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cesse ce que saint Paul recommandoit si expressément aux Romains, quand il leur disoit : Obsecro vos per misericordiam Dei (1); Je vous conjure, mes frères, par la miséricorde de notre Dieu, et de quoi ? de lui offrir vos corps dans cet état de sainteté, dans cet état de pureté où ils puissent lui plaire, et où vous puissiez lui rendre un culte raisonnable et spirituel, ne vous conformant point au siècle présent, mais vous renouvelant chaque jour dans l'intérieur de l'esprit: paroles qui comprennent, en abrégé, tout le fond de la vie chrétienne, et qui devroient être le plus ordinaire sujet de vos considérations. Mais, dites-moi, mes chers auditeurs, vos corps ont-ils ces qualités nécessairement requises pour être la matière de ce sacrifice que saint Paul veut que vous présentiez à Dieu ? sont-ce des corps purs, des corps exempts de la corruption du péché; en un mot, des corps dignes d'être offerts avec le corps de Jésus-Christ, et de composer avec lui ce sacrifice complet dont je viens de vous parler? S'ils ne sont pas tels, oserez-vous les offrir à Dieu; et si vous n'osez les offrir à Dieu, comment pouvez-vous paroître vous-mêmes devant Dieu, et approcher de ses autels? Ah! chrétiens, si l'on vous disoit que vous devez absolument, et à la lettre, faire de vos corps le même sacrifice que saint André; que vous devez être prêts, comme lui, à sacrifier votre vie par un long et cruel supplice; que vous devez souffrir, comme lui, un rigoureux martyre; que vous devez, comme lui, vous résoudre à mourir pour Dieu, ct que, sans cela, il n'y a point de salut pour vous; si, dis-je, Dieu mettoit votre foi à une pareille épreuve, quoique vous fussiez obligés de vous y soumettre, du moins auriez-vous droit de craindre et de vous déficr de vous-mêmes. Mon zèle à vous animer, à vous encourager, à vous soutenir dans une si dangereuse conjonc

(1) Rom. 12.

ture, quelque ardent qu'il pût être, ne m'empêcheroit pas de compatir à votre foiblesse et de trembler le premier pour vous. Mais quand je vous dis que ce sacrifice de vos corps, dont il est aujourd'hui question, se réduit dans la pratique, à les maintenir dans une pureté convenable, à leur faire porter le joug d'une salutaire tempérance, d'une exacte sobriété, d'une prudente austérité, d'une solide mortification; à leur retrancher les débauches qui les détruisent, la mollesse qui les corrompt, l'oisiveté qui les appesantit ; à réprimer leurs révoltes, à ne pas vivre selon leurs cupidités, à les rendre souples à la loi de Dieu, à les assujettir aux observances de la religion, à les endurcir au travail, choses communes et praticables dans les états, même du monde, les moins parfaits qu'avez-vous à répondre? quand cette régularité de vie, quand cette sévérité de mœurs, quand cette exactitude seroit pour vous une espèce de croix, pourriez-vous justement vous en décharger, ou refuser de la prendre? ne devriez-vous pas vous tenir heureux de la trouver dans des choses d'ailleurs si conformes à vos obligations, et rendre grâces à Dieu de ce qu'enfin vous avez appris quel est ce sacrifice de vos corps par où il veut être glorifié ? :

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Cependant, chrétiens, voici le désordre, et, si je l'ose dire, la honte et l'opprobre du christianisme des hommes associés par le baptême au sacerdoce de JésusChrist, et qui, selon la règle de l'Apôtre, devroient offrir leurs corps comme des hosties pures devant Dieu, en font des victimes pour le démon, pour la sensualité, pour l'impureté, pour l'adultère. Saint Paul ne vouloit pas que, parmi les fidèles, on prononçât même les noms de ces passions infâmes; mais le moyen de s'en taire, dans le honteux débordement des vices qui infectent l'Eglise de Dieu ? Pouvons-nous, disoit saint Cyprien cacher nos plaies, quand elles sont mortelles, et ne

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POUR LA FÊTE DE SAINT ANDRÉ.

