Obrazy na stronie
PDF
ePub

été créé pour s'acquitter des devoirs de la religion et de la justice. Cicéron même l'a reconnu dans les livres des Lois, où il parle de cette sorte: « Parmi toutes les choses que les savants peuvent dire à l'avantage de notre nature, il n'y a rien de si excellent que de reconnaître que nous avons été mis au monde pour y observer la justice.» Que si cette vérité ne peut être révoquée en doute, Dieu veut que tous les hommes gardent la justice, c'est-à-dire qu'ils rendent à Dieu et aux hommes ce qu'ils leur doivent, qu'ils honorent Dieu comme leur père, et qu'ils aiment es hommes comme leurs frères. C'est en ces deux devoirs que consiste toute la justice. Dès lors, quiconque ne connaît point Dieu, ou quiconque offense un autre homme, est injuste, agit contre sa propre nature, et viole la loi divine.

(Lactance. De la colère de Dieu, ch. XIII-XIV.)

XIX. DE LA PROVIDENCE.

Non, pour vous, mon Dieu, il n'y a point de mal, nonseulement au regard de vous, mais même au regard de cet univers que vous avez créé, parce qu'il n'y a rien hors de lui qui soit capable de s'y introduire par force et avec violence, et de troubler l'ordre que vous y avez établi. Il est vrai que, parmi les créatures particulières dont est composé le monde, il y en a quelques-unes que l'on estime mauvaises, parce qu'elles ne conviennent pas à d'autres mais elles sont bonnes néanmoins, parce qu'il y en a d'autres auxquelles elles conviennent, et qu'en elles-mêmes elles sont bonnes. Et toutes ces choses qui ne conviennent point entre elles, conviennent à la partie inférieure du monde que nous appelons la terre, laquelle tire avantage d'avoir au-dessus d'elle un air plein de vents et de nuées.

Et bien qu'à envisager ces choses séparément, je pusse désirer qu'elles fussent meilleures, je n'aurais garde néanmoins de désirer qu'elles ne fussent point, puisque, quand elles seraient seules, je devrais toutefois vous louer de les avoir faites, parce que toutes vos créatures, les animaux de la terre, les dragons et toutes les eaux; le feu, la grêle, la neige, la glace, et ces tourbillons qui vous obéissent; les montagnes, les collines, les arbres fruitiers et les cèdres; les bêtes, les reptiles et les oiseaux; les rois du monde et toutes les nations, les princes et tous les grands, les jeunes gens et les vierges, les vieillards et les enfants, parce que toutes vos créatures, dis-je, témoignent sur la terre que vous êtes digne de louange.

Mais quand je remarque qu'on vous loue aussi dans le ciel, et que tous vos anges, toutes vos puissances, le soleil, la lune, les étoiles, la lumière, les cieux des cieux, et les

eaux qui sont au-dessus des cieux chantent incessamment vos louanges, les louanges du Dieu qui les a créés et quiest assis sur son trône au plus haut du ciel, je ne souhaite point que ces êtres soient meilleurs, parce que je consi dère vos ouvrages dans leur ensemble. Et, uoique j'estime que les êtres supérieurs sont plus nobles et plus excellents que les êtres inférieurs, je juge néanmoins et avec grande raison qu'ils valent mieux tous ensemble que les seul: êtres supérieurs, considérés en eux-mêmes et séparément.

(Saint Augustin. Confessions, liv. VII, ch. xш.)

XX. DE LA PROVIDENCE PROUVÉE PAR LES
ÉVÉNEMENTS.

PAULIN A JOVIEN.

Je croirais blesser toutes les règles de la bienséance et de l'amitié, si je ne vous écrivais par Posthumianus et Théridie, qui, de la Campanie, où ils étaient venus pour me voir, s'en retournent en leur pays. Ce n'est pas toutefois la seule crainte de manquer d'égards qui me porte à vous écrire, mais c'est particulièrement pour empêcher que l'on ne pense que je doute de la sincérité de votre religion; car si j'omettais de vous écrire dans une occasion si favorable, et qui m'est offerte par des personnes d'une éminente vertu, on pourrait s'imaginer que je crois que vous n'aimez pas les gens pieux, quoique vous fassiez connaitre le contraire, par l'estime où vous tenez le nom de chrétien et le nom de ceux qui tâchent, comme nous, d'observer la loi de l'Evangile.

Recevez donc honorablement ces deux visiteurs, non en considération de mes lettres, mais plutôt recevez avec plaisir mes lettres, qui vous seront rendues par des personnes, qui se sont fait conscience de retourner dans leur patrie, sans vous voir, et de vous aller rendre visite, sans vous porter un souvenir de moi.

J'ai cru même qu'il était à propos de me servir de ces messagers, pour répondre à la lettre que vous m'écrivites, il y a quelque temps, et par où vous répondiez vousmême à celle que je vous avais adressée, afin d'établir que Dieu a un pouvoir absolu sur les éléments, et que la Providence dispose souverainement de toutes choses en notre faveur.

Vous vous rappelez certainement, en effet, que je m'ef

forçai alors de vous persuader qu'il ne fallait jamais attribuer les bienfaits de Dieu au hasard, et ne pas croire que ce soit par un cas fortuit plutôt que par la grâce de la Providence que l'argent des pauvres ait échappé aux tempêtes de l'hiver et à la cupidité des matelots, même après la mort de celui qui en avait la garde, et qu'on ait vu le vaisseau sur lequel il était chargé échouer sain et sauf sur le rivage où je possède des terres, et vous un patrimoine.

Cet événement, qui devait vous porter à admirer la clémence du Seigneur, n'a servi cependant qu'à exciter vos plaintes et vos murmures contre les tempêtes et le trouble des éléments; et au lieu de bénir Dieu qui les maîtrise et les fait servir à notre utilité, de même qu'il dispose notre propre conduite, vous avez rapporté ces effets de sa toutepuissance à des divinités imaginaires que vous nommez le destin et la fortune, comme si elles partageaient le gouvernement du monde avec le Créateur. Or, ne pensez pas avoir honoré Dieu, mais plutôt lui avoir fait injure, en refusant de reconnaître que ces événements sont arrivés par sa permission, sous prétexte que Dieu étant la bonté même, il vaut mieux imputer le mal au hasard qu'à Dieu. Ainsi donc vous mettez au nombre des maux les tempêtes qui dévastent les campagnes et causent les naufrages. Et vous ne remarquez pas que cette maxime appartient aux philosophes qui, enflés de leur science et négligeant celle de Dieu, se trouvent exilés de la vérité, et, par attachement à leur sens, s'évanouissent, comme il est écrit, dans leurs pensées, jugeant, selon leur caprice, les œuvres et les desseins du Créateur. Ils s'imaginent que la terre et le ciel sont mus et gouvernés par le hasard; ils prétendent que ce monde, soit qu'il n'y ait point d'être souverain qui le dirige, soit que Dieu dédaigne de s'en occuper, est le jouet du destin; ou bien ils affirment que le monde n'a pas été créé, qu'il n'a pas eu de commencement, qu'il n'aura pas de fin; comme si les choses corporelles,

« PoprzedniaDalej »