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masculine, et les sert pour le sujet féminin, comme pour le régime direct des deux genres.

Ex. Lors descendirent à terre li conte et li baron. (Villh. 447 d.) Li Grieu et les dames de Constantinople alerent encontre lor amis à grant chevauchies, et li pelerin ralerent encontre les lor. (Ib.)

Sire buem Deu, nen aies pas en despit ma anme ne les anmes à ces tes serfs ki od mei sunt. (Q. L. d. R. p. 346.)

Li feus del ciel ad devured les dous cunestables le rei et lur cum

paignuns. (Ib.)

Il vivoit ancor quant om li forat et les mains et les piez. (S. d. S. B. p. 540.)

En garde vous soient baillies

Les choses, li enfant, les femmes,

Les damoisieles et les dames. (R. d. M. v. 1705-1707.)

On trouve dans quelques chartes de la fin du XIIIe siècle et du commencement du XIVe la forme de sujet pluriel lis. On doit d'autant moins douter de son authenticité qu'elle s'est conservée dans plusieurs patois, en Lorraine surtout.

Ex. Et lis dessus dit monseigneur le conte et madame la contesse . . . (1301. M. et D. p. 468.)

7. La forme primitive du régime indirect des paraît avoir été dels. Je ne connais qu'un seul exemple de la forme dels:

En une dels maisons l'evesque à la volente l'evesque. (1240. H. d. Verd. p. 14.)

Raynouard (Gr. c. d. L. d. l'E. 1. p. 7) cite les deux suivants:
Apud villam dels Glotos. (Charte de Louis IX, de l'an 1260.)
Es cambres dels reis meesmes. (Trad. du Ps. 104.)

La forme des s'est fixée invariablement de très-bonne heure; elle était commune aux deux genres.

Ex. Il se combat jai encontre tes anemins, jai forchauchet les cols des orguillous et des esleveiz, si cum vertuiz et sapience de Deu. (S. d. S. B. p. 537.)

Or eswardeiz si nule persecutions puest estre plus gries à celui qui est li salveires des ainrmes? (Ib. 556.)

Des hiaumes font voler le fu. (R. d. 1. V.

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8. Les primitifs de as, es, ont été als, els.

Ex.

Johannis les fist eissir forz et logier les lui als champs.
(Villh. 479a.)

Et il li rendroit toz ses prisons qui avoient este pris à cele desconfiture et als autres leus. (Ib. 489 e.)

Herbes aport des dezers d'Ynde
Et de la terre Lincorinde

Qui siet seur l'onde

Els quatre parties dou monde,

Si com il tient à la roonde. (Rutb. I, 253.)

La meilleur herbe qui soit elz quatre parties dou monde, ce est l'ermoise. (Ib. I, 257.)

De même que el a d'abord signifié simplement en le, puis au, es a signifié en les, et, par extension, à les, aux. Cependant, il faut dire que as a toujours été plus commun que es dans la Bourgogne, et que ce dernier semblerait n'y avoir pas été connu avant les dernières années du XIIe siècle. La version française des sermons de S. Bernard emploie toujours ens au lieu de es et dans le même sens.

Ex. Il vient del soverain ciel ens basses parties de la terre. (S. d. S. B. p. 525.)

Ekevos ke cist vient saillanz ens montaignes et trespassanz les tertres! (Ib. p. 528.)

Et cil ki welent devenir riches chieent ens temptacions et el laz del diaule. (Ib. p. 568.)

Et quant il pensent queilz cez choses sunt cui il tinent es basseces et queilz celes cui il encor ne voient es halteces, queilz celes sont ki ci les stancennent en terre et queilz celes cui il ont perdues es cielz, si les remort la dolors de lur prosperiteit. (M. s. J. p. 464.)

Es estriers s'afiche et estent. (R. d. 1. V. p. 130.)

A paine se tient ens arçons,

Son ceval fiert des esporons.

(P. d. B. v. 3031. 32.)

Quelle est l'origine de ens? Vient-il de intus et signifie-t-il simplement dans, en (voy. les Prépositions); ou bien est-ce une contraction de en els, en als = en les? En ou dans ne suffisent pas au sens dans les exemples où ens se trouve employé; l'article y est tout aussi nécessaire que dans les phrases avec es en les. Je crois donc que ens, en ce cas, ne dérive pas de intus, mais que c'est une forme composée de régime indirect, comme el, es. Le troisième exemple tiré des sermons de St. Bernard, où el et ens sont en regard, vient à l'appui de ma supposition.