vaut-il pas mieux les découvrir, pour les guérir, que de les dissimuler pour nous perdre? O mon Dieu! où en sommes-nous, et à quelle extrémité le péché nous a-til portés ? Vous, Seigneur, qui, dans l'ancienne loi, étiez si jaloux de la pureté des victimes qu'on vous présentoit, et qui rejetiez celles où il paroissoit la moindre souillure, comment pouvez-vous maintenant agréer les nôtres ? Le sacrifice d'un corps impur et esclave du péché, bien loin de vous plaire, ne doit-il pas plutôt vous offenser et vous irriter? Mais enfin, me dira-t-on, quelque corrompus qu'aient été jusqu'à présent nos corps par le péché, ne peuvent-ils plus être offerts à Dieu ? Oui, chrétiens, ils le peuvent, sinon par le sacrifice de la continence, au moins par celui de la pénitence: et c'est en ce sens que saint Paul nous avertit de les faire désormais servir, non plus au péché, mais à la justice. Dieu même tirera de vous alors une gloire particulière, et vous releverez d'autant plus le triomphe de sa grâce, qu'elle aura eu dans vous de plus forts et de plus dangereux ennemis à surmonter. La pénitence vous tiendra lieu de croix, et cette croix sera l'autel où vous vous immolerez. Ah! Seigneur, répandez sur cet auditoire chrétien l'esprit de sainteté dont fut rempli le grand apôtre que nous honorons; répandez sur cette église qui porte son nom, l'abondance de votre grâce; donneznous cet amour de la croix sans quoi il est impossible que nous vous fassions jamais le sacrifice de nous-mêmes; inspirez-nous le même sentiment qu'eut saint André à la vue de la croix, lorsqu'il s'écria: O croix, source de mon bonheur ! O bona Crux! (1) faites que nous le disions comme lui, que nous le pensions comme lui, et que, par la voie de la croix, nous parvenions à la même gloire que lui, qui est la gloire éternelle, où nous conduise, etc.

(1) Act. mart. S. And.

POUR LA FÊTE

DE SAINT FRANÇOIS XAVIER.

Ecce non est abbreviata manus Domini, ut salvare nequeat.

Voici un miracle de la vertu de Dieu, qui fait bien voir que le bras du Seigneur n'est pas raccourci, et qu'il peut encore sauver son peuple. En Isaïe, chap. 59.

MONSEIGNEUR (1),

QUEL est donc ce miracle dont nous avons été nousmêmes témoins, et en quel sens peuvent convenir ces paroles du Prophète à l'homme apostolique dont nous solennisons la fête? est-ce l'éloge de François Xavier que j'entreprends, ou n'est-ce pas l'éloge de la foi qu'il a prêchée; et si le Seigneur, dans ces derniers siècles, a fait éclater sa toute-puissante vertu par la conversion d'un nouveau monde, est-ce au ministre de ce grand ouvrage qu'il en faut attribuer la gloire, ou n'est-ce pas plutôt au maître qui l'avoit choisi, et qui l'a si heureusement conduit dans l'exercice de son ministère? Parlons donc, chrétiens, non pas pour exalter le mérite de l'apôtre des Indes et du Japon, mais pour reconnoître la force de l'évangile qu'il a porté à tant de nations barbares; et tirons des merveilleux succès de sa prédication, une preuve sensible et toute récente de l'incontestable vérité de la foi à laquelle il a soumis les plus fières puissances de l'Orient. Ecce non est abbreviata manus Domini: Voici un prodige que Dieu nous a mis devant les yeux, pour nous convaincre et pour confir(1) Messire François Faure, évêque d'Amiens.

mer notre foi peut-être chancelante, toujours au moins foible et languissante; c'est la propagation du christianisme en de vastes pays d'où l'infidélité l'avoit banni, et où Xavier, sur les ruines de l'idolâtrie et malgré tous les efforts de l'enfer, a eu le bonheur de le rétablir. Je ne prétends point égaler par là cet ouvrier évangélique aux premiers apôtres. Je sais quelles furent les prérogatives de ces douze princes de l'Eglise, et quelle supériorité le ciel leur donna, soit par l'avantage de la vocation, soit par l'étendue du pouvoir, soit par la plénitude de la science. Mais après tout, comme saint Augustin a remarqué que ce n'étoit point déroger à la dignité de Jésus-Christ, de dire que saint Pierre a fait de plus grands miracles que lui aussi ne crois-je rien diminuer de la prééminence des apôtres, quand je dis que Dieu, pour l'amplification de son Eglise, a employé saint François Xavier à faire un miracle non moins surprenant ni moins divin que tout ce que nous admirons dans ces glorieux fondateurs de la religion chrétienne.

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C'est, Monseigneur, ce que nous allons voir; et je ne puis douter qu'entre les honneurs que reçoit de la part des hommes l'illustre saint dont nous célébrons la mémoire, il n'agrée surtout le culte et le témoignage de piété que votre grandeur vient ici lui rendre. On sait quel fut son respect et sa profonde vénération pour les évêques, légitimes pasteurs du troupeau de JésusChrist, et les dépositaires de l'autorité de Dieu; on sait avec quelle soumission il voulut dépendre d'eux; que c'étoit sa grande maxime; que c'étoit, disoit-il luimême, la bénédiction de toutes ses entreprises, et que c'est enfin une des plus belles vertus que l'histoire de sa vie nous ait marquées. Mais, Monseigneur, si Xavier eût vécu de nos jours, et qu'il eût eu à travailler sous la conduite et sous les ordres de votre grandeur, combien, outre ce caractère sacré qui vous est commun avec

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