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plantes de la mer subsistent et se conservent. Dans les jardins les lis resplendissent au loin, et sur la mer les voiles des navires. Quelle utilité retirer d'une feuille! De quel usage ne sont pas les navires! Les lis nous apportent des parfums suaves, les voiles le salut. Ajoutez les poissons bondissants et les dauphins qui se jouent ajoutez rauque murmure des flots retentissants: ajoutez enfin les navires qui courent au rivage ou qui sortent du port. Lorsque, hors des barrières, s'élancent les quadriges, quelle ardeur chez les spectateurs, quel emportement chez ceux qui disputent le prix ! Cependant les chevaux courent en vain, mais ce n'est pas en vain que courent les navires; les chevaux courent en vain, parce qu'ils sont à vide; les navires courent utilement, parce qu'ils sont remplis de grain. Qu'y a-t-il de plus agréable que ces véhicules, qui ne se pressent point sous les coups du fouet, mais sous le souffle des vents; contre qui personne ne fait des vœux contraires, mais que tous favorisent; dont aucun n'est vaincu qui parvient au but, mais dont toutes les poupes sont couronnées, qui y parviennent; où la palme est le prix du salut, la victoire la récompense du retour. Quelle différence, en effet, entre la course directe des chars et la course sinueuse des navires! Les chars suivent une ligne droite et monotone, l'agilité des navires se déploie en mille évolutions. Ajoutez à cela les rivages couverts d'embarcations, qui n'attendent pour signal du départ qu'un souffle du ciel. C'est pourquoi les conducteurs des chars ne rapportent que de vains applaudissements; sauvés par leurs navires, les matelots rendent grâces à Dieu.

(Saint Ambroise. Hexaméron, Liv. III.)

VI. LES PLANTES, LES FLEURS, LES ARBRES.

Le Seigneur dit : « Que la terre produise des plantes, chacune suivant son espèce. » Et aussitôt la terre fécondée fit paraître de nouveaux enfantements; elle se couvrit d'un manteau de verdure; elle apprit à être fertile, et, parée de germes de toute sorte, elle reçut des ornements qui furent les siens. Nous admirons avec quelle rapidité se développent les germes qui lui sont confiés; mais considérons le détail; quelles merveilles plus grandes encore ! Les semences jetées dans la terre y pourrissent, et si elles ne meurent, elles ne portent aucun fruit; mais si elles se dissolvent comme par la mort, on les voit renaître en fruits abondants. La glèbe remuée reçoit donc un grain de froment; la herse le recouvre; la terre, comme une mère, le réchauffe dans son sein et l'y tient embrassé. Puis, quand le grain s'est dissous, l'herbe se met à germer. Et déjà on prend plaisir à contempler cette herbe verdoyante, qui produit aussitôt une semence suivant son espèce, afin qu'au début même de la germination on reconnaisse de quelle espèce est l'herbe et que dans l'herbe apparaisse le fruit; et ainsi peu à peu l'herbe grandit comme du foin, et sa tige pubescente se déploie. Mais dès que l'épi noueux s'est levé, des espèces d'enveloppes sont préparées pour le fruit à venir, dans lesquelles le grain se forme intérieurement, de peur qu'à sa naissance et lorsqu'il est encore tendre, les froids ne lui nuisent, ou que les ardeurs du soleil ne le brûlent, ou que l'inclémence des vents ou la violence redoutable des pluies ne le secoue et ne le fasse tomber. Les épis se succèdent en lignes régulières, et la divine Providence les a ainsi ordonnés avec un art merveilleux, soit pour qu'ils offrent à l'œil un aspect agréable, soit pour qu'ils se soutiennent

en se trouvant naturellement liés entre eux. Et de crainte que l'appui trop faible des tiges ne cède sous le poids de fruits trop abondants, la tige elle-même est enfermée dans des espèces d'enveloppes, de telle sorte qu'ainsi doublée et fortifiée elle puisse soutenir des fruits multipliés et ne soit pas courbée vers la terre par un fardeau qui l'accable. Enfin au-dessus de l'épi lui-même se dresse une ceinture de barbes derrière lesquelles il s'abrite comme derrière un rempart, se trouvant de la sorte inaccessible aux morsures des petits oiseaux, ne pouvant ni être dépouillé de ses fruits, ni foulé aux pieds.

Que dire sur la manière dont la bonté de Dieu a pourvu aux besoins de l'humanité ? La terre rend avec intérêt ce qu'elle a reçu; elle le multiplie avec usure. Les hommes trompent souvent et frustrent même de son capital le prêteur : la terre reste fidèle. Et si parfois elle ne paye pas le laboureur de ses peines lorsque la rigueur du froid lui a été contraire, ou une sécheresse excessive, ou la trop grande abondance des pluies, une autre année elle compense les déficits de l'année précédente. Ainsi, quand la récolte trompe l'espoir de l'agriculteur, la terre n'est point en défaut; et lorsque la température lui sourit, le sein fécond de cette mère produit des fruits abondants, de telle sorte qu'elle ne cause jamais aucune perte à son créancier.

