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foi constante et inébranlable, par laquelle l'Église croit que les enfants, non plus que les hommes, ne sauraient être délivrés de la damnation qu'au nom de JésusChrist, et par la grâce qu'il a enfermée dans ses sacre(Saint Augustin. Lettre CLXVI.)

ments.

X. DE LA CRÉATION ET DU TEMPS.

Faites-moi la grâce, Seigneur, d'écouter et de comprendre de quelle sorte au commencement vous avez créé le ciel et la terre. Moïse l'a écrit; et après l'avoir écrit il s'en est allé; il a quitté le monde pour passer d'ici à vous; et ainsi je ne le saurais plus voir. Car si je pouvais le voir je m'adresserais à lui, je le supplierais et le conjurerais en votre nom de m'expliquer les choses qu'il a écrites, et je serais très-attentif à ses paroles. Que si elles étaient hébraïques, elles frapperaient en vain mes oreilles, puisqu'elles ne pourraient toucher mon esprit; et si elles étaient latines, j'entendrais bien ce qu'il voudrait dire; mais comment saurais-je qu'il dirait vrai? Et quand bien même je le saurais, serait-ce de lui que je le saurais? Nullement. Mais il faudrait que ce fût la vérité même, qui sans l'aide d'aucun langage, soit hébraïque, soit grec, soit latin, soit barbare, sans se servir des organes de la bouche et de la langue, et sans employer le son d'aucune syllabe, me dît au dedans de moi, et dans le plus secret de ma pensée : Moïse vous dit la vérité. Et aussitôt je dirais avec certitude et hardiment à ce saint homme Vous dites la vérité. Mais maintenant que je ne puis l'interroger, je m'adresse à vous, ô mon Dieu, qui êtes la vérité éternelle qui inspirait Moïse, et je vous conjure de me pardonner mes péchés, et de me faire entendre par votre grâce ce que votre. grâce lui a fait écrire.

Le ciel et la terre sont donc : et ils crient qu'ils ont été créés; car ils sont sujets à changer. Or tout ce qui est et qui n'a point été créé, n'a rien en soi qui auparavant n'ait été, et c'est en cela que consiste le changement, d'avoir

quelque chose en soi qui auparavant n'y ait point été. Ils crient aussi Nous ne nous sommes pas créés nousmêmes; mais nous sommes, parce que nous avons été créés. Nous n'étions donc pas avant d'être créés, pour avoir pu nous créer nous-mêmes. Et l'évidence de ces choses est comme la voix avec laquelle le ciel et la terre nous parlent. Vous avez donc fait, Seigneur, le ciel et la terre. Car vous êtes beau, et ils sont beaux; vous êtes bon, et ils sont bons; vous êtes, et ils sont. Mais ce qu'ils ont de beauté, de bonté et d'être, est d'une manière si fort au-dessous de vous qui êtes leur créateur, qu'en les comparant à vous on ne peut plus dire, ni qu'ils soient beaux, ni qu'ils soient bons, ni même qu'ils soient. Nous savons cela, mon Dieu, et nous vous rendons grâces de ce que nous le savons; et notre science n'est qu'ignorance si on la compare avec la vôtre.

En effet, de quelle sorte, mon Dieu, avez-vous créé le ciel et la terre? et de quelles machines vous êtes-vous servi pour exécuter un si grand ouvrage? Car vous n'avez pas agi en cela comme un artisan qui, en se servant d'un corps pour former un autre corps, lui donne telle figure que bon lui semble, selon l'idée qu'il en conçoit et qu'il en voit en lui-même par un regard intérieur de son esprit, qui n'aurait pas cette puissance si vous ne l'aviez créé lui-même.