La forme aus, dérivée de as, qu'elle a fini par remplacer, ne se montre que fort tard. Le singulier au était déjà très usité lorsqu'on commença à se servir du pluriel. Villehardouin est un des premiers écrivains qui emploie quelquefois aus.

Je ferai enfin observer qu'on a souvent écrit az, ez au lieu de as, es; que es se conserva beaucoup plus longtemps que as, mais que, dès le XIVe siècle, il fut consacré à certaines locutions particulières, comme nous l'avons encore à présent.

Ex. A quel gent ferons nos semblanz les hommes de ceste generation ou à quel gens ewerons nos ceos cui nos veons estre si ahers et si enracineiz ens terriens solaz et ens corporiiens k'il departir ne s'en puyent? (S. d. S. B. p. 521.)

E fist tuz les enchanturs e les devinurs par deable remuer, ki les reis de Juda ourent assis es muns par les citez de Juda e entur Jerusalem pur sacrefier, e ki encens ofrirent à Baal, e al soleil, e à la lune, e as duze signes, e as esteiles del ciel. (Q. L. d. R. IV. p. 426.)

Mais vos, chier freire, à cuy Deus revelet si cum à ceos ki petit sunt, celes choses ke reveleies sunt as saiges et as senneiz, vos soiez entenduit. . . . (S. d. S. B. p. 522.)

Car quant il at congiet, si lo commencet az menors choses et parvient az plus granz. (M. s. J. p. 449.)

Cil ki à son frere dist sanz cause folz, cil soi met es fous d'infer. Maintes fois cil ki sont es poesteiz lo vergent es choses cui il ne loist mie, quant il soi ne sevent retenir des choses cui bien loist. (Ib. p. 472.) Et li Apostoles dit aus messages. (Villh. 445 b.)

Des formes semblables à la suivante sont incorrectes et n'appartiennent pas au XIIIe siècle.

Nous volons que li moitiet des biens demeurent à la femme et auls enfans. (1312. J. v. H. p. 553.)

(Cfr. Substantifs G.)

9. J'applique au rég. dir. plur. los la remarque que j'ai faite touchant le sujet sing. lo. Les, voy. 6.

III. ARTICLE PICARD.

J'ai dit au commencement de ce chapitre que les formes de l'article picard avaient été complètement identiques pour les deux genres. Cependant, dans la première moitié du XIIIe siècle, les formes du, dou, au, ou, se sont introduites en Picardie, et elles y ont été réservées au masculin, comme dans les autres dialectes; sans que, pour tout autant, les véritables formes picardes aient cessé d'être confondues. Aujourd'hui encore les patois des provinces picardes offrent les mêmes particularités.

L'emploi de le pour la ne provient que d'une permutation régulière de l'a final français en e picard, permutation dont on trouvera de nouveaux exemples dans les pronoms. Du reste, l'e féminin picard conserve quelque peu la nature ou les propriétés de l'a qu'il remplace; il est plus ferme et moins sujet à l'élision que l'e muet du masculin. De là ces formes de le, à le, qui sont plus fréquentes au féminin qu'au masculin.

Si l'on m'objectait que peut-être les mots qui, dans notre

langue, sont féminins, étaient masculins dans le dialecte picard; je renverrais aux exemples suivants, où souvent le mot féminin accompagné d'un article dont la forme est pour nous masculine, est accompagné en même temps d'un adjectif, qui alors est toujours écrit au féminin.

Ex. Li cuens. (Th. N. A. I, 1083.)

Li contesse. (Ib. 1083.)

Li chevauchie. (J. v. H. 540.)

Li ducesse. (Ib. 558.)

Li bos et le terre. (Ib.)

Fu li pais creantee. (Brut. 14949.)

Que li roïne est delivree. (R. d. I. M. 2978.)

