Obrazy na stronie
PDF
ePub

prince des apôtres que nous devons tous nous former : car nous avons tous la même obligation d'aimer Dieu, et Jésus-Christ, Fils unique de Dieu, et Dieu lui-même. Or notre amour pour Dieu, et pour le Fils de Dieu, est-ce un amour généreux comme celui de saint Pierre; c'est-à-dire, est-ce un amour fervent ? est-ce un amour patient? est-ce un amour héroïque? Prenez garde: est-ce un amour fervent? mais qu'avons-nous fait jusqu'à présent pour Dieu, et que faisons-nous? Peut-être appelonsnous amour de Dieu certains discours vagues et sans fruit: car telle est l'illusion ordinaire de s'en tenir à de spécieuses paroles qui ne coûtent rien, et qui dans la pratique ne vontà rien.Peut-être prenons-nous pour amour de Dieu, certains sentimens dont le cœur est quelquefois touché, mais sans effet. Autre erreur encore plus subtile et plus dangereuse: on compte pour beaucoup quelques mouvemens affectueux dont l'ame se sent remuée et attendrie; mais si les œuvres manquent, si l'on mène une vie tranquille et oisive, si, dès qu'il faut agir, qu'il faut prier, qu'il faut soulager les pauvres, qu'il faut visiter les hôpitaux, les prisons, qu'il faut vaquer aux exercices de la religion, on devient lâche et paresseux, que servent alors les plus beaux sentimens, et de quel prix peuvent-ils être devant Dieu? Est-ce un amour patient? mais qu'avons-nous souffert jusqu'à présent pour Dieu, et que voulons-nous souffrir? une foible violence qu'il y a à se faire, une légère contradiction qu'il y a à soutenir, n'est-ce pas assez pour déconcerter toute notre piété, et pour éteindre tout le feu de ce prétendu amour de Dieu, qui paroissoit à certaines heures si vif et si animé? On suit JésusChrist jusqu'à la cène, mais on l'abandonne au Calvaire; on aime Dieu, ou l'on croit l'aimer, et cependant on ne voudroit pas se gêner pour lui dans la moindre rencontre, se refuser pour lui le moindre plaisir, sacrifier pour lui le moindre intérêt. Est-ce un amour

304 héroïque? car il doit être tel pour être un véritable amour de Dieu; et s'il n'est pas assez fort, assez efficace pour me disposer à verser mon sang en certaines occasions, et à donner ma vie pour Dieu, ce n'est plus un amour de Dieu. Or, de bonne foi, mes chers auditeurs, peuton penser que nous soyons dans une pareille disposi tion, quand on nous voit céder si aisément aux premiers obstacles qui se présentent, et nous rendre, lorsqu'il est question du service de notre Dieu, à des difficultés que nous surmontons tous les jours pour le monde? Si donc Jésus-Christ nous faisoit aujourd'hui la même demande qu'il fit à saint Pierre, Amas me? M'aimez-vous? pourrions-nous lui répondre : Oui, Scigneur, je vous aime, et vous le savez: Domine, tu scis, quia amo te (1). Si nous osions le dire, nos œuvres ne nous démentiroient-elles pas ? Cependant sans l'amour de Dieu et de Jésus-Christ, homme-Dieu et notre espérance, que pouvons-nous être autre chose devant Dieu que des anathêmes et des sujets de malédictions? Ah! chrétiens, ranimons dans nos cœurs ce saint amour; et si nous ne l'avons pas, ne cessons point de le demander à Dieu. Servons-nous de notre foi pour l'exciter davantage et pour le rendre plus ardent; et par un heureux retour, cette charité divine servira à vivifier notre foi et à la rendre plus agissante. Pour l'un et pour l'autre, employons auprès de Dieu l'intercession du glorieux apôtre dont nous solennisons la fête : c'est le patron de tous les fidèles, puisqu'il est le chef de toute l'Eglise; et c'est en particulier le vôtre dans cette église, où il est spécialement honoré. En lui adressant nos prières, travaillons à imiter ses vertus, pour avoir part à sa gloire dans l'éternité bienheureuse que je vous souhaite, etc.

POUR LA FÊTE DE SAINT PIERRE.

(1) Joan, 21.

AUTRE

POUR LA FÊTE

DE SAINT PIERRE.

SUR L'OBÉISSANCE A L'ÉGLISE.

Et ego dico tibi, quia tu es Petrus, et super hanc petram ædi- ficabo Ecclesiam meam, et portæ inferi non prævalebunt ad

versùs eam.

Et moi je vous dis que vous êtes Pierre, et que sur cette pierre je bâtirai mon Eglise, et que les portes de l'enfer ne prévaudront point contre elle. En saint Matthieu, chap. 16.

