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par là ils s'acquéraient des demeures éternelles. Leurs bonnes œuvres étaient aussi nombreuses que leur union était étroite. Or, comme nous le voyons dans les Actes : « La multitude de ceux qui croyaient n'agissait que par une même âme et un même esprit. Personne ne considérait ce qu'il possédait comme lui appartenant, mais toutes choses étaient communes. » C'est là véritablement devenir enfant de Dieu, c'est imiter sa justice. Car tout ce qui est à Dieu est commun à tous les hommes, et nul n'est exclu de ses grâces et de ses bienfaits. Ainsi le jour éclaire également tout le monde, le soleil répand ses rayons partout, la pluie arrose toutes les terres, le vent souffle en tout pays, un même sommeil est pour tous, et tous voient la lumière de la lune et des étoiles. Celui donc qui, à l'exemple d'une si belle égalité, partage ses revenus avec ses frères, imite Dieu en quelque sorte. Quelle sera la gloire et la joie des personnes charitables, lorsque NotreSeigneur faisant la revue de son peuple, et récompensant selon ses promesses nos mérites et nos bonnes œuvres, nous donnera des biens célestes pour des biens terrestres, des jouissances éternelles pour des jouissances passagères, beaucoup pour peu; lorsqu'il nous présentera à son Père après nous avoir sanctifiés et rendus dignes de lui; lorsqu'il nous communiquera l'immortalité qu'il nous a acquise par son sang; lorsqu'il nous fera rentrer dans le paradis et nous ouvrira le royaume des cieux? Imprimons fortement ces vérités dans notre âme; que la foi nous les fasse comprendre; que la charité nous les fasse aimer, et tâchons de les mériter par une suite continuelle d'actions libérales et généreuses. L'aumône est quelque chose d'excellent et de divin, c'est la consolation des fidèles, le gage de notre salut, le fondement de notre espérance, le bouclier de notre foi, le remède de nos péchés ; c'est une chose grande et aisée tout ensemble; c'est une couronne qu'on remporte dans le temps de la paix, et qui est exempte des périls de la pre

sécution; c'est un des plus grands dons de Dieu, nécessaire aux faibles, glorieux aux forts, et utile à tous les chrétiens pour obtenir les grâces du ciel, pour se rendre Jésus-Christ favorable au jour du jugement, et pour mettre Dieu même au nombre de nos débiteurs. Combattons à l'envi pour remporter cette palme; courons tous dans la carrière de la justice où nous avons Dieu et JésusChrist pour spectateurs; et puisque nous nous sommes déjà élevés au-dessus du monde, qu'aucun de ses faux biens ne soit capable de retarder notre course. Si le jour de la mort ou de la persécution nous trouve ainsi dégagés, prompts, et occupés à bien faire, Notre-Seigneur ne manquera point de nous donner la récompense que nous méritons. Il mettra sur notre tête une couronne d'une blancheur éclatante si nous triomphons dans la paix, et y en ajoutera une autre de couleur de pourpre si nous demeurons victorieux dans la persécution.

(Saint Cyprien. Traité VIII•.)

XXIV. DU CULTE.

C'est Dieu que nous devons adorer, soit dans tous les actes que la religion prescrit, soit en nous-mêmes. Car tous ensemble, et chacun de nous en particulier, sommes son temple, et il daigne aussi bien habiter dans chaque fidèle que dans tout le corps de l'Église, c'est-à-dire dans tous les fidèles unis entre eux par le lien de la concorde, sans qu'il soit plus grand en tous qu'en chacun, parce qu'il n'a point de matière qui croisse par l'extension, ni qui diminue par la division de ses parties. Lors donc que notre cœur est élevé à lui, il devient son autel : son Fils unique est le prêtre éternel qui le fléchit pour nous; nous lui immolons des victimes sanglantes, quand nous combattons jusqu'à l'effusion de notre sang pour la défense de sa vérité; nous brûlons devant lui un parfum très-agréable, lorsque nous sommes embrasés d'amour pour lui; nous lui offrons les dons que nous avons reçus de lui, et nous nous offrons nous-mêmes à lui; et de peur que le temps ne nous rende oublieux et ingrats, nous consacrons par des solennités le souvenir de ses bienfaits; nous lui faisons un sacrifice d'humilité et de louange sur l'autel de notre cœur, avec le feu d'une ardente charité; nous tâchons de nous purifier des souillures de nos péchés et de nos mauvaises inclinations, et nous nous dévouons à lui, afin de nous rendre dignes de le voir et de lui être unis autant que cela se peut. Car il est la source de notre félicité et la fin de tous nos désirs. Le choisissant ainsi de nouveau, ou plutôt nous reliant à lui, d'où vient le mot de religion, après l'avoir perdu par notre négligence, nous tendons vers lui de toute la pente de notre cœur, afin de trouver notre repos en lui; et nous y rencontrons notre bonheur, parce que nous y

recevons la perfection de notre être. Car notre souverain bien, dont les philosophes sont tant en peine, ne consiste qu'à être unis à ce Dieu immortel, dont les chastes embrassements rendent l'âme féconde en vraies vertus. Aussi est-ce ce bien là qu'il nous est ordonné d'aimer de tout notre cœur, de toute notre âme et de toute notre puissance. C'est à ce bien que ceux qui nous aiment nous doivent conduire, et que nous devons conduire ceux que nous aimons. C'est ainsi que s'accomplissent ces deux préceptes, auxquels toute la loi et les prophètes se rapportent « Vous aimerez le Seigneur votre Dieu de tout votre cœur, de toute votre âme et de tout votre esprit, et votre prochain comme vous-même. » Car, afin d'apprendre à l'homme à s'aimer lui-même comme il faut, on lui a établi une fin où il est obligé de rapporter toutes ses actions pour être heureux; et cette fin c'est d'être uni à Dieu. Quand donc on commande à celui qui sait déjà s'aimer comme il faut, d'aimer son prochain comme soimême, que lui commande-t-on que de porter son prochain, autant qu'il est en son pouvoir, à aimer Dieu? Voilà quel est le culte de Dieu, voilà la vraie religion, voilà la solide piété, voilà enfin le service qui n'est dû qu'à Dieu. Ainsi, quelque élevé qu'un homme soit audessus des autres hommes, et quelque excellence qu'il puisse avoir, s'il nous aime comme il s'aime lui-même, il désire que nous soyons soumis à celui dans la dépendance de qui il trouve son propre bonheur. Si donc il ne sert pas Dieu, il est malheureux, parce qu'il est privé de Dieu; et s'il sert Dieu, il ne veut pas être servi au lieu de Dieu, et son amour pour Dieu, au contraire, fait qu'il approuve infiniment cette parole divine: « Celui qui sacrifiera à d'autres qu'au Seigneur, sera exterminé. » Car, pour ne point parler des autres devoirs religieux, il n'y a personne au monde qui ose dire que le sacrifice soit dû à un autre être qu'à Dieu. Il est vrai que la flatterie et la lâcheté ont attribué aux hommes beaucoup d'honneurs

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qui n'appartiennent qu'à Dieu; mais qui a jamais sacrifié qu'à celui qu'il savait ou pensait être un Dieu, ou qu'il voulait faire passer pour tel?

(Saint Augustin. Cité de Dieu, liv. X, chap. Iv.)

FIN DE LA PREMIÈRE PARTIE.

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