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votre ennemi, vous serez donc brûlée avec votre ennemi. Des servantes de Dieu ne devraient-elles pas penser à ces choses et en redouter les effets?

Écoutez-moi donc, vierges, comme un bon père qui vous donne des avis salutaires, et qui ne cherche que votre intérêt. Soyez telles que Dieu vous a créées, vous a faites; soyez telles que sa main vous a formées. N'altérez point les traits et les linéaments de votre visage. Ne percez point vos oreilles. Ne portez point de colliers, ni de bracelets, ni de chaînes d'or. Ne teignez point vos cheveux; et faites que vos yeux soient dignes de voir Dieu. Puisque vous êtes vierges et ne servez que Dieu seul, méprisez les vains ornements des habits; surmontez les attraits de l'or, vous qui surmontez la chair et le monde : car ne serait-ce pas une honte qu'étant victorieuses des ennemis les plus forts, vous fussiez vaincues par les plus faibles? « La voie qui mène à la vie est étroite, » et le chemin qui conduit à la gloire est rude et difficile. C'est par ce chemin que marchent les martyrs, les vierges et tous les justes. Évitez les chemins larges et spacieux, ils sont pleins d'appas et de voluptés mortelles. Le démon y flatte pour tromper, y caresse pour perdre, y embrasse pour étouffer. Les martyrs recueillent cent et vous soixante pour un. Comme donc les martyrs ne pensent plus à la chair ni au siècle, et ne combattent pas faiblement et mollement, parce qu'ils combattent de puissants ennemis; que votre courage approche du leur, puisque votre récompense n'en est pas éloignée. On ne peut monter bien haut sans peine, et l'on n'atteint pas la cime des montagnes sans beaucoup de travail et de sueur; que sera-ce donc pour monter au ciel? Et néanmoins si vous considérez la récompense, le travail est infiniment au-dessous. Car Notre-Seigneur promet l'immortalité, la vie éternelle, et le royaume à ceux qui persévèrent. Demeurez donc fermes dans votre état, puisque c'est un état qui persistera toujours. Vous avez déjà commencé d'être ce que nous

serons un jour. Vous possédez dès ce monde la gloire de la résurrection, et vous passez par le siècle sans vous souiller de la corruption du siècle. Lorsque vous demeurez chastes et vierges, vous êtes égales aux anges de Dieu; tâchez seulement de conserver entière votre virginité, et d'achever avec constance ce que vous avez commencé avec courage. Ne recherchez point les ornements des habits, mais des mœurs. Contemplez Dieu et le ciel; et après avoir porté vos yeux si haut, ne les abaissez pas pour regarder la terre. Tous ceux qui reçoivent la grâce du baptême s'y dépouillent du vieil homme, et renouvelés par le Saint-Esprit y prennent une seconde naissance plus pure que la première. Mais l'on peut dire que vous y renaissez plus véritablement et plus saintement que les autres, puisque tous les désirs de la chair sont morts en vous, et qu'il n'y est demeuré que ceux de l'esprit et de la vertu pour vous élever à la gloire. Le saint apôtre que Notre-Seigneur a nommé un vase d'élection et qu'il a envoyé publier sa parole, dit : « Le premier homme a été tiré de la terre, et le second est descendu du ciel. Ceux qui sont terrestres ressemblent à l'homme terrestre, et ceux qui sont célestes sont semblables aussi à l'homme céleste. Comme donc nous avons porté l'image de celui qui a été tiré de la terre, portons aussi l'image de celui qui a son origine dans le ciel. » La virginité porte cette image, la chasteté la porte, la sainteté et la vérité la portent, et enfin ceux-là la portent qui se souviennent des commandements de Dieu, et qui ont sa crainte devant les yeux, qui sont justes, religieux, fermes en la foi, humbles, doux, patients, charitables, et qui conservent l'union et la paix avec leurs frères. Toutes choses que vous devez aimer et accomplir, vierges saintes, qui ne vous occupant que de Dieu et de Jésus-Christ marchez devant les autres comme la plus grande et la meilleure partie du troupeau, et les menez au Seigneur à qui vous vous êtes consacrées. Vous donc, comme les plus

âgées, servez de maîtresses aux plus jeunes, et vous qui êtes plus jeunes, assistez vos anciennes, et donnez exemple à vos pareilles. Animez-vous les unes les autres par des exhortations mutuelles, et qu'il y ait entre vous une émulation de vertu et de bonnes œuvres pour arriver à la gloire. Prenez courage, persévérez jusqu'à la fin, et fournissez heureusement votre carrière. Tout ce que je vous demande, c'est que vous vous souveniez de nous lorsque vous aurez reçu la récompense de la virginité.