Ainsi l'ouvrier donne une nouvelle forme à une matière qui était déjà et qui était capable de la recevoir, comme le potier à la terre, le sculpteur au marbre, le menuisier au bois, l'orfévre à l'or, les autres artisans de même, chacun sur les matières qu'ils travaillent. Mais, Seigneur, d'où ces matières auraient-elles tiré leur être, si vous ne les aviez point faites? C'est vous qui avez formé le corps de l'ouvrier; qui avez créé l'âme, laquelle remue, comme il lui plaît, les membres de ce corps; qui êtes l'auteur de la matière qu'il façonne, de l'esprit, qui le

rend capable de travailler avec art et de considérer en lui-même ce qu'il exécute au dehors, et de tous ses sens corporels, par le moyen desquels tout ce qu'il fait passe de son imagination en son ouvrage, et qui lui rapportent ce qu'il a fait, afin qu'il consulte la vérité qui préside dans son âme pour savoir si cela est bien fait. Toutes ces choses, Seigneur, louent en vous le créateur de toutes choses.

Mais, mon Dieu, comment les avez-vous faites? comment avez-vous fait le ciel et la terre? Certes, vous n'avez créé le ciel et la terre, ni dans le ciel, ni dans la terre, ni dans l'air, ni dans les eaux, puisque toutes ces choses sont comprises dans le ciel et dans la terre. Vous n'avez pas non plus créé tout ce grand univers dans l'univers, parce qu'avant qu'il fût créé il n'y avait point de place dans laquelle on le pût créer pour lui donner l'être. Vous n'aviez rien entre les mains dont vous pussiez former le ciel et la terre. Car, d'où serait venue cette matière dont vous auriez pu former quelque chose, si auparavant vous ne l'aviez faite elle-même, puisque votre être est la cause de tous les êtres? Il faut donc conclure que vous avez dit que ces choses fussent faites, et qu'elles ont été faites; et qu'ainsi c'est par votre seule parole qu'elles ont été créées.

Mais de quelle sorte avez-vous parlé lorsque vous avez créé le monde? Avez-vous parlé en la même manière que vous fîtes entendre du haut des nues cette parole qui dit : « C'est là mon Fils bien-aimé? » Non, car cette parole fut formée, et elle ne dura qu'un certain temps. Elle commença et elle finit : chacune de ses syllabes résonna dans l'air, et puis elles passèrent toutes, la seconde après la première, la troisième après la seconde, et toutes les autres ensuite, jusqu'à ce que la dernière eût été entendue, et que le silence eût succédé à cette dernière syllabe; ce qui prouve manifestement que le mouvement temporel

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d'une créature obéissant à votre éternelle volonté a servi à faire entendre ces mots. C'est pourquoi ces mêmes paroles, qui n'ont été que passagères, ayant été rapportées par les oreilles du corps à l'âme, qui est intelligente, et qui tient les oreilles de son esprit attentives à écouter votre parole éternelle, elles les a comparées avec votre Verbe divin, avec cette parole ineffable que vous produisez dans un éternel silence, et a dit : Il y a une grande et très-grande différence entre l'un et l'autre. Car ces paroles passagères sont beaucoup au-dessous de moi, et ne sont pas même, puisqu'elles passent et qu'elles s'enfuient; au lieu que la parole de mon Seigneur et de mon Dieu est infiniment élevée au-dessus de moi, et subsiste éternellement.

Que si c'eût été avec des paroles résonnantes et passagères, que vous eussiez dit: que le ciel et la terre soient faits, et que vous eussiez en cette sorte créé le ciel et la terre, il faudrait qu'avant qu'ils eussent été créés, il y eût eu déjà quelque créature corporelle dont les mouvements temporels eussent pu servir à former cette parole dans le temps. Or, il n'y avait aucun corps avant que le ciel et la terre fussent créés : ou s'il y en avait eu quelqu'un, il aurait fallu que c'eût été vous qui l'eussiez formé; et qu'ainsi vous eussiez formé sans proférer aucune parole passagère, ce qui vous devait servir pour en proférer, et pour dire que le ciel et la terre soient faits. Car, quoi qu'eût pu être ce qui aurait servi à produire de semblables paroles, il serait impossible que cela eût été, si ce n'était vous qui l'eussiez fait. Quelles paroles auriezvous donc employées, mon Dieu, pour former le corps qui devait servir à produire ces paroles?

Vous nous appelez donc à d'autres pensées : et lorsque nous entendons dire que vous avez parlé pour faire le ciel et la terre, vous voulez que nous élevions notre esprit à l'intelligence de ce Verbe qui est en vous; de cette parole qui se dit éternellement, et par qui éternellement toutes

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