Obrazy na stronie
PDF
ePub
[ocr errors]

«

<< vous salue dans les places publiques, «<et que les hommes vous appellent << maîtres! Malheur aussi à vous, doc« teurs de la loi, qui chargez les hom<< mes de fardeaux qu'ils ne sauroient « porter, et qui ne voudriez pas les avoir touchés du bout du doigt! Malheur aussi à vous, docteurs de la loi, qui vous êtes saisis de la clef de <«< la science, et qui, n'y étant point entrés vous-mêmes, l'avez encore fer« mée à ceux qui vouloient y entrer! «<etc. (1) » Il leur déclare que, malgré leurs vains honneurs dans ce monde, les prostituées les précéderont au royaume de Dieu. Il nous ordonne, en plusieurs endroits, de prendre garde à eux; et il nous avertit que nous les reconnoîtrons à leurs fruits. Dans des jugemens si différens des nôtres, il juge nos passions suivant leurs convenances naturelles. Il pardonne à la prostitution, qui est en elle-même un vice, mais qui n'est, après tout, qu'une for

(1) S. Mathieu, chap. 23 et suiv.

blesse, par rapport à l'ordre de la société ; et il condamne, sans indulgence, l'ambition, comme un crime qui est à-la-fois contre l'ordre de la société et celui de la nature. La première ne fait que le malheur de deux coupables, mais la seconde fait celui du genre humain.

A cela, nos docteurs répondent qu'il ne s'agit, dans l'éducation de nos enfans, que de leur inspirer l'émulation de la vertu. Je ne crois pas qu'il soit question, dans nos colléges, d'exercices de vertu, si ce n'est pour faire, à ce sujet, quelques thêmes ou quelques amplifications. Mais on leur donne une véritable ambition, en leur apprenant à se disputer les premières places dans les classes, et en leur faisant adopter mille systêmes intolérans. Aussi, quand ils: ont une fois la clef de la science dans leurs poches, ils sont bien déterminés, comme leurs maîtres, à n'y laisser enleur porte.

trer personne que par

La vertu et l'ambition sont incompatibles. La gloire de l'ambition est de

monter, et celle de la vertu de descen dre. Voyez comme Jésus réprimande ses apôtres, lorsqu'ils lui demandent lequel d'entre eux doit être le premier. Il prend un enfant, et le met au milieu d'eux. Sans doute, ce n'étoit pas un enfant de nos écoles. Ah! lorsqu'il nous recommande l'humilité si convenable à notre foible et misérable nature, c'est qu'il n'a pas cru que la puissance, même suprême, pût faire notre bonheur dans ce monde; et il est digne de remarque, que ce ne fut pas au disciple qu'il aimoit le plus, qu'il donna la primauté sur les autres; mais, pour prix de son amour qui fut fidèle jusqu'à la mort, il lui légua, en mourant, sa propre mère.

Cette prétendue émulation, inspirée aux enfans, les rend pour toute leur vie intolérans, vains, changeans au moindre blâme, ou au plus petit éloge d'un inconnu. On leur donne, dit-on, de l'ambition pour leur bonheur, afin qu'ils fassent fortune dans le monde; mais la cupidité naturelle suffit au-delà

.

pour remplir cet objet. Est-ce que les marchands, les ouvriers et toutes les professions lucratives, c'est-à-dire, tous les états de la société, ont besoin d'un autre stimulant? Si on n'inspiroit d'ambition qu'à un seul enfant, destiné à remplir un jour de grands emplois, cette éducation, qui ne seroit pas sans inconvénient, seroit au moins convenable à la carrière qu'il doit parcourir. Mais, en l'inspirant à tous, vous donnez à chacun d'eux autant d'ennemis qu'il a de compagnons; vous les rendez malheureux les uns par les autres. Ceux qui ne peuvent s'élever par leurs talens, cherchent à réussir auprès de leurs maîtres par des flatteries, et à faire tomber leurs égaux par leurs médisances. Si ces moyens ne leur réussent pas, ils prennent en haine les objets de leur émulation, qui valent à leurs camarades des applaudissemens, et qui sont pour eux des sources perpétuelles d'ennui, de châtimens et de larmes. Voilà pourquoi tant d'hommes bannissent de leur mémoire les temps

et les objets de leurs premières études, quoiqu'il soit naturel au cœur humain de se rappeler avec délices les époques de l'enfance. Combien voient encore avec une tendre émotion les berceaux d'osier et les poêlons rustiques qui ont servi à leurs premières couches et à leurs premières tables, et ne peuvent voir, sans aversion, un Turselin ou un Despautère! Je ne doute pas que ces dégoûts de l'éducation n'influent beaucoup sur l'amour que nous devons porter à la religion, parce qu'on ne nous en montre de même les élémens qu'avec tritesse, orgueil et inhumanité.

La politique de la plupart des maîtres consiste sur-tout à composer l'extérieur de leurs élèves. Ils modèlent à la même forme une multitude de caractères que la nature a rendus différens. L'un les veut graves et posés, comme si c'étoient de petits présidens; les autres, en plus grand nombre, les veulent prompts et vifs. Un des grands refrains de leurs leçons est de leur crier sans cesse << Allons, dépêchez-vous,

: «

« PoprzedniaDalej »