Obrazy na stronie
PDF
ePub
[ocr errors]

« sens de Bacchus : buvez, le vin dissipe les chagrins. Ariadne, en souriant, « se laissoit aller à leurs invitations. En « peu de temps les roses de la santé re« parurent sur son visage, et aussitôt << le bruit courut dans Naxos, que Bac«chus étoit venu au secours de l'a«mante de Thésée. Les habitans, trans

[ocr errors]

portés de joie, élevèrent à ce dieu << un temple, dont vous voyez encore << quelques colonnes et le frontispice, << sur ce rocher au milieu des flots. Mais << le vin ne fit que donner des forces à « l'amour d'Ariadne. Elle fut à la fin « consumée par ses regrets, et même par *ses espérances. Voilà au bout de ce << vallon, sur un petit tertre couvert << d'absinthe marine, son tombeau et sa « statue qui regarde encore vers la mer. << On y reconnoît à peine la figure d'une femme; mais on y distingue toujours «<l'attitude inquiète d'une amante. Ce << monument, ainsi que tous ceux de ce ❝ pays, a été mutilé par le temps, et << encore plus par les barbares; mais le << souvenir de la vertu malheureuse n'est

<< pas, sur la terre, au pouvoir des ty«rans. Le tombeau d'Ariadne est chez

[ocr errors]

les Turcs, et sa couronne est parmi « les étoiles. Pour nous, échappés aux « regards des puissances du monde, par << notre obscurité même, nous avons « par la bonté du ciel, trouvé la liberté «<loin des grands, et le bonheur dans « des déserts. Etranger, si les biens na«turels vous touchent encore, vous se<< rez le maître de les partager avec nous. » A ce récit, des larmes douces coulent des yeux de son épouse, et de sa jeune fille qui soupire au souvenir d'Ariadne ; et je doute qu'un athée même, qui ne connoît plus dans la nature, que les lois de la matière et du mouvement, pût être insensible au sentiment de ces' -convenances présentés et de ces antiques ressouvenirs.

Hommes voluptueux ! il n'y a que la Grèce, dites-vous, qui offre des scènes et des points de vue aussi touchans: aussi Ariadne est dans tous les jardins, Ariadne est dans tous les cabinets de peinture. Du donjon de votre'

château, jetez un coup d'œil sur vos campagnes. Leurs lointains présentent de plus beaux horizons que ceux de la Grèce désolée. Votre appartement est plus commode qu'une grotte, et vos sofas sont plus doux que des gazons. Les ondes et les murmures des herbes de vos prairies, sont plus agréables que ceux des flots de la Méditerranée. Votre argent et vos jardins vous donnent plus d'espèces de vins et de fruits, qu'il n'y en a dans tout l'Archipel. Voulez-vous mêler à ces jouissances celle de la Divinité? Voyez sur cette colline, cette petite église de village entourée de vieux ormeaux. Parmi les filles qui se rassemblent sous son portail rustique, il y a, sans doute, quelque Ariadne trompée par son amant (1). Elle

(1) Il y a dans nos campagnes des filles plus respectables qu'Ariadne, dont nos historiens qui parlent tant de vertu, ne s'occupent guère. Une personne de ma connoissance vit un Dimanche à la porte de l'église d'un village, une fille toute seule qui prioit Dieu pen-, dant qu'on chantoit vêpres. Comme il séjourna quel-, que temps dans ce lieu, il observa, les Dimanches suivans, que cette même fille n'entroit point dans l'é-, glise pendant l'office. Frappé de cette singularité, il en demanda la cause aux autres paysannes, qui lui ré

n'est pas de marbre, mais elle est vivante; elle n'est pas Grecque, mais Françoise; elle n'est pas consolée, mais méprisée de ses compagnes. Allez sous son pauvre toit, soulager sa misère. Faites le bien dans cette vie, qui passe comme un torrent. Faites le bien, non par ostentation et par des mains étrangères mais pour le ciel et par vous-même. Le fruit de la vertu perd sa fleur, quand il est cueilli par la main d'autrui. Ah! si vous-même la soulagez dans ses peines; si, par votre compassion, vous la relevez à ses propres regards; vous verrez à vos bienfaits son front rougir, ses yeux se remplir de larmes, ses lèvres convul

[ocr errors]

pondirent que c'étoit sans doute sa volonté de s'arrêter à la porte, puisque rien ne l'empêchoit d'entrer, et qu'elles l'en avoient souvent pressée inutilement. Enfin, voulant en savoir la raison, il s'adressa à la, fille même, dont la conduite lui paroissoit si extraor¬ dinaire. D'abord, elle parut troublée; mais s'étant bientôt rassurée, elle lui dit : « Monsieur, j'avois un amant pour lequel j'eus une foiblesse ; je devins grosse, et mon amant étant tombé malade, mou« rut sans m'avoir épousée. J'ai desiré que mon exil « de l'église servît toute ma vie d'expiation à ma << faute, et d'exemple à mes compagnes. »

sives se mouvoir sans parler, et son cœur, long-temps oppressé par la honte, se rouvrir à la vue d'un consolateur comme au sentiment de la Divinité. Vous appercevrez alors dans la figure humaine, des traits inconnus aux ciseaux des Grecs et aux pinceaux des VanDycks. Le bonheur d'une infortunée vous coûtera moins que la statue d'Ariadne; et au lieu d'illustrer le nom d'un artiste dans votre hôtel pendant quelques années, il immortalisera le vôtre, et le fera durer long-temps après que vous ne serez plus, lorsqu'elle dira à ses com pagnes et à ses enfans: « C'est un Dieu qui m'a tirée du malheur. »

«

Nous allons suivre maintenant l'instinct de la Divinité dans nos sensations physiques; et nous finirons cette Etude par les sentimens purement intellectuels de l'ame. Nous donnerons ainsi une foible idée de la nature humaine.

DES SENSATIONS PHYSIQUES.

Toutes les sensations physiques sont en elles-mêmes des témoignages de Tome III.

C

« PoprzedniaDalej »