Ce sont, en peu de paroles; deux grands éloges tout à la fois prononcés par la bouche de Jésus-Christ; l'un, en faveur de saint Pierre, le prince des apôtres, dont nous célébrons aujourd'hui la fête ; et l'autre en faveur de l'Eglise. Saint Pierre est le fondement sur qui l'Eglise a été bâtie et sur qui elle subsiste : voilà l'abrégé de toutes ses grandeurs. L'Eglise est un édifice spirituel, dont la solidité et la fermeté est à l'épreuve de tous les efforts de l'enfer : voilà tout ce qui se peut dire de plus avantageux et de plus glorieux pour elle. JésusChrist ne sépare point ces deux choses, parce que ces deux choses sont renfermées l'une dans l'autre. La gloire de saint Pierre vient de ce que l'Eglise est fondée sur lui, et la force de l'Eglise vient de ce qu'elle est fondée sur saint Pierre ; c'est l'Eglise qui honore saint Pierre, et c'est saint Pierre qui soutient l'Eglise : car, encore une fois, chrétiens, voilà proprement le mystère de ces paroles du Fils de Dieu, que j'ai prises pour mon texte :: Tu es Petrus, et super hanc petram ædificabo Ecclesiam meam. Ce seroit trop entreprendre, que

TOME XII.

20

;

d'embrasser ces deux sujets dans un seul discours ainsi, je me borne à vous parler de l'Eglise, et en particulier de l'obéissance que nous lui devons: matière d'une extrême conséquence, et l'une des plus importantes qu'un prédicateur puisse traiter dans la chaire. Car l'Eglise, chrétiens, est l'épouse de Jésus-Christ, et Jésus-Christ veut que son épouse soit écoutée, qu'elle soit obéie, et qu'on ait recours à elle comme à l'oracle; c'est cette Sion d'où sort la loi, et cette Jérusalem d'où la parole de Dieu est annoncée. Marie même, toute mère de Dieu qu'elle étoit, s'est glorifiée de ce titre de fille de l'Eglise. Avant que d'expliquer mon dessein, adressons-nous à cette vierge si fidèle, et disons-lui: Ave, Maria.

Pour entrer dans le dessein de ce discours, je trouve que l'Eglise exerce envers les fidèles deux fonctions différentes; elle les instruit et elle les gouverne: elle les instruit par les vérités qu'elle leur propose, et elle les gouverne par les commandemens qu'elle leur fait; elle les instruit en leur apprenant ce qu'elle a appris ellemême du Fils de Dieu, son époux, et elle les gouverne en leur prescrivant des lois. Le Sauveur des hommes lui a donc donné deux sortes de pouvoirs ; l'un d'enseigner de sa part, et l'autre de commander; l'un pour nous dire: Croyez ceci, et l'autre pour nous dire : Faites cela. Or sur ces deux pouvoirs qui conviennent à l'Eglise, je fonde l'obligation de deux sortes d'obéissances qui lui sont dues, dont la première est une obéissance de l'esprit, et la seconde une obéissance du cœur. Nous lui devons l'obéissance de l'esprit, parce qu'elle nous propose les vérités de la foi: c'est le premier point; et nous lui devons l'obéissance du cœur, parce qu'elle nous impose des lois et des préceptes pour le réglement de notre vie; c'est le second point. Parce qu'elle a droit

de nous dire: Croyez ceci, Dieu nous oblige d'avoir pour elle une parfaite soumission d'esprit ; et parce qu'elle a droit de nous dire : Faites cela, Dieu veut que nous lui obéissions avec une entière soumission de cœur. Plût au ciel, mes chers auditeurs, que nous fussions bien persuadés de ces deux devoirs ! je dis persuadés dans la pratique : car dans la spéculation, nous n'en doutons pas, et nous sommes trop catholiques pour former là-dessus quelque difficulté. Mais je voudrois sur cela même que nous eussions dans toute notre conduite un zèle proportionné aux lumières que Dieu nous a données. Car voici en deux mots toute la perfection d'un homme chrétien, en qualité d'enfant de l'Eglise d'avoir un esprit docile et soumis pour tout ce que l'Eglise nous enseigne, et d'avoir une volonté prompte et agissante pour tout ce que l'Eglise nous ordonne: c'est à quoi je vais vous exciter, et ce qui fera tout le sujet de votre attention.

:

PREMIÈRE PARTIE.

Tel est, chrétiens, l'ordre de la Providence, et il faut que nous convenions que la raison même le demandoit ainsi : c'est à l'Eglise de nous proposer les vérités de l'a foi, et c'est à nous de les recevoir et de nous y soumettre. Pourquoi cette dépendance où nous sommes de l'Eglise, quand il s'agit de la foi divine? parce que Dieu, dit saint Cyprien, a établi l'Eglise pour être la dépositaire, l'organe, et, s'il est besoin, l'interprète des vérités qu'il nous a révélées : la dépositaire, pour nous les conserver; l'organe, pour nous les annoncer; et, quand il est nécessaire, l'interprète, pour nous les expliquer. Or reconnoître dans l'Eglise ces trois qualités, comme nous les reconnoissons, et acquiescer ensuite avec docilité et soumission d'esprit, à ce qu'elle nous propose comme révélé de Dieu, c'est ce que j'ap

« PoprzedniaDalej »