D'autre part, quelle beauté répandue dans les champs! quel parfum! quelles délices ! quels charmes pour les laboureurs! Comment exprimer dignement toutes ces choses en nous servant de notre langage? Heureusement nous avons les témoignages des Écritures, où nous voyons que les délices des champs sont comparées à la bénédiction et à la grâce des saints; car le saint homme Isaac dit: « Le parfum qu'exhale mon fils est comme le parfum de la moisson. Comment décrire les violettes empourprées, la blancheur des lis, les roses éclatantes, les campagnes émaillées de fleurs d'or, de safran, des couleurs les plus variées, où l'on ne sait lequel récrée le plus, ou de leur aspect, ou de leur

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parfum ? Les yeux se repaissent d'un agréable spectacle ; un parfum se répand au loin et de toutes parts, dont la douceur nous pénètre. C'est pourquoi le Seigneur a dit divinement : « Et la beauté des champs est avec moi. » Elle est en effet avec lui, puisque c'est lui qui en est l'auteur. Car quel autre artiste aurait pu sur chaque chose répandre tant de grâce? Considérez les lis des champs : quelle blancheur dans leurs feuilles ! Comme elles sont groupées et semblent s'élever de la base au sommet pour offrir la forme d'une coupe, au fond de laquelle resplendit l'or! Et cependant, enveloppée tout à l'entour comme par un rempart, la fleur n'est accessible à aucune injure. Si on cueille cette fleur et qu'on en détache les feuilles, où est la main assez industrieuse pour former de nouveau un lis? Qui pourrait se vanter d'imiter assez fidèlement la nature pour restituer cette fleur, à laquelle le Seigneur a rendu un tel témoignage, qu'il est allé jusqu'à dire : «Salomon lui-même, dans toute sa gloire, n'a pas été vêtu comme un de ces lis. » La splendeur du plus opulent et du plus sage des rois est jugée inférieure à la beauté de cette fleur. Que dire de la rose?

Autrefois mêlée aux fleurs de la terre, la rose grandissait sans épines, et la plus belle des fleurs s'épanouissait sans cacher aucun péril : mais plus tard les épines ont enveloppé la grâce de cette fleur, offrant ainsi comme une image de la vie humaine, dont nous ne goûtons presque jamais les douceurs sans ressentir aussi l'aiguillon des soucis qu'elle porte avec elle. Les charmes de notre vie sont entourés et environnés d'inquiétudes, afin que la tristesse s'ajoute à l'agrément. C'est pourquoi, quand l'homme se félicite de la supériorité de sa raison ou du cours enchanteur de ses destins prospères, il convient qu'il se souvienne de la faute, d'où nous sont venues comme un châtiment, alors que nous fleurissions à l'ombre du paradis, les épines de l'esprit et les ronces de l'âme. Enorgueillis-toi donc, ô homme! ou de la splen

deur de ta noblesse, ou du faîte de ta puissance, ou de l'éclat de ta vertu; toujours les épines sont près de toi, toujours près de toi les ronces; regarde toujours ce qui en toi est inférieur; tu croîs sur des épines, et ta grâce épanouie ne reste point inaltérable; en peu de temps, quand la fleur de l'âge est passée, tout homme se flétrit. Ainsi les fleurs nous avertissent de notre caducité, en même temps que les arbres nous apportent l'abondance.

Toutes les espèces d'arbres en effet sont utiles; les uns ont été créés pour donner des fruits, les autres pour servir à notre usage car ceux qui ne portent pas de fruits abondants sont plus précieux par l'usage même qu'on fait de leur bois.... Énumérerai-je leur variété infinie et la beauté diverse qui se remarque dans chacun d'eux? Les cèdres sont larges, les sapins élancés, les pins se distinguent par une luxuriante chevelure; les chênes sont ombreux, les peupliers ont deux couleurs; les châtaigniers ont un bois abondant et vivace, qui n'est pas plus tôt coupé qu'il se reproduit comme de lui-même. On discerne dans les arbres même leur âge, s'ils sont vieux ou jeunes; car les plus jeunes ont des branches grêles et les plus vieux des branches fortes et noueuses; les uns ont des feuilles luisantes et développées; chez les autres, elles sont contractées et âpres. Il y a aussi des arbres dont la racine vieillie et morte est impuissante, s'ils sont coupés, à réparer leur perte; il y en a d'autres pour qui, dans leur verte jeunesse ou leur nature plus féconde, la taille est un bien plutôt qu'un dommage, de telle sorte que, renaissant de leur mort même, ils se perpétuent par des rejetons multipliés.

(Saint Ambroise. Hexameron, Liv. III. )

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