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de nourricier et de consolateur ! Ce sont elles qui nous reçoivent en entrant dans la vie, et qui nous ferment les yeux la mort. Ce n'est point à la beauté, c'est à la religion que nos femmes doivent leur principale puissance; le même François qui soupire à Paris aux pieds de sa maîtresse, la tient dans les fers et sous les fouets à Saint-Domingue. Notre religion seule a envisagé l'union conjugale dans l'ordre naturel; elle seule de toutes les religions de la terre présente la femme à l'homme comme une compagne: les autres la lui abandonnent comme une esclave. Ce n'est qu'à la religion que nos femmes doivent la liberté dont elles jouissent en Europe; et c'est de la liberté des femmes que s'est ensuivie celle des peuples, et la pros cription d'une multitude d'usages inhumains répandus dans toutes les parties du monde, tels que l'esclavage, les sérails et les eunuques. O sexe charmant! c'est dans vos vertus qu'est votre puissance. Sauvez la patrie, en rappelant par le spectacle de vos doux tra

vaux, vos amans et vos époux à l'amour des mœurs domestiques: vous rendrez toute la société à ses devoirs, si chacune de vous ramène un seul l'homme à l'ordre naturel. N'enviez point à l'homme son autorité, ses magistratures, ses talens, sa vaine gloire; mais au milieu de votre foiblesse, entourées de vos laines et vos soies, bénissez l'Auteur de la nature, de n'avoir donné qu'à vous de pouvoir être toujours bonnes et bienfaisantes.

RECAPITULATION.

J'ai présenté dès le commencement de cet ouvrage les différentes routes dè la nature, que je me proposois de parcourir pour me former une idée de l'ordre qui gouverne le monde. J'ai exposé d'abord les objections qu'on a faites dans tous les temps contre la Providence; je les ai présentées règne par règne, ce qui m'a donné occasion en les réfutant, d'exposer des vues nouvelles sur la disposition et l'usage des diffé

rentes parties de ce globe: ainsi j'ai rapporté la direction des chaînes de montagnes sur les continens, aux vents réguliers qui soufflent sur l'Océan; la position des îles, au confluent de ses courans ou de ceux des fleuves; l'entretien des volcans, aux dépôts bitumineux de ses rivages; les courans de la mer et les mouvemens des marées, aux effusions alternatives des glaces polaires. Après cela, j'ai réfuté, par ordre, les autres objections faites sur le règne végétal et animal, en faisant voir que ces règnes n'étoient pas plus gouvernés par des lois mécaniques que le règne fossile. J'ai démontré ensuite que la plupart des maux du genre humain naissoient du vice de nos institutions politiques, et non pas de la nature; que l'homme étoit le seul être abandonné à sa propre providence, par quelque punition originelle; mais que cette même Divinité qui l'avoit livré à ses lumières veilloit encore sur ses destinées; qu'elle faisoit rejaillir sur les chefs des nations les maux dont ils opprimoient les foibles

et les petits; et j'ai démontré l'action d'une Providence divine, par les malheurs même du genre humain. Tel a été le sujet de mon premier volume.

J'ai commencé le second volume par attaquer les principes de nos sciences, en faisant voir qu'elles nous égarent, ou par la hardiesse de ces mêmes principes par lesquels elles remontent à la nature des élémens qui leur échappent, ou par la foiblesse de leurs méthodes, qui ne saisit à-la-fois qu'une loi de la nature, à cause de l'imbécillité de notre esprit et de la vanité de notre éducation, qui nous fait prendre pour des routes uniques, les petits sentiers où nous marchons. C'est ainsi que les sciences naturelles, et même les sciences politiques qui en sont les résultats, s'étant séparées parmi nous les unes des autres, chacune d'elles a fait, si j'ore dire, un cul-de-sac du chemin par où elle étoit entrée. C'est ainsi que les causes physiques nous ont ôté, à la longue, la vue des fins intellectuelles dans l'ordre de la nature, comme les

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causes financières nous ont enlevé les espérances de la vertu et de la religion dans l'ordre social.

J'ai cherché ensuite une faculté plus propre à découvrir la vérité, que notre raison, qui n'est d'ailleurs que notre intérêt personnel. J'ai cru la trouver dans cet instinct sublime, appelé le sentiment, qui est en nous l'expression des lois naturelles, et qui est invariable chez toutes les nations. J'ai observé, par son moyen, les lois de la nature, non en remontant à leurs principes, qui ne sont connus que de Dieu, mais en descendant à leurs résultats, qui sont à l'usage des hommes. J'ai eu le bonheur, par cette route, d'apercevoir quelques principes des convenances et des harmonies qui gouvernent le monde. Je ne doute pas que ce ne soit par cette même route, que les anciens Egyptiens se rendirent si célèbres dans les connoissances naturelles, qu'ils ont portées incomparablement plus loin que nous. Ils étudioient la nature dans la nature même, et non par parcelles et avec des machines.

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