Donnees en l'an del incarnation Nostre Signeur 1283. (J. v. H. p. 421.) Del eglise devant dite. (Ib.) Del acat de le vile devant dite. (Ib. p. 467.) En le devant dite vile, le quele vile. (Ib. 407.) De le conte (du comte). (Ib. 157.) De le obligance . . . deseur nomee. (Ib. 408.) De le mort le contesse de Gheldre. (Ib. 422.) Le veritei enquise. (Ib. 423.) Le dite somme. (Ib. 435.) Toute le haute justice. (Ib. 460.) Toute le terre le conte de Gheldre. (Ib. 482.) De le court l'empereur. (Th. N. A. I, 1136.) Apries le dechies de madame le contesse devant dite. (Ib. 1080.) Par le volentet. (Ib. 1050.) Contre le pais devant dite. (Ib. 1083.) De le rente devant noumee. (Ph. M. suppl. t. 2. p. 28.)

Droit à cele eure oï le bruit,

Vit le clarté, oï le vois. (Chr. d. Tr. Chr. A. N. III, 44.)

Et, se Diex ait de m'ame part,

Le corone que jou li gart,

Et le roiame li rendroie. (Ib. ead. 28.)

Le le, sujet de l'article picard, est peut-être ce qui induisit Raynouard à admettre la forme le comme ayant été généralement sujet masc. sing. Mais, jusqu'à la fin du XIIIe siècle, tous les bons textes, ceux de la Picardie exceptés, distinguent précisément li comme sujet et le comme régime direct; ce n'est qu'à l'époque où un nouveau système grammatical s'établit dans la langue, au XIVe siècle, que le remplaça définitivement li. Si on trouve la forme le comme sujet dans les texes du XIIIe siècle, il y a lieu de suspecter la fidélité ou au moins l'ancienneté de la copie qui la présente.

IV. OBSERVATIONS SUR L'EMPLOI DE L'ARTICLE.

a. L'article dérivant du pronom démonstratif, on ne s'étonnera pas d'en voir la forme employée où plus tard nous avons décidé que le pronom démonstratif doit seul trouver place. Je dis la forme, parce que je crois qu'il faut faire une diffé

rence entre li, la, article, et li, la, tenant lieu de notre pronom démonstratif. Li, la, démonstratif, devait avoir un accent, comme le pronom démonstratif espagnol el, la, lo, qui se décline de la même façon que l'article, mais dont il se distingue par l'accent 1.

Ex. Por la terre la rei, et la monsire Edward garder.

(Act. Rym. I, 339.)

E sewid les males traces sun pere, e ne fud pas sis cuers parfiz devant nostre Seignur, si cume fud le David. (Q. I. d. R. III, XV. p. 297.)

Vienge li reis, vienge Huun,

N'i troveron (t) defension

Fors sol la Deu; e si cel unt. . . (Ben. v. 14722-24.)

Home qui plaide en curt, à qui curt que ço seit, fors la, où le cors le rei est, e home. ... (L. d. G. p. 182, 28.)

....

A Partonopeus est venus;
Car il s'est bien aperceus

Qu'il par fuissent honi enfin,

Ne fust se lance et la Gaudin. (P. d. B. v. 8931-34.)

Baudamas, neveu de Guiteclin (Widekind), se bat avec Bau

doin, neveu de Charlemagne:

Des lances s'entrefierent, ce ne fu mie à gas.

La lance au Saisne froisse, et vole par esclas;

La Baudoin fu roide, si li fist l'escu qas. (Ch. d. S. I, 179.)
Sire, droiz ampereres, dit Sebile au vis fier,

Par icel saint Seignor qi tot a à baillier,

A la cui loi m'estuet venir et aprochier,
Et la Mahom de Meques de tot antrelaissier!
(Ib. II, 89.)

.j. don vos qier . .

Li rois les oi volentiers

Et fist trois seremenz entiers,

L'ame Urpandagron son pere,

Et la son fil et la sa mere,

Qu'il iroit. ...

(Romv. p. 537. v. 5-9.)

Maint pavillon i ot et maint bon tre,

Le Garin tendent en un vergier rame. (G. 1. L. I, 97.)

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Ces exemples suffisent pour prouver qu'il faut voir ici, non pas l'article, mais un véritable pronom démonstratif.

b. Un substantif qui en régit un autre avec un rapport de possession, de dépendance, etc., le lie à lui, dans la langue actuelle, par la préposition de. Dans le vieux français, tout

(1) Cfr. l'allemand der, die, das, article, et der, die, das, pron. démonstratif.

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