(Saint Cyprien. Traité 1.)

X. DE L'ÉDUCATION.

SAINT JÉRÔME A LÉTA.

L'apôtre saint Paul écrivant aux Corinthiens, et formant par ses saintes instructions cette Église naissante de Jésus-Christ, entre autres commandements qu'il leur fait, voici ce qu'il leur ordonne : « Si une femme a un mari infidèle, qui consente à demeurer avec elle, qu'elle ne se sépare point d'avec lui; car le mari infidèle est sanctifié par la femme fidèle; et la femme infidèle est sanctifiée par le mari fidèle autrement vos enfants seraient impurs, au lieu que maintenant ils sont purs. » Si quelqu'un, ma chère fille Léta, a cru jusqu'ici que saint Paul, par une indulgence précipitée, s'était trop relâché en cette occasion de la sévérité de la discipline, il n'a qu'à jeter les yeux sur la maison de votre père (cet homme d'une naissance si illustre et d'une érudition si profonde, mais qui a le malheur d'être encore engagé dans les ténèbres de l'idolâtrie), et il connaîtra que le conseil de l'Apôtre a été salutaire et avantageux à toute votre famille; puisque les fruits agréables que l'on y a vus naître ont adouci l'amertume de la racine qui les a produits, et que d'une mauvaise tige l'on voit couler un baume très-précieux.

Vous avez reçu la naissance d'un père et d'une mère qui étaient de différente religion, et Paule est née de mon cher Toxotius et de vous. Qui eût jamais cru qu'Albin, qui est prêtre des idoles, deviendrait un jour grand-père d'une fille accordée aux vœux d'une mère chrétienne; qu'il prendrait plaisir à entendre chanter Alleluia à une enfant qui ne sait encore que bégayer, et que ce vieillard élèverait dans son sein une vierge consacrée à Dieu ? Les choses ont eu un succès aussi heureux que nous

l'avions espéré car nous voyons qu'un père infidèle se sanctifie dans une famille de fidèles et de saints. C'est déjà toucher de près à la religion chrétienne, que de se voir environné d'enfants et de petits-fils qui en font profession; et je suis persuadé que si Jupiter même avait eu une telle famille, il aurait pu croire en Jésus-Christ. Qu'Albin se moque de ma lettre tant qu'il voudra; qu'il la rejette avec le dernier mépris, qu'il me traite de fou et d'insensé, c'est là ce que faisait son gendre avant d'avoir embrassé la foi de Jésus-Christ. On ne naît pas chrétien, on le devient. Les lambris dorés du Capitole sont aujourd'hui tout couverts de poussière; la fumée remplit tous les temples de Rome, et les toiles d'araignée couvrent leurs murs. A voir le peuple romain passer auprès des ruines de ses autels et courir en foule aux tombeaux des martyrs, on croirait que cette grande ville change de place. Si donc l'on n'embrasse pas la foi de Jésus-Christ par raison, on devrait du moins prendre ce parti par pudeur.

Je vous dis ceci, ma très-chère fille Léta, afin que vous ne désespériez point du salut de votre père; que vous obteniez de Dieu la grâce de sa conversion, par la même foi qui vous a mérité la naissance d'une fille, et que vous ayez la consolation de voir toute votre famille chrétienne, persuadée de ce que Jésus-Christ promet dans l'Évangile : que ce qui est impossible aux hommes est possible à Dieu. Il est toujours temps de se convertir. Le larron passe de la croix dans le paradis, et Nabuchodonosor, roi de Babylone, recouvra la raison après avoir vécu dans les forêts en la compagnie des bêtes, dont il avait et le cœur et la figure. Mais laissons là ces anciens exemples que les incrédules pourraient peut-être regarder comme des fables. N'avons-nous pas vu, il y a quelques années, votre proche parent Gracchus, dont le seul nom porte avec soi l'idée de ce qu'il y a de plus noble et de plus illustre dans le sénat, renverser, briser et brûler, dans le temps qu'il était préfet de la ville de Rome, la caverne du dieu

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