé au-dessus des interêts de ce présent siècle. Il les domine de toute la hauteur où il se trouve placé et qui n'est rien moins que la distance qui sépare le ciel et la terre. Mais quoique étranger par son essence, aux opinions et aux passions, qui se disputent l'empire de cet univers, il les voit, il les comprend, il les juge, il a pour mission de les soumettre, de les changer et de les amener captives à l'obéissance de Jésus-Christ. Comme en régénérant l'homme, il le replace au cœur de la vérité, au centre de la lumière, il le rend capable d'envisager sous leur véritable point de vue, toutes les questions qui intéressent réellement l'humanité, tous

(1) Prononcé le 27 juillet 1834.

les événemens dont se compose son histoire; dans toute affaire et sur tout sujet qui se rattache de près ou de loin au bonheur de l'homme ou de la société, il a de droit et de fait le premier et le dernier mot, et ce que l'Ecriture a dit de l'homme spirituel est à plus forte raison vrai de lui, qui engendre l'homme spirituel à la vie, par la parole de la vérité : il juge de tout ei il n'est jugé par personne (1).

Mes frères, dans ces jours où les Français célèbrent le souvenir d'un événement mémorable, qui a exercé et qui exercera encore, sous le bon plaisir de la Providence divine, une vaste et profonde influence sur les destinées de la nation, et où tous les esprits plus ou moins préoccupés des scènes que nous offraient, il y a quatre ans, les rues et les places de cette cité, ont tant de peine à s'élever à la considération de vérités d'un ordre plus relevé, nous n'avons pas cru déroger à la dignité de notre ministère, et nous écarter de notre devoir, en venant appeler aujourd'hui votre attention sur un règne qui a précédé tous les règnes, et qui survivra à tous les règnes, sur l'empire de Celui qui était dès avant les siècles et dont le pouvoir demeurera aux siècles des siècles, et qui, en présence du gouverneur romain de la Judée, a prononcé ces solennelles paroles: mon règne n'est pas de ce monde. Etablir la vérité de cette sentence du Sauveur, en vous

(1) 1 Cor. II, 15.

développant la nature de son règne et vous exposer les devoirs qui découlent de cette vérité pour ses disciples, ce sera là tout le plan de cette méditation.

Le royaume de Dieu n'est pas de ce monde. C'est ce qui résulte d'abord de la nature et de la vie de son chef. Je ne suis pas du monde (1), s'écria-t-il, dans une circonstance solennelle, et toute sa carrière icibas, à la prendre depuis sa naissance jusqu'au moment de sa mort, a été le perpétuel commentaire de ces paroles. En effet, que choisit-il pour palais ? Une étable et plus tard, l'atelier d'un charpentier. De qui se composa sa cour? D'une douzaine de pêcheurs et de péagers. Lorsqu'on voulut poser sur sa tête royale une couronne et lui mettre à la main un sceptre, que fitil? Il s'enfuit, laissant ses importuns admirateurs étonnés et confondus, et préférant la couronne d'épines et le roseau à toutes ces grandeurs. Pour se dédommager de toutes ces privations volontaires, vécut – il du moins dans l'abondance? Ecoutez le lui-même : Les renards ont des tanières et les oiseaux du ciel des nids, mais le Fils de l'homme n'a pas un lieu où reposer sa tête (2). Quel est le trône qu'il a mis dans son estime au-dessus de tous les trônes? La croix avec son ignominie et ses douleurs. Apprenez de là, ô grands de la terre, le cas que vous devez faire de tous vos honneurs et de toutes vos richesses. Et au

(1) Jean XVII, 17.

(2) Luc IX, 58.

fait, qu'avait besoin de cette puissance éphémère, de ces gloires de fumée, de ces brillantes vanités qui n'ont que l'éclat du verre, celui qui est Dieu au-dessus de toutes choses béni éternellement (1), celui que les anges a lorent (2), Celui qui dispose à son gré de tous les royaumes et de tous les empires, celui qui tient le sceptre du monde dans sa main, et dont la tête porte la couronne de l'univers? Voulez-vous voir sa force, connaître sa majesté, apprécier sa noblesse, admirer sa grandeur? Dépréoccupez-vous de vos idées terrestres et charnelles, et contemplez Jésus-Christ dans la dignité de sa personne et dans la perfection de sa sainteté. Quel roi que celui qui commande à la nature, qui impose silence aux vents et qui calme les flots de la mer! Quel roi que celui qui d'un mot rend la vue aux aveugles, guérit les malades et ressuscite les morts! Quel roi que celui qui fait trembler les puissances de l'enfer, et auquel les démons obéissent! Quel roi que celui qui a été sans péché, et que personne n'a pu convaincre d'avoir commis une seule faute! Quel roi que celui qui, en sa qualité de souverain législateur, pardonne les péchés, comme Dieu seul a le droit et le pouvoir de les pardonner! Quel roi enfin que celui qui par sa puissance éternelle triomphe du sépulcre et se ressuscite lui-même! Le

(1) Rom. IX, 5.

(2) Hébr. I, 6,

règne de Jésus-Christ n'est pas du monde, car luimême il n'était pas de ce monde.

Il n'est pas du monde, en second lieu, parce que les principes que l'on y suit et les règles auxquelles on s'y soumet diffèrent totalement des maximes qui président à la fondation et à la conservation des sociétés humaines. Tout ce que les gouvernemens temporels exigent, c'est le respect pour les institutions et la soumission à l'autorité établie. Tout ce que les lois civiles peuvent obtenir de l'homme vivant en société, c'est qu'il ne porte aucune atteinte à la propriété, c'est qu'il protége l'honneur, c'est qu'il ne trouble point le repos, c'est qu'il n'attente point à la vie de son semblable; elles ne vont pas plus loin, elles ne sauraient même aller plus loin. Tout ce que les leçons de morale de la sagesse humaine ont produit jusqu'à ce jour, se réduit à la probité dans les affaires, à la délicatesse dans les procédés, à l'urbanité dans les manières, et à ce vernis de civilisation qui déguise trop souvent une corruption profonde. Mais toute celte justice, toute cette droiture, toute cette générosité, toutes ces vertus qui sont le fruit des principes de la raison, ne valent pas un seul mouvement de charité, un seul soupir d'une âme qui aime Dieu; car la charité vient de Dieu et ne périt point, tandis que tout ce qui n'a pas eu Dieu pour principe et pour fin, fût-ce même les dévouemens les plus touchans et

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